ANALYSE DYNAMIQUE DES QUARTIERS EN DIFFICULTE dans les régions urbaines belges Christian Vandermotten, Pierre Marissal & Gilles Van Hamme Institut de Gestion et d'Aménagement du Territoire ULB Université Libre de Bruxelles Christian Kesteloot, Katrien Slegers & Lien Vanden Broucke Instituut voor Sociale en Economische Geografie KUL Katholieke Universiteit Leuven Bertrand Ippersiel, Stanislas de Bethune & Renaud Naiken ICEDD Institut de Conseil et d’Etudes en Développement Durable POD Maatschappelijke Integratie SPP Intégration Sociale ANALYSE DYNAMIQUE DES QUARTIERS EN DIFFICULTE dans les régions urbaines belges Christian Vandermotten, Pierre Marissal & Gilles Van Hamme Institut de Gestion et d'Aménagement du Territoire Université Libre de Bruxelles Christian Kesteloot, Katrien Slegers & Lien Vanden Broucke Instituut voor Sociale en Economische Geografie Katholieke Universiteit Louvain Bertrand Ippersiel, Stanislas de Bethune & Renaud Naiken Institut de Conseil et d’Etudes en Développement Durable 1 INTRODUCTION p.5 able des matières T 2 METHODOLOGIE, p.11 SELECTION ET DESCRIPTION DES VARIABLES 3 RESULTATS ET TYPOLOGIES p.19 4 DESCRIPTION DES RESULTATS p.27 PAR REGION URBAINE Anvers et Malines p.31 Gand et Saint-Nicolas p.34 Bruges et Ostende p.37 Hasselt-Genk p.39 Courtrai p.41 Liège et Verviers p.42 Charleroi, La Louvière, Mons p.45 Namur p.48 Tournai p.49 Bruxelles et Louvain p.50 5 CONCLUSION p.55 p. 3 TABLE DES MATIERES 1 Introduction Les villes européennes, et en particulier proportionnellement moins d'opportunités de travail les plus grandes parmi elles, peuvent être présentées aux populations peu qualifiées que celle, plus indus- selon deux images opposées. trielle, de jadis. Au même moment, les formes nou- velles de l'immigration des populations pauvres recherchent dans les plus grandes villes où elles se 1 D'une part, depuis maintenant deux décennies, les régions métropolitaines montrent des taux de crois- concentrent, les solidarités que peuvent fournir des sance économique supérieurs ou égaux aux perfor- niches ethniques. Les villes sont aussi souvent des mances nationales, alors que l'inverse prévalait lieux de refuge pour les exclus d'une économie durant les années 1960 et 1970. Ceci traduit l'inser- contemporaine beaucoup plus flexible, qui soumet tion privilégiée de ces régions métropolitaines dans les firmes aux exigences croissantes d’une rentabili- les réseaux tertiaires internationaux, dont elles sont té à court terme. On comprend donc que les agglo- les noeuds. A l'inverse, durant les décennies précé- mérations urbaines économiquement dynamiques, dentes, elles souffraient de phénomènes de désin- au premier rang desquelles en Belgique la Région de dustrialisation, maintenant pratiquement menés à Bruxelles-Capitale, puissent simultanément souffrir Introduction leur terme. Dans le contexte actuel d'économie plus de taux de chômage très élevés. En outre, les succès flexible, les redéploiements économiques privilégient mêmes de la revitalisation urbaine peuvent conduire, les régions urbaines disposant des meilleurs poten- à travers les hausses des prix de l'immobilier, des tiels en matière de sous-traitance, en particulier en biens et des services dans les quartiers qui en béné- services de hauts niveaux, et en matière de diversité ficient, à en éloigner les populations les plus fragi- et de qualification de la main-d’œuvre. Il est vrai que les. Ces dernières se concentrent alors dans les quar- ces croissances économiques favorables profitent tiers les plus dégradés, les seuls qui leur restent parfois plus aux zones périurbaines qu'aux centres accessibles, contribuant ainsi à augmenter les dispa- mêmes de ces régions métropolitaines. Il est vrai rités sociales intra-urbaines en même temps que se aussi que les zones urbaines dont les structures maintiennent, voire se renforcent encore, celles entre étaient dominées par l'omniprésence d'une indus- les villes centrales et leurs grandes périphéries sub- trialisation ancienne profitent mal ou pas de cette urbaines. revitalisation économique. Elles souffrent particuliè- rement des problèmes de vieillissement de la popu- On comprend dès lors l'importance que le lation et des héritages pesants en matière de quali- Gouvernement fédéral accorde aux politiques urbai- té environnementale. nes. Les grandes tendances évoquées ci-dessus se retrouvent à travers toute l'Europe. Toutefois, chaque Les pouvoirs publics, bien plus conscients que jadis pays les décline selon ses spécificités nationales. des atouts que représente le patrimoine urbain, de l'image que donnent leurs villes dans les compéti- SUBURBANISATION tions inter-urbaines qui se développent à l'échelle internationale, et en même temps soucieux de fixer en ville des habitants susceptibles d'en renforcer les Tout d'abord, la