Muable Et Incertain Projet Et Mise En Scène De Paola Comis Et Sandrine Lanno

Muable Et Incertain Projet Et Mise En Scène De Paola Comis Et Sandrine Lanno

Muable et incertain Projet et mise en scène de Paola Comis et Sandrine Lanno Avec : Paola Comis et Erik Gerken Création musique : Theo Hakola Création lumière : Xavier Hollebecq Construction et accessoires : Anne Leray Son : Fanny Martin Création du 10 au 21 janvier 2012 : Maison des Arts, Créteil Coproduction : Maison des Arts, Créteil/ Parc de La Villette (WIP Villette), Paris /Cie Coupes de Colère avec le soutien des Subsistances, Lyon Contacts Compagnie Coupes de colère Adminsitration/Production/Diffusion : Le petit Bureau : Claire Guièze : 06 82 34 60 90 – [email protected] Communication : Dorothée Burillon : 06 84 30 49 77 – [email protected] 1 Sommaire I - Note d’intention - 1/ Suite de notre recherche sur l’identité - 2/ Un point de départ : Pierre Michon - 3/ Nos recherches auprès d’agriculteurs - 4/ Nos recherches auprès de prêtres II – Notre façon de travailler - 1/ L’écriture - 2/ L’espace - 3/ Création sonore III - Matériaux textuels - Interviews d’agriculteurs : extraits servant de base au travail des comédiens IV – Eléments biographiques - Biographies - Parcours de la Compagnie Coupes de colère 2 I - Note d’intention « Ce qui me fait marcher quand j’écris, ce que je ressens comme un devoir d’écriture, c’est de rendre justice à certains petits bonhommes, de leur donner une chance posthume, d’en faire l’espace d’un texte de grands hommes. » « Faulkner disait que nous disposons tous d’un territoire pas plus grand qu’un timbre-poste, et que ce qui importe n’est pas sa superficie, mais la profondeur à laquelle on le creuse. Mon timbre-poste est minuscule. Je ne sais pas si je le creuse bien ». Pierre Michon «On ne parle forcément que de soi, mais soi n’a aucune importance ça devient chacun.» Christian Boltanski 1 – Suite de notre recherche sur l’identité Après notre diptyque sur l’identité (Ces bottes sont faites pour marcher, et Question : où nagent les grands-mères ? *), nous souhaitions continuer à interroger ce que nous sommes. Si nos spectacles devaient se résumer en une question, pour le premier spectacle, ce serait De quoi sommes-nous faits ? pour le deuxième Quelle est notre place ?, et pour Muable et Incertain, Quel avenir s’offre à nous ? Par-dessus tout en ce moment, nous ressentons dans nos vies un sentiment de fragilité, de précarité, ce que nous nommerons “ le chaos d’exister ». En effet, le monde contemporain semble n’être mu que par le changement : notre environnement se transforme très vite, le cours des choses s’accélère et nos existences à tous paraissent bien instables, prêtes à basculer à tout instant dans une situation de précarité. Dans une même vie, on peut faire face à de nombreux tournants, surtout professionnels, et cela nous expose davantage au doute, à la peur, à la précarité. Dans ce nouveau spectacle, nous chercherons à montrer ce que produit cette précarité sur nos identités. Ce thème, que nous portions en nous depuis quelque temps, nous a été révélé par la lecture de certains récits de Pierre Michon où il a trouvé un écho évident. 2 - Un point de départ : Pierre Michon « Toutes choses sont muables et proches de l’incertain », répète par quatre fois Pierre Michon dans Abbés, lorsque dans la vie de ses héros, tout vacille. C’est cette phrase qui s’est imposée à nous, de manière évidente et commune, lorsque nous avons décidé de relire Pierre Michon. Car ce fut bien là le point de départ de ce spectacle. Nous avions envie de travailler sur une langue, un matériau littéraire riche, fort, qui nous passionnait toutes deux. Ainsi, nous avons replongé dans la langue lumineuse de Pierre Michon, une langue à la fois sensuelle et spirituelle. Une langue qui est aussi un monde sonore, car cette écriture possède une oralité si prégnante qu’il nous semblait certain qu’elle se prêterait parfaitement au théâtre. Nous nous sommes attachées plus particulièrement à deux ouvrages : Mythologies d’hiver et Abbés. Ces courts récits de quelques pages nous sont apparus, de par leur forme même, comme des métaphores poétiques de la précarité. Par sa magistrale force d’évocation, Pierre Michon ressuscite des mondes qui n’existent plus. Ces fugues écrites comme des contes ou des légendes sont situées au Moyen–Age. Dans une langue singulière, Pierre Michon fait apparaître des mondes qui en trente pages se transforment, basculent, et meurent. Il évoque le monde de la foi et de la croyance et nous mène au plus près du monde de la terre et des paysans, deux univers qui à l’heure actuelle, sont sur le point de disparaître, ou du moins de se transformer radicalement. * 2 spectacle de Paola Comis, collaboration artistique Sandrine Lanno, créés respectivement aux Subsistances à Lyon, avril 2007, et à la Maison des Arts de Créteil, en 2009. 