Les Problématiques Du Licombien-Ranisien-Jerzmanowicien

Les Problématiques Du Licombien-Ranisien-Jerzmanowicien

Université de Liège Faculté de Philosophie et Lettres Année académique 2005-2006 LA TRANSITION DU PALÉOLITHIQUE MOYEN AU SUPÉRIEUR DANS LA PLAINE SEPTENTRIONALE DE L ’E UROPE Les problématiques du Licombien-Ranisien-Jerzmanowicien Volume 1 : Texte Directeurs de thèse : Thèse présentée par Marcel OTTE, Professeur à l’Université de Liège Damien FLAS Nicolas CAUWE, en vue de l’obtention du grade de Chef de Travaux Docteur en Histoire de l’Art et Archéologie aux Musées royaux d’Art et d’Histoire Remerciements Dès mes premières années d’université, Marcel Otte m’a aiguillé vers la problématique de la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur. Ce travail n’aurait pas été mené sans les encouragements et la confiance qu’il m’a accordés dès cette époque et qui furent pour moi une motivation constante. Son ouverture d’esprit et ses idées stimulantes, autant que son enseignement, ont contribué de manière essentielle à ma formation. Je lui en suis profondément reconnaissant. C’est grâce à Nicolas Cauwe que j’ai obtenu un poste d’attaché aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles, dans le cadre du projet « L’émergence du Paléolithique supérieur dans la plaine septentrionale de l’Europe ». C’est dans cette institution, et bénéficiant de l’appui de Madame Anne Cahen-Delaye, Directeur général, que j’ai pu réaliser ce travail dans les conditions les plus favorables. Alliant la rigueur scientifique à une volonté d’élargissement des perspectives sur la Préhistoire, il fut pour moi la source d’un important enrichissement intellectuel. Je tiens également à remercier Janusz Kozłowski qui m’a reçu à plusieurs reprises pour de longues discussions concernant les différents aspects liés à la transition du Paléolithique moyen au supérieur en Europe centrale. Elles ont toujours été pour moi le substrat fertile de nouvelles réflexions. Ce travail n’aurait pu être sans la coopération amicale de Roger Jacobi, dont la connaissance détaillée du Paléolithique moyen et supérieur britannique m’a été précieuse. Il m’a donné accès à du matériel inédit particulièrement important. Notre constant échange d’idées et d’informations me fut des plus profitables. Pierre Noiret m’a été d’une aide constante au cours de ces quatre dernières années, autant par sa connaissance approfondie de la littérature que par les conseils et les commentaires qu’il m’a prodigués au gré de nos nombreuses rencontres. Les conservateurs et les préparateurs de diverses institutions muséales m’ont autorisé et facilité l’accès à leurs collections. Je remercie ainsi Barry Chandler (Torquay Natural History Society Museum), Krzystof Cyrek et Lukacz Czy żewski (Université de Toru ń), Anna-Barbara Follmann et Michael Schmauder (Rheinisches Landesmuseum, Bonn), Ruppert Gebhard (Archäologisches Staatssammlung, München), Ivan Jadin (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique), Paul Jeffery (Oxford University Museum), Estelle Jakeman (Wells Museum), Gennadyi Khlopatchev (Musée ethnographique Pierre-le-Grand, Saint- Pétersbourg), Robert Kruczynski (Natural History Museum, Londres), Jacek Radzeski (Musée archéologique, Kraków), Jean-Luc Schütz (Musée Curtius, Liège), Deborah Slatford (British Museum, Londres), Tobias Springer (Germanisches National Museum, Nürnberg), Mikolaj Urbanowski (Université de Varsovie) et Bogdan Wisniowski (Musée du parc national d’Ojców). 1 Par ailleurs, d’autres m’ont aussi fourni, outre l’accès aux collections, des données et des illustrations parfois inédites, ainsi que des copies d’articles. Ils ont également enrichi ce travail par les discussions que nous avons pu avoir. Je veux citer : Pierre Cattelain (Musée du Malgré-Tout, Treignes), Lynden Cooper (University of Leicester), Michel Dewez (Université catholique de Louvain), Anna Ginter (Musée archéologique, Kraków), Judith Grünberg (Museum für Vor- und Frühgeschichte, Halle-an-der-Saale), Anne Hauzeur (Institut royal des Sciences naturelles de Belgique), Stefan Kozłowski (Université de Varsovie), Foni Le Brun- Ricalens (Musée national d’Histoire naturelle, Luxembourg), Martin Oliva et Zde ňka Nerudová (Musée morave, Brno), ainsi qu’Elizabeth Walker (National Museum of Wales, Cardiff). Au gré de mes différents voyages, ou parfois plus simplement par courrier électronique, de nombreux chercheurs m’ont aidé à des degrés divers par des discussions, l’apport de publications, d’informations et de réflexions neuves ou en m’autorisant à faire référence à leurs travaux inédits. En espérant n’oublier personne, je remercie Mikhail Anikovich, Nick Ashton, Dimitri Bodounov, Jean-Guillaume Bordes, Laurent Brou, Nelly Connet, William Davies, Mietje Germonpré, Terry Hopkinson, Andrei Krivoshapkin, Alexander Matyukhin, Hervé Monchot, Petr Neruda, Paul Pettitt, Andrei Sinitsyn, Valery Sitlivy, Marie Soressi, Chris Stringer, Nicolas Teyssandier, Michel Toussaint, Paul-Louis van Berg, Marian Vanhaeren, Sergei Vasil’ev et Leonid Vishnyatsky. Éloignées de la plaine septentrionale de l’Europe et de ses industries à pointes foliacées, mais toujours au