Et Pouvoir : Le Journal (1997-2010) Promoteur Du Trône Au Maroc. Une Psycho-Socio-Anthropologie Historique Du Journalisme Politique

Et Pouvoir : Le Journal (1997-2010) Promoteur Du Trône Au Maroc. Une Psycho-Socio-Anthropologie Historique Du Journalisme Politique

THÈSE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ GRENOBLE ALPES Spécialité : Science politique Arrêté ministériel : 7 août 2006 Présentée par Mehdi KAMAL BENSLIMANE Thèse dirigée par Jean-Noël FERRIÉ préparée au sein du Laboratoire PACTE (UMR 5194) dans l'École Doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire » Presse « indépendante » et pouvoir : Le Journal (1997-2010) promoteur du trône au Maroc. Une psycho-socio-anthropologie historique du journalisme politique Thèse soutenue publiquement le 18 décembre 2015, devant le jury composé de : Mme Assia BOUTALEB Professeure de science politique, Université de Tours (Président) M. Baudouin DUPRET Directeur de recherche au CNRS, CEMS/IMM/EHESS, Universités de Leyde et Louvain (Rapporteur) M. Jean-Noël FERRIÉ Directeur de recherche au CNRS, directeur de Sciences-Po Rabat (Directeur de thèse) M. Zakaria RHANI Professeur à l’IURS, Université Mohammed V Rabat (Examinateur) M. Abdallah SAAF Professeur émérite de science politique, Université Mohammed V Rabat (Rapporteur) Je dédie ce travail ... À mes chers parents Deux êtres exceptionnels que je ne remercierai jamais assez pour tout ce qu’ils font pour moi. Que ce travail soit le meilleur témoin de mon respect, de mon infini amour et de ma profonde reconnaissance. À la mémoire de mes grands-parents et des êtres qui me sont (toujours) chers ; une pensée particulière pour mon professeur Mahdi Elmandjra [« d’un Mahdi à un autre » m’écrivait-il] À mes frères, Hamza et Othman Tous mes vœux de bonheur et de réussite. A Ikram et à ma petite nièce Khadija À mes amiEs, à ma famille 1 Remerciements Dire merci s’impose car à mon sens, hélas, on ne dit jamais assez « Merci ». Le remerciement exprime une gratitude vis-à-vis d’autrui, à l’égard d’êtres que, au cours d’une vie, au fil des contextes et des rencontres, l’on prend plus ou moins le temps de connaître et d’apprécier. J’aimerais d’abord dire un grand merci à Jean-Noël Ferrié, mon directeur de thèse, d’avoir accepté d’une part de diriger ce travail, d’avoir été présent pour suivre ses « fluctuations » durant ces cinq dernières années, et d’autre part pour le soutien personnel apporté, toujours bienveillant. Plusieurs enseignants-chercheurs jeunes et moins jeunes, inscrits dans des disciplines et des traditions diverses, ont contribué à l’aboutissement de cette recherche ne serait-ce que par une suggestion, une idée, une question. Je citerais pêle-mêle et bien entendu de façon non-exhaustive : Irène Bono, Zakaria Rhani, Dominique Marchetti, Sarah Ben Néfissa, Dominique Guillo, Mounia Bennani- Chraïbi, Sophie Daviaud, Jean Leca, Assia Boutaleb, Daniel-Louis Seiler, Georges Gilles-Escuret, Khalid Mouna, Eric Yvonnet, Mustapha Elmnasfi, Philippe Aldrin, Jérémie Nollet, Abdallah Saaf, Mehdi Alioua, Nadia Khrouz, Hassan Rachik, Daniel Cefaï, Baudouin Dupret, Nazarena Lanza, Aziz Hlaoua, Cédric Baylocq, Nabil Mouline, Erik Neveu, Dina El-Khawaga, Asma Nouira, Choukri Hmed, Nayla Moussa, Salam Kawakibi, etc. Je n’oublierais pas non plus de remercier le personnel de mon laboratoire de rattachement institutionnel, PACTE [Politiques publiques, action politique et territoires, UMR 5194] à l’IEP de Grenoble ainsi que celui de l’école doctorale « EDSHPT » (Sciences de l’Homme, du politique et du territoire), et en particulier Lourdemarie Luete. En raison d’une assez longue présence au Maroc, sur mon terrain d’enquête, plusieurs activités de recherche ont été suivies et menées au sein de mon laboratoire d’accueil : le Centre Jacques Berque (CJB) de Rabat (USR 3136 CNRS). Que l’ensemble de ses collaborateurs soit ici remercié. Mes étudiants de troisième année de la Licence de science politique et de relations internationales de l’Université internationale de Rabat (UIR), où j’ai eu 2 l’opportunité de donner un cours de « Presse et politique » en 2014, ont su, à travers leurs questions perspicaces, mieux interroger les choix faits dans cette thèse. J’avais coutume de leur dire, à la fin de chaque séance, que je les aime. Qu’ils trouvent ici l’expression de mon amour le plus sincère. Je tiens à remercier infiniment mon cousin, Zakaria, qui a eu la gentillesse de lire et de commenter différentes parties de ce travail. Merci à d’autres cousins et cousines ainsi qu’à mes amis : Mohamed à Casablanca ; Sofia, Loubna, Adam, Saïd, mes amis aixois et d’autres bien entendu, qui ont été toujours présents dans des moments particuliers. Amina surtout a eu le courage d’être là, au bon moment j’ose dire, pour me soutenir. Merci à vous tous du fond du cœur. Il va sans dire que j’ai une dette immense envers tous les « acteurs », de quelque milieu et de quelque statut que ce soit, qui m’ont accueilli chez eux, dans leurs bureaux ou que j’ai pu rencontrer ailleurs. Leurs témoignages ont donné vie à cette recherche. Je tiens à remercier notamment les fondateurs et les journalistes de l’hebdomadaire Le Journal, et en particulier Aboubakr Jamaï, un de ses promoteurs. Comment