Bambini nel “limbo”. Dati e proposte interpretative sui tofet fenici e punici Bruno D’andrea To cite this version: Bruno D’andrea. Bambini nel “limbo”. Dati e proposte interpretative sui tofet fenici e punici. 2018, (Collection de l’École française de Rome, 554). hal-01908519 HAL Id: hal-01908519 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01908519 Submitted on 9 Jul 2020 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. BAMBINI NEL « LIMBO » DATI E PROPOSTE INTERPRETATIVE SUI TOFET FENICI E PUNICI COLLECTION DE L’ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME 552 BRUNO D’ANDREA BAMBINI NEL « LIMBO » DATI E PROPOSTE INTERPRETATIVE SUI TOFET FENICI E PUNICI ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME 2018 D’Andrea, Bruno Bambini nel « limbo » : dati e proposte interpretative sui tofet fenici e punici / Bruno D’Andrea Rome : École française de Rome, 2018 (Collection de l’École française de Rome, 0223-5099 ; 552) ISBN 978-2-7283-1336-5 (br.) 1. Tophet -- Italie 2. Tophet -- Afrique du Nord 3. Stèles -- Italie -- Antiquité 4. Stèles -- Afrique du Nord -- Antiquité 5. Sacrifice d’enfants -- Italie -- Antiquité 6. Sacrifice d’enfants -- Afrique du Nord -- Antiquité 7. Archéologie funéraire -- Italie 8. Archéologie funéraire -- Afrique du Nord 9. Urnes puniques 10. Antiquités puniques CIP – Bibliothèque de l’École française de Rome © - École française de Rome - 2018 ISSN 0223-5099 ISBN 978-2-7283-1336-5 MICHEL GRAS POUR UNE LECTURE DU TOPHET Dans quelques décennies, la question du résultats obtenus par leurs prédécesseurs pour tophet sera peut-être présentée aux étudiants aller plus loin dans l’analyse scientifique. Et comme un cas typique de dossier pour lequel ceci à un moment où certains pensent pouvoir les constructions idéologiques ont longtemps redonner vigueur et crédibilité à la thèse tradi- pris le pas sur une lecture scientifique des tionnelle. Il reste fondamental de débattre de données, qu’elles soient littéraires, épigra- cette question qui est plus que jamais ouverte. phiques ou archéologiques. Et d’abord avec Les idées de l’auteur de ces lignes sont le choix conventionnel du mot hébreu tophet connues de ceux (rares si on en croit les cita- (tp�) qui n’est pas forcément le plus adapté ; tions) qui ont lu l’Univers phénicien publié en nous ne savons probablement pas comment 1989 avec Pierre Rouillard et Javier Teixidor et les Phéniciens et les Puniques appelaient le traduit en plusieurs langues, avec le chapitre tophet. concerné traduit en anglais deux années plus On connaît la thèse traditionnelle : les tard (in Berytus 1991). Les tirages postérieurs Carthaginois, et plus largement les Phéniciens ont conservé le même texte. Je crois toujours et les Puniques, auraient sacrifié leurs pre- à la définition que nous avons donnée alors, miers-nés sur des bûchers, et les tophets au terme d’une longue analyse : le tophet est seraient les lieux sacrés où ces cruels rituels « un cimetière d’enfants (…) mais aussi un lieu auraient été accomplis. Le lien, selon certains, sacré » (p. 191 de l’édition de 1989) mais je pourrait être fait avec un rituel dénoncé dans vais tenter, comme le fait D’Andrea mais plus l’Ancien Testament, en faveur du dieu Moloch. schématiquement que lui, de repartir des don- Cette thèse première a été nuancée ensuite, et nées. Car dans toute la bibliographie de ces le dieu Moloch remplacé par le rite MLK. Les dernières décennies il y a eu beaucoup trop d’a sources classiques apporteraient par ailleurs priori, pas assez de terrain et pas assez de mul- un témoignage convergent sur ces pratiques. tidisciplinarité. Tels sont mes trois messages. La responsabilité de la diffusion de cette La déconstruction est partie des travaux lecture traditionnelle du tophet revient en publiés en 1981 et 1982 par Hélène Bénichou- partie à Flaubert et à son roman Salammbô Safar dont on ne dira jamais assez les mérites, (1862) mais pas seulement. L’opération de « dé- elle qui n’a reçu aucune reconnaissance insti- construction » des années 80 du siècle dernier tutionnelle. Ses recherches ont montré que la a permis des progrès substantiels – et d’abord question du sacrifice humain n’allait pas de soi celui de mettre en discussion une « vérité malgré une approche très prudente de la sa- académique » soi-disant établie ce qui est l’un vante qui s’appuyait en partie sur une thèse de des premiers objectifs des sciences humaines doctorat de médecine (Richard 1961) montrant et sociales – mais les carences documentaires le désarroi des spécialistes chargés d’analyser actuelles ne permettent pas d’arriver à des les ossements des urnes du tophet de Carthage démonstrations irréfutables. À