Paris, le 30 août 2003 N° 12 OR COULE À FLOTS L’ !!! le départ serait décisif. Je n’ai rien lâ- ché ”, souriait la Guadeloupéenne. Quel- Quatre médailles, le bilan faisait déjà tager, bloquées toutes deux à 6,74 m. que 90 m plus loin, Muriel Hurtis vint la date, quoi qu’il advienne. La France, de- Même si la deuxième meilleure perfor- soulager du témoin au moment même où puis la médaille de bronze de Manuèla mance de la Russe (un saut à 7,72 m) la les jambes se faisaient lourdes, si lourdes… Montebrun, jeudi au marteau, savait plaçait en tête, on ne pouvait s’emp ê- Une belle ligne opposée, une transmission qu’elle tenait fermement son record de cher de penser qu’une telle finale ne propre pour lancer Sylviane Félix dans le podiums décrochés lors de championnats méritait pas d’en rester là. Qu’elle n’ac- virage. Sylviane : “ Nous avons été trans- du monde. Mais il traînait cepterait pas de s’offrir portées par 70 000 personnes. Il y avait à dans les bouches des suppor- sur la foi d’une simple la rage et le cœur. Et au final, quelque ters français comme un petit deuxième marque. Le chose de grand. ” Félix qui remettait tout goût d’inachevé. Le genre de problème, c’est que le à plat dans le virage pour bien entamer le sentiment qu’on ressent à la temps et les essais com- dernier acte de la pièce, un acte déjà si fin d’un excellent repas qui mençaient à filer. L’air de souvent joué, que les spectateurs connais- se terminerait sans dessert. rien, on en était même sent bien : une dernière ligne droite, un En clair, il manquait une mé- rendu au dernier. Celui titre à aller décrocher au bout. Et Chris- daille d’or pour savourer qu’Eunice se réservait tine Arron dans le rôle de la chercheuse pleinement le cru de ces IXè pour retourner la situa- d’or la plus rapide de la planète. Même Championnats du Monde d’a- tion. Comme dans un film Torri Edwards n’aura pu empêcher à l’his- thlétisme. La faute de goût a au scénario écrit sur me- toire de se répéter. Un mètre de retard au été réparée. Et finalement, il sure, la Française s’envo- départ, un mètre d’avance à l’arrivée pour y aura même eu du rab’, ce lait et retombait large- la Française. 41’’78, cinq centièmes de- dont personne ne se plain- ment assez loin pour s’of- vant les Américaines, nouveau record de dra. Eunice Barber, puis frir l’or. 6,99 m, à deux quelques minutes plus tard le petits centimètres de son relais 4x100 m féminin record de France, mais de (composé dans cet ordre de plain pied dans le paradis Patricia Girard, Muriel Hurtis, Sylviane des athlètes. “ C’est vraiment fantasti- Félix et Christine Arron) se sont couverts que, jubilait la fille de Freetown, en d’or, étant exactement à l’heure aux ren- Sierra Leone. C’est la médaille d’or du dez-vous que l’histoire leur avait fixé. courage, du travail, des sacrifices. Je me Après sa médaille d’argent à l’heptathlon, suis fait mal au 2 è essai, alors j’ai décidé Eunice Barber, qui n’en était plus à une d’en garder un peu, de m’économiser, épreuve près après ses sept travaux, s’é- pour tout donner sur le sixième. Pour ce tait promis d’aller voir un peu plus haut sur dernier essai, mon coach m’avait dit de le podium si le monde était plus joli vu tout donner, en oubliant la technique, d’en haut. Elle y est parvenue de la plus tout lâcher en ramenant les jambes le belle des manières, au terme d’un plus loin possible. C’est ce que j’ai France après celui battu la veille. L’affaire concours de la longueur pendant lequel son fait. ” Avec le succès que l’on sait. était pliée, la médaille d’or emballée.“ Le chassé-croisé avec la Russe Tatyana Kotova Alors que le sable des exploits de Barber public ne nous aime pas, ici, constatait a fait trépigner les 60 000 spectateurs du avait à peine été ratissé, les filles du Inger Miller après la course. Ils nous huait Stade de France. Les deux femmes, long- relais 4x100 m se présentaient au départ, pour certaines raisons, mais bon… En tout temps, sont restées au coude à coude, dans une ambiance de corrida, le goût du cas, nos passages de témoin ont été fai- yeux dans les yeux, sans pouvoir se dépar- sang en moins toutefois. Dans le rôle du bles, et on s’est marché dessus parce taureau, les Américaines. Une équipe US qu’on ne pouvait rien entendre. Mais nous forcément troublée par le forfait de Kelli terminons deuxième sans entraînement White, double championne du monde du spécifique. Si nous nous mettons à travail- 100 et du 200 m, dont le contrôle positif ler les transmissions, nous battrons le re- au Monafidil, un psychostimulant