images ou I passe aigoinais Paul CHAUSSARD images du . passé aigoinais EDITION NOUVELLE AUGMENTÉE ET MISE A JOUR - 1996 Préface de M. RICHARD Membre de l'Institut @Le Caractère en Marche 2 Rue des Ecoles - 71420 GENELARD 1996 PRÉFACE Digoin est sans doute l'un des points de la Bourgogne où l'historien trouve le plus à glaner. Depuis les célèbres silex de Volgu jusqu'à la défense du passage de la Loire en 1940, il n'est pas d'époque qui n'ait laissé en ce lieu privilégié quelque vestige ou quelque souvenir. Et M. Chaussard, avec toute la piété qu'on éprouve pour une patrie si attachante, a soigneu- sement recueilli les épis dispersés pour lier sa gerbe. Une gerbe, on s'en rendra compte bien vite, particulièrement fournie. Cette récolte, il nous la livre très simplement. On s'apercevra sans peine de l'importance des lectures et des dépouillements auxquels il s'est astreint pour rassembler les documents et les éclairer. Mais l'exposé reste direct et ne sombre jamais dans une érudition pesante. M. Chaussard nous apprendra beaucoup, mais ce sont des c images » qu'il nous propose, au fil des siècles, sans s'astreindre à délimiter des questions pour suivre chacune d'elles pendant un millénaire, comme le proposait le plan-type des monographies communales voici une cinquantaine d'années... Digoin peut d'ailleurs faire état en ses annales de plus d'un millénaire, depuis le jour où Pépin le Bref y passa la Loire au cours d'une campagne d'Aquitaine. Passage de Loire, passage d'Arroux : la ville des deux bacs n'a vu s'élever le pont sus- pendu, sur le fleuve, qu'en 1832 ; le pont sur la rivière, un peu plus tard. Sans doute la grande route de Paris à Lyon qui longeait la Loire avait-elle opté pour la rive d'en face; bien des voyageurs ont cependant fréquenté Digoin, étape notable des bateaux qui descendent le fleuve et de ceux, beaucoup moins nombreux, qui le remontent. Car c'est une ville de mariniers, de charpentiers spécialisés dans la construction des chalands, de marchands voituriers par eau. Et l'inscription maritime veille à y recruter les gens de Loire pour les vaisseaux du Roi ou de la République. Pour la Bourgogne, c'est le grand port où l'on charge les vins du Mâconnais, que des attelages de bœufs ont traînés à travers Charolais et Brionnais, à destination de Briare et de Paris. Sous la Révolution, on y charge aussi canons venus du Creusot et fourrages destinés aux armées de la République. C'est aussi le point d'aboutissement des bateaux chargés du sel des marais salants poitevins et bretons : la gabelle y a établi un de ses principaux magasins, celui d'où le « sel de mer » s'en va, à travers Bourgogne et Charolais, livrer rude guerre au sel de Salins. M. Chaussard a relevé bien des épisodes pittoresques de la vie de ce magasin, transformé en forteresse en 1592 et autour duquel gravite un monde d'officiers grands et petits, qui pros- pèrent parfois, non sans multiplier inquisitions et brimades pour lutter contre une fraude trop facile ! Et dès 1775, voici la première faïencerie. Elle disparaît vite, mais elle a frayé la voie à la nouvelle industrie céramique qui, un siècle plus tard, quand Sarreguemines cherche une position de repli après la guerre franco-prussienne, s'installe définitivement à Digoin. Et le port de Loire qui s'endort peu à peu cède ainsi la place à la petite ville industrielle et active que M. Chaussard aime et connmt si bien. A cette histoire, il n'a cessé de consacrer son attention. Une seconde édition de ce livre succède à celle qui avait paru en 1966. On constatera qu'au cours de ces quinze années, les recherches se sont poursuivies : des trouvailles archéologiques, des découvertes dans les fonds d'archives, des souvenirs recueil- lis par l'auteur sont venus enrichir cet ensemble. Le plaisir que les lecteurs digoinais, et non-digoinais, avaient ressenti en lisant la première édition s'en trouve encore accru. Et notre connais- sance du passé de notre région en profite elle aussi. Jean RICHARD Membre de l'Institut. I AUX ORIGINES Découvertes préhistoriques. Par une ironie du hasard, la période la plus reculée n'est pas celle qui a laissé le moins de vestiges. Les hommes préhistori- ques, tentés sans doute par l'abondance des eaux et la conver- gence des vallées, vécurent dans la région. Les activités des tailleurs de silex furent les premières manifestations de l'arti- sanat et du commerce locaux. Aucun emplacement, campement ou atelier, ne semble pré- senter les caractères d'une station proprement dite. Mais, dans un rayon d'une dizaine de kilomètres, les terrasses alluviales et les hauteurs qui bordent l'Arroux et la Bourbince (de La Rochette à Rigny-sur-Arroux et à Vigny) et la Loire (de Chas- senard