
Mgr Dupanloup et la Seconde République : réseaux et combats, 1848-1852 Marie Saingainy To cite this version: Marie Saingainy. Mgr Dupanloup et la Seconde République : réseaux et combats, 1848-1852. Histoire. Université de Lyon, 2017. Français. NNT : 2017LYSE2038. tel-01665149 HAL Id: tel-01665149 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01665149 Submitted on 15 Dec 2017 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. N° d’ordre NNT : 2017LYSE2038 THESE de DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE LYON Opérée au sein de L’UNIVERSITÉ LUMIÈRE LYON 2 École Doctorale : ED 483 Sciences sociales Discipline : Histoire Spécialité : Histoire contemporaine Soutenue publiquement le 14 juin 2017, par : Marie SAINGAINY Mgr Dupanloup et la Seconde République : Réseaux et combats, 1848-1851. Devant le jury composé de : Claude PRUDHOMME, Professeur émérite des universités, Université Lumière Lyon 2, Président Guillaume CUCHET, Professeur des universités, Université Paris 12, Rapporteur Jérôme GREVY, Professeur des universités, Université de Poitiers, Rapporteur Brigitte WACHE, Professeure émérite, Université du Maine, Examinatrice Christian SORREL, Professeur des universités, Université Lumière Lyon 2, Directeur de thèse Contrat de diffusion Ce document est diffusé sous le contrat Creative Commons « Paternité – pas de modification » : vous êtes libre de le reproduire, de le distribuer et de le communiquer au public à condition d’en mentionner le nom de l’auteur et de ne pas le modifier, le transformer ni l’adapter. Université Lumière Lyon 2 École doctorale : Sciences sociales Faculté de Géographie, Histoire, Histoire de l’Art et du Tourisme Département d’histoire Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA) Mgr Dupanloup et la Seconde République : Réseaux et combats, 1848-1851 Par Karine SAINGAINY Thèse de doctorat d’histoire Histoire contemporaine Sous la direction de Christian SORREL Présentée et soutenue publiquement le 14 juin 2017 Composition du jury : Guillaume CUCHET, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris-Est-Créteil. Jérôme GRÉVY, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Poitiers. Sylvaine GUINLE-LORINET, maître de conférences HDR d'histoire contemporaine, Université de Pau. Claude PRUDHOMME, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université Lyon 2. Christian SORREL, Professeur des universités, Université Lumière Lyon 2. Brigitte WACHE, professeur émérite d'histoire contemporaine, Université du Maine. 1 2 À mes parents Mes remerciements Je tiens à remercier l’ensemble des personnes qui ont permis la réalisation de cette esquisse d’analyse des problématiques religieuses des années 1850. Merci à Monsieur Jean Longère, archiviste au séminaire de Saint-Sulpice, pour m’avoir donné un large accès au fonds épistolaire de Dupanloup. Un merci tout spécial à mon directeur de thèse, Monsieur Christian Sorrel, pour son accompagnement et son soutien durant toutes ces années. Sans lui, ce travail n’aurait pas pu aboutir. Un grand merci, enfin, à mes proches pour leur patience et leurs encouragements. 3 4 INTRODUCTION « Non, Non, on l’a dit, et il est vrai, la révolution française a commencé par la déclaration des droits de l’homme. – Elle finira par la déclaration des droits de Dieu. - Chose étrange, s’écrie M. de Lamartine, que depuis cinquante ans nous ayons donné la liberté à tout le monde, excepté à Dieu ! ». Félix Dupanloup, De la Pacification religieuse1. Dès 1845, l’abbé Dupanloup, alors directeur du petit séminaire de Saint-Nicolas-du- Chardonnet, aspire à une révolution religieuse afin d’obtenir des droits pour Dieu, autrement dit sous la plume du prêtre, pour l’Église catholique. « Dieu et la liberté », c’est en effet le programme défendu, depuis la première moitié du XIXe siècle, par un groupe de laïcs et de religieux catholiques qui tente de (ré)concilier la hiérarchie ecclésiastique au libéralisme qui s’impose de plus en plus dans la vie politique depuis 17892. En empruntant une voie de compromis, ces catholiques souhaitent par ce moyen défendre les intérêts de l’Église de France face à un État de plus en plus sécularisé. On les nomme les « catholiques libéraux ». Lorsqu’il publie sa brochure sur la place de la religion catholique dans l’État et le société postrévolutionnaire, Dupanloup est loin de se douter que l’Europe est sur le point de connaître une vague de révolutions déclenchant un véritable « printemps des peuples ». La France connaît, quant à elle, sa troisième révolution. Or celle-ci a un caractère différent des deux premières, davantage politiques et libérales. La Révolution de 1848 comporte une dimension plus sociale et démocratique. Elle donne naissance à un nouveau régime politique, la Seconde République qui durera de février 1848 à décembre 1851. Bien qu’il soit dans un premier temps horrifié par cette nouvelle Révolution, Dupanloup finit par se saisir de cette opportunité pour défendre les intérêts de l’Église de France. Il se lance 1 Félix Dupanloup, De la Pacification religieuse. Quelle est l’origine des questions actuelles ? Quelle en peut être l’issue ? Paris, J. Lecoffre et Cie, 1845 (2e édition), p. 288. 