Numéro - 11 - Août 2016 - Publication municipale et conviviale Armoiries Blason de Manduel Mandieulen des Consuls Des douceurs mandueloises pharmacien Fournier : « ...J’ai en- la construction de deux parties. Cet gagé M. Fournier, habile chimiste atelier est situé à Manduel. » EDITO connu avantageusement pour une En 1810, Baptiste Fournier, Lou Papet ? grande fabrique de sirop de raisins pharmacien, Quiquandon confi - C’est un peu comme cette établie à Manduel, à s’occuper cette seur, Roux médecin et Blanc notai- belle tranche de pain cuite année de la confection du sucre de re impérial, se forment en société et dorée à souhait que l’on betteraves, je ne doute point que le pour créer un établissement con- tartinerait de jaune, de rou- succès couronne son travail... ». En sidérable consacré à la fabrication ge, accompagnée d’un sirop fait les Fournier père et fi ls sont de sirops et de sucres de raisin. que d’aucun colorerait à sa les hommes de la situation. Cette fabrique est connue dans le convenance autour d’un puits L’année suivante, la culture commerce sous la raison commer- sans fond qui se ferait l’écho de la betterave est mise en place, ciale des Sieurs Fournier et Qui- d’histoires « salées », « crous- 100.000 hectares sur l’ensemble du quandon. Le préfet les soutient de tillantes » ou encore « aigres- territoire français, comme conve- tout son appui : « Cette société a à douces ». Sous l’ombre d’un nu, 300 hectares dans le départe- sa tête M. Fournier pharmacien, impérial mais néanmoins ment du Gard, réparties en tenant aussi distingué par ses connais- bienveillant fi guier ou en- compte de la nature du sol apte à sances en chimie, que par son zèle core mûrier. cette culture. Le Ministre des Ma- pour tout ce qui peut toucher de A chacun donc de mettre nufactures et du Commerce arrête : près ou de loin à la fabrication de ses papilles en éveil pour Art. premier. – MM. les Mai- sirop de raisin et qui a obtenu des apprécier les douceurs man- res assigneront à chaque proprié- succès. Ils ont assuré qu’ils avaient taire de leur commune, la quan- investi à la création 100.000 fr. et duelloises savamment et Chères lectrices, chers lecteurs, patiemment préparées par tité d’hectares ou d’ares qu’il devra que, pour peu qu’ils soient favorisés Je n’ai pas l’intention de vous faire ici un cours d’histoire, mais simple- ensemencer de suite en betterave dans leur exploitation ils donne- Messieurs Michel Fournier ment vous donner quelques éléments concernant la situation en France et Michel Arcas qui n’ont de dans cette terre légère, sablon- raient tout le développement dont en 1811. Ces renseignements vous éclaireront sur les faits qui vont être neuse et humide, ou susceptible de ils pourraient être susceptibles. » cesse de nous régaler avec narrés et dans lesquels notre modeste village de Manduel a tenu une cette même passion gour- quelque irrigation. Outre la fabrication de sirop place prépondérante. Art.2. – Le Gouvernement at- et de sucre de raisin, ils réalisent mande qu’est la leur pour Le 16 mai 1806, l’Angleterre déclare le blocus maritime des côtes fran- « Lou Papet ». tache la plus haute importance aussi des confi tures d’orange, de çaises de Brest à l’embouchure de l’Elbe. à l’exécution des mesures qu’il a coing et de cédrat avec le sucre de Pour répondre à ces mesures Napoléon 1er instaure le blocus continen- prises pour la fabrication du sucre raisin, à un prix raisonnable pour Isabel ALCANIZ-LOPEZ tal, il voulait la ruine économique et fi nancière de l’Angleterre. de betterave ; des fabriques ont été les consommateurs et en quantité Adjointe déléguée Mais en bloquant les ports français aux marchandises venant d’Angle- mises en activité ; un élève de ce suffi sante pour la consommation. à la Communication terre, les produits venant de nos colonies des Antilles ne pouvaient plus département a été envoyé à l’école Hors en cette fi n d’année 1810, il entrer en France et apporter notamment deux denrées précieuses dans établie à Castelnaudary pour ap- est à considérer que la fabrication la vie courante, le coton et surtout le sucre de canne. prendre la connaissance des pro- du sucre de raisin sera contrariée A Paris, Parmentier et Chaptal, après avoir essayé de produire du sucre priétés qu’exige l’extraction du su- par la mauvaise récolte, un tiers avec le raisin, réalisent les premières expériences avec les betteraves. cre de betterave. Les cultivateurs seulement des années précédentes. C’est Benjamin Delessert qui met au point la technique d’extraction du auront la certitude de placer les L’atelier de Manduel fonctionne : 5 sucre de betterave. produits de leur culture à un prix chaudières sont en chauffe pour la Par son décret du 25 mars 1811, l’Empereur Napoléon 1er va