L'homme Et La Mer À Wallis Et Futuna +

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View metadata, citation and similar papers at core.ac.uk brought to you by CORE provided by Horizon / Pleins textes I homme et la mer Là Wallis et Futuna Frédéric ANGLEVIEL* Depuis leur accession au statut de territoire d'outre-mer en 1946, Wallis et Futuna ont connu un essor économique et social important. Cela s'est traduit par la création d'infrastructures, l'adoption de mesures de désen­ clavement et une élévation du niveau de vie qui va de pair avec de pro­ fonds changements dans le mode de vie (Institut d'émission d'outre­ mer, 1994). Dans le domaine de la pêche, les techniques traditionnelles cèdent peu à peu la place à des techniques nouvelles associées à une pêche artisanale qui bénéficie à la fois de subventions et d'un marché captif. Il en résulte un développement des captures, mais aussi une dimi­ nution des ressources et une évolution du rapport de l'homme à la mer. Au vu de la fragilité du milieu naturel à Wallis et Futuna, on peut pen­ ser que l'avenir de la pêche dans l'archipel passe par un contrôle accru de son exercice dans les eaux côtières et une meilleure exploitation des ressources de sa zone économique exclusive (ZEE). Deux milieux naturels fragiles À Wallis, un lagon peu profond entoure l'île dont le relief est assez doux et dont le point culminant atteint à peine 150 mètres. Du fait de la perméabilité du sol et de la faiblesse du relief, il n'y a pas de cours d'eau, mais on y trouve une demi-douzaine de lacs dont le niveau est souvent en dessous de celui de • Avec la collaboration de Marc Soule, la mer et dont la profondeur peut être importante (Lalolalo : 80 ml. L'île, étant professeur située dans des eaux chaudes et limpides et ayant subi un mouvement de sub­ au collège de Futuna, sidence, se trouve entourée, à une distance de deux à quatre kilomètres de la et de Nadine Vetuka, professeur côte, par une barrière de corail qui délimite un lagon relié à la mer par quatre au collège de Wallis. Frédéric ANGLEVIEL • 83 • .84. les . • ""10 W , "'·w petifes .. ~ Willl.. !tES WAWS activités , , , • < . funmil ,.,~; ' . '.Alofi] f . , < , • "1" "" , , ! 1 \/rw ' • c .. ! de ') pêche dons Mila:Ulu ~'­ >. 0 le fatale...i ".., 1 Pacifique ...... ""ar~~ J' " \ { ~ Sud , 1 - .... ~ \,zf , '~ë[e-AlOFI ,..,.., ~ . a-.JI Alof'lill '<~ '-'1 A', • 1 , l ' M { , , '" W ml i , < v v j r ~ for'l p<'ITW're ~ Chef-heu, j • j , , 1 • • 0 • o Linde (Toafa) • 1. ,,'''' , i 0 r ! "'n, l •, ". --""m de situation • "'n Wallr.i el Futuna. • L'homme el 10 mer à Wallis el Fuluno • passes (f'9 1) La seule accessible aux navires de forl tonnage esl la passe HonlkuJu, au sud de l'~e le lagon esl peu profond. 43 m au plus, el parsemé d'ilols d'origine volcanique. On lfOuve aUSSI des ilols d'ongine cOfallienne sur la barrière réCIfale (DoUMENGE, 1961 , RlcHARO et al., 1982). l'i1e n'a de plages que sur la cOte ouest et est bordée par un réCll frangeant conlinu, à peine remuvefl a marée basse Cela explique les dltheulles d'accostage qUI 0(1{ rendu nécessaire la conSUucllOn de wharls d Malu Utu ou d Halalo el la réa· lisation de petits débarcadères pour les bateaux de pèche Le lagon est pauvre en coraux et la plupan des madrépores recensés, une trentaine, se situent sur la pente externe du r&;1 la faune ichtyologique esl plus riche avec enwon 330 espeees appartenant d 35 familles différentes. les zones d'herbiers el les mangroves sont habitéeS par de nombreuses variétés de poissons blancs et les pOissons du large n'hésitent pas à crOiser à l'interieur du lagon. Quant aux mollusques, on en compte plus de 300 espèces, généralement représentées par un faible nombre d'indiVidus. A l'inverse, l'archipel de Futuna et Aioii forme un ensemble montagneux (mont Puke, 524 m) sans lagon ni réCif barnère, bordé par un récil frangeant plus ou moins développé. l'archipel se SltlJe à proximité de la zone de contact des plaques Pacifique et Indo·australlenne, el les phénomènes de subduction entralnent de fréquents tremblements de terre. Les versants de la ~ montagne futunienne » (ANGlfVI(L el al., 1994) sonl abrupts et sUjets à des éboulements ILES WAlliS figure 1 Cartographie • h.,"." ~Impllrll;e dt"> grilnd~ 0<,0""""_ biotopl!'.> représente~ .,_ ..""'... dan~ le compl@xe • ,-~< .... f~lfl)-lilgonil;~ 1J ""_.