Iranica Antiqua, vol. XXXVI, 2001 TROIS BAS-RELIEFS PARTHES DANS LES MONTS BAKHTIARIS PAR Jafar MEHR KIAN* Depuis quelques années, nos reconnaissances dans la région des monts Bakhtiaris ont permis la découverte de plusieurs bas-reliefs élyméens1. Ceux-ci confirment l'hypothèse de L. Vanden Berghe et K. Schippmann que «d'autres reliefs d'Elymaïde attendent certainement d'être découverts»2. Le bas-relief de Sheivand Dimensions du panneau: 1,70x1,20 m. Sheivand est situé au nord du mont Mongasht, qui porte de la neige en permanence et sur la rive méridionale du fleuve Karoun. L'ancienne route reliant le Khouzistan à Ispahan passait près de cette région. Ce bas-relief surmonte une haute terrasse naturelle splendide, au-dessus de laquelle tombe une cascade, nommée Touf-é Alchok qui, après avoir irrigué les champs, se jette dans le Karoun. * Field Archaeologist, Faculty Member. Iranian Cultural Heritage Organization (Address: POBox 13445-719, Teheran, Iran); traduit du Persan par Azita Hampartian. 1 Les reliefs découverts depuis1986 sont: 1: Sheivand (Izeh, 1986); 2: Murd Tang Zir (Bajul Izeh, 1988); 3: Shirinow (Mowri-Bazoft, 1988); 4: Algui (Bazoft, 1990/1); 5: Chowze (Masjid Soleiman, 1995); 6: Jangah (Shiman Izeh, 1996); 7: Faleh (Susan Izeh, 1999). Voir par ex. J. Mehr Kian, Pishineh-yé pajouhesh dar negar kand ha-yé sangi va sakhrei- yé Iran/Histoire des recherches sur les bas-reliefs rupestres d'Iran, Majaleh-yé bastan she- nasi va tarikh/ Iranian Journal of Archaeology and History vol. V n. 20, printemps/été 1996 (1997), pp. 54-61; J. Mehr Kian, The Elymaian Rock-Carving of Shavand, Izeh, Iran XXXV, 1997, pp. 67-72, pl. XIV a et b; J. Mehr Kian, Découverte de nouveaux bas- reliefs d'Elymaïde, Dossiers d'Archéologie no 243 (Empires perses d'Alexandre aux Sas- sanides), mai 1999, p. 61, 2 ill.; J. Mehr Kian, Un nouveau bas-relief d'Elymaïde à «Shi- rinow», sur un passage de la migration des Baxtyaris, Iranica Antiqua vol. XXXV, 2000, pp. 57-68, ill. (pour une liste des bas-reliefs connus: p. 67); J. Mehr Kian, Negar Kand-é Algui/Le bas-relief d'Algui, sous presse. 2 L. Vanden Berghe & K. Schippmann, Les reliefs rupestres d'Elymaïde (Iran) de l'époque parthe (=Iranica Antiqua, Suppl. III), Gent, 1985, p. 12. 294 J. MEHR KIAN Le bas-relief de Sheivand, taillé dans un bloc de rocher isolé, représente une cérémonie de culte avec un dignitaire et six autres personnages. Le personnage principal est assis ou allongé sur un char, tiré par deux boeufs à bosse. Il tient un objet dans la main droite et une coupe dans la main gauche, devant sa poitrine. Les boeufs sont conduits par un personnage minuscule, tenant un bâton ou les rênes. A la hauteur de la tête des ani- maux se tiennent trois personnages debout, vus de face, dans une attitude de respect. Ils tiennent un objet dans leur main gauche. En bas de la scène figure le plus grand personnage, également représenté de face. Il a une barbe carrée et il est vêtu d'une longue tunique plissée. Il tient une coupe à la main gauche ramené devant sa poitrine tout en tendant avec l'autre main un objet — probablement un récipient — vers un brûle-parfum tri- pode. Derrière cette figure un autre personnage de taille moyenne, croisant le bras droit sur sa poitrine, tient une coupe dans la main. Il porte une tunique longue à trois points au-dessus des genoux. Il est toutefois plus grand que les quatre autres