TRIBUTE TO HAMMOND BULLETIN DE LIAISON DES MEMBRES DE L'ASSOCIATION – MARS 1998 – N°9 Nous sommes à la fin des EDITO EDDY LOUISS, UNE VIE années 50, et Eddy traîne ses guêtres dans les jazz-clubs pari- l y a un peu plus d’un an SUR 10 OCTAVES siens, en particulier Au Chat Lou Bennett nous quittait Qui Pêche. C’est là qu’il fait la I laissant derrière lui grand rencontre de l’extraordinaire et nombre de bons souvenirs, regretté Lou Bennett, qui va lui d’enregistrements et aussi un expliquer techniquement et XB-5 qu’on a bien du mal à musicalement la manipulation faire marcher. Je pense qu’il de l’orgue Hammond. Dès lors, doit bien rire quand il nous il commence à jouer dans les voit à quatre pattes sous son jazz-clubs, surtout du piano, en orgue à essayer de le faire fonc- compagnie de Daniel Humair tionner et à tenter de résoudre (batterie). Mais fin 60, un évé- des petits problèmes dont lui nement majeur intervient dans seul connaissait les secrets. sa carrière : il est contacté par Mais notre consolation est de Mimi Perrin, qui dirige les nous dire que nous avons le Double-Six, et cherche un chan- privilège de posséder “THE teur pour compléter la forma- BENNETT MACHINE”, et que tion. Après seulement deux nous finirons bien par SPÉCIAL semaines de répétition, il est venir à bout de ces cir- engagé, et part alors en tournée cuits imprimés et parfois EDDY LOUISS avec le groupe vocal français abîmés. dans le monde entier : Europe, En ce qui concerne le fonction- USA, Canada… 1960, c’est nement de l’association, nous Eddy Louiss, est né le 2 répertoire était constitué aussi l’année de son premier avons facilement dépassé la mai 1941 à Paris. Son de rumbas, cha-cha, enregistrement sous son nom à centaine de réinscrits, ce qui père, Pierre Louiss, tangos, paso-doble… et l’orgue : “Eddy Louiss et son est un réel succès qui nous d’origine martiniquaise, de jazz. orgue”. Il s’agit d’un 45 T, com- encourage à nous surpasser. trompettiste et guitariste, Ce dernier style l’attire Suite en page 2 L’équipe qui compose le était leader d’un de plus en plus, et Eddy Bureau est dynamique, pleine orchestre de danse dans se met à écouter d’idées et de ressources, ce qui SOMMAIRE les années 50. Dès l’âge passionnément des nous assure un bon avenir. de cinq ans, baigné dans disques de Bud Powell, Edito........................................1 Ce nouveau numéro de TTH une ambiance musicale, Eroll Gardner, Bill Eddy Louiss ............................1 est un spécial Eddy LOUISS. Eddy prend des cours de Evans, Thelonious Lui consacrer la “Une” nous Agenda ....................................3 piano classique, puis de Monk, Charlie Parker… semble une évidence tant sa Master Class Rhoda Scott ......4 personnalité et sa musicalité solfège et d’harmonie. Trois instruments ont servi l’instrument que nous Pendant les vacances retiennent son In Eddy ! .................................5 scolaires, il joue et intention : le aimons. Je pense que tout Anniversaire TTH ! .................6 comme Rhoda et Lou, il a été danse dans l’orchestre vibraphone, la trompette un véritable révélateur pour la de son père, dont le et… l’orgue Hammond. Discographie d’Eddy Louiss...9 plupart des organistes français Bulletin d’adhésion.................9 de la nouvelle génération. Nous d’improvisation avec Patrice internationaux de passage à Tee-Shirts TTH........................9 souhaitons de tout notre cœur Galas; les stages “Trio Paris pour venir nous rendre avoir bientôt la joie de pouvoir Mythique” rencontrent un véri- une petite visite et ainsi nous Sorties d’albums ...................10 l’accueillir parmi nous. table succès; le stage “sachez faire part de leur “Histoire” et Petites Annonces ..................10 Notre politique “stages” se dépanner votre Hammond de leur parcours sur “l’Ham- poursuit et se développe. Nous vous-même” va avoir lieu au mond Road”. Compte-rendu des Salons ....11 venons d’organiser la première mois de Mai. Nous comptons Suite en page 3 Stage “Trio Mythique”..........12 Master Class d’harmonie et sur les différents organistes TRIBUTE TO HAMMOND – MARS 98 35 F l’album live “Dynasty”, où la concerts, le circuit des boites, communion musicale entre l’or- me coucher à trois heures du ganiste et le saxophoniste est matin, boire… J’ai donc voulu parfaite. Tantôt Eddy appuie à arrêter pour mener une existen- peine sur les touches du B-3, ce saine. Je suis parti en Côte- tantôt il fait rugir les roues pho- d’Ivoire avec une formation niques. Sans doute l’un des comprenant Jo Maka, Adolf meilleurs albums d’Eddy ! En Winkler, Tony Rabeson et Syl- outre, il enregistre la même vain Marc. Nous avons donné année, en compagnie de René quelques concerts”. Pendant