MADAGASCAR : SORTIR DU CYCLE DE CRISES Rapport Afrique N°156 – 18 mars 2010 TABLE OF CONTENTS SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS ............................................................................. i I. INTRODUCTION ............................................................................................................. 1 II. LA CRISE DE 2009 ........................................................................................................... 2 A. COMMENT MOBILISER LA FOULE : LES ELEMENTS DECLENCHEURS ............................................... 2 B. LES VIOLENCES DE JANVIER-MARS ............................................................................................... 4 1. Manifestations et répression ........................................................................................................ 4 2. Le rôle de l’armée ........................................................................................................................ 5 3. La passation de pouvoir ............................................................................................................... 6 C. ECHECS INITIAUX DE MEDIATION ................................................................................................. 7 1. Manque de consensus et de crédibilité de l’initiative des Eglises .............................................. 7 2. Manque de coordination de la communauté internationale ........................................................ 8 D. LA HAT : UN AN AU POUVOIR ...................................................................................................... 8 1. Mise en place du régime Rajoelina .............................................................................................. 8 2. Lutte de reconnaissance internationale entre la HAT et Marc Ravalomanana ........................... 9 3. Répression et intimidation ......................................................................................................... 10 4. Divisions et pressions internes ................................................................................................... 11 III. UNE INSTABILITE CHRONIQUE .............................................................................. 13 A. UN « PRESIDENT-MONARQUE » .................................................................................................. 13 B. LE PARLEMENT COMME CHAMBRE D’ENREGISTREMENT ............................................................ 17 C. L’ABSENCE D’OPPOSITION ET DE DEBAT CONTRADICTOIRE ........................................................ 18 1. Une opposition politique fragmentée ......................................................................................... 18 2. Un débat public verrouillé ......................................................................................................... 19 D. UNE CONSTITUTION INSTRUMENTALISEE .................................................................................... 21 E. UN POUVOIR JUDICIAIRE DEPENDANT ......................................................................................... 22 1. La manipulation de la Haute cour constitutionnelle ................................................................. 22 2. Le contrôle des magistrats ......................................................................................................... 23 F. UN PROCESSUS ELECTORAL SOUS INFLUENCE ............................................................................ 23 G. NEGLIGENCE ET DEDAIN DE L’ARMEE ........................................................................................ 24 IV. DES NEGOCIATIONS DANS L’IMPASSE ............................................................... 25 A. ECHEC DES MEDIATIONS A ANTANANARIVO .............................................................................. 25 B. SUCCES ET LIMITES DES ACCORDS DE MAPUTO ......................................................................... 27 C. DEBLOCAGE SANS LENDEMAIN A ADDIS-ABEBA ....................................................................... 29 D. ROMPRE LE CYCLE DE CRISES ..................................................................................................... 30 E. REFERENDUM, ELECTIONS MAIS PAS DE TRANSITION ................................................................. 30 F. NOUVELLE CONSTITUTION ET ORGANISATION D’ELECTIONS LIBRES ET TRANSPARENTES .......... 30 G. SURVEILLER LA NEUTRALITE DES CORPS DE DEFENSE ET DE SECURITE ...................................... 31 H. LE GIC COMME GARANT INTERNATIONAL DU PROCESSUS ......................................................... 32 V. CONCLUSION ................................................................................................................ 