Marta Pan (1923-2008) Le sculpteur : Marta Pan est née en 1923 à Budapest, où elle reçoit sa formation artistique. Elle s’installe à Paris en 1947, et fait trois rencontres déterminantes : Constantin Brancusi, Fernand Léger et Le Corbusier, dont elle fréquente l’atelier. Elle épouse le principal assistant du Corbusier, André Wogenscky en 1952. Le couple s’installe à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Elle apprend la taille directe du bois auprès du menuisier qui construit leur cuisine et pendant une décennie, privilégie ce procédé pour créer ses sculptures. En 1956, Le Teck, sculpture épurée et sensuelle, articulée en deux parties pivotantes, inspire un ballet au chorégraphe Maurice Béjart. Ils réitèrent leur collaboration avec Equilibre en 1959. En 1961, Marta Pan crée pour le musée d’Otterlo aux Pays-Bas, sa première Sculpture flottante, qui est aussi sa première œuvre monumentale. Elle est conçue pour évoluer sur l’eau au gré du vent, mais avec une inertie suffisante pour lui donner un mouvement majestueux. L’artiste la fait réaliser en polyester par le laboratoire de recherche industrielle de Saint-Gobain. En effet, dès les années 1960, Marta Pan explore les possibilités offertes par les matériaux industriels : outre le polyester, le béton dès 1964, le plexiglas dès 1967, et l’acier inoxydable, pour lequel elle confie l’exécution de ses sculptures à la Métallerie de Coubertin. Intéressée par les rapports entre la sculpture et l’architecture, Marta Pan crée des murs-sculptures pour divers lieux publics (dès 1964 un mur en béton pour l’hôpital Saint Antoine à Paris). En 1972, elle exécute les balustrades en marbre pour la station de RER Auber. Marta Pan conçoit même de véritables projets urbains, dont les sculptures structurent l’espace, comme les Lacs, rue de Siam à Brest (1986) ou la Perspective à Saint-Quentin en Yvelines (1992), un enchaînement de trois sculptures monumentales qui assurent la liaison entre le centre commercial et le Parc des sources de la Bièvre. Son œuvre la plus visible en France est le Signe infini (1992-94), qui domine de ses 25 mètres de haut l’intersection des autoroutes A6 et A46, au nord de Lyon. Elle est internationalement célèbre et on peut voir ses sculptures à Dallas, Brentford, Duisbourg, Luxembourg, Riyad, Beyrouth… et dans de nombreuses villes du Japon (Tokyo, kobé, Hakoné, Aichi, Sapporo, Kanazawa, Atami…). Elle est lauréate en 2001 du Praemium Imperiale, prestigieux prix du Japon. En France, elle a reçu la Légion d’honneur en 1997. Elle est morte le 12 octobre 2008 à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. L’œuvre : Marta Pan ne conçoit que des sculptures abstraites, aux lignes pures et élégantes, aux formes proches de la géométrie, cherchant par la sobriété à atteindre l’harmonie et l’essence : « Tout résumer dans une forme de plus en plus simple » dit l’artiste. Pour elle, la sculpture ne saurait être un élément décoratif. Que ce soit en milieu naturel ou urbain, la sculpture doit établir un rapport avec le site, modifier notre perception de l’espace : « On ne pose pas impunément une sculpture dans un espace, que cet espace soit naturel ou construit. Par sa présence même, la sculpture transforme l’espace » écrit Marta Pan. Sa manière de travailler est rigoureuse et précise. Comme un architecte, elle crée à la table de travail : l’idée de l’œuvre surgit avec le dessin, puis elle réalise une maquette à petite échelle. La rigueur n’empêche pas la sensibilité, les modulations qui adoucissent la géométrie, le polissage des surfaces qui fait jouer la lumière. Notice Valérie Montalbetti – février 2010 Grande Spirale 1961 Polyester laqué rouge H. 110 ; L. 113 ; Pr. 250 cm Collection de l’artiste Avec la création de la sculpture Equilibre en 1958, le mouvement devient un élément constitutif de l’œuvre de Marta Pan : « J’aime les sculptures qui bougent naturellement » dit-elle. Marta Pan, comme Calder, ne recourt qu’au