leur exprimer mon respect sinon en leur disant que le but de ce travail reprend à juste titre la formule de Nietzche qu’A. Jamaï avait l’habitude de citer dans ses éditoriaux : « Ni rire ni pleurer mais comprendre ». Peut-être en comprenant, nous pourrions dès lors assumer tout à la fois les faits de rire et de pleurer. Que l’ensemble donc du personnel du Journal ainsi que les individus rencontrés trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude. Parce que je me trouve dans l’impossibilité de mentionner toutes les personnes, ceux et celles qui ont contribué, de quelque façon que ce soit, à rendre possible ce travail, je voudrais simplement leur dire qu’elles sachent que l’oubli du nom n’est pas celui du cœur. À ceux et à celles qui m’ont accordé un peu de leur temps, je dis encore et encore merci pour tout, vraiment, du fond du cœur. 3 Résumé/Abstract Fondé en 1997 par de jeunes économistes-financiers, à l’aube de l’expérience d’alternance consensuelle au Maroc et la fin du règne d’Hassan II (1961-1999), Le Journal (LJ ci-après) est considéré comme l’emblème de la presse dite indépendante de cette époque. En trouvant un rayonnement à l’étranger, son influence et sa visibilité vont au-delà des élites du Maroc. Les transformations survenues néanmoins sur la ligne éditoriale de cet hebdomadaire francophone, jugée critique vis-à-vis du Pouvoir par l’audace de ses dossiers et couvertures (monarchie, gouvernance, droits de l’Homme), donnent lieu à des crises de différente nature (procès, boycott publicitaire, gestion interne, etc.) qui débouchent sur sa fermeture par les autorités en janvier 2010, sous le règne de Mohammed VI, après une « vie » dense empreinte de rapports tantôt positifs tantôt négatifs avec le Pouvoir. Au lieu de proposer une seule perspective dans l’étude du LJ, cette recherche espère relever le défi d’offrir trois perspectives qui se complètent : par l’analyse de l’environnement externe du LJ (partie I), par l’étude de son pouvoir d’influence (partie II), et enfin par l’analyse de son environnement interne (partie III). La première partie part d’une énigme simple celle de savoir comment on peut passer au niveau des rapports sociaux (ici entre journalistes et politiques) de situations dans lesquelles on est plus ou moins « bien » entendu à des situations de « mal » entendu. À partir du concept de malentendu (V. Jankélévitch), nous verrons ainsi comment Le Journal, d’abord « bien- entendu », devient, au fil du temps, un titre « mal » entendu, à la fois par ses supporters et par ses adversaires. Si le concept de « bien-entendu » rend compte de ce qui a fait l’originalité et le succès du LJ, comme projet d’innovation, dans un contexte historique marqué par la libéralisation politique ; le malentendu lui est un malentendu d’ordre politique qui porte sur les représentations différentes qu’ont les journalistes et les Politiques de la « transition démocratique », leurs appréciations divergentes de la situation politique au Maroc ainsi que sur le rôle que la presse est censée jouer dans de pareils contextes. La deuxième partie, qui est peut-être l'originalité de ce travail, questionne le pouvoir d'influence des médias (du Journal) à travers les concepts de « compétence » journalistique (comme pouvoir adaptatif aux situations nouvelles), de « l’étiquette d’indépendance » (ce qu’elle permet en termes de visibilité/crédibilité) et enfin de « leadership médiatique » de l’éditorialiste et directeur de publication du LJ. Et elle entend souligner leur interdépendance. Enfin, la dernière partie, concernant la vie interne du LJ, s’appuie sur les acquis des sociologies du journalisme, de l’engagement-désengagement, du loyalisme et de la défection, pour interroger ce qui a amené des journalistes à « entrer », à « rester » et à « partir » du Journal. L’exit nous renvoie encore une fois, dans une espèce de boucle, au malentendu et nous conduit à défendre la thèse selon laquelle Le Journal a été, à son corps défendant, le promoteur du trône. Si cette entreprise de recherche a l’ambition d’être une « psycho-socio-anthropologie historique du journalisme politique », elle en appelle également à une libération épistémo-méthodo-logique. Mots-clés : Presse, indépendance, Maroc, monarchie, bien-entendu, malentendu, pouvoir des médias 4 Initiated in 1997 by young financial economists at the start of the experience of consensual alternance government in Morocco and at the end of the reign of Hassan II (1961-1999), Le Journal (LJ) is considered the symbol of the so-called independent press of that time. By finding an influential voice abroad, its weight and visibility goes beyond Morocco's elites. The transformations that still occurred on the editorial line of the weekly French newspaper were considered critical vis-à-vis the ruling power by the audaciousness of its topics and a la- Une coverage (monarchy, governance, human rights), gave rise to different crises in nature (trials, advertising boycott, internal management, etc.) that led to its closure by the authorities in January 2010, under the reign of Mohammed VI after a dense "life" impregnated with positive and negative relations with regime.

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