Document généré le 26 sept. 2021 20:47 Cap-aux-Diamants La revue d'histoire du Québec Il y a 50 ans… Le Vieux-Québec Jean-Marie Lebel Au coeur de l’action : la Caisse populaire Desjardins du Vieux-Québec 1948-1998 Numéro hors-série, automne 1999 URI : https://id.erudit.org/iderudit/8641ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Éditions Cap-aux-Diamants inc. ISSN 0829-7983 (imprimé) 1923-0923 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Lebel, J.-M. (1999). Il y a 50 ans… Le Vieux-Québec. Cap-aux-Diamants, 10–15. Tous droits réservés © Les Éditions Cap-aux-Diamants inc., 1999 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ 50' L'Hôtel Château Norman­ die près de la place d'Armes. Carte postale Provincial News Co. Québec, vers 1950. (Collection Yves Beauregard). Il y a 50 ans... Le Vieux-Québec PAR JEAN-MARIE LEBEL nouvelle caisse populaire. Le territoire de la pa­ roisse Notre-Dame-de-Québec, fondée en 1664 par Mgr de Laval,avait été rétréci à maintes repri­ «Sur les terrasses, les bancs, face au fleuve, ses et l'avait été une fois de plus, en 1944, lors de invitent à profiter de la belle saison. On y la création de la paroisse Notre-Dame-des-Vic- entend les éclats de rire des enfants qui, sur les toires.à la basse-ville.En 1948,son territoire cou­ remparts, chevauchent les vieux canons, jouent vrait les rues de la ville située à l'intérieur des sur les pyramides de boulets, et quelquefois remparts qu'il débordait quelque peu pour in­ s'engagent dans une ronde en chantant Sur le clure la place D'Youville et les édifices des sœurs pont d'Avignon...» de la Charité. La rue Saint-Eustache, dont le par­ cours correspondait à une partie de notre auto­ Marius Barbeau, Québec où survit l'ancienne route Dufferin-Montmorency,constituait la limite France, 1937. ouest de la paroisse. .u'était le Vieux-Québec de 1948-1949 UN VIEUX-QUÉBEC ' aux jours de la fondation de la Caisse DE CARTES POSTALES populaire de Notre-Dame de Québec? Précisons-lQ e d'emblée, la nouvelle institution Le Vieux-Québec d'il y a un demi-siècle était n'aurait pu s'appeler «caisse populaire du Vieux- déjà depuis longtemps une ville-mémoire. De­ Québec»,car l'expression «Vieux-Québec» n'exis­ puis l'arrivée des bateaux à vapeur et, surtout, tait pas encore. On parlait alors de la «vieille depuis le déploiement des chemins de fer, la ville», de la «haute-ville d'entre les murs», du ville de Québec était une destination touristique «Quartier latin», de la «paroisse de la basilique» ou importante pour les Canadiens anglais et les de la «paroisse Notre-Dame-de-Québec». A l'épo­ Américains. L'inauguration du Château Fronte­ que, les territoires desservis par les caisses po­ nac, en 1893, avait attiré des touristes fortunés. À pulaires correspondaient souvent à ceux des compter des années 1930,1a démocratisation de paroisses catholiques. Il en était ainsi pour la l'automobile augmenta de beaucoup l'affluence 10 CAP-AUX-DIAMANTS, HORS SÉRIE, AUTOMNE 1999 50' touristique.En 1948-1949,une bonne proportion vernementales. Le Vieux-Québec d'il y a 50 ans des visiteurs logeaient dans les «petites cabines» était à l'abandon et bien des citoyens l'avaient et dans les motels des grandes voies d'accès de fui. Au cours de la première moitié du siècle, les la ville. Dans le Vieux-Québec, de vieux hôtels familles bourgeoises des avenues Saint-Denis du X\Xe siècle subsistaient tant bien que mal : le et Sainte-Geneviève et des rues Saint-Louis et Saint-Louis, le Clarendon et le Victoria. S'étaient D'Auteuil étaient allées s'établir dans la Grande ajoutés à eux le Château Normandie, le Mont­ Allée et les belles avenues du quartier Mont­ calm et le Lorraine. Des maisons pour touristes calm. Beaucoup de familles des classes moyen­ étaient apparues rue Saint-Louis et aux abords nes, aux nombreux enfants, l'avaient quitté pour du jardin des Gouverneurs. le quartier Limoilou ou d'autres endroits où el­ les pouvaient bénéficier de plus vastes espaces. Mais le Vieux-Québec était une ville-musée en dé­ crépitude. On réparait ou construisait sans tenir compte du caractère patrimonial du secteur. Des maisons de la Nouvelle-France étaient saccagées ou détruites pour faire place à des stationnements. Des défenseurs du Vieux-Québec, dont les William Wood, Pierre-Georges Roy et Gérard Morisset s'en offusquaient. La Commission des monuments his­ toriques et les autorités municipales étaient im­ puissantes à protéger le Vieux-Québec. Et, curieusement, alors que les touristes étaient attirés par le côté «vieille France» du Vieux-Qué­ bec, les commerçants, croyant les aguicher, an­ glicisaient leurs vitrines et enseignes. Le Vieux- Québec avait un visage anglo-saxon.On se serait cru à Boston. Gift Shop, Barber Shop et Tourists Rooms, pouvait-on lire sur bien des façades. Le Château View House, le Park View House et la River View House se faisaient concurrence. La De nombreuses résidences cossues avaient été Cour intérieure du Petit Séminaire de Québec. rue Saint-Jean était devenue la St. John Street et transformées en maisons de chambres, qu'on Carte postale Les Agen­ la rue des Jardins, la Garden Street. appelait des «maisons de pension», en maisons ces Kent Enrg., Québec. pour touristes et en petits hôtels. Dans les mai­ (Collection Yves UN MILIEU APPAUVRI sons des rues bordant l'Université Laval,que les Beauregard). fonctionnaires et les professionnels avaient dé­ On admire aujourd'hui un Vieux-Québec restauré laissées, logeaient des étudiants. Habiter la vieille et embelli par la volonté de ses citoyens, de ses ville était devenu, aux yeux de plusieurs, syno­ entreprises commerciales et des autorités gou­ nyme de pauvreté ou de bohème. 11 ••• M* ^ jfffiatl IMP" ! ||fl(i|ll yÈÉÊÊÊmmRwmttm La côte de la Fabrique où l'on retrouve à cette époque de nombreux J7/, .IPI>MJF .^pïQ. commerces comme la bijouterie Seifert, le magasin Simons, le restaurant Kerhulu... Carte postale Lorenzo Audet, vers 1948. (Collection Yves Beauregard). CAP-AUX-DIAMANTS, HORS SÉRIE, AUTOMNE 1999 11 50a Non seulement ses citoyens fortunés l'avaient le poste central de police et une importante ca­ quittée, mais aussi de grandes institutions s'ap­ serne de pompiers, et le palais de justice. Dans prêtaient à partir. Pour l'Université Laval,à l'étroit l'édifice du bureau de poste se trouvaient les dans ses vieux édifices de la rue de l'Université, quartiers généraux du District militaire n° 5 et les prêtres du Séminaire avaient acquis.en 1947, des bureaux de plusieurs ministères fédéraux. de vastes terrains à Sainte-Foy. Ils rêvaient d'une Cependant, bien peu parmi ceux qui travaillaient cité universitaire à l'américaine. Les religieuses dans ces institutions résidaient dans le vieux de l'Hôtel-Dieu avaient aussi de grandes ambi­ quartier. Ils réclamaient des stationnements à tions. En 1946, elles étaient devenues propriétai­ tout prix. Heureusement, les encombrants tram­ res d'immenses terrains dominant le fleuve à ways électriques de la Québec Power, qui sillon­ Sainte-Foy pour y ériger, dans un cadre plus naient les rues du Vieux-Québec depuis 1897, sain, leur nouvel hôpital. furent mis au rancart en 1948. À L'OMBRE D'UNE BASILIQUE Le Vieux-Québec était le Vatican du Nou­ veau Monde. Relisons Marius Barbeau : «Des franciscains passent en sandales; des religieuses, deux par deux, le long des murs de pierre blanche, sont des ombres qui glissent. Les matines, puis l'Angélus, sonnent aux cloches des mo­ nastères.» Au cœur du Vieux-Québec, la basilique, qui est à la fois église paroissiale et cathédrale, avait été re­ construite telle quelle après l'incen­ die de 1922. LE TERRIBLE POIDS DE LA TRADITION Le Vieux-Québec se croyait toujours le dernier bastion de la foi catholique et de la langue française en Amérique. Les ur­ sulines, les augustines et les prêtres du Séminaire occupaient les mêmes sites de­ puis le XVIIe siècle. Les jésuites étaient de retour. Les missionnaires du Sacré-Cœur, VIEW OF GOVERNOR'S GARDENS FROM 'CHATEAU VIEW les sœurs de la Charité, les sœurs du Bon- Pasteur, les sœurs de Sainte-Jeanne-d'Arc et les dominicaines de l'Enfant-Jésus Document publicitaire en Cependant, le Vieux-Québec comptait toujours s'étaient joints à eux. anglais du Châteauview, quelques illustres citoyens. Au Château Fronte­ un petit hôtel pour touristes en bordure du nac résidaient le grand marchand Maurice Pol­ Le cardinal Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve était jardin des Gouverneurs. lack et le premier ministre Maurice Duplessis. décédé, en 1947, à Los Angeles lors d'un voyage (Collection Yves Chaque jour, ce dernier parcourait à pied la rue de santé, alors que ses fidèles du Vieux-Québec Beauregard). Saint-Louis où demeurait Hector Laferté,chef de pouvaient à peine se rendre à Sainte-Anne-de- l'opposition au Conseil législatif. Dans cette rue, Beaupré. À la basilique, 70 000 personnes défilè­ la veuve de Neuville Belleau occupait encore rent devant le cercueil. À cet archevêque friand la vieille maison où le père de son beau-père, de publicité, succédait le discret Maurice Roy.
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