1 ii i MOT AU LECTEUR La documentation des crimes en cours au Burundi n’est pas une chose facile. Et pour cause, les défenseurs des droits humains qui se sont donné la mission d’exposer les crimes commis par le régime font face à bien des obstacles. A part que les associations qui servent de cadre d’intervention ont été interdites de fonctionner sur le territoire burundais, les moniteurs des droits humains sont obligés de se cacher, tandis que leurs relais ont été contraints à l’exile. La question de moyens se pose avec acuité et la collaboration avec les autorités administratives, policières, judiciaires, militaires et politiques est également compliquée. Cependant, certaines autorités, conscientes des enjeux qui entourent la crise burundaise, brisent le silence et révèlent des informations aux moniteurs qui les traitent et en rapportent, sous la supervision d’une équipe dynamique et expérimentée qui opère depuis l’étranger, en raison de la persécution dont ses membres ont fait l’objet. Créé en 2002 au lendemain de la signature de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation, le FORSC a marqué les deux dernières décennies par un travail remarquable de défense des droits humains, des valeurs démocratiques, la bonne gouvernance et la lutte contre l’impunité. D’aucuns savent le rôle joué par cette organisation dans le plaidoyer pour la mise en place des mécanismes de justice transitionnelle, une mission qui a carrément échoué en raison de la volonté du régime à privatiser le processus à son profit. Lors que le parti CNDD-FDD cherche à changer la Constitution de 2005, le FORSC a vaillamment joué son rôle de veille et a mobilisé ses organisations sœurs, des burundais de tous les domaines de la vie nationale, la diaspora et la communauté internationale pour dire non à la destruction des piliers sur lesquels reposaient la stabilité du pays à savoir la constitution du Burundi et l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation. Alors que ses comptes sont fermés, puis son personnel contraint à l’exil, des actes qui ont été suivis par la radiation illégale de la plateforme, le FORSC fait tout, en fin 2015, pour produire des rapports sur le discours de la haine, les dysfonctionnements de la CVR pour ne citer que celles-là. Au même moment, plusieurs actions ont été initiées pour demander l’organisation des négociations interburundaises afin d’aboutir à une solution pacifique et négociée de la crise. Dès janvier 2017, le FORSC produit au moins un rapport mensuel et plusieurs rapports spécifiques. Ses rapports se rapportent principalement à la situation des droits sociaux et économiques ainsi que les questions de la gouvernance. Plusieurs rapports spécifiques portent également sur l’usage du discours de la haine par les autorités, ainsi que la situation des réfugiés burundais dans la région, celle des déplacés internes et des rapatriés. Sans prétendre être exhaustifs, ces rapports mensuels révèlent les grandes tendances concernant la violation des droits sociaux et économiques qui est fortement liée aux violations des droits civils et politiques. ii Force est de constater qu’au cours de l’année 2018, au lieu de diminuer, ces violations se sont aggravées et généralisées. Paradoxalement, la détérioration de la situation socio- économique et l’aggravation de la pauvreté a coïncidé avec une rhétorique tenue par les autorités consistant à dire que le Burundi est souverain. Ceci s’est d’ailleurs empiré avec les sanctions des partenaires du Burundi et la rupture de la coopération due à la violation massive des droits humains. Cette compilation des rapports mensuels donne une vue d’ensemble sur la matière ci- haut citée et donne une information crédible et vérifiée sur la matière. Le FORSC n’aurait pas pu réaliser ce travail sans l’intervention des dizaines voire des centaines des bénévoles, et son réseau de moniteurs des droits humains qu’il a formé depuis des années et qui s’est renforcé au cours de la crise, tel un acte de résistance à la tyrannie, la dictature et une façon de défier le régime qui n’a épargné aucun effort pour fermer la bouche des défenseurs des droits humains. Une mention spéciale va à l’endroit de l’équipe de FORSC composée notamment de Messieurs Ernest Nkurunziza, Patrice Ntadohoka, Jérôme Kazabukeye et Emelyne Inamahoro qui travaillent sans relâche pour que la situation prévalant au Burundi soit largement connue. Maître Vital Nshimirimana Délégué Général iii SOMMAIRE MOT AU LECTEUR ........................................................................................................................ i SOMMAIRE ................................................................................................................................... iii RAPPORT DU MOIS DE JANVIER 2018 ..................................................................................... 