SANDRINE BONNAIRE UN FILM DE GAËL MOREL 1 TS PRODUCTIONS présente SANDRINE BONNAIRE PRENDRE LE LARGE UN FILM DE GAËL MOREL DURÉE 1H43 • IMAGE 2.35 / 1.66 • SON 5.1 • VISA N°139.540 le 20 décembre 2017 DISTRIBUTION ADOK FILMS 8 rue des Moraines 1227 Carouge / GE CH +41 22 566 53 33 [email protected] Photos et dossier de presse téléchargeables sur www.adokfilms.net Photo © TS PRODUCTIONS a vie d’Edith est bouleversée par un plan social. L’usine Même si les premiers pas dans cette nouvelle usine et ce pays dans laquelle elle travaille depuis toujours est délocalisée à inconnu sont difficiles, Edith se lie vite d’amitié avec Mina, qui L Tanger. Pour les ouvriers, l’unique alternative au chômage tient la pension où elle loge. Grâce à cette amitié, sa vie prend est d’accepter un reclassement au Maroc. Edith, sans attache, un nouveau tournant. avec un fils travaillant au loin, est la seule à faire ce choix. 4 5 entretien avec GAËL MOREL / D’où est née l’idée du film ? font ces offres de reclassement n’y croient Je voulais rendre hommage au pas. milieu ouvrier d’où je viens ; tourner Ces offres sont inscrites dans la loi un film qui s’y déroule entièrement. Il y du travail, les entreprises sont tenues de a souvent des personnages d’origine les faire avant un licenciement, et leurs modeste dans mes films, mais ils ne sont propositions sont évidemment indécentes. pas nécessairement issus de la classe Récemment, les ouvriers de Whirlpool ouvrière dans laquelle j’ai grandi. C’est se sont vu proposer un salaire de 400 en évoquant avec mon père la situation euros s’ils acceptaient d’être reclassés en du textile à Villefranche-sur-Saône, où il Pologne où leur usine va être délocalisée. a longtemps travaillé lui-même comme Ce n’est pas sérieux ! La situation que ouvrier, que j’ai eu l’idée de cette femme j’imagine n’appartient pourtant pas à qui accepte un reclassement au Maroc : la science-fiction : durant la crise en le textile est complètement sinistré dans Espagne, beaucoup de gens ont préféré ce département et les délocalisations y partir temporairement au Maroc plutôt sont nombreuses. A Tarare, non loin de que de rester sans travail dans leur pays. Villefranche, 80% des usines ont mis la clé sous la porte. Quelques-unes sont / C’est la démarche d’Edith, l’héroïne, encore en activité dans ce bassin, parmi qu’interprète Sandrine Bonnaire. lesquelles celle où a travaillé mon père. Pour elle, comme pour tous les ouvriers, J’ai eu la chance de pouvoir tourner dans le travail est une valeur fondamentale ce décor si important pour moi toutes qui assure fierté, dignité et lien social les séquences montrant le personnage - comment avoir une vie sociale quand d’Edith au travail en France. on fait les trois huit sinon en tissant des amitiés dans son usine ? Dans une société / La décision du personnage est presque comme la nôtre, il est difficile d’avoir une suicidaire : on sait bien que même les vie digne si l’on ne travaille pas. Dans le responsables des ressources humaines qui cas d’Edith, s’ajoute une énorme solitude. 6 Photo © JEAN-CLAUDE LOTHER 7 Photo © TS PRODUCTIONS Photo © TS PRODUCTIONS Elle est veuve, son fils est parti. Elle en ce qui l’attire le plus, et donc travailler, -sement, à s’implanter car les coûts le Maroc qu’il raconte dans ses livres: très arrive à une logique très jusqu’au-boutiste: même si elle doit partir pour cela. salariaux y sont beaucoup moins élevés intime, loin, par exemple, du romanesque soit elle s’enfonce, soit elle remonte… et les travailleurs peu protégés par les lois d’un Tahar Ben Jelloun. / Pourquoi avoir choisi de situer l’intrigue sociales. / L’altercation qu’elle a avec Gisèle, la au Maroc ? / Dès qu’elle arrive dans l’usine, Edith syndicaliste, avant son départ, décrit très C’est le seul pays d’Afrique du Nord / C’est la première fois que vous écrivez est stupéfaite par ce qu’elle découvre : bien les rapports complexes des ouvriers qui offre autant de sécurité aujourd’hui et avec Rachid O. qui cosigne le scénario. l’archaïsme de la chaîne de production, avec leurs syndicats : “ Tes discours, je il est associé aux vacances. Imaginer une Je cherche toujours une légitimité les nuisances sonores… n’y crois plus ”, lui dit-elle. Française mener une vie d’ouvrière là quand je situe mes projets dans un pays Contrairement à l’usine que l’on Il y a un véritable désamour des bas, loin des images de cartes postales, étranger. Pour les personnages du film, voit en France au début, où une seule travailleurs à leur égard. Et en même créait un phénomène de singularité. très ancrés dans la réalité marocaine, personne sera bientôt capable de faire