Cour Suprême Du Yukon

Cour Suprême Du Yukon

COUR SUPRÊME DU YUKON Citation: La Commission Scolaire Francophone Date: 20110726 du Yukon No. 23 c. Procureure Générale du S.C. No.: 08-A0162 Territoire du Yukon, 2011 YKSC 57 Registry: Whitehorse Entre: LA COMMISSION SCOLAIRE FRANCOPHONE DU YUKON NO. 23 Demanderesse Et PROCUREURE GÉNÉRALE DU TERRITOIRE DU YUKON Défenderesse Devant: L’honorable Juge Vital O. Ouellette Comparutions: Me Roger J. F. Lepage pour la demanderesse Me Francis Poulin Me Maxime Faille pour la défenderesse Me François Baril Me Guy Régimbald ii Table des matières I. Introduction.......................................................... -1- II. Les questions en litige. ................................................. -1- III. Les faits.............................................................. -2- i) Contexte procédural............................................... -2- ii) Historique non contesté............................................ -3- iii) La Charte et la Loi sur l’éducation ................................... -5- IV. Les témoins........................................................... -8- A. Jeanne Beaudoin. ................................................ -8- B. Florent Bilodeau................................................. -15- C. Edmond Ruest.................................................. -28- D. Rodrigue Landry. ............................................... -35- E. Marc Champagne................................................ -47- F. Lee Kubica..................................................... -61- G. Jean-François Blouin............................................. -79- H. André Bourcier.................................................. -84- I. Roger Paul..................................................... -97- J. Lorraine Taillefer................................................ -98- iii K. Valerie Stehelin................................................ -114- L. Norman Laniel................................................. -121- M. Judith Anderson................................................ -122- N. Patricia Daws.................................................. -124- O. Sandra Henderson. ............................................. -130- P. Elizabeth Lemay................................................ -133- Q. Ed Shultz..................................................... -139- R. Anita Simpson................................................. -141- S. Cyndy Dekuysscher............................................. -145- T. David Hrycan.................................................. -152- U. Bruce McAskill................................................ -154- V. Charles Georges Callas. ......................................... -159- W. Michael Woods. ............................................... -162- X. Sébastien Markley.............................................. -170- Y. Christey Whitley. .............................................. -171- V. La gestion.......................................................... -188- i) Le droit - jurisprudence - l’article 23 de la Charte. .................... -188- 1) Lorsque le nombre le justifie................................ -191- 2) Établissements d’enseignement de la minorité linguistique . -191- 3) La mise en application des principes. -193- ii) Analyse....................................................... -200- 1) Le nombre d’ayants droit au Yukon.. -200- iv 2) Le niveau de gestion et de contrôle. -207- 3) La gestion des finances, du personnel, des programmes et des immeubles.............................................. -213- a) Le poste de la direction d’école. -217- b) L’année scolaire et le transport scolaire.. -223- c) Le perfectionnement professionnel des enseignants. -225- d) Le budget, le personnel, les immeubles et le titre de propriété.......................................... -229- e) Les programmes.................................... -236- f) La formule de dotation............................... -244- 4) La gestion des admissions des ayants droit et des non ayants droit.. -250- a) Analyse........................................... -258- 5) La construction........................................... -263- VI La Loi sur les langues du Yukon. ...................................... -275- i) Le droit - jurisprudence.......................................... -275- ii) Analyse....................................................... -277- VII L’obligation fiduciaire................................................ -286- i) Le droit - jurisprudence.......................................... -286- ii) Analyse....................................................... -293- v VIII. Conclusion. ........................................................ -308- i) Gestion....................................................... -310- ii) Langue....................................................... -316- iii) Obligation fiduciaire. ........................................... -316- IX. Frais et dépens...................................................... -317- -1- I. Introduction [1] La Commission scolaire francophone du Yukon No. 23 (CSFY) a intenté une poursuite contre le Procureur général du Territoire du Yukon (GY). La CSFY allègue que le GY a manqué à ses obligations en vertu de l’art. 23 de la Charte canadienne des droits et libertés et de la Loi sur l’éducation, L.R.Y. 2002, c. 61. Selon la CSFY, le GY aurait aussi manqué à son obligation fiduciaire envers la CSFY. II. Les questions en litige [2] Dans cette cause, la Cour est appelée à déterminer l’étendue des droits accordés par l’art. 23 de la Charte aux membres de la minorité francophone du Yukon, ainsi que les obligations du GY qui en découlent. [3] Afin de déterminer l’étendue des droits en vertu de l’art. 23, il faut d’abord fixer le nombre d’ayants droit. Ceci étant établit, il sera possible de cerner le niveau de gestion qui devrait être accordé à la CSFY dans le contexte particulier du Yukon. Les domaines de gestion en question comprennent les finances, le personnel, les programmes et les immeubles. Les parties ne s'entendent pas sur la définition de « ayant droit » et chacune d’elles réclame le droit de gérer les admissions d’étudiants aux écoles francophones. Sont également en jeu les obligations du GY envers la CSFY en vertu de la Loi sur les langues, L.R.Y. 2002, c. 133. -2- [4] Enfin, il y a une dernière question, à savoir si le GY a manqué à une obligation fiduciaire de transférer à la CSFY 1,9 millions de dollars. III. Les faits i) Contexte procédural [5] Ouvert le 17 mai 2010, le procès a pris fin le 4 février 2011. En effet, le procès a compris deux volets distincts. Le premier volet de six semaines traitait des questions concernant le nombre d’ayants droit, la gestion financière, la gestion du personnel, la gestion des programmes, ainsi que la question de l’obligation fiduciaire. Le procès a repris pendant trois semaines aux mois de janvier et février 2011. Ce deuxième volet visait la question de la gestion des immeubles, la construction d’une école secondaire autonome et la gestion des admissions. [6] Le procès a dû procéder en deux volets distincts en raison de la maladie imprévue, survenue quelques semaines avant le début du procès au 17 mai 2010, d’un témoin assigné par le GY. La Cour a rejeté la requête du GY pour un ajournement du procès en entier, le GY ayant indiqué que ce témoin était nécessaire seulement pour la question de la gestion d’immeubles. La Cour a décidé d’entendre, à l’intérieur des dates fixées pour le procès, la preuve sur toutes les autres questions. [7] Le 11 juin 2010, lors du contre-interrogatoire du dernier témoin de la CSFY assigné au -3- premier volet, le GY a demandé que la présentation de sa preuve soit remise jusqu’au mois de janvier 2011. La Cour a rejeté la requête, pour les motifs signalés pendant le procès. La Cour a ainsi confirmé que toute les preuves et les soumissions de la CSFY et du GY, relatives à toutes les questions en litige, sauf la gestion d’immeubles, la construction et les admissions, seraient présentées lors du premier volet du procès. Vu la possibilité que certaines personnes témoignent deux fois, la Cour a choisi de ne rendre qu’un seul jugement, et cela après la présentation de la preuve sur la gestion d’immeubles, la construction et les admissions, afin d’éviter une requête en récusation à la reprise du procès. [8] La Cour a entendu au cours du procès 25 témoins, et les parties ont produit plus de 533 pièces justificatives. La CSFY a fait une demande d’aveux relative à 320 des documents produits, tel que prévu à la Règle 31 de la Cour Suprême du Yukon. Suite à une discussion, il y a eu un accord entre la CSFY et le GY à l’effet que les 320 documents seraient des pièces de preuves individuelles dans le procès, y inclus les aveux réputés du GY. Cependant, le GY aurait le droit de demander l’autorisation de la Cour en temps et lieu de rétracter des aveux réputés. Dans un tel cas, la Cour aurait à décider si les aveux en question seraient rétractés ou non. ii) Historique non contesté [9] En 1984, l’école Émilie-Tremblay (EET) est fondée. Le programme francophone en 1984 couvre l'ensemble de la scolarité jusqu'à la fin de la 6e année. Environ deux ans plus tard, un programme francophone pour le secondaire premier cycle (7ee à 9 année) est mis sur pied. EET est alors située à l’intérieur des mûrs des autres écoles à Whitehorse au Yukon. En 1990, EET -4- déménage dans ses propres locaux préfabriqués. Suite à ce déménagement, EET accueillit dans ses locaux les élèves du niveau secondaire deuxième cycle (10ee à 12 année). [10] En 1996, le GY crée

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