étendre la avantageux. fabrication de sucre ; on tirera de culture de ce légume dans toute la France et sur 32.000 hectares. Après Art. 3. – Dans les cas où ces pro- 1.200 à 1.250 myriagrammes. le succès obtenu dans la fabrique de sucre de Barruel et Chapelet dans priétaires refuseraient, sans mo- Individuellement, quelques la Plaine des Vertus (actuellement La Courneuve), par son décret du 15 tif reconnu légitime par le Maire, pharmaciens et un petit nombre janvier 1812, l’Empereur créé quatre Ecoles Impériales expérimentales d’obtempérer à l’invitation qui leur d’agriculteurs ont fait des essais de chimie sucrière : Wachenheim (Rhénanie-Palatinat, alors départe- sera faite, leur refus sera constaté pour l’approvisionnement de leur ment français du Mont-Tonnerre), Douai, Strasbourg et Castelnaudary. par procès-verbal que le Maire offi cine ou pour l’usage de leur fa- transmettra au Préfet. mille. Quant aux fabricants, ils se Michel FOURNIER Art. 4. – Dans le cas où les cultiva- borneront à la seule fabrication de Culture intensive teurs n’auraient point à leur dispo- sirop et extrairont peu de sucre. Ce de la betterave que celles réservées à la graine, en main l’étude et la mise en place sition les graines nécessaires pour qui fera un manque surtout pour car il faut prévoir pour les années de cette nouvelle industrie. Il fait les semis, les Maires sont chargés sucrer certaines boissons comme En ces années 1811/1812, no- suivantes, doivent être plantées à venir des graines de la région de de faire appel aux jardiniers, d’em- le café, d’un usage journalier dans tre village de Manduel qui compte 3 pieds au moins de distance les Toulouse, le sud-ouest étant ouvert ployer tous les moyens possibles presque toutes les familles. Les 1228 habitants, tire ses ressour- unes des autres. depuis longtemps à la culture de la pour leur procurer la quantité de hôpitaux et hospices auront à souf- ces principalement de la vigne, Voilà une sage résolution, car betterave. Mais la rareté de cette graines dont ils auraient besoin. frir du manque de sucre, quoique quelques arpents de terre pour les en cette année 1811, il est assez graine ne lui permet pas de faire certains de ces établissements, céréales et des plantes fourragè- diffi cile de se procurer de la se- une étude détaillée. Il a cependant Fabrication en particulier ceux de Nîmes, St- res pour l’alimentation du bétail. mence de ce légume inconnu dans des graines de betteraves blanches, de sirop et de sucre Gilles et Beaucaire se sont appro- Quel n’a pas du être l’étonnement, le Gard, et les prix de vente se sont qu’il ensemence à Nimes dans un visionnés en cassonade ordinaire voire la stupéfaction en avril 1811 élevés et, pour accroître leur stock, jardin potager. Bien avant que l’on pense à lors de la Foire de Beaucaire. Dans lorsqu’ils apprennent par le maire, les grainetiers ont dû s’approvi- Cette nouvelle culture est vrai- extraire du sucre de la betterave, quelques pharmacies, pour certai- qu’un décret préfectoral les incitent sionner dans le sud-ouest. Ayant ment une affaire d’Etat. A Paris, le grâce aux travaux de M. Parmen- nes préparations, on remplace le à se mettre à la culture de la bette- eu connaissance de ce problème Ministre de la police générale re- tier, il avait été procédé en 1810 sucre par le sirop de raisin ou par rave, ainsi le veut S.M. l’Empereur d’approvisionnement, le Préfet du groupe toutes les informations ve- à l’expérience avec le raisin. Dès le miel. L’année suivante on peut Napoléon 1er. Monsieur Rolland, Gard a obtenu de Son Excellence le nant de province et pouvant répon- 1808 Baptiste Fournier associé au espérer un rendement important Baron d’Empire et préfet du Gard Ministre de l’Intérieur, un envoi de dre à certaines de ses questions. docteur Solinani, tous deux de Nî- dans l’usine de Manduel et dans doit communiquer dans toutes les graines de betteraves blanches. Est-ce que les grands propriétaires mes, avaient procédé à des essais. celle qui s’est installée à Vauvert mairies des instructions précises Ainsi la récolte pour 1812 est se sont empressés de réserver une L’année suivante, ils avaient fait mais qui est de moindre impor- sur la culture de ce légume et les parée, il ne reste plus au préfet partie de terrain ? Est-ce que les parvenir des échantillons au Mi- tance avantages que l’on peut en tirer. qu’à prévoir le traitement de ces paysans ont conscience que la mise nistre de l’Intérieur et avaient reçu En mars 1811, l’entreprise est Un avis est aussi communiqué aux betteraves, pour en extraire le en place de cette nouvelle culture des avis favorables, ainsi que des parfaitement installée à Manduel, propriétaires afi n de connaître les sucre.
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