-., deWilll~ Frédér.c ANGUI,IJ(L 0 8S • Les petites activités de pêche dans le Pccifique Sud et glissements de terrain. Ils sont profondément entaillés par les vallées creu­ sées par des torrents et sont généralement séparés de la mer par une étroite plateforme littorale, un ancien récif frangeant exhaussé qui accueille la route de ceinture, les villages et les cultures. Alofi est séparé de Futuna par un bras de mer large de 1,8 km et profond de 200 rn, le Vasa. Son versant nord, visible de Futuna, comporte les plus hauts sommets (mont Kolofau, 417 m) et se présente comme une succession de pla­ teaux étagés. Le versant sud, sur la côte au vent, est composé de falaises escarpées surplombant de longues plages de sable fin séparées par des pro­ montoires battus par une forte houle. On pourrait s'attendre à ce que la mer ceinturant Alofi comme Futuna joue un rôle important, sinon primordial, dans la vie des Futuniens. Il n'en est rien. En fait, l'océan sert d'abord de frontière et de moyen de communication. Il est aussi considéré comme un réservoir alimentaire potentiel, comme un lieu de loisir et accessoirement comme une zone de décharges, une sorte de « tout­ à-l'égout». L'Importance du platier a permis le développement d'une couver­ ture algale favorable à la fixation d'une faune ichtyologique, mais celle-ci est aujourd'hui en déclin, victime de la pollution et de phénomènes de surexploi­ tatien! (GABRIE, 1995). Une pêche traditionnelle millénaire On peut distinguer plusieurs types de pêche traditionnelle qui tombent en désuétude avec la raréfaction des prises et la transformation du mode de vie. LA PÊCHE FÉMININE La pêche sur le platier est souvent qualifiée de pêche des femmes, car elle est essentiellement leur fait. De nombreuses techniques restent vivaces et portent chacune un nom précis: le Vela vela consiste à se rendre près du tombant du récif et à utiliser un petit filet à double manche, le kukuti, pour capturer des poissons de petite taille dans les anfractuosités naturelles. Souvent accompagnées d'enfants, les femmes pratiquent aussi la collecte sai­ sonnière de mollusques (palourdes, peignes, coques et bénitiers) ou crustacés , Dans un rapport (crabes, cigales de mer). Autrefois, elles ramassaient également des algues de récent, Catherine Gabne la famille des caulerpes, auxquelles les missionnaires ont donné le nom évo­ regrette qu'à" Wallis et cateur de « raisins de mer ». Cette activité n'existe plus qu'à Futuna où elle se Futuna, la pollution et la déqradatron trouve pénalisée par la divagation des porcs sur le rivage, à marée basse, des lagons par les eaux usees. les extractions Une variante consiste à pratiquer la même activité de nuit en s'éclairant de de matériaux coralliens lampes torches; celles-ci ont remplacé les lampes-tempête d'hier et les flam­ et certaines techniques de pêche, comme beaux de palmes de cocotier de naguère. C'est aussi de nuit que les jeunes le po.son et la dynamite, capturent dans les cours d'eau de Futuna les chevrettes d'eau douce avec une soient encore mill quantlliées ». petite sagaie. • L'homme et la mer à Walliset Futuna. Une autre méthode de pêche consiste à réaliser de petits barrages qui per­ mettent de piéger les poissons dans des bassins lorsque la mer descend. On les y attrape avec des nasses ou des haveneaux. AWallis, ces barrages étaient autrefois réalisés à partir de feuilles de cocotier. Ils sont aujourd'hui abandon­ nés en raison du recul de la vie communautaire. A Futuna, seuls quelques rivages plats et rocailleux permettent la construction de barrages dont les murs sont édifiés avec des blocs de corail qui servent plusieurs années de suite. Leur forme est en Vet leur pointe dirigée vers le large. C'est là que se regrou­ pent les poissons lorsque vient le reflux. Pour les faire se précipiter dans les fIlets, les enfants lancent des cailloux et battent l'eau de leurs bâtons. Lesfilets étaient autrefois tissés à partir d'écorce d' Hibiscus tiliaceus (BURROWS, 1936). lis sont aujourd'hui en nylon, mais ont conservé leur forme première. D'autres femmes à Futuna amassent des cailloux dans un creux du platier et y forment un abri qui, à marée haute, attire les poissons. A la marée descen­ dante, elles placent leurs paniers tout autour de l'édifice et installent leurs haveneaux aux endroits propices. Il ne leur reste plus qu'è soulever les cailloux pour prendre les poissons qui s'y sont réfugiés. Une autre technique destructrice et non sélective (GALZIN, 1981,1985), l'em­ poisonnement au kava, est en régression A Wallis, elle était le fait des hommes qui utilisaient, comme c'est encore le cas à Futuna, un poison élaboré à partir du fruit du futu (Barringtonia asiatica). Celui-ci et l'écorce de cet arbre sont écrasés et mêlés de sable. Le tout est pétri sous forme de boulettes contenues dans des chiffons qui sont jetés dans les trous les plus profonds. A Futuna, les femmes construisent un mur provisoire de feuilles de bananier et de kape.

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