3 3 – Nos recherches auprès des agriculteurs La précarité du travail : Autrefois, on avait un travail pour la vie, et maintenant, on passe notre vie à se demander pour combien de temps on fera ce travail, et, si on devait en changer, ce qu’on ferait et ce qu’on deviendrait. Toutes les catégories socio-professionnelles sont touchées, la durée de la vie s’allonge, les technologies évoluent, l’organisation du travail a chaque jour un nouveau visage. Mais, plus que tous les autres, nous semble-t-il, ce sont les métiers liés à la terre et à la nature qui sont le plus mis à mal et qui connaissent une perpétuelle évolution. Plus que des métiers, ce sont des styles de vie, des organisations sociales particulières, souvent familiales, avec des lieux de travail (les exploitations) transmis par les générations précédentes et un mode de vie –ruralité, pénibilité - en décalage croissant par rapport à celui du plus grand nombre. Ainsi, les paysans doivent oublier certaines de leurs valeurs et travailler autrement : comment font-ils face à cela ? Nous ne sommes pas sociologues ni statisticiennes, notre travail porte sur l’émotion, l’intime, le récit de vie. C’est pourquoi, nous avons eu envie d’aborder cette catégorie socio-professionnelle à notre façon : en la rencontrant et en la questionnant. Ainsi nous explorerons ce métier avec quelques-uns de leurs représentants. Nous avons eu besoin de les écouter. A l’aune de leurs récits, découvrons ce que c’est qu’une vie qui bascule, découvrons comment on traverse les doutes, les errements, la perte, les peurs, les transformations du monde ; apprenons comment on s’adapte, comment on repart et comment on se réinvente. Pour suivre ces vies, un temps de collectage de témoignages constitue donc la première partie de notre travail (décembre 2010 à mai 2011). Nous interviewons donc des agriculteurs dans différentes régions françaises : Bretagne, Normandie, Auvergne, Provence… afin de voir les différents visages de leur réalité. 4 – Nos recherches auprès des prêtres En plus des témoignages de ce groupe socio-professionnel, nous mènerons un travail d’interviews auprès de prêtres. Pourquoi ? Qu’est-ce qui relie ces deux groupes ? Tout d’abord, leur rapport au temps. Nous l’avons dit, à l’heure actuelle, tout va vite, et on est toujours dans le court ou le moyen terme. Les agriculteurs et les prêtres, quant à eux, ne semblent pas se situer dans cette urgence et ont plutôt une vision “à long terme” de la vie. Quand on plante un arbre, on pense aux générations d’après. Quand on est prêtre, on transcende les vies humaines et on envisage même la vie après la mort. De plus, le clergé est touché par la précarité à d’autres titres. La religion doit elle aussi se réinventer pour ne pas disparaitre. Et puis, contre toute attente, la vie des représentants de Dieu n’est pas un « long fleuve tranquille », linéaire et assuré. Ainsi, il nous paraît important d’interroger la notion de vocation “pour la vie” : comment vit-on une vie entière avec cette certitude ? Comment naît-elle ? N’y a-t-il pas malgré cela, du dilemme, du doute, des échecs, des renoncements, des peurs, et de la fracture ? Enfin, les prêtres sont les passeurs de ces mondes précaires. Et on peut se demander comment ils réagissent devant la génération d’aujourd’hui, qui zappe d’une valeur à une autre, d’un travail à un autre, et d’un amour à l’autre Ces témoignages de prêtres seront enregistrés et diffusés durant le spectacle. Ils seront insérés à l’intérieur même du récit de Pierre Michon. En effet, avec Abbés, nous touchons au monde de la religion, et du clergé au Moyen-Age. En mettant ce conte médiéval de Michon en regard des témoignages de prêtres du XXIeme siècle nous confronterons deux paroles, deux époques d’un même monde. Nous illustrerons ainsi cette citation de Pierre Michon « Ce qui dans l’humain est commun à tous les siècles sous des déguisements divers ». A l’issue de ces voyages et de ces interviews, nous aurons fait une première étape de travail. Ces « vies minuscules », ces récits dessineront des paysages intimes qui constitueront l’un des matériaux de notre spectacle. 4 II – Notre façon de travailler 1/ L’écriture de Muable et incertain Une écriture-collage : Depuis 2005 et la création de Ces Bottes sont faites pour marcher, nous travaillons sur l’identité et la construction de l’identité. Nous avons développé une écriture qui relève du collage, une écriture hétérogène. En effet, nous avons à cœur d’illustrer notre vision de l’humain, de son corps et de son identité à travers le morcellement et la fragmentation. Une vie d’homme n’est pas linéaire, mais bien une juxtaposition d’événements. Elle est faite de morceaux, d’étapes, de strates, de renaissance et de petites morts.

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