HERVE KEREBEL ARCHEOLOGUE CHARGE D'ETUDE RAPPORT DE PRESENTATION DU PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE DES COMMUNES DE PENMARC'H ET TREEEIAGAT 1989 5 LE PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE DES COMMUNES DE PENMARC'H ET DE TREFFIAGAT L'importance quantitative et qualitative des vestiges archéologiques du pays bigouden a attiré vers la pointe de Penmarc'h de nombreux chercheurs qui depuis plus d'un siècle ont recencé et étudié ce patrimoine. La famille DU CHATELLIER fut à l'origine de ce mouvement de recherche. Paul DU CHATELLIER mentionne en 1907, dans son ouvrage sur les époques préhistoriques et protohistoriques dans le Finistère, une vingtaine de sites sur la commune de Penmarc'h et une dizaine sur celle de Treffiagat. Après la disparition de cet archéologue, les travaux furent repris par d'autres érudits dont les commandants BENARD et DEVOIR. Ils créent en 1919 le groupe finistèrien d'étude préhistorique et inaugurent en 1923 le Musée Préhistorique de Pors Carh afin d'y entreposer les objets découverts lors de leurs recherches. Dès 1921, le Commandant Devoir dresse une carte mégalithique de la presqu'île de Penmarc'h où se trouvent localisés les vestiges déjà recencés en 1907 ainsi que de nouveaux monuments. Après la seconde guerre mondiale, le musée est confié au Professeur Pierre-Rolland GIOT qui lui donne un nouvel élan et sa vitesse de croisière. Les territoires des communes de Penmarc'h et de Treffiagat n'ont pour le moment pas livré de vestiges des peuples nomades, vivant de la chasse et de la cueillette, qui peuplaient la Bretagne au cours du Pléistocène Supérieur (120 000-9 600 ans avant notre ère). Il faut attendre plusieurs milliers d'années 1 Carte Mégalithique de la PRESQU'ILE de PENMARC'H avant de pouvoir enfin déceler les premières traces d'occupation humaine dans cette région (au cours du Vème millénaire avant J.-C). Le climat s'étant progressivement réchauffé depuis le début de l'Holocène (9 600 ans avant notre ère), les lignes de rivage se sont rapprochées du niveau actuel en submergeant le plateau continental resté longtemps immergé pendant la glaciation U/ûrmienne qui caractérise le pléistocène supérieur. Les premiers objets témoignant d'une occupation humaine dans cette partie de la région bigoudenne remontent à la période de transition entre 1 ' Epipaléolithique ou Mésolithique et le Néolithique. Ces vestiges se retrouvent à l'extrémité de la pointe de Pors-carn et sont constitués d'éclats de silex résultant d'un travail de confection d'outils lithiques. Nous sommes ici en présence d'un campement saisonnier probablement du Vème millénaire avant notre ère et donc contemporain de la station de "Beg an Dorchenn^ sur la commune de Plomeur fouillée ces dernières années par O. KAYSER. L'industrie 1ithique de ce site est caractérisée par la présence d'armatures dites en trapèze, outils typiques de cette période de 1'Epipaléolithique Final. Les vestiges de ces civilisations en voie de sédentarisation sont très tenus. A l'inverse, ceux des cultures qui succèdent s'avèrent plus imposants et mieux conservés. La carte du Commandant BENARD datant de 1921 permet de constater une très forte densité de monuments mégalithiques dans la pointe de Penmarc'h. Ce phénomène est probablement dû à la présence dans cette région d'une roche, le granit à muscovite de Pont—Labbé, qui de part sa qualité et sa bonne tenue à la taille 2 Industrie lithique du site mésolithique de Pors-carn en Penmarc'h se prête bien pour la réalisation de monuments mégalithiques. Les érudits du début du siècle ont été les découvreurs privilégiés de nombreux monuments mégalithiques qui, après avoir résistés aux assauts destructeurs de milliers d'années, n'ont pas survécu aux grands travaux agricoles ou d'aménagement de l'époque contemporaine. Déjà en 1820, les travaux de construction d'une route reliant le bourg au phare de la pointe traversèrent et détruisirent un grand dolmen non loin de Penanker en Kerity. Les alignements de lestrigniou, imposant de 6 à 700 monolithes alignés en quatre rangées sur plus de 1000m ont quant à eux été progressivement les victimes de diverses travaux agricoles. De nos jours, les seuls blocs que l'on peut repérer se retrouvent couchés dans les talus. Toujours sur la commune de Penmarc'h, l'expansion urbaine autour de l'église de Notre-Dame de la Joie a eu raison du cromlec'h qui y est signalé en 1921. Seul subsiste le menhir qui lui était associé et, les destructions de ce type sont multiples. Heureusement, tous les vestiges archéologiques de cette région n'ont pas disparu. Depuis le début du siècle, le classement de certains vestiges auprès des services des Monuments Historiques a permis la conservation d'une partie de ce patrimoine. De nombreux menhirs ont ainsi pu être sauvegardés : — les menhirs de Kerscaven