2 Pierre Manent, Histoire intellectuelle du libéralisme, Paris, Calmann-Lévy, 1987, pp. 7-10. 5 dans un combat sans répit pour obtenir la liberté religieuse pour les catholiques, à commencer par la liberté de l’enseignement. Pour multiplier les chances de réussir, Dupanloup ne va pas seul au combat. Il s’organise en réseaux. Avec son plus proche compagnon d’armes, le comte Charles de Montalembert, Dupanloup orchestre différentes alliances, comportant autant des personnalités politiques que des membres du clergé français et même des membres du clergé romain. Ces réseaux sont identifiables par leur appellation. Il s’agit notamment du « parti catholique » ou encore du « parti de l’Ordre », réseau qui émerge spécifiquement sous la Seconde République en réaction aux républicains de gauche. Le terme de « parti » ne doit pas être ici compris dans le sens des partis politiques modernes mais dans le sens d’un réseau large qui rassemble, durant un temps donné, des personnes défendant une opinion commune. Parmi les multiples réseaux qui s’affrontent sous la Seconde République, il est intéressant de s’attacher à celui qui s’organise en grande partie autour de Dupanloup et que nous avons choisi de nommer « le parti Dupanloup » car le prêtre originaire de Savoie en est pour beaucoup l’initiateur et le catalyseur. Ce « parti Dupanloup » se concentre exclusivement sur la lutte pour la liberté de l’enseignement et à partir de 1849 sur la lutte pour le vote du projet de loi Falloux, un projet de loi visant à réorganiser entièrement l’instruction publique et privée. Il s’agit aussi de voir dans quelle mesure le « parti Dupanloup » agit lui-même en interaction, et quelque fois en opposition, avec le « parti de l’Ordre » et le « parti catholique ». Ce « parti Dupanloup » est lui- même fortement contesté et dénoncé par la gauche républicaine et socio-démocrate comme « parti- prêtre ». Étudier les réseaux et le combats du parti de Dupanloup sous la Seconde République permettra de revenir plus précisément sur un pan de l’histoire assez méconnu. Les conflits qui agitent la vie politique, sociale et religieuse de la Seconde République sont, en effet, révélateurs du bouillonnement idéologique, politique, social et religieux du milieu du XIXe siècle. Il cristallise des débats publics qui animent encore l’Europe du XXIe siècle, notamment sur la question de la laïcité ou de la sécularisation de la société. La figure de Dupanloup est d’autant plus intéressante qu’au travers de l’évolution de sa propre pensée se révèlent les tensions et dissensions qui agitent les catholiques libéraux dans leur rapport entre eux-mêmes, mais aussi dans leur relation avec le clergé et avec la société. Au cours de cette période, plusieurs modèles politiques et sociaux s’affrontent sous la pression d’un mouvement ouvrier qui prend de l’ampleur. Dupanloup et ses amis prennent part 6 aux débats et défendent leur propre vision de la société face aux différents systèmes de pensée qui tentent de s’imposer, celui des républicains démocrates, Lamartine et Ledru-Rollin, celui des socialistes, Louis Blanc et Pierre Leroux, celui du communiste François-Vincent Raspail ou encore celui de l’anarchiste de Pierre-Joseph Proudhon. L'Église de France n’échappe pas à ces tensions. Signes de ses dissensions, l’attitude du clergé qui évolue selon la tournure que prend la Révolution de 1848 : les clercs fraternisent avec le peuple sur les barricades et aux pieds des « arbres de la liberté » en février 1848, mais quelques mois plus tard, en juin, ils n’hésitent pas se désolidariser du mouvement ouvrier en rejoignant les forces conservatrices. Des désaccords surgissent également chez les catholiques libéraux entre les partisans d’un modèle républicain et socialiste comme Lamennais, Mgr Maret ou Frédéric Ozanam et ceux qui s’y opposent, craignant l’avènement d’un gouvernement populaire et l’abolition de la propriété privée. Avec le comte de Montalembert et
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