1 RAPPORT DU MOIS DE FEVRIER 2018 ................................................................................... 35 RAPPORT SUR LA SITUATION DES DEPLACES INTERNES, MARS 2018 ............................................ 61 RAPPORT DU MOIS DE MARS 2018 ......................................................................................... 71 RAPPORT DU MOIS D’AVRIL 2018 .......................................................................................... 95 RAPPORT SPECIAL SUR LE DISCOURS DE LA HAINE, MAI 2018 ................................... 121 RAPPORT CONJOINT SUR LE REFERENDUM DU 17 MAI 2018 ....................................... 133 RAPPORT DU MOIS DE MAI 2018 .......................................................................................... 163 RAPPORT DU MOIS DE JUIN 2018 ......................................................................................... 191 RAPPORT DU MOIS DE JUILLET 2018 .................................................................................. 213 RAPPORT SPECIAL SUR SITUATION DES DEPLACES DE GUERRE INTERNES, REFUGIES ET RAPATRIES, AOUT 2018 ; .............................................................................. 235 RAPPORT DU MOIS D’AOUT 2018 ......................................................................................... 253 RAPPORT DU MOIS DE SEPTEMBRE 2018 ........................................................................... 281 RAPPORT DU MOIS D’OCTOBRE 2018 ................................................................................. 311 RAPPORT DU MOIS DE NOVEMBRE 2018 ............................................................................ 343 RAPPORT DU MOIS DE DECEMBRE 2018 ............................................................................ 371 iv 1 RAPPORT DU MOIS DE JANVIER 2018 La population burundaise exploitée à outrance et contrainte à financer un régime dictatorial Rapport sur la gouvernance et les droits socio- économiques au Burundi 2 3 0.INTRODUCTION La situation socio-politique et économique ne connaît point de répit. Le pays s’engouffre au jour le jour, dans le silence de la communauté internationale qui ne prend pas de mesures concrètes pour protéger le peuple burundais en danger. Le régime de Pierre Nkurunziza, impitoyable à la souffrance de son peuple, vante ses « bienfaits », divise ce peuple qu’il a volontairement paupérisé dans le but de régner éternellement sur lui. Le pays devient de plus en plus une jungle où Pierre Nkurunziza et ses adeptes instaurent un régime de la terreur et de la mort pour imposer le culte de sa personnalité. Sans se soucier de la situation économique de son peuple, le régime se fait servir par ce même peuple à qu’il ne cesse de réclamer des contributions forcées. Il investit dans la guerre contre les opposants politiques en mettant de côté les secteurs-clés de la vie nationale, tels l’éducation, la santé et l’alimentation. Le rapport de FORSC de janvier 2018 met un accent particulier sur un contexte socio- politique et économique caractérisé par des violences et violations graves des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui vont dans le sens de faire avaler de force une nouvelle constitution taillée sur mesure du président Pierre Nkurunziza. Le FORSC s’inquiète des conséquences graves de la crise politique liée au troisième mandat de Pierre Nkurunziza, des conséquences qui se font voir dans les domaines de l’économie nationale, de l’éducation et de la santé publique. Il relève une situation inquiétante et révoltante de contributions financières répétitives exigées par le régime qui se soucie très peu de la pauvreté des ménages dont il est lui-même auteur. Le rapport mentionne dans son dernier chapitre d’autres faits qui ont caractérisé la période de rapport : la crise de confiance entre citoyens et leaders politiques, des réunions d’intimidations et d’appels à la violence politique, des détournements de fonds, des contraintes et injonctions de recrutements sur des bases ethniques imposées par le régime aux Organisations Non Gouvernementales Internationales œuvrant au Burundi. 4 I. CONTEXTE GENERAL DE VIOLENCES ET DE VIOLATIONS DES DROITS ET LIBERTES DEFAVORABLE A LA SURVIE ECONOMIQUE DES MENAGES Dans l’objectif de forcer le peuple burundais à voter pour une nouvelle constitution controversée, les violences et les violations des droits de l’homme s’accentuent au Burundi. En effet, au moment où le régime en place sensibilise la population à voter « oui » à ce référendum, il intimide, terrorise, arrête et torture des citoyens soupçonnés d'être contre ce projet d’amendement de la constitution. Des citoyens en ont déjà été victimes à peine un mois après le lancement de la campagne d’explication
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