Éléments pour une contribution à l’institutionnalisation de l’État de droit en Haïti Titulo Alexis, Jacques Édouard - Autor/a; Autor(es) Rencontre : revue haïtienne de société et de culture (No. 28-29 mar 2013) En: Port-au-Prince Lugar CRESFED, Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le Editorial/Editor développeme 2013 Fecha Colección Estado de derecho; Sociedad; Política; Gobierno; Transición democrática; Derechos Temas económicos y sociales; Jefes de Estado; Haití; Artículo Tipo de documento http://bibliotecavirtual.clacso.org.ar/Haiti/cresfed/20130514025835/art11.pdf URL Reconocimiento-No Comercial-Sin Derivadas CC BY-NC-ND Licencia http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/deed.es Segui buscando en la Red de Bibliotecas Virtuales de CLACSO http://biblioteca.clacso.edu.ar Consejo Latinoamericano de Ciencias Sociales (CLACSO) Conselho Latino-americano de Ciências Sociais (CLACSO) Latin American Council of Social Sciences (CLACSO) www.clacso.edu.ar Éléments pour une contribution à l’institutionnalisation de l’État de droit en Haïti Jacques Édouard ALEXIS Depuis la chute de la dictature duvaliériste et l’adoption de la Consti- La désignation et la fonc- tution de 1987, la notion d’État de droit est omniprésente dans les dis- tion de Premier ministre cours politiques officiels, et dans les revendications des groupes organi- ont, à plusieurs reprises, consti- sés de la société civile. Ainsi, l’instabilité exprimée par le laborieux tué une source de conflits processus de transition démocratique dans notre pays justifie ample- ment cet exercice qui consiste à mesurer la contribution fournie par les l est généralement admis que la chefs de gouvernement à l’édification d’un véritable État de droit. I Constitution est le gouvernail par excellence du bon fonctionne- ment de l’État de droit. Néan- moins, j’ai pleinement le souci de contribuer à identifier des ambigüi- tés et contraintes dont est émaillée la Constitution de 1987. À titre d’exemple, les dispositions de l’ac- tuelle Loi-mère n’ont pas permis d’éviter la cohabitation souvent malaisée entre les deux composan- tes de l’Exécutif. De même, la dé- signation et la fonction de Premier ministre ont, à plusieurs reprises, constitué une source de conflits, voire de perturbation du système politique haïtien. Les juristes en effet définissent l’État de droit comme un système institutionnel dans lequel la puis- sance publique est soumise au droit. Dans un tel régime, nul n’est au-dessus de la loi et la loi est une pour tous. C’est donc l’État de droit qui définit, encadre et balise les rapports entre l’État toujours obligé de justifier légalement son action sur le citoyen en s’appuyant sur des normes juridiques, et le ci- toyen ayant la capacité de contes- ter en prouvant que cette action ne s’inscrit pas dans la prétendue nor- me juridique ou n’est pas encadrée par une norme juridique supérieu- Michèle MANUEL, Maisons de Jacmel re. Histoire Immédiate et Inachevée 61 Toutefois, pour s’avérer pleine- par un respectable palmarès, res- nées, d’études et de dossiers con- ment viable, une telle définition de pectivement à la tête du décanat de cernant tous les aspects de l’orga- l’État de droit devra éviter le piège la faculté d’Agronomie et de Mé- nisation et du fonctionnement de d’un réductionnisme juridique et decine vétérinaire et du rectorat de notre pays, pour dresser le bilan légaliste. En effet, par delà la con- l’Université Quisqueya. Après commun du pays. Plus de deux figuration des relations entre les avoir essuyé plusieurs refus de ma cents experts nationaux et étran- composantes institutionnelles du part, le Président Préval est parve- gers ont participé à la validation de pouvoir d’État, il y a lieu de ne pas nu à me convaincre d’accepter un ce document qui s’est révélé un évacuer le large éventail de mesu- poste de ministre dans le gouver- important préalable à la définition res qui consacrent des droits so- nement dirigé alors par Rony d’un Cadre stratégique pour le dé- ciaux. De telles dispositions s’avè- Smarth que j’ai remplacé peu de veloppement national. Il en est de rent essentielles aux dirigeants et temps après. Je rends hommage à même avec, entre autres, le Cadre aux citoyens pour garantir la viabi- cet ancien Premier ministre pour de Coopération Intérimaire; le do- lité de l’État de droit. Aussi mes l’invariable esprit d’ouverture et la cument de Stratégie Nationale pour commentaires dépasseront le strict franche collaboration qu’il a mon- la Croissance et la Réduction de la cadre des relations entre les trois trés à mon endroit, très souvent à Pauvreté et même, dans une large Pouvoirs de l’État. l’encontre d’une féroce adversité mesure, l’acceptation par les parte- exprimée par des collègues dont il naires externes, sur un