mouvement naturel, contrairement aux artistes tels Jean Tinguely, dont les machines- sculptures sont mues par un moteur. D’ailleurs Marta recherche un « mouvement porteur d’harmonie plus que de rapidité. » Ainsi Spirale, en équilibre sur une tige de fer, oscille doucement au gré du vent. Il fallait trouver un matériau à la fois résistant et léger pour permettre à l’œuvre d’osciller avec pondération. Spirale est réalisée en polyester par Saint- Gobain, un matériau nouveau en 1960, dont la production industrielle venait de prendre un grand essor. Laquée rouge, donc brillante et colorée, tranchant sur le vert de la pelouse, Spirale « ne se fond pas dans l’espace, mais s’en distingue avec force pour magnifier le lieu dans lequel elle prend place. » L’ambition de Marta Pan est que la sculpture établisse un rapport avec le public. Spirale sollicite l’œil du spectateur par sa couleur, son asymétrie et son léger balancement. Elle joue avec l’envie du spectateur de la mettre en mouvement : « Il est bon de faire jouer celui qui regarde la sculpture », disait l’artiste. Trois disques fendus, trois éléments distincts 1981 Granit Bethel white D. 140 chacun ; ép. de 20 cm à 6,5 cm Collections de la Fondation de Coubertin Don de l’artiste et d’André Wogenscky 2003 Cette sculpture a été créée pour la FIAC de 1981 au Grand Palais. Des fentes viennent rompre la pureté géométrique des disques, pour mieux la souligner. Le choix d’un granit d’un blanc éclatant, qui tranche sur le cadre végétal, renforce ce sentiment de pureté, de recherche d’une forme parfaite. « Le silence des mots comme celui des formes est le choix de ce presque rien qui dit presque tout » écrit Marta Pan. Ces disques sont en fait des cylindres de faible épaisseur, mais leur épaisseur n’est pas uniforme, puisqu’ils s’affinent vers le haut (d’environ 20 cm en bas à 6,5 cm en haut). La rigueur de l’artiste s’accompagne toujours d’une fine sensibilité qui infléchit les formes géométriques, les rend plus subtiles, plus humaines aussi. Notice Valérie Montalbetti – février 2010 Porte cylindrique Date ? Acier inoxydable H. 150 ; L. 500 ; P. 75 cm Collection de l’artiste Passage, sculpture en 2 éléments 2004 Acier inoxydable H. 180 ; L. 70 ; P. 140 cm Collection de l’artiste Ces deux sculptures témoignent d’un thème récurrent dans l’œuvre de Marta Pan, celui du passage, c'est-à-dire « l’articulation entre deux espaces, deux réalités ». Par sa présence, la sculpture modifie notre perception du paysage. Porte ou Passage, elle ouvre au promeneur une perspective sur la nature, elle oriente son regard, mais lui offre aussi une échappée vers le rêve ou la méditation. Sculpture en U et Positif du U 1998 Acier inoxydable Sculpture en U : H. 300 ; L. 150 ; P. 75 cm Positif du U : H. 230 ; L. 84; P. 70 cm Collection de l’artiste La Sculpture en U et son Positif sont une évocation de la dualité, thème cher à l’artiste dès sa première Charnière en 1952. Les deux éléments trouvent leur vrai sens dans le rapprochement. Ce qu’André Wogenscky disait des Charnières, convient parfaitement à cette sculpture : « L’autre partie qui s’emboîte, qui est […] pleine où je suis vide, qui fait de mon vide un plein, tels qu’emboîtés, il n’y a plus deux mais l’unique. » On n’est pas loin non plus des Puzzles, jeu de « désassemblage », où l’artiste éclate la forme en plusieurs pièces et en déploie les constituants dans l’espace. Le spectateur en reconstitue la totalité dans son imagination. Le Puzzle est une image symbolique de l’homme qui, malgré sa complexité, est en quête d’unité de l’être. Marta Pan crée des effets de lumière en jouant sur le poli de la surface de l’acier (poli satiné ou miroir), qui reflète les variations lumineuses du ciel ; selon le moment de la journée et les caprices du temps, l’acier varie du blanc éclatant au gris le plus sombre, presque noir. Notice Valérie Montalbetti – février 2010 .
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