à Coulanges et à Saint-Agnan)... ont livré une incroyable moisson d'objets variés : coups-de-poing, racloirs, couteaux, perçoirs, haches, pointes de flèches de différentes époques. A la Goulaine, ce sont 870 lames de silex rouge translucide extraites sous une dalle en 1891 (1) ; à La Trèche, c'est une pointe de lance en bronze (2) ; à Digoin même, des haches de bronze (3) (1) Certaines sont exposées au musée de Roanne. (2) A la Trèche, près de Neuzy : pièce remise à la Société « Les Amis du Dardon ». (3) En particulier une hache de bronze (12,5 x 6 cm) à bords droits avec rudiment de talon, se trouve au musée de Moulins (n* 5.1.170). et divers objets gallo-romains... Tout cela, malheureusement dispersé maintenant. Notre patrimoine historique a été bien mal préservé ! La mairie de Digoin a pu recueillir récemment une partie des collections de Mme Dubois, née Jost, et du docteur Brossette. Le petit musée de la rue Guilleminot possède des moulages des pointes de Volgu. Capitale fut la découverte de ces fameuses pointes de lances, sans doute de la période solutréenne. Vieilles de quelque quinze à vingt mille ans, admirablement travaillées en forme de feuilles de laurier, « elles constituent les plus grands et les plus beaux silex de l'époque de la pierre taillée qui existent dans le monde >. (L. Armand-Calliat.) Leur fragilité laisse supposer qu'il s'agissait plutôt d'armes de parade ou de cérémonie ; une matière colorante rouge endui- sait l'une d'elles. Enfouies côte à côte, sur leur tranchant, à une faible profondeur, elles furent exhumées en 1873, lors du creusement de la « Rigole de Gueugnon > *, à l'endroit encore indiqué par une dalle commémorative. On peut admirer au musée Denon, à Chalon-sur-Saône, quelques spécimens si remar- quables par leur finesse et leurs dimensions (25 à 35 cm) que plusieurs grands musées étrangers en ont demandé des mou- lages. Beaucoup de ces pierres ne proviennent pas des matériaux de notre sol. Rien là qui puisse surprendre quand on saura que « par la vallée de la Loire, sensiblement infléchie d'est en ouest, de Digoin à Diou, transitaient les lames de silex du Grand-Pressigny, acheminées de la Touraine vers le Jura et la Suisse » (4). * On y trouva également une lampe de bronze gallo-romaine. Quant à la dalle, elle disparaît maintenant sous les broussailles. (4) Léon Blin : Congrès préhistorique de France. Chemin du silex... chemin du sel... C'était aussi la première route Suisse-Atlantique ! QUELQUES INDICATIONS SUPPLEMENTAIRES Le grand nombre de trouvailles rendrait leur énumération fasti- dieuse. Le mieux est de se reporter aux comptes-rendus détaillés des bulletins des diverses sociétés d'histoire et d'archéologie ainsi qu'au livret de M. Jost (La préhistoire dans la région digoinaise ; 1927). Indiquons seulement, parmi les plus remarquables, les haches de pierre de La Motte St-Jean, St-Denis, Molinet ; les haches de bronze de Digoin, de St-Yan, La Bondue (St-Agnan), Coulanges, Molinet, Rigny-sur-Arroux ; les beaux bracelets de Rigny ; les pointes de flèches — au nombre de plusieurs milliers — découvertes à Volgu, Vitry-en-Charollais, et Neuzy ; une lame solutréenne en silex du pays, longue de 155 mm, à Neuzy... A Digoin, outre des haches de bronze, signalons des objets gallo-romains découverts en creusant les fondations de l'église actuelle et, au n° 36 de la rue Bartoli, des figurines en terre blanche, de nombreux fragments de poterie où l'on reconnaît : un hercule, un lion, un sanglier, une scène de chasse... (Bul. S.E. du Brionnais 1933) L'Annuaire historique et statistique de S.-et-L. (année 1839), indique qu'on a trouvé, il y a peu de temps, des monnaies romaines dans un champ à l'entrée de Digoin et qu'au cours d'un dragage, on a retiré de la Loire des casques et des armes dont la forme « indique une haute antiquité .. Les amateurs sauront découvrir des pièces intéressantes dans les musées suivants : Musées de Chalon-sur-Saône (lames de Volgu), de Roanne (silex de la Goulaine), de Moulins, place CI-Laussedat (haches de Digoin et Molinet), de Moulins, musée du Séminaire (haches de St-Agnan, trouvailles faites à Rigny-sur-Arroux, Gilly-sur-Loire, etc...) Musée des Antiquités Nationales, de St-Germain-en-Laye (Volgu, Çhassenard), musée de Grenoble (flèches à barbelures de Vitry), musées de Charolles, de Solutré (dons de M. Jost). Eduens et Gallo-Romains. Laissant « l'Homme de Volgu > à ses silex, nous abordons la période suivante avec circonspection, la distinction s'avérant souvent malaisée entre les écrits fantaisistes et les témoignages irréfutables. Certes, les nautes du fleuve exercent déjà leur commerce de Roanne à Nantes.
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