cœur de la question de la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur, les semaines passées en Iran dans le cadre des fouilles de la grotte Yafteh ont également été l’occasion d’échanges fructueux avec les préhistoriens du Musée national de Téhéran, en particulier Fereidoun Biglari, Rahmat Naderi et Sonia Shidrang. Il m’est également agréable de remercier ceux qui furent des amis avant d’être des collègues et qui, de près ou de loin, furent toujours disposés à m’aider : Serge Lemaitre, Rebecca Miller, Luc Moreau, Laurence Remacle et Nicolas Zwyns. Lors de mes séjours en Pologne, Jarosław et Malgorzata Wróbel m’ont, non seulement, aidé dans mes recherches bibliographiques et dans ma compréhension laborieuse des articles rédigés en polonais mais, m’ont encore accueilli avec hospitalité. Qu’ils en soient remerciés. Dominique Coupé s’est volontairement chargée de la correction de ces pages. Une telle abnégation mérite ma plus grande gratitude. Enfin, je voudrais exprimer ma reconnaissance envers tous les amis et les proches qui m’ont soutenu ces dernières années et, en particulier, mes parents, Roger et Marie-Anne. 2 I. INTRODUCTION I. INTRODUCTION 1. Préambule La question de la transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur dans la plaine septentrionale de l’Europe était déjà au cœur d’un mémoire de licence effectué il y a quelques années. C’est lors de ce travail que les diverses problématiques relatives aux industries à pointes foliacées laminaires présentes dans cette région nous sont apparues particulièrement intéressantes. Touchant à la question très débattue de la transition et, cependant, relativement délaissées en raison de la faiblesse des ensembles concernés et de leur situation géographique excentrée, ces industries nous ont semblé nécessiter une approche plus détaillée. 2. Historique C’est lors des travaux de John McEnery à Kent’s Cavern, entre 1825 et 1829, que fut découverte la première pointe foliacée laminaire (Jacobi 1990 : 272). Peu avant, en 1823, William Buckland mettait au jour les restes de la « Red Lady » à Paviland Cave. À cette époque, l’âge des industries lithiques et osseuses, ainsi que leur association avec les restes humains et ceux de la faune éteinte, sont l’objet d’un vif débat entre les partisans de l’interprétation biblique des origines de l’humanité et leurs premiers détracteurs. Ainsi William Buckland, farouche défenseur de la vision chrétienne, donne-t-il un âge romain à la sépulture qu’il a découverte (Sollas 1913 : 1-3). Dans ce contexte, les trouvailles de J. McEnery resteront inédites pendant plusieurs décennies, n’étant partiellement publiées qu’à la fin des années 1850. e Dans la seconde moitié du XIX siècle, les fouilles conduisent à la découverte d’autres pointes foliacées dans plusieurs sites anglais et gallois. Ce fut le cas dans la grotte Hyeana Den, lors des travaux qu’y mena W. Dawkins entre 1859 et 1874, et qui fut une des premières mises en évidence de la contemporanéité de la faune pléistocène et des outils préhistoriques (Jacobi 2000 : 45). À Kent’s Cavern, les fouilles furent poursuivies entre 1865 et 1880 sous la direction de W. Pengelly qui développa une méthode pionnière d’enregistrement des découvertes (Pengelly 1884). Les travaux de W. Dawkins, de T. Heath et de M. Mello en 1875-76 à Robin Hood Cave, de W. Else à Bench Tunnel Cavern en 1886 et, la même année, de Hicks et Luxmoore à Ffynnon Beuno Cave livrèrent également des pièces similaires (Garrod 1926). Le matériel provenant des grottes de Uphill Quarry fut récolté par Ed. Wilson vers 1898 (Harrison R.A. 1977). L’attribution taxonomique de ces pièces ne fait pas encore l’objet de grands débats. Cependant, dès 1872, J. Evans (1872 : 449-474) publie certaines pointes foliacées de Kent’s Cavern et formule diverses hypothèses à leur égard. Sur base d’analogies ethnographiques, il propose une fonction de pointe de lance tout en n’excluant pas celle de couteau. Il souligne, par ailleurs, la ressemblance entre les pointes foliacées laminaires de ce site et celle découverte à Hyeana Den. Et, s’il remarque que ces pièces présentent certaines similitudes avec les pointes foliacées découvertes à Laugerie-Haute, il note qu’elles sont moins bien façonnées que celles du site français et en conclut donc que « l’âge de Laugerie-Haute » (le Solutréen) n’est pas clairement représenté dans les îles Britanniques. 4 I. INTRODUCTION Par contre, M. Mello, au congrès du Havre de 1877, attribue au Solutréen des pièces qu’il a découverte à Robin Hood Cave (Smith 1966 : 287). À la même époque, deux sites belges fournissent des pointes foliacées laminaires. Éd. Dupont (1872b : pl. 46) en illustre une, découverte dans le deuxième niveau de la troisième caverne de Goyet. L’industrie de ce niveau est comparée à celle du Trou Magrite (correspondant essentiellement à un Gravettien), qui comprend également des pièces à retouches plates. M. De Puydt et M. Lohest (1886 : 215-216) mentionnent également une douzaine de pièces de ce type provenant du « deuxième niveau ossifère » de Spy, niveau sus-jacent aux fameux restes néandertaliens.

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