A la une / Enquête Terrorisme à BoumerdÈs Les nouveaux maquis du GSPC En dépit des coups que les services de sécurité lui ont portés, 25 terroristes abattus en l’espace de 5 mois en 2004 et plusieurs réseaux de soutien démantelés, l’organisation criminelle veut montrer que ses capacités de nuisance demeurent intactes. Elle a fait de Zemmouri et de ses environs la plaque tournante du terrorisme. Les nouvelles recrues Un jeune dénommé H. aurait rejoint ses trois frères au maquis. Trois autres en ont fait de même ces derniers mois. La presse, citant des sources sécuritaires, avait annoncé auparavant qu’une vingtaine de jeunes avait pris le chemin du maquis, ces deux dernières années. Certains d’entre eux, précisent les observateurs de la situation sécuritaire, étaient déjà des terroristes en activité, ou faisaient partie des réseaux de soutien au terrorisme. Inconnues des services de sécurités et n’étant pas fichées, ces nouvelles recrues, qui activaient autrefois dissimulées parmi la population, sont devenues des terroristes à “plein temps”. Nos sources expliquent que cela se passe souvent quand des éléments armés avec lesquels elles entretenaient des relations se rendent aux services de sécurité et les dénoncent. Tout le monde s’accorde à dire, en effet, que le terrorisme dans cette partie est de Boumerdès, Zemmouri El-Bahri, Ouled Ali, Ouled Mahmoud, Sidi Daoud et Zaâtra, au sud, n’aurait pas survécu sans les différents réseaux de soutien tissés dans la région. Une véritable toile d’araignée terroriste qui l’approvisionne, surtout en renseignements. Selon un décompte officiel, pas moins de 30 réseaux ont été démantelés depuis 2001, soit environ 400 personnes impliquées. À la suite de l’assassinat du chef de la brigade de la gendarmerie de Sidi Daoud en 2002, 11 personnes ont été arrêtées par les services de sécurité. 7 d’entre elles étaient payées pour leurs activités dans le réseau. L’argent, en effet, est l’autre arme de l’organisation terroriste qui affectionne aussi celle de la terreur sur les villageois des contrées les plus reculées de l’est de Boumerdès. Si les services de sécurité accomplissent un travail de titan dans cette région, qui constitue une zone tampon entre les maquis du GSPC et la capitale, il n’en demeure pas moins, selon les observateurs de la scène sécuritaire, que les capacités de nuisance des terroristes restent importantes. Durant l’année 2004, 25 terroristes ont été abattus en 5 mois seulement. Hassan Hattab, qui a créé en 2001 seriat El-Horra, ayant fait de Zemmouri et de ses maquis environnants ses repaires, n’a pas réussi à atteindre les objectifs qu’il escomptait. Il voulait, disent encore les observateurs, ressusciter le sinistre Fida du GIA, spécialisé dans les assassinats ciblés de personnalités. Deux émirs de cette faction, qui faisaient autrefois partie de katibat Al Ansar, Sadek Djabir dit Abou Abderrahmane et Malek Nacer alias Abou Ayoub, ont été abattus par les forces de sécurité, fin mars 2005. D’autres terroristes ont été éliminés dans d’autres opérations menées par services de sécurité, à l’instar de Bouchnak Omar, neutralisé il y a deux ans en plein centre-ville de Boumerdès. Cependant, les autres factions du GSPC continuent de semer la mort dans la région. Deux policiers ont été assassinés en juillet dernier au lieu dit Benyounès, à 7 kilomètres seulement de Zemmouri. Ce serait le fait de la faction Al Arkam qui sévit dans la région allant de Zemmouri jusqu’à Ammal en passant par Tidjelabine, qui n’a pas enregistré de nouvelles recrues — les seuls terroristes issus de cette bourgade sont les dénommés Amrouche et Bouisri ayant rejoint les maquis terroristes au début des années 1990, mais qui, semble-t-il, sont toujours en activité — et Thénia. À partir de là jusqu’à Lakhdaria en passant par Beni Amrane, c’est le terrain de katibat El Farouk. Mais quand il s’agit d’actes terroristes d’envergure, les membres de ces factions se joignent pour commettre leur forfait. Ce serait le cas, en 2003, lorsqu’elles ont tendu une embuscade à un convoi de policiers qui assurait la sécurité des sinistrés du violent séisme qui a secoué la région. Ces groupes se déplacent en nombres très réduits et bénéficient d’importants soutiens leur assurant la collecte de fonds et la logistique. Nul ne peut donner aujourd’hui le nombre des éléments activant dans ces factions de l’organisation terroriste. Les estimations qui ont été avancées situent le nombre de terroristes qui activent dans katibat El Ansar à environ 130 éléments armés. Mais les observateurs de la situation sécuritaire indiquent que ce chiffre peut être revu à la hausse par le simple fait que plusieurs terroristes ne sont pas fichés par les services de sécurité. On indique, par