N° d’ordre : Université Paris Ouest Nanterre La Défense Le peuplement de la marge orientale du delta intérieur du Niger au premier millénaire après Jésus Christ. THÈSE présentée pour obtenir le grade de Docteur, spécialité Préhistoire, par Daouda KEITA Soutenue publiquement le 28 novembre 2011 JURY : Me. Catherine PERLÈS, Professeur, Université de Paris X (directeur de thèse) M. Kléna SANOGO, Directeur de Recherche, ISH –Bamako, Mali (rapporteur) M. Eric HUYSECOM, Professeur, Université de Genève (rapporteur) M. Augustin Holl, Université Paris X (examinateur) M. Kevin MacDonald, Professeur, University College of London (examinateur) Laboratoire de Préhistoire et Technologie – UMR 7055 du CNRS École doctorale Milieu, Cultures et Sociétés du Passé et du Présent Remerciements Ce travail n’aurait pu être réalisé sans le soutien et les encouragements de nombreuses personnes et institutions. Je tiens à remercier particulièrement ma directrice de thèse le Professeur Catherine Perlès pour son encadrement, son soutien, sa disponibilité, ses conseils, sa confiance, son intérêt pour cette étude et pour m’avoir ouvert de nouveaux horizons dans l’étude de la céramique. Je remercie Messieurs Augustin Holl, Kléna Sanogo, Eric Hysecom et Kevin MacDonald pour avoir accepté d’être les membres de mon jury de thèse. Je voudrais remercier les instituions suivantes pour leur soutien financier et logistique : l’Ambassade de la France au Mali à travers le Service de Coopération et d’Action Culturelle ; le Fonds national de la recherche scientifique suisse ((requête no 101212-124657) ; la Faculté des Sciences de l’Université de Genève (ligne budgétaire COAN2) ; la Fondation SLSA ; l’Institut des Sciences Humaines de Bamako ; le Musée National du Mali à Bamako ; l’Université de Bamako ; l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense ; la Mission Culturelle de Bandiagara ; la Mission Culturelle de Djenné. J’adresse mes sincères remerciements à toute l’équipe du Programme " Peuplement Humain et Paléoenvironnement en Afrique de l'Ouest" notamment Eric Huysecom, Aziz Ballouche, Nadia Cantin, Lassana Cissé, Barbara Eichhorn, Aline Garnier, Nema Guindo, Christel Jeanbourquin, Yan Le Drezen, Laurent Lespez, Serge Loukou, Anne Mayor, Katarina Neumann, Sylvain Ozainne, Michel Rasse, Kléna Sanogo, Sylvain Soriano, Raphaëlle Soulignac, Nuscia Taibi, Chantal Tribolo. Mes remerciements vont également aux membres du Programme de recherches archéologiques dans le sud-ouest du Gourma initié par Kevin MacDonald entre 1993 et 1996 I particulièrement Noemie Arazi, Cornelia Kleinitz et Anne Haour. C’est dans ce Programme que j’ai effectué ma première mission de fouille archéologique au Mali sur le site de Tongo Maaré Diabal à Douentza. Que toute l’équipe du Projet expérimental de fouilles archéologiques pendant la saison des pluies à Djenné et Lade Kouna reçoive ici l’expression de toute ma gratitude, particulièrement Diderick Van Der Waals, Nafogo Coulibaly, Aly Diabiguilé, Yamoussa Fané, Ibrahima Ouédraogo et Ibrahima Haidara. Je remercie également mes collègues et amis qui m’ont soutenu et encouragé: Kléna Sanogo, Mamadi Dembélé, Isaie Dougnon, Samuel Sidibé, Salia Mallé, Josué Thiéro, Mamadou Cissé, Alexandre Livingstone Smith, Seydou Fomba, Mamadou N’daou, Youssouf Kalapo et Nafogo Coulibaly, mon compagnon sur les chantiers de fouilles. Je souhaite remercier les populations de Gologou, de Kokolo et de Dimbal. Mes remerciements vont aussi aux membres de ma famille, ma mère Koumbafing Sangaré, ma sœur Assétou Kéita, mes neveux Moussa, Massaman, Mamourou, ma nièce Fanta et mon fils Modibo pour leur soutien et leur patience. II Chapitre I : présentation générale La marge orientale du delta intérieur du Niger correspond à la zone située entre trois régions géographiques distinctes de la République du Mali : le delta intérieur du Niger, le Gourma et le Plateau dogon (Fig. : 1). Zone de contacts et d’échanges, la marge orientale du delta intérieur du Niger a toujours été convoitée par les grands Empires, les royaumes et les Etats théocratiques peulh ou Toucouleur du Soudan Occidental. Dans cette zone cohabitent plusieurs communautés réparties entre les Peulhs, les Bambara (ou Bamanan), les Bwa (ou Bobo), les Dogon, les Bozo, les Somono, les Songhaï et les tamashek (Gallais 1984, Gallay et al. 1998). Les communautés vivant dans cette région se distinguent les unes des autres par leur mode de vie et leur répartition géographique. Les recherches ethnoarchéologiques ont révélé que malgré le partage d’un espace commun, chaque communauté dispose d’une gamme de produits céramiques et d’une technique de façonnage des vases qui lui est propre (Gallay et al. 1996, 1998). 