Un Plaisant Déjà Vu / Dark Shadows De Tim Burton, États-Unis, 2012, 113 Min]

Un Plaisant Déjà Vu / Dark Shadows De Tim Burton, États-Unis, 2012, 113 Min]

Document généré le 29 sept. 2021 02:24 Ciné-Bulles Un plaisant déjà vu Dark Shadows de Tim Burton, États-Unis, 2012, 113 min Luc Laporte-Rainville Volume 30, numéro 3, été 2012 URI : https://id.erudit.org/iderudit/67099ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Association des cinémas parallèles du Québec ISSN 0820-8921 (imprimé) 1923-3221 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Laporte-Rainville, L. (2012). Compte rendu de [Un plaisant déjà vu / Dark Shadows de Tim Burton, États-Unis, 2012, 113 min]. Ciné-Bulles, 30(3), 55–55. Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 2012 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ par Judd Apatow. Ce qui permet à Burton de faire un pied de nez au cinéma actuel, tout en se réappropriant des éléments de ses films antérieurs. CRITIQUES Cette désinvolture est d’autant plus appré- ciable qu’elle n’entache jamais la complexité du tourmenté Barnabus. Distingué mais amoral, l’homme oscille entre haine et désir sexuel pour Angelique. Désir que le vampire assouvit dans une extravagante scène de co- pulation qui fera date dans la filmographie du cinéaste. Les apparences caricaturales sont trompeuses. L’être, pour Burton, est toujours Dark Shadows ambivalent, tiraillé entre le Bien et le Mal. Et de Tim Burton la mise en image de Dark Shadows (on salue le travail de Bruno Delbonnel) symbolise cette dualité en usant largement des clairs- Un plaisant déjà vu nage de Barnabus, dont l’élégance et le raf- obscurs propres à l’expressionnisme alle- LUC LAPORTE-RAINVILLE finement (gracieuseté de Johnny Depp) sont mand que le réalisateur n’a de cesse de revi- en décalage par rapport aux années 1970. siter. Un choix esthétique adapté à la Mais il y a aussi cette gouvernante des des- psychologie tourmentée de Barnabus. Après le divertissant mais consensuel Alice cendants du vampire dont la ressemblance in Wonderland (2010), Tim Burton retrouve avec Josette est des plus confondantes. Ses Il ne s’agit pas de dire que le plus récent film ses marques et revisite, avec Dark Shadows, manières font d’elle un personnage ana- de Burton est un chef-d’œuvre, loin de là! une série fantaisiste créée durant les an nées chronique, plus près du XVIIIe siècle que de Le cinéaste se contente de réinterpréter un 1960. Estompement de couleurs flam- ses contemporains. En témoigne une scène univers macabre qu’il connaît bien, le temps boyantes, retour aux atmosphères téné- où elle côtoie, dans une fourgonnette, des de se refaire une santé artistique. Le trop breuses… il en résulte un conte gothique qui, hippies enivrés par diverses substances. Sa sage Alice in Wonderland avait déçu ses sans atteindre les sommets de Sleepy Hollow tenue rigide, tout en réserve, contraste for- plus fervents admirateurs. Heureusement, (1999), garantit la vitalité d’un cinéaste visi- tement avec l’aspect détendu de ces défen- Dark Shadows prouve que le conteur est blement heureux d’être en terrain connu. seurs de la paix et de l’amour. Son confor- toujours en forme et que le très attendu misme vieillot est d’autant plus amusant Frankenweenie, remake de son court mé- Le XVIIIe siècle. Barnabus Collins, fils du qu’il devient ici une manifestation de la trage des années 1980, sera probablement à fondateur d’une poissonnerie, repousse les marginalité par rapport à des êtres censés la la hauteur de nos attentes. avances d’Angelique Bouchard, prolétaire représenter à cette époque. Inversion des qui travaille pour sa famille. Celle-ci étant rôles plutôt rare dans le cinéma burtonien. sorcière, elle use de ses pouvoirs afin de tuer non seulement les parents de Barnabus, Ce goût pour la différence se décèle aussi mais aussi sa fiancée, la frêle Josette. À la dans le scénario, dont l’humour suranné suite de quoi, elle transforme l’amant désiré met en exergue un décalage par rapport aux en vampire et l’enterre vivant dans un cer- innombrables comédies actuelles. En fait foi cueil ceinturé de chaînes. L’homme sera ce passage dans lequel Barnabus exprime toutefois libéré en 1972 et constatera qu’An- son désarroi sur la malédiction qui l’afflige. gelique, toujours présente, fait la vie dure Un soliloque quasi shakespearien tourné au États-Unis / 2012 / 113 min aux descendants des Collins. Le temps des ridicule lorsque le vampire couche sa tête RÉAL. Tim Burton SCÉN. Seth Grahame-Smith comptes est venu… sur un orgue électrique. La musique de IMAGE Bruno Delbonnel SON Denise Yarde MUS. l’instrument — kitsch à souhait — se fait en- Danny Elfman MONT. Chris Lebenzon PROD. Christi Dembrowski, Johnny Depp, David Kennedy, Comme toujours, Burton célèbre, à travers tendre, provoquant l’hilarité. Un humour Graham King et Richard D. Zanuck INT. Johnny une fantaisie débridée, la marginalité sous burlesque à la Beetlejuice (1988), loin des Depp, Eva Green, Michelle Pfeiffer, Bella Heathcote, Helena Bonham Carter DIST. Warner Bros toutes ses formes. Il y a bien sûr le person- folies scatologiques produites à la chaîne Volume 30 numéro 3 55 .

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