Un Siècle De Films Ethnologiques Et De Transmission Du Patrimoine Immatériel a Century of Ethnological Films and the Transmission of Immaterial Heritage Jean Simard

Un Siècle De Films Ethnologiques Et De Transmission Du Patrimoine Immatériel a Century of Ethnological Films and the Transmission of Immaterial Heritage Jean Simard

Document généré le 25 sept. 2021 04:31 Rabaska Revue d'ethnologie de l'Amérique française Un siècle de films ethnologiques et de transmission du patrimoine immatériel A century of ethnological films and the transmission of immaterial heritage Jean Simard Volume 5, 2007 Résumé de l'article En 2003, la Société québécoise d’ethnologie, conformément à son objectif de URI : https://id.erudit.org/iderudit/019027ar sensibiliser les citoyens à la valeur culturelle, sociale et scientifique du DOI : https://doi.org/10.7202/019027ar patrimoine ethnologique, met sur pied un programme de ciné-rencontres qu’elle destine à ses membres et au grand public. La formule reprend celle du Aller au sommaire du numéro ciné-club qui avait tant apporté à la jeunesse étudiante des collèges classiques dans les années 1950 et 1960 : un animateur s’associe un invité – soit un réalisateur, soit un expert du sujet – et engage la discussion avec l’assistance Éditeur(s) autour de questions suscitées par le film, ou les films. De janvier 2003 à avril 2006, la Société a présenté trente-sept films dans les amphithéâtres du Musée Société québécoise d’ethnologie de la civilisation de Québec. Ces films ont été tournés au Québec de 1902 à 2003 inclusivement et touchent toutes les périodes qui ont vu naître et grandir les ISSN principaux mouvements du cinéma documentaire. Ils traitent plus spécialement de patrimoine ethnologique, et plus particulièrement encore de 1703-7433 (imprimé) patrimoine immatériel. Le film a en effet cette capacité formidable de réunir le 1916-7350 (numérique) geste et la parole des « porteurs de traditions », de les retenir ensuite puis de les redéployer pour les transmettre aux générations qui suivent. Telle est la Découvrir la revue finalité de ces ciné-rencontres qui visent à instruire le public sur les origines de ses comportements individuels et collectifs en même temps que sur les ruptures qui se sont faites au cours du temps. Le développement de cette note Citer cet article de terrain dispose en ordre chronologique les films présentés par thème dans les ciné-rencontres en les situant d’abord dans leur contexte de production Simard, J. (2007). Un siècle de films ethnologiques et de transmission du puis en les commentant eu égard à la place qu’ils tiennent dans l’univers du patrimoine immatériel. Rabaska, 5, 71–85. https://doi.org/10.7202/019027ar patrimoine ethnologique. Tous droits réservés © Société québécoise d’ethnologie, 2007 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Un siècle de films ethnologiques et de transmission TERRAINS Un siècle de films ethnologiques et de transmission du patrimoine immatériel JEAN SIMARD Société québécoise d’ethnologie Le 27 juin 1896, six mois après Paris mais deux jours avant New York, Montréal projette les premiers films au Canada. L’événement a lieu au café- concert Palace, boulevard Saint-Laurent. Les Français Louis Minier et Louis Pupier y présentent le Cinématographe des frères Lumière qui propose un programme de courts sujets anecdotiques montrant L’Arrivée d’un train à Lyon-Perrache, Une charge de cuirassiers, Une charge de cavalerie, Une partie d’écarté entre M. Lumière et ses amis, La Mimique de deux prêtres, La Démolition d’un mur, Un exercice de voltige. Des présentations du même programme ont ensuite lieu à travers le Québec : dans la capitale en septembre, à Trois-Rivières en novembre, à Sherbrooke en décembre, à Saint-Jean-sur- Richelieu en mars de l’année suivante1. Les premières images cinémato- graphiques montrant le Québec ne tardent pas à apparaître. À l’été 1898, Gabriel Veyre, opérateur de prises de vues chez Lumière, tourne Danse indienne, « le seul film tourné en sol québécois au XIXe siècle qui ait traversé le temps2 ». Il est aussi le premier film ethnographique et porte sur la communauté amérindienne de Kahnawake, sujet exotique à souhait que les Parisiens de ce temps ont certainement goûté à sa juste valeur. Le documentaire à caractère ethnologique est donc aux origines du cinéma québécois et ce sont des étrangers qui sont les auteurs et les producteurs de notre premier cinéma : des Français et surtout des Américains regroupés dans les firmes Lumière et Edison. Des Québécois prendront ensuite la relève mais ils ne feront pas encore de documentaires. Le plus connu est sans contredit Léo-Ernest Ouimet qui produit en 1906 des actualités pour son Ouimetoscope, la première salle de cinéma au Québec et au Canada. Elle était située sur la rue Sainte-Catherine à Montréal. À travers ses actualités qui montrent notamment un discours de Wilfrid Laurier à Laprairie, des courses d’automobiles au parc Delorimier à Montréal ou l’incendie de Trois- 1. Yves Lever et Pierre Pageau, Chronologie du cinéma au Québec, 1894-2004, Montréal, Les 400 coups, 2006, p. 14-15. 