ces Thomas et Kenny Clarke, un années sabbatiques, un album album phare, dans lequel les sera enregistré, “Histoires sans blues mineurs font découvrir Parole”, davantage inspiré par la une émotion intense et une musique des Caraïbes que par le musicalité extraordinaire. Le jazz. D’ailleurs, Eddy profite de début des années 70 est particu- cet album pour jouer de la trom- lièrement fructueux pour Eddy, pette, du piano Fender, des per- puisqu’on le retrouve sur plu- cussions… sieurs autres enregistrements : Début des années 80, Eddy “Wings”, de Michel Colombier, retourne en France, mais loin de en tant que soliste parmi les Paris, et pour jouer SA musique: grandes formations de cuivres et “A notre retour en France, l’or- de cordes ; “Porgy and Bess” de chestre s’est dispersé et nous l’arrangeur Yvan Julien, toujours avons décidé avec Martine, ma en tant que soliste ; une série femme, de nous installer dans le d’enregistrements en tant que Poitou. J’ai beaucoup réfléchi à sideman avec Stéphane Grap- Trio Humair/Louiss/Ponty en 1965, au Jazz-Club le Caméléon. ma trajectoire. J’avais toujours pelli (“Blue Skies”, “Satin posé de morceaux de danses, 1967, c’est la rencontre avec accompagné les autres et je vou- Doll”…) ; ou encore quelques introuvable aujourd’hui. Tou- Jimmy Gourley (guitare) et lais que l’on joue ma musique”. albums de Bernard Lubat. jours cette même année, notre Kenny Clarke (batterie). Cette A partir de cette période, Eddy batteur préféré, Philippe Com- formation fera preuve d’une Ainsi, jusqu’en 1977, les va expérimenter plusieurs for- belle, fait appel à lui pour incroyable musicalité, symboli- concerts et les albums (mais peu mules. En trio tout d’abord, accompagner la chanteuse sée par plusieurs enregistre- sous son nom) se succèdent à comme à ses débuts, avec entre Nicole Croisille. Un grand ments. De la fin des années 60 moment de cette période sera au début des années 70, Eddy un concert au festival de Jazz de deviendra l’organiste incontour- Juan-Lès-Pins, en 1962. En nable des jazz-clubs parisiens, et 1963, il part au service militaire, jouera avec une multitude de où il passe plus de temps à jouer musiciens prestigieux : René du bugle qu’à marcher au pas ! Thomas (guitare), Bernard Dix-huit mois plus tard, il Lubat (batterie), Jonhnny Grif- retourne à la vie civile, et fin (sax ténor), Stéphane Grap- Le 13 Mai au accompagnera un grand nombre pelli (violon), John Surman Petit Journal d’artistes de variété : Nana (sax), Niels Henning Oersted Montparnasse Mouskouri, Claude Nougaro… Pedersen (basse)… D’ailleurs, avec la fanfare Mais le virus du jazz le reprend, avec ces deux derniers artistes, et à partir de 1964, il s’imposera plus Daniel Humair, il enregistre de plus en plus en tant qu’orga- sous son nom, au Japon, en niste à part entière. 1970, l’album “Our Kind Our Sabi”, à la limite du free jazz. 1966 est une autre date impor- Mais surtout, en 1971, alors tant pour le jeune Eddy : Daniel qu’il jouait en compagnie de Humair et Jean-Luc Ponty (vio- René Thomas et Bernard Lubat, lon) lui proposent de former un Stan Getz, de passage à Paris, trio. Ce sera le trio HLP, qui remarque ce trio formidable, et un rythme impressionnant, ce autres Frédéric Sylvestre (guita- n’hésitera pas à triturer et tortu- décide de créé un quartet avec qui commence à lasser Eddy, re) et Paco Sery (batterie). Au rer des standards de jazz ces musiciens. Ils jouent alors qui décide alors de changer de festival de jazz de Paris en 1984, célèbres comme Summertime un peu partout dans le monde, chemin : “Je commençais à en il présentera une formation ou So What. Deux disques live rencontrant un incroyable suc- avoir assez du contexte dans insolite : orgue seul plus six per- seront enregistrés pour l’occa- cès. Ils enregistreront d’ailleurs lequel j’évoluais : la route, les cussionnistes. Il jouera égale- sion au Caméléon. Puis en 2 TRIBUTE TO HAMMOND – MARS 98 leurs que presque jamais de synthétiseurs Higelin, Jane Birkin, Henri Sal- procurent en concert, si ce n’est le Voco- vador…). Mais qu’il soit en peti- les sonorités der, qui lui permet d’accoupler te ou grande formation, qu’il des synthé- le son de sa voix au B-3 (retour soit leader ou sideman, qu’il tiseurs, aux sources du temps des joue du jazz ou n’importe quelle samplers et Double-Six ?). autre musique, que ce soit il y a autres trente ans ou aujourd’hui, le son Mais l’événement majeur de ces boîtes à “Eddy Louiss” reste inimitable, dernières années reste sans nul rythmes. sans cesse en évolution, et pour- doute sa rencontre avec le pia- Toujours en tant reconnaissable entre 1 000! niste Michel Petrucciani.
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