A la une / Actualité La ministre de la Culture, Khalida Toumi, à Liberté “Le Panaf sera le festival du peuple algérien” Si l’on ne s’attarde pas sur la beauté des boucles d’oreilles de Khalida Toumi, on pourra constater que la ministre de la Culture est en train de réussir le pari colossal de faire d’Alger la capitale culturelle de l’Afrique pour deux semaines. Pour les lecteurs de Liberté, Mme Khalida Toumi revient, à quelques jours du lancement du Panaf, sur les préparatifs, le programme, les invités de ce festival, mais surtout sur le sens et la dimension de ce festival qui nous fera renouer avec la culture et notre profondeur africaine, 40 ans après le premier festival africain. Malgré des critiques, souvent injustes, au regard du travail accompli, la ministre de la Culture nous explique les enjeux de cet événement avec franchise, sans détour ni langue de bois et un verbe acéré et provocateur. Du Khalida Toumi pur jus. Liberté : Madame Toumi, nous sommes à deux semaines de l’ouverture du IIe Festival culturel panafricain. Le pays sera-t-il prêt ? Mme K. Toumi : Oui. Nous sommes prêts à recevoir le plus grand festival culturel de notre continent. Toutes les équipes sont sur le pont, mobilisées et attentives aux derniers réglages dans les moindres détails pour être à la hauteur des attentes de l’Union africaine. Pourquoi l’Union africaine ? Après toutes les crises qui ont meurtri l’Afrique, l’Union africaine a décidé de dire au monde que le continent est vivant, qu’il est là, présent et prêt à relever les défis d’un monde incertain et de plus en plus complexe. Quarante années après le succès du premier festival panafricain, qui était placé sous le signe de la libération, l’organisation continentale a placé ce Panaf sous le signe de la renaissance. Et pour ce faire, elle a choisi sa plus belle carte de visite, c'est-à-dire sa culture. Personnellement, je vis ce choix comme une immense fierté parce qu’il témoigne de la confiance que l’Union africaine place en notre président de la République, en l’État et en le peuple algérien. Le défi était immense, nous l’avons relevé. En découvrant que tous les arts, et pas seulement la musique, seront présents à Alger à un très haut niveau d’excellence, un diplomate en poste à Alger m’a dit que nous étions partis pour faire le Woodstock des Woodstock. Le 20 juillet 2009 au soir, le monde saura qu’Africa is back et qu’Algeria is back (l’Afrique est de retour, l’Algérie est de retour). 80 millions d’euros n’est-il pas cher payé alors que le monde entier cherche à faire des économies pour affronter la crise économique ? Il faut rapporter les choses à leur juste proportion. Le budget du Panaf 2009 correspond à la moitié du budget d’une grosse production cinématographique américaine, comme le dernier Batman. Maintenant, à ceux que le budget du Panaf fait fantasmer, j’aimerais répondre en amie : “Vous pensez que la culture est chère ? Essayez donc l’ignorance !” Le monde sait, mais plus particulièrement les Algériens, que l’ignorance conduit à la barbarie dont les conséquences coûtent beaucoup plus cher. C'est-à-dire ? Le FIS à la tête des APC avait exactement les mêmes arguments que vous lorsqu’il a décidé de fermer les conservatoires, les salles de danse, de cinéma et d’interdire les concerts de musique, en prétendant que le peuple avait besoin de travail, de logement et de pain. Résultat, le peuple n’a eu ni travail, ni logement, ni pain. En revanche, il a eu droit aux assassinats et aux destructions que vous connaissez. Tout de même, vous n’allez pas prétendre que la culture est aussi prioritaire que le logement ? Ce que vous dites est effrayant. Pensez-vous que le 1er Novembre 1954, nos aînés se sont levés pour des logements et du pain ? Non, monsieur. Si c’était le cas, nous serions encore les indigènes de la France coloniale. Les logements et le pain s’achètent. Pas l’identité, la culture et la dignité d’un peuple. La culture, ce n’est pas la cerise sur le gâteau lorsqu’on a fini le repas. La culture est aussi importante que l’air que nous respirons. Dans la vie, il faut savoir ce que l’on veut. Dans les années 1980, après le contre-choc pétrolier, le gouvernement d’alors a commencé par sabrer les budgets alloués à la culture présentée comme un luxe. Le résultat, on le connaît : des années de larmes et de sang. La culture, c’est ce qui permet à l’être humain de s’élever au-dessus de sa condition d’animal pour devenir un homme capable de penser, de s’interroger et de se projeter. Ainsi, en