HENRI HUET Photographe de la guerre du Vietnam Henri Huet © AP Le 10 février 1971, le photographe français Henri Huet, qui travaillait pour l'agence américaine Associated Press depuis 6 ans (AP), disparaît : son hélicoptère est abattu par des tirs du Vietcong au-dessus du Laos. Les Vietcongs sont ravitaillés par la fameuse piste Ho Chi Minh qui, côté Laos, longe la frontière. En 1971, les américains décident d’envahir le Laos en envoyant les troupes sud-vietnamiennes. En même temps qu'Henri Huet, trois autres photographes ont péri dans l'attaque de son hélicoptère : le Japonais Keisaburo Shimamoto (Newsweek), l'Américain Kent Potter (United Press International), et le Britannique Larry Burrows, star du magazine Life. Dans le domaine du photojournalisme, les photos en noir et blanc d’Henri Huet de la guerre du Vietnam sont une référence pour les photographes d’aujourd’hui. A leur époque, elles ont changé la façon dont l’Amérique voyait la guerre. Elles eurent plus d’impact que les millions de mots qui emplissaient les journaux. Henri Huet était très à l’aise avec les soldats dans la jungle et dans la boue des marais "comme on va au bureau, au moins cinq jours par semaine, et cela chaque semaine", selon les mots de son collègue et ami Horst Faast. Il partageait leur détresse, jour et nuit. Les officiers demandaient souvent qu’on leur envoyât Henri car ils aimaient discuter avec lui. La compassion faisait partie de ses qualités et il savait la traduire en photographie. http://www.lintermede.com/exposition-henri-huet-guerre-du-vietnam-mep-maison-europeenne-de-la- photographie.php https://www.mep-fr.org/event/henri-huet/ Avant, pendant la seconde guerre mondiale, la photographie de la guerre était surtout le fait de militaires. A l'exception notable de Robert Capa, on avait surtout affaire à des soldats-photographes. Avec le Vietnam, la guerre est couverte par des photographes civils. Et ils disent la même chose : aucune guerre n'a marqué leur vie et leur carrière comme celle du Vietnam. D'abord parce que ce conflit a été, pour les photographes, le plus meurtrier de tous. Un livre, Requiem (éd. Marval, 1998), a fait le compte : 135 reporters tués, des deux côtés. Henri Huet a lui-même photographié les derniers instants d'une consœur : sur une image poignante de 1965, Dickey Chapelle, mortellement touchée, est recroquevillée sur le sol, tandis qu'un aumônier militaire lui donne l'extrême-onction. Ces morts ne sont pas le fruit du hasard. "Les pertes chez les photographes reflètent la situation sur le terrain, explique Richard Pyle, qui fut le chef de bureau de l’AP à Saigon de 1970 à 1973. Nous avions une liberté totale d'accès. Le Vietnam a été la première et la seule guerre américaine sans censure." Sur le terrain, les photographes vont où ils veulent ; ils sont même prioritaires. Les photographes partagent le quotidien des soldats, qui ont souvent le même âge qu'eux ; ils subissent les assauts de l'ennemi et courent les mêmes risques. Mais les photographes n’ont pas d’armes. Les images du Vietnam reflètent cette proximité extrême du photographe avec son sujet. Les photos d'Henri Huet sont sans fard : elles montrent des soldats en difficulté, des blessés graves qui n'en ont plus pour longtemps, des cadavres qui attendent d'être rapatriés dans des sacs. Après le Vietnam, tout a changé. Les Américains se sont rendu compte de l'impact des images. Et lors des guerres suivantes, l'accès de la presse a été totalement contrôlé … Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=NM4tlVkYYek «Henri était partout » racontera Bob Poos, son ami et journaliste d’AP. Fin janvier 1966, l’opération Masher, la bataille d’An Thi, va donner l’occasion à Henri Huet de faire l’une de ses plus célèbres photos qui sera en Une du prestigieux magazine Life. Mais à quel prix ! La dépêche d’Associated Press précise « Pendant 24 heures, Henri Huet et Bob Poos ont vécu sous des déluges de feu dans les rizières ». Tant est si bien, que saignant des oreilles et du nez à cause des déflagrationsm, Henri Huet dira à son compagnon : « Bob, je ne crois pas que nous allons nous en sortir. » Outre la Une de Life, Henri Huet recevra la Robert Capa Gold Medal en avril 1967. Il est le premier français honoré par cette prestigieuse distinction convoitée par tous les photojournalistes. © Henri Huet / Associated Press Malgré le bandage qui l’empêchait de bien voir, le soldat de 1ère classe Thomas Cole, un jeune médecin de la First Cavalry Division, soigne un de ses compagnons plus mal en point, le staff Sergent Harrisson Pell. .
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