Projet Laurentia du Port fédéral à Québec Revue de presse Sur la scène internationale, Québec fait déjà partie du réseau d’Hutchison Ports. Document d’information soumis à l’Agence d’évaluation d’impact du Canada dans le cadre de l’examen du projet de construction d’un terminal pour conteneurs par remplissage du fleuve devant le littoral Est de la ville de Québec. Léonce NAUD, géographe Québec – Le 15 décembre 2020 2 PRÉFACE À Québec, aucun sacrifice n’est trop grand s’il est consenti par les gens de la Basse-Ville. À Québec, ce n’est pas compliqué de savoir si un projet a du bon sens. Il suffit de poser la question : « Ferait- on la même chose en Haute-Ville ? » Quand la réponse est non, c’est signe qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Peut-on croire pendant une seconde que les têtes chercheuses en logistique des transports à l’Université Laval – tout comme Madame la Rectrice – auraient appuyé avec enthousiasme le projet Laurentia du port Fédéral à Québec si des millions de conteneurs devaient traverser le campus universitaire par trains-blocs ou par camions-remorques pendant les prochains 60 ans ? Un mépris des locaux qui vient d’un passé qui ne passe plus Il faut lire l’ouvrage de David Thiery-Ruddel : « Québec 1765-1832. L’évolution d’une ville coloniale » [Extrait], pour saisir les lointains fondements d’un mépris centenaire des milieux portuaires et maritimes de Québec envers une population urbaine qui enserre depuis longtemps le port de tous côté. (Mémoire). C’est cette même façon de se comporter comme si la population de la ville ne constituait rien d’autre qu’un empêchement aux « vraies affaires » que les gains civiques obtenus au cours des années ’80 du siècle dernier par une vaste Coalition pour la sauvegarde du Vieux-Port furent ensuite balayés par le Port avec la construction d’une gare maritime au mauvais endroit, alors que ce dernier roula tout le monde dans la farine, se comportant avec la Ville comme s’il s’eut agi d’indigènes assis sous un arbre. Des années d’études et de recherches indépendantes sont nécessaires à la prise de conscience du caractère colonial de la situation dans son ensemble. Et une telle connaissance ne s’acquiert pas en un jour. « On ne peut rien faire, on est pas chez nous » À partir du Maire jusqu’au dernier des conseillers élus d’une ville de plus demi-million d’habitants, cet aveu d’impuissance est constamment répété…tout comme à Montréal. Tout ministre Provincial devient un quidam sitôt qu’il met le pied dans le domaine portuaire. Quelqu’un s’avise de toucher à l’eau du fleuve au centre-ville ? Un tel geste relève du Code criminel du Canada, le tout à quelques centaines de mètres de l’Assemblée nationale. À Québec, tout le monde trouve cela normal. C’est différent vu de loin. Il est quasiment impossible de comprendre le socle fondamental sur lequel repose le monde fluvio-maritime au Québec aussi longtemps qu’on ne découvre pas la solidité du cadre colonial à l’intérieur duquel il évolue. En 2013, devant la Cour, le Port avait entièrement raison de déclarer : « Le Port de Québec appartient à sa Majesté la Reine Élizabeth II qui lui en confie la gestion. » De fait, la philosophie corporative du port Fédéral à Québec est analogue à celle qui avait cours à l’époque du Bas-Canada. (Mémoire) Un principe fondamental de gouverne publique Le principe fondamental de gouverne publique qui a guidé un remarquable Premier Ministre du Canada, Mackenzie King (1874-1950), fut le suivant : « C’est ce que l’on prévient, et non pas ce que l’on réalise, qui compte le plus quand on est au pouvoir. » Le projet de terminal pour conteneurs actuellement sous considération en représente un bel exemple. Léonce NAUD Géographe à Québec 3 LETTRE AU PREMIER MINISTRE DU QUÉBEC M. FRANÇOIS LEGAULT TERMINAL POUR CONTENEURS À QUÉBEC : LA CHINE DOMINANTE SUR LE FLEUVE POUR LES PROCHAINS 60 ANS ? Québec commande l’entrée de l’axe international de navigation du Saint-Laurent jusqu’aux Grands lacs, route stratégique de transport maritime reliant l’Océan Atlantique à la grande région du Midwest des États-Unis. 4 À : M. Yves Ouellet - Secrétaire général - Gouvernement du Québec DE : Léonce Naud, géographe POUR : François Legault, Premier Ministre OBJET : Projet Laurentia - Documentation pour le Premier Ministre DATE : Le 30 octobre 2020. Monsieur le Secrétaire-général, Pour l’information du Premier ministre ainsi que celle de ses conseillers, vous trouverez ci-après quelques articles de presse récents ainsi qu’une Revue de presse présentement en circulation. Le Premier ministre en a surpris plus d’un en affirmant : « Supposément, la compagnie Hutchison est une compagnie chinoise. Par contre, le propriétaire principal, c’est un Canadien, résident canadien ». Tel n’est pas l’opinion à Washington, Beijing et Ottawa. Pour le Premier ministre, un coup d’œil sur la presse internationale aurait été préférable à une visite au Port de Québec. Un exemple ? Washington vient d’exiger qu’Israël annule un contrat déjà signé avec Hutchison. « As the U.S.