temps c’est encore pire quand il n’y en j’avais besoin de l’appui de quelqu’un tourner quatre machines, il n’y a pas a pas du tout, comme Edith le découvrira / Pourquoi la transporter précisément à connaissant le pays de l’intérieur. encore beaucoup d’automatisation au au Maroc. Certains syndicats continuent Tanger ? Rachid, qui a vécu jusqu’à trente ans au Maroc. Les entreprises qui délocalisent de fonctionner comme il y a vingt ou C’est une ville en pleine expansion, Maroc, était un complice parfait. Lui et choisissent souvent de reprendre la chaîne trente ans. Au lieu d’être des partenaires avec une économie florissante. Il y a moi nous sommes rencontrés il y a une de production d’une usine existante. Les privilégiés de la concertation, ils campent une énorme zone franche qui bénéficie vingtaine d’années lorsqu’il a publié son conditions de travail sont très dures. sur deux positions : bloquer l’entreprise ou de dérogations de droits de douane premier roman, L’Enfant ébloui. Nous sauver leur propre peau. Au fond, Edith notamment. Tanger est une ville très sommes devenus amis mais n’avions / Avez-vous eu du mal à trouver celle où ne fait que s’appliquer à elle-même les attractive où les industries européennes, jamais encore travaillé ensemble. Ce vous avez tourné ? règles qu’ils fixent : penser à elle, choisir dont le textile, ont tout intérêt, malheureu- film était l’occasion. Et J’aimais aussi Rien n’est facile au cinéma et cela rend 8 9 les choses d’autant plus excitantes. C’est notre producteur exécutif au Maroc, Frantz Richard, qui m’a présenté, parmi d’autres possibilités de décors, une usine allemande délocalisée à Tanger qui correspondait exactement à ce que j’avais en tête en écrivant le scénario. C’était essentiel pour pouvoir rendre compte de la manière dont ces usines Photo © JEAN-CLAUDE LOTHER fonctionnent et restituer la vérité de leur activité quotidienne, notamment le bruit -censure chez les ouvriers et les presque insoutenable qu’on entend dans contremaîtres qui craignent de s’exprimer les ateliers. Vient s’y ajouter celui de la par peur d’être sanctionnés. C’est ce qui musique diffusée aux ouvrières pour se passe pour Najat, la contremaitre de accélérer leur rythme - j’ai dû le retirer l’atelier dont dépend Edith. C’est parce au montage, aucun spectateur n’aurait qu’il n’y a pas de structure intermédiaire pu tenir. J’avais besoin de ce terreau de comme un syndicat que la peur se réalité pour construire ma fiction. développe. C’est toujours la peur qui tient les gens et les empêche de lutter. / En dépit des liens qu’elle noue avec Karima, la jeune couturière, Edith / Celle de Najat est presque fantasmée: comprend rapidement que la solidarité personne ne lui a dit de laisser ses n’existe pas entre les ouvrières. ouvrières s’électrocuter au contact de Même si elle n’avait pas de sympathie machines défectueuses. Sa supérieure pour la fameuse Gisèle, elle réalise que elle-même critique son attitude. celle-ci constituait malgré tout une référence La supérieure veut que son usine pour empêcher les abus : l’absence de syn- marche et que le rendement soit dicat laisse le champ à ce qui ressemble optimal. Pour moi, le capitalisme est à à une certaine forme de barbarie qui l’image de cette femme et de Najat : n’est pas inhérente au Maroc mais plutôt des gens cultivés et instruits au sommet, au monde capitaliste puisqu’elle est souvent profondément humanistes ; des conduite par l’Occident où se trouvent les gens exploités et tenus par des tâches sièges de direction de ces entreprises. impossibles, tout en bas. Bien sûr, Najat est une folle furieuse, sa peur se / Pour des raisons diverses, toutes ces transforme en autoritarisme, mais ça ne femmes sont dominées par la peur. sort pas de nulle part. Son fiancé n’est La peur de l’autorité au Maroc, et jamais revenu alors qu’il était parti encore plus dans le monde peu protecteur travailler en France. La rancœur qu’elle de l’usine et du travail, produit de l’auto- éprouve n’est que la métaphore du 10 Photo © JEAN-CLAUDE LOTHER 11 Photo © JEAN-CLAUDE LOTHER ressentiment d’une certaine société une femme qui choisit d’offrir la liberté Maroc, Edith trouve enfin ce qu’elle de Tanger, qui jouxte la Mosquée, toute marocaine à l’égard de ceux qui ont au sien et en souffre terriblement. cherchait : l’amitié, les autres. une jeunesse gothique vient désormais quitté le pays. Edith se comporte comme le ferait Deux choses comptent pour elle : le voir des films interdits par l’Islam où l’on un parent exemplaire mais son fils, tout travail et ne pas être seule.
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