ailleurs, qu’il y a un mouvement de repentance dans la région. Seulement, aucun chiffre officiel n’a été avancé. Chronologie Des derniers attentats à l’est de Boumerdès l Tidjelabine 29 juillet 2005 Embuscade contre un convoi de la gendarmerie à Safsaf : deux gendarmes assassinés l Dellys 4 avril 2005 Trois gendarmes et un garde communal tués l Lieu dit Ben Younès Zemmouri mars 2005 Deux policiers assassinés Le terrorisme, une histoire de famille “Frères” terroristes Au début des années 1990, ce sont les Hattab, deux frères et deux cousins (sans compter les parents par alliance), qui avaient rejoint les rangs de l’organisation terroriste, les GIA, aujourd’hui décimés par les services de sécurité. Originaires de Bordj El-Bahri, les Hattab ont longtemps sévi dans la partie est de la wilaya de Boumerdès, avant que trois d’entre eux ne soient abattus. Hassan, l’unique survivant, a quitté les rangs de l’organisation criminelle de Antar Zouabri, en 1998, pour créer le GSPC. En 2001, c’est un autre Hattab, un proche parent de l’ex-émir du GSPC, Nacer, qui a été arrêté. Il faisait partie d’une dizaine de personnes appartenant à un groupe de soutien au terrorisme. Sur l’axe Ammal-Beni Amrane, ce sont les trois frères Hamzaoui qui continuent à sévir. Ils ont été souvent signalés dans ce périmètre. En 2003, ils dirigeaient un groupe de terroristes qui ont racketté des citoyens des localités de Bousmaïl et de Touzaline, situées à un jet de pierre de Si Mustapha et de Issers-ville. À Zemmouri, les trois frères Hadjras ont été rejoints par un quatrième, il n’y a pas très longtemps. Ce sont ces liens de famille, dans les coins les plus reculés de la région de l’est de Boumerdès, qui rendent, selon les observateurs, la lutte antiterroriste encore plus ardue. Mais, les groupes armés font surtout usage de la terreur pour asseoir leur diktat dans les villages pour installer, d’abord, l’omerta, et extorquer des vivres aux citoyens, ensuite. K. D. En dépit des coups que les services de sécurité lui ont portés, 25 terroristes abattus en l’espace de 5 mois en 2004, et plusieurs réseaux de soutien démantelés, l’organisation criminelle veut montrer que ses capacités de nuisance demeurent intactes. Elle a fait de Zemmouri et de ses environs la plaque tournante du terrorisme. attentat terroriste qui a ciblé, le 29 juillet à 21h30, un convoi de la gendarmerie à Tidjelabine vient nous rappeler encore une fois la précarité de la situation sécuritaire dans cette partie de la wilaya de Boumerdès. Il montre que les éléments du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) peuvent continuer à semer la mort dans des endroits où l’on s’attend le moins, où l’on croyait que les criminels du GSPC ne s’y aventureraient plus jamais. Le lieu de l’embuscade, Safsaf, n’est pourtant pas un endroit isolé. Des milliers d’automobilistes empruntent chaque jour cette route qui relie la capitale à l’est du pays. Qui ne connaît pas le relais de Tidjelabine ? C’est à quelques mètres de là seulement, en contrebas de la RN5, près du marché hebdomadaire de voitures, que les terroristes ont commis leur forfait. L’attentat semble être minutieusement préparé. Les terroristes n’ont pas négligé le moindre détail : tirs au habhab, (roquette artisanale), feu nourri contre les véhicules de la gendarmerie et des bombes placées, plus loin, pour empêcher l’accès aux renforts. La garde communale stationnée à Beni Fouda n’a pas pu intervenir pour prêter main-forte à la gendarmerie. L’attentat est classique. katibat El Ansar, une faction du GSPC, dirigée par Abdelhamid Saâdaoui, alias Abou Haythem, qui écume les forêts de Ghzeroual, Mizrana et Sidi Ali Bounab, a eu à suivre le même procédé dans un autre attentat contre un convoi de la gendarmerie dans la région de Dellys, en avril dernier. Si l’action de cette phalange se limite à ce triangle de la mort, des faits ont bel et bien été établis qu’il lui arrivait d’élargir le champ de ses actions jusqu’à la région de Zemmouri, devenue, selon les observateurs de la situation sécuritaire, la plaque tournante du terrorisme à Boumerdès ces dernières années. Il lui arrive, dit-on, de venir en renfort à katibat El Arkam, qui sévit à l’est de cette wilaya, et dont l’un des repaires est la forêt de Chouicha qui borde la mer de Zemmouri à Si Mustapha. Cette région, selon des sources locales, connaît, ces derniers temps, une importante activité terroriste. Pas plus tard que le 26 juillet dernier, un groupe du GSPC a racketté des citoyens à Mendoura (Legata), une bourgade située à un jet de pierre de Zemmouri El-Bahri. C’est ici que des sources locales signalent plusieurs nouvelles recrues dans les rangs de l’organisation terroriste..
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