-China confrontation turns into a competition over world influence, China’s success in creating a vibrant cooperation with a close U.S. ally is a blow to Washington, both in itself and as a bad example for other U.S. allies who are struggling with a similar situation». The Diplomat. Article. Hutchison-Whampoa. Article FP. Article NY-Times Nato warns… Cette Revue de presse contient plusieurs articles instructifs au sujet d’Hutchison Ports. On y constate l’inévitable symbiose de ce type de géants asiatiques avec les autorités politiques de Pékin. Les propos de Loïc Tassé dans une récente entrevue avec Robert Dutrisac sont plus près de ceux ayant cours à Washington et Ottawa que les colères adolescentes dont le Port et la Mairie de Québec nous offrent le peu édifiant spectacle. Souhaitons que l’État du Québec prenne la meilleure décision. Dans ce cas-ci, ce n’est certes pas de transformer le port Fédéral à Québec, stratégiquement situé à l’entrée obligée de l’axe de transport du Saint-Laurent et des Grands lacs vers le Midwest américain, en terminal de conteneurs sous contrôle effectif de la Chine pour les prochains soixante ans (2080). Veuillez agréer, Monsieur le Secrétaire général, l’expression de mes sentiments les meilleurs. <Original signé par> Géographe Québec 5 LÉONCE NAUD Né en 1945 à Deschambault, fils d’un pilote du Saint-Laurent, diplômé des Universités Laval (Québec), Saint-Paul (Ottawa) ainsi que de l'Université d'Ottawa en Philosophie et en Géographie, l’auteur a partagé sa vie professionnelle entre l'aménagement du territoire, la mise en valeur du fleuve Saint-Laurent et la géopolitique. Il a débuté comme recherchiste parlementaire à Québec puis professionnel de recherche à Ottawa au ministère des Affaires Indiennes et du Nord, ensuite conseiller au cabinet du ministre d’État à l’Aménagement du Québec puis au bureau du sous-ministre à l’Environnement à l’époque, André Caillé. Conseiller au Secrétariat à la mise en valeur du Saint-Laurent de 1982 à 1997, il a siégé au C.A. de l’Association internationale Villes et Ports de 1989 à 1997 (AIVP). Il a été membre du Conseil de la qualité de l’eau de la Commission mixte internationale (CMI) et collaboré durant plus d’une décennie avec la Great Lakes Commission (GLC) ainsi qu’avec divers États ou organismes Américains du pourtour des Grands Lacs. De 1989 à 1995, il a été membre du Comité sur la gestion des terrains portuaires de l’Association canadienne des Ports et Havres (CPHA). Conférencier aussi bien au Canada qu’à l’étranger, il publie régulièrement. Il a étudié les philosophies contrastées d'aménagement des rives urbaines entre l’Europe et l’Amérique et s’est spécialisé dans les relations entre milieux urbains et portuaires, entre les villes et leurs ports. Il a réalisé une carte du Québec inspirée de la vision géopolitique du géographe Samuel de Champlain, fondateur de Québec en 1608. Elle est diffusée par les Publications du Québec. Actif depuis près de 40 ans dans le monde fluvial, maritime ainsi qu’urbano-portuaire, l’auteur a effectué de nombreuses recherches, démarches et interventions de façon entièrement indépendante de tous gouvernements, corporations, universités ou firmes privées de toute nature. Il n’a jamais sollicité de subventions de quelque organisme que ce soit ni accepté de contrats de recherche. Ses intérêts l’ont conduit à travailler de près avec les milieux européens spécialisés en relations urbano-portuaires tandis que de 1982 à 1997, ses mandats professionnels au Secrétariat à la mise en valeur du Saint-Laurent l’ont familiarisé avec les milieux portuaires nord-américains, en particulier ceux qui font partie du Système maritime Saint-Laurent Grands Lacs. Les résultats de ses travaux n’ont jamais à ce jour été remis en question par qui que ce soit. Les divers milieux officiels se satisfont de les ignorer et de ne pas reconnaître leur existence. La qualité et l’intérêt de ces derniers est par ailleurs reconnue dans divers milieux. Ici une appréciation universitaire : « Merci pour ton texte sur le fleuve qui est une des meilleures réflexions qu’on ait produit sur le fleuve, nos eaux et nos terres. » (Jean Morisset). 6 Le port Fédéral à Québec commande l’entrée d’un axe stratégique de transport maritime et ferrovia ire Canada-États-Unis qui relie le cœur de l’Amérique au reste du monde. 7 La Chine à l’ère de la rivalité stratégique Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS) Ottawa, 2018 8 La Chine et ses ports stratégiques Isaac B.
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