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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) François-Xavier Garneau Histoire du Canada Tome III BeQ François-Xavier Garneau Histoire du Canada Selon la huitième édition entièrement revue et augmentée par son petit-fils Hector Garneau III Les éclaireurs de l’Ouest Québec repousse l’envahisseur D’Iberville et les Anglais La Bibliothèque électronique du Québec Collection Littérature québécoise Volume 69 : version 1.1 2 Cette numérisation reprend la huitième édition, en neuf volumes, publiée en 1944, par les Éditions de l’Arbre, à Montréal. 3 Livre quatrième 4 Chapitre II Découverte du Mississipi 1673 Si nous voulions marquer en peu de mots les motifs qui ont amené les Européens en Amérique, nous dirions que les Espagnols y vinrent pour chercher de l’or, les Anglais, la liberté politique et religieuse, et les Français pour y répandre les lumières de l’Évangile. Pendant longtemps la voix de la religion domina toutes les autres voix en Canada et à Paris, quand il s’agissait du Nouveau-Monde. Aussi bien le prosélytisme catholique a joué un rôle capital dans l’établissement de la Nouvelle-France. Le missionnaire marchait à côté du défricheur pour l’encourager et pour le consoler ; il suivait l’explorateur et le traitant dans leurs courses périlleuses ; il s’installait parmi les tribus les plus 5 reculées afin d’y annoncer la parole de Dieu. Maintes fois on le vit tomber héroïquement sous la hache des sauvages qui avaient déclaré une guerre mortelle à ses doctrines. Son dévouement, surtout aux heures critiques de la colonie, était sans bornes. [Ce qui mérite tout d’abord de retenir l’attention c’est le prodigieux effort et l’œuvre capitale poursuivis en Amérique, au prix de sacrifices sans nombre et parfois incroyables, par les Pères de la Compagnie de Jésus]. Ils remplissaient une tâche noble et sainte dans les contrées d’outremer, en soutenant la lutte de l’esprit contre la matière, de la civilisation contre la barbarie. Partis de Québec, ils se répandirent parmi toutes les peuplades sauvages que l’on trouvait dispersées depuis la baie d’Hudson jusque dans la vallée du Mississipi. Un bréviaire suspendu au cou, un crucifix à la main, ils accomplissaient, souvent au péril de leur vie, les plus rudes voyages en des terres inconnues où ils devançaient les plus intrépides explorateurs. On leur doit la découverte de plusieurs vastes pays, avec lesquels ils formaient alliance au nom du 6 Christ et par la vertu de la croix. Cet emblème religieux produisait sur l’esprit des indigènes, au milieu des forêts sombres et silencieuses, un effet singulier et touchant, qui plus d’une fois désarmait ces hommes farouches mais sensibles aux sentiments profonds et vrais. C’est dans ces sensations, dit l’historien américain Bancroft, que le missionnaire fondait l’attrait qui le faisait rechercher de l’homme des bois. Les doctrines douces, enseignées par lui, contribuaient à le rapprocher davantage de ses néophytes, et à lui assurer les moyens de s’avancer, de cabane en cabane et de peuplade en peuplade, jusqu’aux nations les plus éloignées. (History of the Colonization of the United States, 14th edition, New-York, 1854, tome III, p. 125.) Ces religieux, avec lesquels il y eut aussi des Franciscains, n’étaient jamais plus admirables que lorsqu’ils s’employaient à éclairer les barbares dans toutes les parties du globe. Leur Société, on le sait, fut fondée [par un moine espagnol justement célèbre, qui avait achevé ses études à l’université de Paris, saint Ignace de Loyola], au temps de la Réforme protestante, 7 pour refréner les désordres et les violences sanglantes que cette révolution avait déchaînés, à travers l’Europe, dans les idées et dans les croyances, et pour aller prêcher l’Évangile aux infidèles. Ses règles ne permettent de recevoir que des hommes d’une grande énergie morale, attachés à la puissance du Souverain Pontife, et dévoués au triomphe de la foi catholique, dont ils deviennent spécialement les défenseurs contre l’hérésie et l’idolâtrie. Se donnant tout entiers à l’enseignement, à la prédication, au ministère religieux, quel ascendant ne pouvaient-ils pas espérer prendre sur l’esprit et la conduite des peuples ? En peu de temps les Jésuites eurent les meilleures écoles de l’Europe. Isolés du monde, ils formèrent au milieu de lui, une sorte de république intellectuelle, soumise à la discipline la plus sévère, et dont le mot d’ordre était porté en tous lieux. C’est ainsi que leur influence s’étendit bientôt dans toutes les sphères et dans toutes les classes de la société. S’élançant ensuite hors de la civilisation, ils allèrent jusqu’aux extrémités de la terre convertir les infidèles à la foi catholique, suivant l’exemple du Christ et de 8 ses apôtres, par une éloquence persuasive qui captivait les multitudes. Ils firent briller la croix des rives du Japon aux