ne figu- cord du monde ! ” Bien vu, mais un peu rant toutefois pas sur la liste des produits tard. L’or, pour l’heure, donnait pleine- interdits, avait soulevé bien des doutes ment raison à Philippe Leroux. L’entraî- du côté de l’IAAF. Prudente, la fédéra- neur du relais féminin avait suffisamment tion américaine avait décidé d’anticiper répété que le succès ne se vivrait qu’après une éventuelle suspension rétroactive en une bonne dose de travail collectif, laissant sa championne au vestiaire. Les n’ayant de cesse de pousser ses filles à se absents ont toujours tort. C’est peut- retrouver, pour qu’une bonne part de la être ce que s’est dit Patricia Girard en gloire glanée en ce samedi soir historique prenant un départ de feu. “ Je savais que lui retombe dessus. “ Nous nous sommes RÉSULTATS DU 30 AOUT 14h20 Marathon Finale Larbi Zeroual 25. 2h14'29 même moment clé dans l’explication de leur échec : le 27è kilomètre. “ Là, l’accé- lération des Kenyans et des Ethiopiens a 14h20 Marathon Finale Hakim Bagy 34. 2h16'06" fait des dégâts. Moi, j’ai lâché, expliquait Bagy. Mais quand on voit que des Kenyans ont abandonné, on réalise à quel point 14h20 Marathon Finale Philippe Remond 42. 2h17’35 cette course a été difficile. Pourtant, les conditions étaient bonnes. Mais le par- 14h20 Marathon Finale H Driss El Himer 60. 2h24'23 cours est vraiment casse-pattes. La mon- tée des Champs Elysées, en particulier. Un vrai calvaire. ” Au final, en ajoutant la 42è 17h10 4x100m séries H Pognon -Nthepe 2. 38"61 Q place de Philippe Rémond en 2h17’’35, les Krantz - Eyana (Cali - Français terminaient neuvièmes de la Calpas) Coupe du Monde. Une déception à oublier rapidement. 18h05 Longueur Finale F Eunice Barber 1. 6m99 (0.4) Sur 4x400 m, les filles savaient déjà à quoi s’en tenir : en l’absence de Francine Lan- 18h15 4x400m séries F Bévis - Mormand - 3. 3'30"29 dre, blessée et remplacée par Virginie Michanol - Desert - Michanol, la benjamine de l’équipe de France, elles allaient courir leur finale dès (Kamissoko - Ega) les séries. Elles auront en quelque sorte, 18h55 4x400m séries H Douhou - Keita - 1. 3'01"79 Q raté leur podium, à savoir une qualification Diagana - Raquil - pour la finale. Une troisième place de leur (Djhone - Foucan) série, en 3’30’’29, n’aura pas été suffi- sante. Marie-Louise Bévis résumait bien 19h25 4x100m 1/2 finale H Pognon -Nthepe - 5. 38"79 les choses. “ Je suis partie comme une Krantz - Eyana sprinteuse, avec l’idée de donner le bâton en 1 ère ou 2 è position. Mais je savais que la 19h45 4x100m Finale F Girard– Hurtis– Felix– 1. 41"78 (record Russe était plus forte que moi. Ensuite, Arron (Sidibe– Dia) de France) Anita (Mormand) a bien couru. Puis les deux petites jeunes (Virginie Michanol et réunies toute l’année, rappelaient en nait un sérieux coup, d’autant qu’il était Solen Désert) ont fait ce qu’elles ont pu. chœur Christine Arron et Muriel alors trop tard pour faire appel à Au final, on est éliminées, et c’est une Hurtis. C’est ce travail qui paye un remplaçant. Comme pour déception. ” aujourd’hui. On voulait vrai- conjurer le sort contraire qui Sur le 4x100 m, les garçons ont finalement ment la première marche du leur empoisonnait la vie depuis connu un sort assez proche. Après une podium. On savait que les Amé- pas mal de temps, les trois meil- convaincante série bouclée en 38’’61 der- ricaines la voulaient autant que leurs performers français en rière les Américains, Ronald Pognon, Issa nous. Il nous fallait donc donner lice, à savoir Driss El-Himer, N’Thepe, Frédéric Krantz et Jérôme Eya- le maximum. ” Restait au public Hakim Bagy et Larbi Zéroual, se na durent baisser pavillon en demi-finale à donner de la voix pour fêter plaçaient d’emblée dans le au bout de 38’’79 d’efforts. Pas facile ses cinq championnes du monde. groupe de tête, une trentaine de d’exister coincés entre le dernier essai Autant dire qu’il ne s’en privait coureurs réunis à la poursuite d’Eunice Barber et la finale des filles… pas, et qu’il pouvait tranquille- des trois premiers échappés. El Tout le contraire, enfin, de leurs homolo- ment glisser vers une nuit de Himer, qui affectionne particu- gues du 4x400 m. Depuis les performances rêves dorés. lièrement les rues de la capitale de Marc Raquil (3è) et de Leslie Djhone Plus tôt dans l’après-midi, la France jouait pour y avoir avalé d’un trait 42,195 km en (5è) en individuel, une autre chance de médaille en ce same- 2h06’48’’ en avril dernier, était alors dans les ambitions du di.
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