appelés 1'Evêque et la Vierge et faisant respectivement 7 et 6m de haut, — le menhir anthropomorphique de Kervedal, — le menhir de Lehan planté dans un marais qui témoigne de l'évolution continue des rivages de cette pointe, 3 - et enfin, le menhir du Reun auquel sont associés des motifs gravés sur une roche affleurante. Ces mesures de protection se sont également portées sur d'autres vestiges comme le. tumulus de Poulguen qui représente certainement la sépulture néolithique la mieux conservée de cette région. Tout le patrimoine archéologique de ces deux communes n'a pas fait l'objet de tels classements. Cependant, et malgré l'abscence de protections administratives particulières à leur égard, certains vestiges ont échappé aux destructions et nous sont parvenus dans des états plus ou moins satisfaisants. Nous pouvons ici citer le menhir de Quelarn qui se dresse dans une prairie à la limite de communes de Treffiagat et de Plobannalec, le menhir de la Joie situé dans un jardin en contre bas de la route longeant la côte et le menhir de Toulgu/inn enseveli dans le sable. Ce dernier monument, mesurant actuellement moins de un mètre de haut, s'est vu recouvrir par une dune depuis son érection au cours du Néolithique. Il mesure certainement plusieurs mètres de haut. Nous sommes ici en présence d'un nouvel exemple de l'évolution du paysage côtier au cours des siècles, cette dune s'étant probablement mise en place au cours du Moyen- Age, il y a donc moins de 1 000 ans. Le domaine funéraire est caractérisé au Néolithique par l'existence de grandes sépultures mégalithiques collectives. Nous pouvons rencontrer de tels monuments, ou du moins ce qui en reste, dans la région de la pointe de Penmarc'h. Ainsi, sur la commune de Treffiagat, les prospections archéologiques effectuées 4 dans le cadre de la ZPPAU ont permis de retrouver une chambre funéraire signalée en 1907 mais non répertoriée dans la carte archéologique de la Direction des Antiquités de Bretagne. Paul DU CHATELLIER nous parle de ce site en ces termes : " à 600 mètres au nord du bourg, vaste nécropole composée de dolmens et de chambres à ciel ouvert. Explorée en 1876, nous y avons trouvé l'incinération comme rite funéraire et y avons recueilli des vases apodes, un casse-tête percé d'un trou d'emmanchement, des pendeloques, un godet en oligiste, des pointes de silex, des percuteurs et des pierres à concasser le grain.". L'état de dévastation du bois dans lequel se trouve la sépulture, suite à l'ouragan de 1987, ne nous a pas permis de retrouver les autres dolmens composant le site. Selon J. L'HELGOUACH, les sépultures sont des dolmens avec chambre et couloir qui ont livré un très bel ensemble de poteries chasséennes dont une écuelle en calotte sphérique avec une anse horizontale et des vases à carène basse. Le tumulus de Rosmeur sur la commune de Penmarc'h, actuellement détruit, devait probablement être du point de vue scientifique très intéressant. Selon Paul DU CHATELLIER, il avait un diamètre de 30 mètres pour une hauteur de 6 mètres et son couloir d'accès aboutissait à une chambre semi-circulaire où quelques piliers de grande taille soutenaient une couverture en voûte basse faîte de pierres imbriquées. Une autre particularité de cette sépulture se retrouvait dans les parois du couloir et de la chambre qui étaient maçonnées en pierres sèches. Divers objets furent recueillis dans ce monument : des objets lithiques et céramiques ainsi que des fers de lance et des monnaies de 5 GRAND TUMULUS DE ROSMEUR, PENMARC'H (Finistère) Céramique du tumulus de ROSMEUR en Penmarc'h. -l'époque gallo-romaine. Le plateau de Rosmeur semble avoir été un lieu très important au cours du Néolithique. En effet, en plus de ce tumulus, il existe une deuxième sépulture fouillée dernièrement par l'Archéologue départemental du Finistère, M. LE GOFFIC. De cette sépulture, il ne reste plus que quelques dalles encore en place dans un jardin. De plus, ce plateau était défendu par une enceinte de pierres et un talus qui ont disparu depuis. Nous pourrions avoir sur ce plateau un espace sacré et rituel. Le plus beau monument funéraire de la région reste tout de même le tumulus de Poulguen sur la commune de Penmarc'h. Cette sépulture protégée par un classement au service des Monuments Historiques nous est parvenue dans un état très satisfaisant même si une partie de son cairn a servi de carrière pendant un moment. Ce vaste monument mégalithique était à l'origine inclus dans un tumulus circulaire de 40 mètres de diamètre et 8 mètres de hauteur composé d'un amas central de pierres entourant la sépulture interne et recouvert d'un remblais de limon. La chambre a été explorée à diverses reprises mais jamais dans sa totalité du fait d'un état de conservation peu satisfaisant : en 1862 par A.
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