points les plus reculés de l’Amérique, depuis les glaces de l’Islande jusqu’aux îles de l’Océanie. C’est ce dévouement héroïque et humble tout à la fois qui a étonné le philosophe, et conquis l’admiration des historiens protestants [comme Bancroft, Parkman et Thwaites]. De leur côté, les voyageurs tantôt pour s’illustrer par de glorieuses découvertes, tantôt pour s’enrichir par la traite des pelleteries, ont quelquefois frayé la route aux missionnaires eux- mêmes. Les plus célèbres sont Champlain, [Étienne Brulé], Jean Nicolet, [Groseilliers et Radisson], Nicolas Perrot, Louis Jolliet, Cavelier de La Salle, [Greysolon Du Lhut] et La Vérendrye. Nous avons vu déjà que le fondateur de Québec avait, pour sa part, [exploré les côtes de la Nouvelle-Angleterre (1605)] et découvert le lac Champlain (1609). [Son interprète chez les 9 Hurons, Étienne Brulé alors âgé de dix-sept ans, est le premier Européen qui ait navigué sur l’Ottawa, le lac Nipissing, la rivière des Français et la baie Georgienne jusqu’au lac Huron (1610- 1611) ; il découvrit aussi, en 1615, le lac Ontario. Chargé ensuite d’une mission auprès des Andastes, qui habitaient sur la rivière Susquehanna, Brulé parcourut la province actuelle de l’Ontario et les futurs États de New- York, de la Pennsylvanie et de Maryland, puis franchissant la baie de Chesapeake, finit sa course au cap Charles, en vue de l’Atlantique (1615-1616). Vers 1622 (?), il se rendait au sault Sainte-Marie et au lac Supérieur d’où il rapporta un lingot de cuivre. Brulé avait pour compagnon un autre Français nommé Grenelle ; il fut lui- même tué et mangé par les Hurons (1632). Un jeune interprète de Champlain, Jean Nicolet, parvint, en 1634, à la tête du lac Huron et, passant le détroit de Mackinac, reconnut le lac Michigan et la baie Verte (Green Bay) ; continuant son voyage, il entra dans la rivière aux Renards (État de Wisconsin) et s’arrêta] à trois jours de navigation « des grandes eaux », comme 10 les indigènes désignaient le fleuve Mississipi. [Nicolet né à Cherbourg en Normandie (1598), était arrivé au Canada en 1618 et devint interprète des langues huronne et algonquine pour la Compagnie de la Nouvelle-France. On l’employa également dans les négociations de paix avec les Iroquois. Il se rendait de Québec aux Trois- Rivières pour aller délivrer un sauvage Sokokiois lorsque, en vue de Sillery, son embarcation chavira, et il périt avec tous les occupants sauf un seul (1642)]. Tandis que ces hardis pionniers étendaient le champ de la géographie américaine vers l’ouest, un Récollet, le P. Jean d’Olbeau, en mission chez les Montagnais de Tadoussac, avait traversé, [dès 1615,] la région montagneuse et pittoresque du Saguenay, et visité les Betsiamites et les Papinachois, au nord du golfe Saint-Laurent. [La même année, un autre Récollet, le P. Joseph Le Caron, montait au pays des Hurons et y retournait plus tard (1623) avec le P. Nicolas Viel et le Frère Sagard. En 1636, on trouve le P. d’Olbeau parmi les Esquimaux du Labrador.] En 1647, le lac Saint-Jean fut découvert par un Jésuite, le P. de 11 Quen. Quatre ans après, les Français, en s’élevant toujours vers le nord, s’avancèrent un peu plus qu’à mi-chemin entre le Saint-Laurent et les rivages de la baie d’Hudson, dont les habitants firent demander des missionnaires. Au sud du Saint-Laurent, le P. Gabriel Druillettes alla du fleuve à l’Atlantique, en remontant la rivière Chaudière et descendant celle de Kennebec jusqu’à la mer. Il exécuta ce voyage dans l’été et l’automne de 1646. Il fut l’apôtre des Abénaquis, dont il gagna l’estime et la vénération. Il rendit ainsi un grand service à la colonie, en cimentant l’amitié qui unit toujours ensuite les Français à cette nation intrépide, que les Iroquois eux-mêmes n’osèrent jamais attaquer. Dans une autre direction, les traitants et les religieux, poussant toujours vers la source du fleuve Saint-Laurent étaient parvenus à l’extrémité supérieure du lac Huron. Les Pères Jésuites, Jean de Brébeuf, Gabriel et Jérôme Lalemant, [Chaumonot, Garnier, Claude et Pierre Pijart,] Raymbault, Daniel, [Ragueneau,] y 12 avaient fondé, au nord et au sud, à l’est comme à l’ouest, des villages chrétiens, [principalement : la Conception (1637) ; Saint-Louis et] Sainte- Marie (1640) ; [Saint-Esprit (1641-1644) ;] Saint- Joseph, [Saint-Jean-Baptiste,] Saint-Ignace (1646) ; [Sainte-Élizabeth (1644) ; Saint-Pierre (1648).] Le bourg de Sainte-Marie, placé sur une petite rivière (Wye) qui se jette dans la baie Matchedash, au sud de la baie Georgienne, y fut longtemps le point principal de ces missions. [En 1669, le P. d’Ablon établissait, au sud du sault Sainte-Marie, une résidence de ce nom qui devint le centre de toutes les missions de l’Ouest.] Les sauvages voisins furent, en conséquence, appelés Sauteurs par les Français ; ils étaient de la famille algonquine.

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