personnages d'en haut. Dans ce bas-relief tous les personnages sont vus de face. Le bas-relief de Shirinow Mowri3 Dimensions du panneau: 2,00x1,45 m. Ce bas-relief, qui a souffert des lapidations des passants, se trouve à l'entrée d'un passage ardu, croisant la piste des nomades de Zardeh. Trois person- nages y sont représentés: l'un, assis sur un trône posé sur une estrade, repré- sente peut-être une divinité. Il tient une lance dans la main droite et proba- blement une coupe dans la main gauche, devant sa poitrine. Le personnage de milieu, vêtu d'une longue tunique à trois points au-dessus des genoux, tend le bras droit vers le personnage assis, tandis que le bras gauche est ramené sur la poitrine. Le troisième porte la même tunique et a les bras croi- sés en signe de respect. Il s'agit sans doute d'une scène d'investiture. Le bas-relief de Murd-e Tang-e Zir Dimensions du panneau: 1,25 x 0,45 m. Ce bas-relief est taillé dans un bloc de pierre, taillé en élément d'architec- ture. Ce bloc a été trouvé lors de la construction d'un gazoduc sur la rive 3 J. Mehr Kian, Un nouveau bas-relief d'Elymaïde à «Shirinow», sur un passage de la migration des Baxtyaris, Iranica Antiqua vol. XXXV, 2000, pp. 57-68, ill. TROIS BAS-RELIEFS PARTHES 295 sud du Karoun dans la région de Murd-e Tang-e Zir, près de Shalu en 1988/9. Quatre personnages vus de face, sont allongés du même côté et ils tiennent chacun une coupe dans la main gauche et passent le bras droit derrière l'épaule du voisin. Les trois premiers portent une barbe carrée et des moustaches aux pointes relevées. Un bandeau retient leurs cheveux. Le dernier personnage à gauche, est représenté imberbe. Le regard droit et fixe, les yeux exhorbités, les tuniques plissés et des inscriptions en carac- tères araméens (élyméens) (en cours de déchiffrement) sont les specificités de ce bas-relief. Dans tous les bas-reliefs élyméens4, comme dans les autres bas-reliefs de l'époque parthe, on retrouve des traits artistiques communs, reconnais- sables dans les procédés de l'art parthe définies par Rostovtzeff5: c.a. fron- talité, linéarité, réalisme et caractère sacré des scènes. Nous nous permet- tons également de déduire que la frontalité est respectée lorsqu'il s'agit des personnages autochtones et des objets, tandis que les étrangers et les animaux sont de profil. De même nous devons ajouter à la liste d'autres caractéristiques tel que la chevelure abondante, les yeux de grandes dimensions, le regard fixe, la barbe carré, la moustache relevée, la tunique longue et plissée, le pantalon large retombant sur les chevilles… La valeur des bas-reliefs élyméens réside surtout dans le fait qu'ils représentent une continuité et une transition entre l'art rupestre élamite, en passant par l'art achéménide, à l'art sassanide. Si la créativité artistique n'a pas joué un rôle majeur dans la conception de ces œuvres, le transfert du message adressé aux interlocuteurs a été parfaitement accompli. 4 L. Vanden Berghe & K. Schippmann, Les reliefs rupestres d'Elymaïde (Iran) de l'époque parthe (=Iranica Antiqua, Suppl. III), Gent, 1985. 5 M. Rostovtzeff, Dura and the problem of Parthian Art, New Haven, 1935. 296 J. MEHR KIAN Pl. 1: Le bas-relief de Sheivand TROIS BAS-RELIEFS PARTHES 297 Pl. 2: Le bas-relief de Shirinow Mowri 298 J. MEHR KIAN Pl. 3: Le bas-relief de Murd-e Tang-e Zir.
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