ces temps de crise économique, c’est tout à l’honneur du président Bouteflika de continuer d’exiger tous les jours que ce deuxième festival panafricain soit à la hauteur des ambitions de notre continent. Pourtant, cela ne se passe pas comme cela à l’étranger… Je vous donne une information que vous pouvez vérifier. Un dossier y a été consacré dans un quotidien français. Depuis le début de la crise financière qui touche le monde entier, le seul secteur qui n’a pas connu de récession, mieux, qui a connu une croissance, c’est la culture, notamment le livre et le cinéma. Le dossier dont je vous parle précise que les gens dans les pays développés se réfugient dans la culture quand ça va mal économiquement. Dans quel esprit avez-vous conçu le Panaf 2009 ? Comme je vous l’ai dit, c’est le festival de l’Union africaine, c’est une œuvre collective. Dès 2006, c’est donc avec nos partenaires que nous avons conçu les grandes lignes du programme qui ont été approuvées à Alger en octobre 2008. Sur ce point, je dois remercier tous les États africains qui ont pris le message de la renaissance au pied de la lettre car les délégations que nous nous apprêtons à recevoir sont de première importance. Qu’il s’agisse de musique, de danse, de théâtre ou d’exposition, par exemple, nos compatriotes vont vraiment découvrir ce qui se fait de mieux sur notre continent en matière culturelle. Pour les Algériens, comment cela va-t-il se dérouler ? Un des points importants est que le Panaf 2009 n’est pas une opération commerciale. Le président de la République a, dès le départ, insisté sur ce point : tout doit être gratuit. Puisqu’il se déroule à Alger, le Panaf sera le festival du peuple algérien. En effet, il y a une minorité qui a les moyens de se payer des billets d’avion pour aller apprécier les grandes stars en Europe et ailleurs. Il y a encore ceux qui ont les moyens de payer très cher, dans nos grands hôtels algérois, des concerts de stars africaines ou algériennes. Vous me voyez très heureuse de la décision du président de la République de permettre au peuple algérien d’avoir accès aux plus belles prestations sans payer ni billets d’avion ni tickets à un prix exorbitant dans un hôtel cinq étoiles. C’est la culture pour tous ? Absolument. En me nommant ministre de la Culture, Abdelaziz Bouteflika m’a confié une feuille de route : mettre la culture à la portée du plus grand nombre. C’est révolutionnaire. Comme en Novembre 1954 où le chahid Larbi Ben M’hidi disait qu’il fallait jeter la révolution dans la rue pour que le peuple s’en empare, le président de la République a décidé de jeter la culture dans la rue pour que le peuple s’en empare. Je suis fière et heureuse de participer à cette ambition. À quel type de festivités doit-on s’attendre ? Enfin, on parle du Panaf. Vous avez vu l’affiche ? L’Afrique est un feu d’artifice. Et bien, c’est cela le programme. Tous les domaines de la culture seront en ébullition. Le livre, le cinéma, le théâtre, la danse et la chorégraphie, les arts visuels (peinture, sculpture, design, photographie d’art, art vestimentaire), le patrimoine, l’artisanat d’art, la musique, les colloques et les conférences. Sans oublier la grande parade d’ouverture le 4 juillet, le spectacle d’ouverture officielle les 5 et 6 juillet à la coupole Mohamed-Boudiaf et le spectacle de clôture le 20 juillet à la salle Atlas de Bab El-Oued. À quel type de festivités doit-on s’attendre ? Enfin, on parle du Panaf. Vous avez vu l’affiche ? L’Afrique est un feu d’artifice. Et bien, c’est cela le programme. Tous les domaines de la culture seront en ébullition. Le livre, le cinéma, le théâtre, la danse et la chorégraphie, les arts visuels (peinture, sculpture, design, photographie d’art, art vestimentaire), le patrimoine, l’artisanat d’art, la musique, les colloques et les conférences. Sans oublier la grande parade d’ouverture le 4 juillet, le spectacle d’ouverture officielle les 5 et 6 juillet à la coupole Mohamed-Boudiaf et le spectacle de clôture le 20 juillet à la salle Atlas de Bab El-Oued. Précisément, cela veut dire quoi ? Cela veut dire plus de 500 spectacles de musique et de danse avec plus de 2 300 chanteurs et musiciens et plus de 2 800 danseurs répartis sur une trentaine de scènes à Alger, d’est en ouest, sans oublier les wilayas de Boumerdès, Blida et Tipasa. Ce sont 41 pièces de théâtre mobilisant plus de 450 participants qui se joueront au Théâtre national et à la salle El-Mouggar.
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