SORTIE NATIONALE 20 NOVEMBRE 2012 Contact Presse: Marc Chonier - [email protected] - 06 63 87 52 86 Edito Qui sait où commence et où finit le jazz? (Duke Ellington) Le jazz n’existe pas. Il n’y a que des preuves de jazz. Voici notre point de départ. Plutôt que de chercher une hypothétique essence du jazz, fixant des conditions (à rem- plir) et des limites (à ne pas dépasser), dessinant les frontières de ce qui est et n’est pas jazz, nous le cherchons là où il respire, là où il s’invente et se renouvelle, là où il se met en scène : dans les festivals. Uzeste, Banlieues Bleues, La Villlette, Paris Jazz Festival, Europa Jazz Festival, Cosmo Jazz, Sons d’Hiver, Martinique Jazz Festival, Porquerolles, ... la liste est ouverte. Chacun de ces festivals est comme un pays sur la planète jazz, construit son identité en creusant sa différence d’avec les autres festivals. Pris ensemble, ils dessinent un système ouvert où s’expriment en acte tous les sens du mot «jazz», toute l’actualité de son histoire diversi- fiée et plurilinéaire. Pour saisir ce qu’est le jazz aujourd’hui, il faut donc aller dans tout ces festivals ! Le coffret que vous tenez entre les mains est le résultat de deux années de voyages dans ces territoires du jazz, explorés caméra au poing par un collectif de réalisateurs : Frank Cassenti, Josselin Carré, Jacques Goldstein, Mélanie Golin, Jeremiah, David Unger, Audrey Lasbleiz,, Giuseppe de Vecchi... 9 visions différentes et un point commun : un regard à l’écoute. 10 films dans un itinéraire de 10 festivals - comme autant de portes d’entrées sur la pla- nète jazz - de Paris à Uzeste en passant par Chamonix, le Mans, Porquerolles ou Fort de France, 10 histoires de jazz avec plus de 220 musiciens, de 15 nationalités différentes. Cet ensemble compose le panorama le plus vivant de ce que jazz veut dire aujourd’hui. à suivre... Samuel Thiebaut 2 SOMMAIRE 4-6 Note d’intention du producteur 7-10 MUSIC IS MY WAY - JAZZ A PORQUEROLLES réalisation : Frank Cassenti - 63mn 11-13 LIBEREZ LES ARTISTES - UZESTE MUSICAL Réalisation : Audrey Lasbleiz - 60mn 14-15 SUITE POUR TINA - EUROPA JAZZ FESTIVAL réalisation : Giuseppe de Vecchi - 60mn 16-18 LES ELLES DU JAZZ - PARIS JAZZ FESTIVAL réalisation : Mélanie Golin et Frank Cassenti - 60mn 19-22 ABRAHAM INC - JAZZ A LA VILLETTE réalisation : David Unger - 60mn 23-24 STEVE COLEMAN - LINGUA FRANCA - SONS D’HIVER réalisation : Jacques Goldstein - 60mn 25-28 HIGH HEIGHTS JAZZ - COSMO JAZZ réalisation : Jeremiah - 52mn 29-31 SOUNDS FROM SLUMBERLAND - GRENOBLE JAZZ FESTIVAL réalisation : Josselin Carré - 60mn 32-34 MIZIK ANTILLES - MARTINIQUE JAZZ FESTIVAL réalisation : Frank Cassenti - 61mn 25-38 MELVIN VAN PEEBLES’ SWEETBACK «THE HOOD OPERA» - SONS D’HIVER réalisation : Samuel Thiebuat - 56mn 3 note d’intention du producteur par Samuel Thiebaut «Si vous me demandez ce qu’est le jazz, vous ne le saurez Cocteau sur l’amour, nous dirons donc : Il n’y a pas de jamais.» Louis Armstrong jazz, il n’y a que des preuves de jazz : le jazz est né à la On peut ranger le terme jazz dans le top five des mots Nouvelle-Orléans en 1902 avec Jelly Roll Morton, dans les valises, après Liberté et Amour. Le genre de mot dont années 10 avec King Oliver, Louis Armstrong, Sydney Bechet l’effet rhétorique impressionnant se mesure à l’imprécision (et j’en passe), il est né dans les années 20 à New York avec de sa définition. Earl Hines, Fats Waller, Duke Ellington, Coleman Hawkins…. Si le champ sémantique des politiciens ne peut se passer et plus tard avec Billie Holiday, Art Tatum, Ella Fitzgerald (et de « liberté » pour convaincre, celui du commerce fait depuis, il ne cesse d’y renaître). Le jazz est né dans les années aujourd’hui excellent usage du « jazz ». Il sent bon depuis 30 à Kansas City avec Count Basie, Lester Young…, sur la côte Yves Saint Laurent, roule vite avec Honda, donne l’heure Ouest avec Lionel Hampton et Don Byas. Il revient naître dans exacte chez Hamilton… les années 40 dans le Nord Est des Etats-Unis avec Thelonious Comment cette musique, née dans les bordels de la Monk, Charlie Parker, Dizzie Gillespie, Miles Davis (avec qui il nouvelle Orléans dans des conditions douteuses, est naîtra à plusieurs reprises), Bud Powell…dans les années 50 devenue un siècle plus tard, avec succès, symbole de avec Lee Konitz, Art Blakey, Sonny Rollins, Max Roach, Charles parfum, d’automobile Mingus, Cannonball Adderley, ou de montre ? Nous Il n’y a pas de jazz, il n’y a Mal Waldron, Sun Râ… Le jazz n’entrerons pas dans est né de Los Angeles à New- une étude sémiotique York en passant par la Suède du mot Jazz. Nous que des preuves de jazz ! dans les années 60 avec John constaterons juste une chose : si le mot « jazz » a pris Coltrane, Ornette Coleman, Archie Shepp, Cecil