La Société Tunisienne de Médecine Tropicale et de Voyage en collaboration avec La Société Française de Médecine de Voyage La Société Tunisienne de Pathologie Infectieuse Organise Le 1er Congrès International de Médecine Tropicale et de Voyage Les Journées délocalisées de la Société de Médecine de Voyage Tozeur, Hôtel El Mouradi, 11 -13 Octobre 2018 Livres des Résumés Thèmes : - le déploiement des forces en milieu tropical - Pèlerinage à la Mecque et enjeux médicaux - Les arboviroses - Les maladies du péril fécal Actualités : - La rage - La Leishmaniose cutanée - Le paludisme - Morsures et envenimations Ateliers : 1- Pédagogie en médecine de voyage 2- Bonnes pratiques des centres de conseil aux voyageurs 3- Carnet de santé du pèlerin à la Mecque 4- La leishmaniose cutanée zoonotique Contact : La Société Tunisienne de Médecine Tropicale et de Voyage. La maison du médecin, Rue Malaga, El Manar1, Tunis. [email protected] Pr. Maher BEJI, Service de Médecine Interne. Hôpital Militaire de Bizerte. [email protected] Les leishmanioses au cours des deux dernières décennies: Évolution épidémiologique CHEIKHROUHOU Fatma, Laboratoire de Prasitologie Mycologie CHU Habib Bourguiba ,Sfax Tunisie Les leishmanioses sont des maladies parasitaires dues à un protozoaire flagellé du genre Leishmania, transmis de mammifère à mammifère par piqûre d’un diptère vecteur, le phlébotome femelle. Depuis la description de la première espèce de Leishmania par Laveran et Mesnil en 1903, la leishmaniose ne cesse de susciter l’intérêt de la communauté médicale et scientifique, de par sa répartition mondiale, la diversité de ses types, la variété de ses vecteurs et hôtes, ainsi que son polymorphisme clinique. Si la classification classique en leishmaniose de l’ancien monde et du nouveau monde est toujours utilisée, cette répartition « géographique » devrait être revue et ne tarderait pas à faire défaut pour plusieurs raisons réunies en un seul mot: mondialisation. Le bouleversement climatique aurait une conséquence certaine sur la redistribution géographique de toute la chaine de transmission de la leishmaniose (réservoir, vecteur, espèces de leishmania). L’exode humain qu’on suit quotidiennement ferait également basculer ces données épidémiologiques. La fréquence élevée de la co-infection leishmaniose-VIH, apportera sa pierre à l’édifice. Les leishmanioses sont répandues sur tous les continents à l’exception de l’Océanie, sous la forme de foyers plus ou moins étendus. On recense dans le monde environ 2 millions de nouveaux cas humains par an, d’expressions cliniques variées, depuis la leishmaniose cutanée localisée bénigne jusqu’à la leishmaniose viscérale avec dissémination du protozoaire dans tout l’organisme, qui peut, en l’absence de traitement, entraîner la mort. En fait, il faut distinguer 2 formes de leishmaniose viscérale (LV) : - La LV anthroponotique, avec l’homme comme seul réservoir de Leishmania donovani. Elle sévit sous forme d’épidémies au Soudan, en Éthiopie, en Inde, au Népal et au Bangladesh. - La LV zoonotique due à L. infantum (L. chagasi en Amérique latine), avec comme réservoir de parasites le chien, qui peut développer une maladie mortelle. Elle est décrite en Chine, au Pakistan, en Amérique latine et dans le bassin méditerranéen. C’est la forme observée en Tunisie On décrit la LV dans 88 pays et quatre continents : Afrique, Amérique centrale et du Sud, Asie et Europe. Au total, 370 millions de personnes sont exposées au risque de la maladie. Son incidence à l’échelle mondiale est de 500 000 cas par an, dont 90 % sont recensés dans seulement 5 pays : Inde, Népal, Bangladesh, Soudan, Brésil. La leishmaniose se contracte dans tous les pays et les îles de la mer Méditerranée. Dans les 3 pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), elle est observée dans 95 % des cas chez des enfants de moins de 5 ans. Depuis les années 1980, la LV est une infection opportuniste émergente avec plus de 2 000 cas de co-infections VIH-Leishmania ont été rapportés. La leishmaniose viscérale constitue un problème de santé publique en Tunisie. C’est la deuxième maladie vectorielle. Elle est à déclaration obligatoire. Elle se maintient comme une parasitose endémique non contrôlée en Tunisie avec une augmentation de son incidence et une extension de son aire de distribution avec un taux d’incidence de 0.09 en 2015. Cette évolution serait principalement en rapport avec la promotion récente d’activités agricoles favorables à la pullulation des phlébotomes vecteurs et des chiens réservoirs de Leishmania infantum. La leishmaniose cutanée est émergente en Afrique du Nord avec une augmentation importante de l’incidence des cas et une extension de la répartition géographique. L’incidence dépasse les milliers de cas chaque année en Algérie, Libye, Maroc et Tunisie. La maladie constitue un problème majeur de santé publique en Tunisie, avec un impact négatif sur la productivité et un handicap pour le développement, qui altère les conditions socio-economiques et psycho-sanitaires. Le