32 ANNEXES A. CARTE DE MADAGASCAR ................................................................................................................ 33 B. GLOSSAIRE ...................................................................................................................................... 34 C. CHRONOLOGIE ................................................................................................................................. 36 D. LES NEGOCIATIONS DE MAPUTO ...................................................................................................... 38 E. A PROPOS D’INTERNATIONAL CRISIS GROUP ................................................................................... 42 F. RAPPORTS ET BRIEFINGS DE CRISIS GROUP EN AFRIQUE DEPUIS 2001 .............................................. 43 G. CONSEIL D’ADMINISTRATION D’INTERNATIONAL CRISIS GROUP ...................................................... 45 Rapport Afrique N°156 18 mars 2010 MADAGASCAR : SORTIR DU CYCLE DE CRISES SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS Madagascar est en crise depuis les troubles sanglants qui Les accords de partage du pouvoir signés à Maputo en l’ont secoué début 2009. Plusieurs mois de médiation sous août et à Addis-Abeba en novembre représentaient une l’égide de l’Union africaine (UA), entre autres, n’ont pas opportunité de mettre en place une transition consensuelle permis de débloquer la situation. Malgré la signature de en réunissant au sein du gouvernement les quatre mou- plusieurs documents, et l’annonce de l’Union africaine vances politiques représentées par Rajoelina, Ravaloma- de sanctions individuelles contre les membres du regime nana, et deux anciens présidents, Didier Ratsiraka et le 17 mars, les négociations n’ont pas abouti, principa- Albert Zafy. Mais bien qu’il ait signé les accords, lement à cause du refus du gouvernement Rajoelina de Rajoelina et son entourage ont depuis bloqué leur mise mettre en œuvre le partage du pouvoir accepté à Maputo en place, pour conserver tous les postes importants, et en août. Bien que la violence ait été contenue depuis menacé d’organiser des élections de manière unilatérale. qu’il a pris le pouvoir en mars 2009, la légitimité du Le manque de volonté politique de réaliser des compro- régime est remise en question tant à l’intérieur du pays mis de la part de protagonistes qui semblent plus préoc- qu’à l’extérieur, alors qu’une situation économique dif- cupés par leur rente de situation que par une solution dans ficile pèse lourdement sur une population déjà appauvrie. l’intérêt de la nation a rendu un authentique partage du Pour éviter toute escalade, la médiation devrait cesser pouvoir pratiquement impossible. d’essayer de mettre en place une transition fondée sur un partage du pouvoir, et tenter plutôt d’obtenir un ac- L’impasse de 2009 est la responsabilité d’une élite poli- cord sur la rédaction consensuelle d’une nouvelle cons- tique qui a constamment sapé la création d’institutions titution et l’organisation rapide d’élections sous super- stables et démocratiques au profit de ses propres intérêts vision internationale. politiques et économiques. Ses pratiques sont également à l’origine des autres crises politiques (1972, 1991 et De janvier à mars 2009, Andry Rajoelina, alors maire de 2002) qui ont déstabilisé Madagascar depuis son indé- la capitale, Antananarivo, rassemble dans la rue plusieurs pendance. Ses membres sont chaque fois parvenus à dizaines de milliers de personnes et exige la démission préserver leurs réseaux de pouvoir, rendant inévitable du gouvernement du président Marc Ravalomanana. Il l’apparition de nouvelles crises. forme une alliance de circonstance avec l’opposition politique et une partie de la société civile, et organise de Une nouvelle constitution et des élections constituent la grands rassemblements qui dégénèrent en pillages mas- seule option réaliste pour sortir de ce cycle de crises à sifs, dans lesquels au moins 70 personnes perdent la vie. répétition. Madagascar a besoin de rétablir des institu- Rajoelina forme un gouvernement parallèle, la Haute tions légitimes et d’initier des réformes administratives. autorité de la transition (HAT), et demande le 7 février La priorité de l’équipe de médiation devrait donc être la à ses partisans de prendre le palais présidentiel. Les négociation d’un accord entre les quatre mouvances poli- forces de sécurité ouvrent le feu sur la foule et font près tiques, qui permettrait la rédaction rapide d’une nouvelle de 30 morts. constitution, un référendum constitutionnel et la tenue d’élections libres et équitables, ainsi que la clarification Les tentatives de médiation des Eglises et des Nations des termes de l’amnistie décidée à Maputo. unies (ONU) échouent alors que les deux protagonistes s’enfoncent dans une logique
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