Taylor, Albert une telle indépendance par rapport à son histoire, Ayler, Eric Dolphy… c’est qu’il ne correspond, finalement, à aucune Il ne cesse de naître depuis, en Russie, en Grande Bretagne, de chose. la Pologne à l’Afrique du Sud, de l’Italie à la Finlande en passant Voilà. par la France. Tout les travaux érudits dont l’objectif était de définir l’ Cette énumération très synthétique n’a d’autre mobile que dire « essence » du jazz, fixant des conditions (à remplir) et quelques-uns des hommes et des femmes sans lesquels le jazz des limites (à ne pas dépasser), dessinant les frontières ne serait qu’une abstraction ; et de laisser tomber d’elles mêmes de ce qui est et n’est pas jazz n’ont abouti qu’à le déclarer les définitions pour ouvrir un champ, un monde, une « planète en péril ou dépassé : il est mort en 1917 avec le premier jazz » à la taille de ce phénomène. Bref, de rendre à cette musique enregistrement, dans les années 40 avec l’apparition du sa variabilité, sa liberté d’être. Be-bop, dans les années 60 avec le free. Bref, il n’en finit pas de mourir. Son histoire est celle de ses disparitions et Aujourd’hui où en sommes nous ? Le jazz est-il encore en vie ? renaissances successives. Où vit-il, où s’invente-t-il aujourd’hui ? Dans ces conditions, la sagesse commerciale n’a même Quelques chiffres : pour le seul territoire français, pas eu à demander aux gardiens du temple d’user de ce on dénombre pas moins de 5000 musiciens de jazz mot pour dire autre chose. Les querelles de critiques leur professionnels (population en constante évolution), et ayant préalablement facilité la tâche. plusieurs centaines de festivals dont le jazz est le foyer «Est-ce que le jazz tel que nous le connaissons est mort?... actif (520, en 2009). Pour mémoire, on en comptait cinq en Tout dépend de ce que vous connaissez, heh, heh, heh...» 1975 (on peut les nommer : Antibes ; Nice, Nancy, Châteauvallon Lester Bowie et Paris) et une petite centaine en 1985. Cette prolifération Pour reprendre et transposer la fameuse phrase de exceptionnelle tient, véritablement, du phénomène. 4 A quoi servent les festivals? Le jazz a-t-il besoin de festivals pour vivre? Un voyage sur la planète jazz. Ou comment on renouvelle l’approche audiovisuelle du jazz. Aujourd’hui, le jazz respire, s’invente et se renouvelle Résumons : dans les festivals. De simples lieux de diffusion, la - Le Jazz, pour paraphraser Francis Marmande, est plupart des festivals de jazz sont devenus les lieux simplement et exactement le contraire de ce qu’il n’est pas. essentiels de production du nouveau. Il échappe de ce fait à la télévision, en deux mots, le jazz Tempérons : pas n’importe quel festival. Nous mettons ici est «hors case». de côté les festivals d’« office de tourisme », affichant une - Il n’y a que des preuves de jazz : des festivals et des programmation similaire aux quatre coins du territoire, et hommes. servant principalement des problématiques touristiques. - Véritables « définitions vivantes» du jazz, les festivals Ces festivals touristiques mis de côté, apparaissent alors construisent leur identité en cultivant leurs différences. quelques dizaines de festivals que nous qualifierons d’« Dans cette logique, chaque festival explore et invente un innovants », fonctionnant comme des «définitions (ou des) espaces originaux, dans le champ laissé libre par vivantes» du jazz et occupant des positions uniques les autres festivals. dans le champ concurrentiel des festivals de jazz, et jouant un rôle structurant sur le devenir de cette Pour saisir ce qu’est le jazz aujourd’hui, il faut embrasser musique : on n’entend nulle part ailleurs ce qu’on entend à l’ensemble de ses différences, explorer ses territoires. En Sons d’Hiver, Banlieues Bleues, l’Europa Jazz Festival, Jazzdor ce sens, le projet JazzLive s’apparente à un voyage ou Porquerolles... Chacun de ces festivals «innovants» sur la planète jazz : il s’agit de tracer un itinéraire construit son identité en creusant sa différence d’avec les dans un ensemble de festivals innovants, itinéraire autres festivals, condition nécessaire pour créer de l’unique qui «composera» leurs différences dans un même dans un paysage saturé. ensemble pour offrir de cette musique le panorama Pris ensemble, ces festivals dessinent un système le plus vivant et le plus complet. ouvert où s’expriment en acte tous les sens du mot L’itinéraire de Jazzlive est fait de créations, de «jazz», toute l’actualité de son histoire diversifiée concerts exclusifs, de rencontres hors normes... bref, et plurilinéaire : Black is Beautiful en Val de Marne (Sons de ces concerts emblématiques qui font la différence et la d’Hiver), l’aventure des avant-gardes européennes au Mans fierté des festivals qui les produisent.