nombre de cas recensés ne cesse d’augmenter avec 1133 cas en 2015 (soit une incidence de 10.31). Trois espèces de Leishmania, associées à des caractéristiques environnementales, épidémiologiques et cliniques distinctes, sont responsables de la maladie, à savoir Leishmania infantum, L. major et L. tropica. Leishmania major est de loin la plus fréquente en Algérie, Libye et Tunisie avec plus de 90 % des cas enregistrés. La connaissance de ces paramètres, grâce à une approche multidisciplinaire et intégrée, est fondamentale pour un contrôle de la maladie, qui reste par ailleurs également confronté aux insuffisances des ressources et des mesures efficaces de lutte. Un programme national de lutte et de prévention contre ce ou la Tunisie reste encore parmi les pays les plus touchés n’a pas encore vu le jour. Les arboviroses dans le centre tunisien fléau Dr Wissem HACHFI Introduction : Virus West Nile (WNv) et virus Toscana (TOSv) constituent des étiologies classiques de méningite aigue à liquide clair en Tunisie. Le rôle des autres arbovirus dans ces infections neuro- invasives est néanmoins peu connue. Objectif : déterminer l’implication des arbovirus neuroinvasifs :WNv, virus Usutu (USUv), virus de l'encéphalite à tiques (TBEv), TOSv, virus de la fièvre à phlébotomes de Sicile (SFSv), virus de la fièvre à phlébotomes de Naples (SFNv), virus de la fièvre à phlébotomes de Cyprus (SFCv), virus de la fièvre de la vallée du Rift (RVFv) et virus de la fièvre hémorragique de la Crimée-Congo (CCHFv) dans la survenue de méningite à liquide clair chez des adultes, au Centre-Est de la Tunisie. Méthodes : Il s’agissait d’une étude prospective, multicentrique réalisée durant une période allant du premier juillet au 30 octobre 2017. Les patients âgés de plus que 15 ans et présentant une méningite à liquide clair ont été inclus dans l’étude. Pour les flavivirus, La recherche des Ig M et Ig G dans le sang a été faite par technique ELISA. Pour les phlébovirus et neirovirus, La sérologie Ig M et Ig G a été réalisée par IF et la PCR pour les différents virus a été réalisée dans le Liquide cérébro-spinal (LCS). Résultats : Trente et un patients ont été inclus. L’âge médian était de 33 ans (16-62) avec un sexe ratio= 0,8. Il s’agissait de 11 cas de méningoencéphalites et 20 cas de méningites. L’analyse du LCS avait montré une pléiocytose médiane de 84 éléments/mm3 (5-1480) à prédominance lymphocytaire dans 68% des cas avec une normoglycorachie dans 87% des cas et une hyperalbuminorachie chez 79 % des cas. Les Ig M anti WNv ont été retrouvées chez 4 patients qui présentaient une méningite aigue. Deux patients avaient des Ig G anti USUv positives. Deux patients ont présenté des taux limites pour les Ig M et/ou Ig G anti TBEv. Les IgM anti SFv associées ou non aux Ig G anti SFv, étaient retrouvées chez 4 patients : TOSv (n=1), TOSv+SFNv (n=2), SFSv+SFCv (n=1). Une présence isolée des Ig G anti TOSv était retrouvée chez 6 patients (19%). Les anticorps anti RVFv et anti CCHFv n’ont pas été détectés dans cette étude. La PCR sur LCS pour les différents arbovirus était négative dans tous les cas. Conclusion : Les résultats de notre étude confirment la circulation de différents arbovirus en Tunisie. Ils sont très probablement impliqués dans des infections neuro-méningées. D’où l’intérêt de la lutte contre les vecteurs de ces virus et d’une surveillance épidémiologique rigoureuse. Le virus du Nil Occidental ou virus West Nile (VWN) Pr Naila Hannachi L’infection par le virus du Nil Occidental ou virus West Nile (VWN) est l’une des arboviroses les plus rependues dans le monde et de larges épidémies ont été notifiées dans plusieurs pays notamment à partir de la moitié du 20ième siècle. Comme toute arbovirose, les épidémies sont déclenchées dans les régions où coexistent le réservoir et le vecteur et lorsque les conditions écologiques, biotiques ou abiotiques sont favorables. Ces épidémies peuvent être inquiétantes, car si l’infection est le plus souvent asymptomatique, des atteintes neuroméningées potentiellement fatales peuvent se produire. En Tunisie trois épidémies ont eu lieu en 1997, 2003 et 2012 et une nouvelle épidémie en 2018 parait survenir. Le VWN est apparu ainsi représenter un problème de santé publique en Tunisie et un système national de surveillance de l’infection a été instauré. Par ailleurs, des travaux ont participé à la meilleure connaissance de l’épidémiologie de l’infection, plusieurs aspects ont ainsi été explorés tels que la prévalence de l’infection, la phylogénie virale, la présence du VWN chez le réservoir aviaire ou chez le vecteur ornithophile, les facteurs écologiques favorisants l’infection… En l’absence de traitement spécifique et de vaccin humain efficaces, la lutte contre l’infection repose sur une bonne compréhension des aspects épidémiologiques et écologiques pour une meilleure lutte anti- vectorielle, ainsi que sur un système sensible de dépistage et de diagnostic de l’infection.
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