mode dis- Personnellement, je ne crains nul- partageait l’allégeance organisa- cursif tout au moins, d’aligner l’ai- tionnelle et partisane. de sur les priorités définies par lement de clamer en toute simpli- cité que ma contribution s’est avé- l’État haïtien. Dès le premier séjour à la Primatu- rée bien modeste à ce chapitre, re, j’ai tenté sans relâche de contri- Parmi les nombreuses autres initia- nonobstant la sincérité qui m’ani- buer à améliorer l’organisation et tives adoptées pour le renforce- mait en effectuant le saut périlleux le fonctionnement de l’État. À cet- ment de l’État de droit, on peut si- dans le gouffre de la politique haï- te époque, la « restauration de l’au- gnaler : La création de l’Office de tienne, sans le parachute de l’ap- torité de l’État » était le vocable Management et des Ressources partenance à une organisation par- encore sur toutes les lèvres, dans Humaines (OMRH) pour introduire tisane. C’est peut-être le moment les officines officielles comme le principe du mérite et normaliser de souligner que l’État de droit se- dans la rue. Malheureusement, les la carrière dans la fonction publi- ra un construit et nullement un fruits n’ont pas tenu la promesse que; la création d’un ensemble de énoncé d’intention, pour vertueuse des fleurs; et la déconstruction des tribunaux itinérants en vue de ré- que celle-ci puisse être. On ne rap- institutions de l’État s’est poursui- duire le nombre de citoyens incar- pellera jamais assez que la démo- vie de manière systématique. cérés sous le régime inique de la cratie, comme les politiques d’ail- Néanmoins, j’ai spontanément détention préventive prolongée; la leurs, ne se décrètent pas. adopté les dispositions permettant réalisation d’importants procès de compléter les travaux de la modèles, comme celui de Carre- Commission Nationale de la Ré- four-Feuilles et celui des Gonaï- Hommage public pour es- forme Administrative (CNRA). ves, ainsi que d’importantes mesu- prit d’ouverture et franche L’absence de continuité et la vo- res dans la lutte contre la corrup- collaboration, à l’encontre d’une lonté manifeste de reléguer aux tion, par exemple, l’obligation féroce adversité exprimée par oubliettes les importantes recom- pour les grands commis de l’État des collègues dont il partageait mandations de cette commission de se soumettre à une déclaration l’allégeance organisationnelle ont été pour moi une source per- de leur patrimoine financier. manente de frustration. Malgré tout, je continue à croire que la mi- En outre, parmi les dispositions lé- se en place et la consolidation des gislatives votées à l’initiative de Je dois également confesser que institutions de l’État demeurent la mon gouvernement, il convient de j’ai été secoué par de lourdes hési- pierre angulaire de la construction mentionner la loi sur la création du tations avant d’accepter d’œuvrer démocratique en Haïti. Conseil Supérieur du Pouvoir Judi- en qualité de chef de gouverne- ciaire (CSPJ), celles sur la création ment. Je nourrissais une peur bleue Dans cette ligne, sous mon leader- de l’École de la magistrature et sur de contracter une hypothèque sur ship, des équipes ont travaillé sur le statut particulier conféré aux une carrière universitaire marquée un nombre irremplaçable de don- membres du Pouvoir judiciaire. 62 Rencontre no 28-29 / Mars 2013 droit. Ces contraintes nous amè- nent à poser la question fondamen- tale suivante : peut-on croire en l’existence d’un État de droit dans un contexte où les droits économi- ques et sociaux sont si peu garan- tis ? Dans un tel contexte en effet, le principe d’égalité « qui s’oppose à tout traitement différencié des personnes juridiques » est cons- tamment bafoué. En terminant, soulignons qu’il res- te encore un long chemin à parcou- rir pour parvenir à un véritable État de droit en Haïti. Néanmoins, il peut s’avérer tragique de s’achar- ner à ne pas reconnaître les impor- tantes avancées réalisées à ce cha- pitre, particulièrement depuis 1986. Il convient de toujours avoir à l’esprit l’indignité monstrueuse aujourd’hui encore infligée aux ‘oubliés historiques’ de la société haïtienne. Ainsi, jusqu’à tout ré- Luce TURNIER, Sans titre cemment continuait à se pratiquer la stigmatisation des compatriotes du ‘Pays en dehors’ par la mention Les lois adoptées respectivement humblement confesser que, ne dis- de ‘Paysan’ sur leur acte de nais- sur la paternité responsable et les posant pas toujours des moyens de sance. Les libertés arrachées de enfants en domesticité méritent mes politiques, je me suis vu, plus haute lutte représentent donc des aussi d’être mentionnées. souvent qu’autrement, obligé de gains précieux; toutefois elles ne les ravaler à une dimension fort sont guère irréversibles.
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