Belgique a connu après la bases fiscales, renforcent et développent des poli- Seconde Guerre mondiale un mouvement de périur- tiques d'amélioration des cadres de vie urbains, de banisation particulièrement vigoureux, qui s'est rénovation des bâtiments anciens et des voiries, de d'ailleurs inscrit dans le prolongement d'un fort contrôle du développement de la circulation auto- développement de l'habitat semi-rural de navetteurs, ème mobile anarchique, de promotion des transports déjà présent depuis la fin du 19 siècle, dans un publics. Elles tranchent par rapport aux politiques petit pays densément sillonné par les chemins de fer urbanistiques sauvages, destructrices du tissu urbain et les vicinaux. Cette périurbanisation a concerné de traditionnel, à la promotion inconsidérée de l'auto- larges fractions des classes moyennes, sans parler mobile et de la résidence périurbaine qui avaient des classes aisées, et a été soutenue par des poli- prévalu dans les premières décennies de l'après- tiques de promotion de l'accès à la propriété privée guerre. Le paysage urbain s'est incontestablement du logement. Il en résulte un fort affaiblissement de amélioré durant les dernières années, même si d'é- la base fiscale des communes urbaines centrales. En normes efforts restent à faire. contrepartie, le logement social a été moins déve- loppé que dans d'autres pays. Il a souvent pris la Mais d'autre part, ces villes, et paradoxalement peut- forme, dès l'entre-deux-guerres, de cités-jardins. A être plus encore celles qui “gagnent” dans les com- l'inverse, les grands ensembles sont relativement pétitions inter-urbaines que les autres, connaissent peu fréquents, à la différence par exemple de la une exacerbation des dualisations sociales qu'elles situation française, où les couronnes de HLM qui abritent. L'économie urbaine contemporaine fournit entourent les villes témoignent des besoins insatis- p. 7 INTRODUCTION faits accumulés avant la guerre et de l'explosion res ou de fonctionnaires étrangers. Cette population urbaine durant les années qui ont suivi le dernier participe grandement à la revitalisation de ces quar- conflit mondial. tiers, même si elle n'a pas toujours des revenus éle- Malgré les volontés de régulation du phénomène vés (ou s'ils ne sont pas taxables, pour ce qui 1 exprimées par les politiques d'aménagement du ter- concerne les fonctionnaires à statut diplomatique ou ritoire, tant en Région flamande que wallonne, cette européen). Mais sa présence contribue évidemment périurbanisation se poursuit à un rythme soutenu. aux effets d'éviction et de dualisation sociale évo- Elle prend même aujourd'hui la forme d'une rurbani- qués ci-dessus. Les pouvoirs publics doivent donc sation, atteignant l'ensemble du monde rural. veiller à contrôler les effets négatifs éventuels de ces revitalisations urbaines, qu'ils encadrent d'ailleurs Bien plus qu'en France, mais plutôt à la manière du par les politiques d'aménagement qu'ils dévelop- modèle anglo-américain, les populations socialement pent. Ceci est d'autant plus vrai que, on l'a dit, les fragilisées ont donc tendance en Belgique à se dotations en logements sociaux sont encore insuffi- concentrer dans les parties centrales des grandes santes pour rencontrer les besoins. Introduction villes, en première couronne autour du centre histo- rique et dans les anciens quartiers industriels. Une On verra, dans l'étude qui suit, la diversité des types part importante de ces populations occupe en loca- de quartiers défavorisés, Les quartiers bruxellois du tion les segments les plus dégradés du secteur 19ème siècle, occupés par une population de locataires immobilier privé vieilli. On l'a dit, les ensembles de immigrés ou issus de l'immigration, les cités-jardins logements sociaux sont plus rares. On les trouve et les corons wallons ou limbourgeois, occupés par aussi dans les anciens corons d'habitat ouvrier édi- des ouvriers pensionnés propriétaires, les cités de fiés par les entreprises industrielles et minières, logements sociaux où se concentrent de graves essentiellement dans l'ancien axe industriel wallon, détresses, nécessitent certainement des traitements ou dans certains ensembles de cités-jardins, comme et des politiques différenciées. Un quartier de loca- ceux édifiés par les entreprises charbonnières en taires réclame des choix différents d'un autre de pro- Moyen-Limbourg. priétaires. Les structures par âge peuvent influencer les besoins. Les questions liées à l'insertion profes- sionnelle ne sont pas partout semblables. GENTRIFICATION Depuis une vingtaine d'années, à UN NOUVEL ATLAS Bruxelles d'abord, mais le phénomène diffuse aujour- d'hui dans d'autres grandes villes, on assiste, paral- Cette recherche se veut plus qu’une actualisa- lèlement à la
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