1. Le peuplement actuel de la marge orientale du delta intérieur du Niger. La marge orientale du delta intérieur couvre une large zone dans la bande sahélienne. La vie y est rythmée par l’alternance d’une saison sèche et d’une saison pluvieuse. La région est traversée par le fleuve Niger. En aval de Ségou, le fleuve Niger se déverse dans une immense cuvette que les crues annuelles transforment en une vaste plaine inondable ou delta intérieur du Niger pouvant atteindre 20 000 km² (Rognon 1993). La partie orientale du delta intérieur du Niger est occupée par le Plateau dogon et le Gourma. Au nord et à l’ouest, on retrouve les dunes de sable. La clémence du milieu naturel a entrainé la migration des communautés vers cette zone aux potentialités économiques et agro-pastorales énormes. Les principales activités développées dans cette zone sont l’agriculture, l’élevage et la pêche. Les témoignages se rapportant à la mise en place de ce peuplement complexe ont été livrés par les sources historiques (orales et écrites) et archéologiques, qui malheureusement ne relèvent pas encore toutes les incertitudes liées au peuplement de la zone. 2 Figure 1 : Carte de la marge orientale du delta intérieur du Niger. 1-1. Les sources 1-1-1. Les sources historiques Elles représentent une des principales sources d’informations de notre zone d’étude. Les sources historiques sont multiples et proviennent de chroniqueurs arabes (Al Bakri, Ibn Battuta, Al-Umari etc.), des tarikhs (tarikh el-Fettach et le tarikh es-Soudan etc.), d’explorateurs européens (Réné Gaillé, Henrich Barth etc.), d’administrateurs coloniaux (Charles Monteil, Desplagnes etc.) et de chercheurs (Jean Gallais, Shinzo Sakai etc.). 1-1-1-1. Le delta intérieur du Niger Des chercheurs ont sur la base des sources orales proposé une version de l’occupation du delta intérieur du Niger, qui remonterait à la fin de l’Empire du Ghana, lorsque des Bozo et des soninké occupèrent d’abord Dia avant de regagner Djenné (Gallais 1984, Monteil 1932, Sakai 3 1990). La version1 recueillie par Sakai indique qu’un bozo de patronyme Kwanta et un soninké-Tomota sont les premiers occupants de Dia. Ils ne se connaissaient pas car le soninké, chasseur vivait dans un trou tandis que le bozo-pêcheur logeait au bord d’une mare. Ils se rencontrèrent le jour où le bozo découvrit que Tomota, qui subtilisait ses produits de pêche, vivait dans un trou sur le même site que lui. Ils furent par la suite rejoints par d’autres groupes parmi lesquels les forgerons, les marabouts-Cissé et l’ancêtre du clan Diawara (Jawara) (Sakai 1990). Monteil affirme au contraire que les « bozo provenaient originairement du « trou »…Ils sont considérés comme les plus anciens maîtres du sol et des eaux » (Monteil 1932 :29/30). D’autres sources historiques confirment ces informations orales. Jean Gallais souligne le rôle capital des villes Dia et de Djenné dans le commerce et les échanges à longue distance. Il affirme que Dia a d’abord joué un rôle périphérique avant de devenir un axe majeur dans « les transactions entre le Soudan aurifère et le Maghreb ». Mais Dia devint vers l’an 1000 une zone de refuge de l’Empire du Ghana alors en déclin et Djenné reprit « le relais comme centre urbain régional ». Selon lui, les premiers habitants de Djenné originaires du Ghana central, se sont installés vers 800 à Djoboro2, une localité voisine de Djenné et vers 1200 une seconde vague de migrants s’y établit à la chute de l’Empire du Ghana (Gallais 1984). Monteil écrit que « le nom de Djenné provient des Nono et, prononcé d’abord Djanna, voudrait dire « le petit Dia » en mémoire de la métropole d’où venaient les Nono » (Monteil 1932). Le delta intérieur du Niger a suscité la convoitise des Empires du Soudan Occidental à cause de ses richesses naturelles et de son rôle majeur dans le commerce à longue distance (Fig. : 2). La région a été initialement dominée par l’Empire du Ghana (5ème 12ème siècles). Elle a été successivement sous la tutelle de l’Empire du Mali (13ème-15ème siècles), de l’Empire Songhay (15ème-16ème siècles), des Marocains (16 ème-18ème siècles), du Royaume bambara de Ségou (début 19ème siècle), de l’Empire peulh du Macina et des Toucouleurs d’El hadj Omar Tall (2ème moitié du 19ème siècle)) et de la colonisation française à partir de 1893 (Fig. : 3). 1 D’après cette version, le bozo s’écria « A tomota ! » ce qui signifie « j’ai pris la tête » ou « j’ai trouvé la cause ». L’ancêtre des Tomota répondit « Kwanta » qui veut dire « encore », pour dire qu’il avait de nombreuses fois pris sans autorisation les poissons du Bozo (Sakai 1900). 2 D’après le tarikh es-Soudan et la tradition orale Djoboro serait l’ancienne appellation du site de Djenné-djéno. Le premier quartier de la ville de Djenné porte le même nom. Il est localisé dans le tissu ancien de la ville, classé patrimoine mondiale de l’UNESCO. 4 . Source : Berthier 1997. Figure 2 : Limites territoriales des trois grands Empires du Soudan occidental à leur apogée. L’étude des sources historiques montre que le delta intérieur du Niger a toujours été une zone de migration, notamment pendant la période des grands Empires du Soudan Occidental.
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