2. Marcel Jean, Le Cinéma québécois. Nouvelle édition, Montréal, Boréal, 2005, p.15. volume 5 2007 71 4 TERRAIN 71 a 85 Sept 07 71 9/5/07, 9:22 PM TERRAINS Jean Simard Rivières, figure Mes espérances, un film de Ouimet sur ses enfants, tourné en 1908, comme les précédents. La présente note veut rendre compte certes de l’ancienneté du regard ethnologique de la caméra sur le Québec, mais aussi de la diversité des points de vue qu’elle a développée au long des cent ans d’histoire du Septième art. Ces points de vue peuvent être rassemblés en quatre mouvements qui découpent le siècle en autant de périodes. Tout d’abord celui des pionniers qui sont des étrangers. Ces protagonistes occupent presque seuls le champ jusqu’en 1925, quand les Québécois, devenus majoritairement des urbains, décident de scruter un passé qui semble désormais leur échapper. Le nouveau mouvement qui prend forme est animé par des prêtres-cinéastes qui veulent faire du documentaire un moyen de « propagande religieuse et nationale ». Il s’échelonne en gros de 1925 à 1955. Puis vient l’époque du cinéma direct qui fleurit au sein de la section française de l’Office national du film du Canada (ONF), quand l’organisme fondé en 1939 déménage en 1956 ses pénates d’Ottawa à Montréal. Cette vague expérimentale connaît son apogée à la fin des années 1960, mais son influence porte jusqu’au milieu des années 1980. Dans la dernière période, à partir de 1975, le documentaire ethnologique se cantonne de plus en plus dans ce qui fait sa spécificité, c’est-à-dire le culturel et le patrimoine. En 2003, la Société québécoise d’ethnologie (SQE), conformément à son objectif de sensibiliser les citoyens à la valeur culturelle, sociale et scientifique du patrimoine ethnologique, met sur pied un programme de ciné-rencontres qu’elle destine à ses membres et au grand public. La formule reprend celle du ciné-club qui avait tant apporté à la jeunesse étudiante des collèges classiques dans les années 1950 et 1960 : un animateur s’associe un invité – soit un réalisateur, soit un expert du sujet – et engage la discussion avec l’assistance autour de questions suscitées par le film, ou les films. De janvier 2003 à avril 2006 la Société a présenté trente-sept films dans les amphithéâtres du Musée de la civilisation de Québec3. Ces films ont été tournés au Québec de 1902 à 2003 inclusivement et touchent toutes les périodes qui ont vu naître et grandir les principaux mouvements du cinéma documentaire d’ici. Ils traitent plus spécialement de patrimoine ethnologique, et plus particulièrement encore de patrimoine immatériel. Tel que je l’ai déjà souligné ailleurs pour le religieux4, le film a cette capacité formidable de réunir le geste et la parole des « porteurs de traditions », de les retenir ensuite puis de les redéployer 3. À l’automne 2006 et à l’hiver 2007, elle a fait relâche pour laisser toute la place à la programmation filmique qui accompagnait l’exposition L’Aventure cinéma présentée par le Musée. 4. Le Québec pour terrain. Itinéraire d’un missionnaire du patrimoine religieux, Québec, Les Presses de l’Université Laval, « Les Archives de folklore » 28, 2004, p. 172. 72 RABASKA 4 TERRAIN 71 a 85 Sept 07 72 9/5/07, 9:22 PM Un siècle de films ethnologiques et de transmission TERRAINS pour les transmettre aux générations qui suivent. Telle est la finalité de ces ciné-rencontres qui visent à nous instruire sur les origines de nos comportements individuels et collectifs en même temps que sur les ruptures qui se sont faites au cours du temps. Le développement qui suit dispose en ordre chronologique les films présentés par thème dans les ciné-rencontres en les situant d’abord dans leur contexte de production puis en les commentant eu égard à la place qu’ils tiennent dans l’univers du patrimoine ethnologique. Le regard étranger D’après le Groupe de recherche sur l’avènement et la formation des institutions cinématographiques et scéniques (GRAFICS) de l’Université de Montréal, plus de 300 films furent tournés au Québec avant 1908. La plupart de leurs producteurs étaient des étrangers : des Français, des Britanniques mais surtout des Américains. Parmi eux, le célèbre inventeur et homme d’affaires Thomas Edison était certainement le plus occupé. La Edison Manufacturing Company aurait tourné 80 films au Canada pendant la première décennie (1894-1913) de notre jeune histoire du cinéma.

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