un moment quand on leur disait que les archéologues où l’accès à de nombreux terrains d’étude est avaient démontré (sic) que les enfants avaient rendu incertain pour un temps indéterminé, il été sacrifiés. Parallèlement des études sur les est bon de faire le point comme nous y invite le sources littéraires montraient que les choses livre de Bruno D’Andrea, afin que les nouvelles n’étaient pas aussi simples que le voulait la générations puissent s’appuyer sur les quelques thèse traditionnelle (Martelli 1981 ; Simonetti VIII MICHEL GRAS 1983). Ensuite, Sergio Ribichini (Ribichini cident notamment), et ce alors même que les 1987a ; 1987b), puis Moscati (Moscati 1987) données littéraires classiques sont au cœur ont montré leurs doutes, ce dernier revenant de la réflexion des punicisants. Ceci vient en courageusement sur la position qui avait été partie du fait que l’on considère trop souvent la sienne (Moscati 1966). Au même moment qu’il n’y a rien d’équivalent au tophet dans le (1986), nous rédigions le livre cité supra qui monde classique ; ce qui est moins vrai que fut suggéré par Braudel en 1985 à l’un d’entre l’on ne le croit. nous (P.R.) et qui eut une longue élaboration En amont de toute interprétation, il est comme beaucoup de livres : il ne fut publié légitime et indispensable, ici comme ailleurs, qu’en 1989. Nos doutes étaient exprimés à de vouloir lire les faits archéologiques dans partir d’analyses indépendantes (contraire- leur matérialité, indépendamment de tout ment à de rares allusions malveillantes) : conditionnement idéologique. Or que nous dit nous commentions notamment une thèse de l’archéologie ? Qu’à proximité des habitats phé- médecine, antérieure (Rohn 1950) et encore niciens puis puniques d’Occident, à Carthage plus éloquente. En 1991 un travail conjoint comme à Motyé et dans les grands sites de de Moscati et Ribichini faisait provisoirement Sardaigne (Nora, Tharros, Sulky notamment), le bilan de cette phase (Moscati – Ribichini il existait des lieux où étaient rassemblées des 1991). bétyles, des cippes ou des stèles – parfois ins- La recherche s’en est trouvée stimulée, et la crites – surmontant des urnes contenant des bibliographie sur le tophet n’a cessé d’augmen- ossements brûlés de jeunes enfants et/ou de ter avec des affrontements rigoureux et par- jeunes animaux, surtout des agneaux et des fois passionnés entre les tenants des diverses chevreaux ; avec, ici et là, des traces de dispo- thèses mais aussi avec l’apparition d’études sitifs cultuels. Il n’y pas d’ossements d’adultes plus nuancées où les auteurs montraient leur dans le tophet et il y a, dans d’autres secteurs, perplexité et tentaient de renouer tous les fils proches mais distincts, des nécropoles au sens de ce complexe dossier. On trouvera dans le habituel du terme. Les chronologies sont lon- livre de Bruno D’Andrea une analyse critique, gues, depuis le VIIe siècle avant J.-C. jusqu’à au bon sens du terme, de toute cette évolution. l’époque romaine (D’Andrea 2014a) et il y a Aujourd’hui la thèse du sacrifice humain sans doute eu bien des évolutions dans un tel est encore défendue avec conviction mais un laps de temps. point de consensus existe heureusement : les À partir de cette base factuelle s’est déve- restes humains retrouvés dans le tophet appar- loppée une querelle de mots : le tophet a-t-il tiennent bien, dans leur quasi-totalité, à des été un « sanctuaire » ou une « nécropole » pour enfants en bas-âge. La question des circons- enfants ? Les partisans de la thèse du sacrifice tances de leur mort reste ouverte. humain n’acceptent pas de voir dans les aires où Pour progresser encore il est bon de se trouvent les urnes et les stèles de « simples » prendre une certaine distance. Revenant pour nécropoles (« common necropolis »). la première fois depuis 1986 sur ce dossier je L’apparition d’un tel vocabulaire met bien voudrais mettre en valeur quelques éléments en évidence le malaise car les nécropoles sont qui, me semble-t-il, ont manqué à la recherche tout sauf « simples » … : ce sont des lieux funé- la plus récente. raires où des individus morts de mort naturelle Le dossier du tophet montre la difficulté (et donc non sacrifiés) ont été enterrés avec de progresser sans une approche transdisci- des rites complexes, au moment de la mise plinaire. Non seulement par l’utilisation des en terre et ensuite. Il est vrai que longtemps données de l’anthropologie biologique (infra) les nécropoles ont été considérées comme une mais aussi par un regard global sur le monde simple réserve où l’on pouvait récupérer du méditerranéen antique par-delà les spécialités mobilier.
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