Histoire Des Architectoniques Modernes En France Jean-Claude Vigato

Histoire Des Architectoniques Modernes En France Jean-Claude Vigato

Histoire des architectoniques modernes en France Jean-Claude Vigato To cite this version: Jean-Claude Vigato. Histoire des architectoniques modernes en France. [Rapport de recherche] 274/85, Ministère de l’urbanisme, du logement et des transports / Secrétariat de la recherche ar- chitecturale (SRA); Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy. 1985. hal-01889902 HAL Id: hal-01889902 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01889902 Submitted on 8 Oct 2018 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. ZH HISTOIRE DES ARCHITECTONIQUES MODERNES EN FRANCE (n o t e s p o u r u n e r e c h e r c h e , m a r s 1985) JEAN-CLAUDE VIGATO VILLERS-LES-NANCY, ÉCOLE D 'ARCHITECTURE DE NANCY POUR LE INI STÈRE DE L'URBANISME, DU LOGEMENT ET DES TRANSPORTS SECRÉTARIAT DE LA RECHERCHE ARCHITECTURALE PREMIERE PARTIE : SITUATION DE LA RECHERCHE 1/ SITUATION THEORIQUE Un premier essai, Le jeu des modèles, les modèles en jeu, annonçait en 1980 que son objet était l'architectural (1). Cette annonce aurait pu passer pour une lapalissade si une introduction embarrassée ne s'était efforcée d'expliquer ce que cela sous-entendait d'approfondis­ sements théoriques et de révisions épistémologiques. Elle n'hésitait pas à provoquer la rencontre d'Alberti et de Viollet-le-Duc, de Gromort et de Van de Velde pour conclure, dans une formule d'une simplicité méritoire : l'objet de l'histoire de l'architecture est l'histoire des définitions de l'architecture , histoire de leur formation au sein d'un appareil théorique, critique et scolaire, histoire de leurs effets esthétiques, techniques, sociaux. Il faut tout de suite noter qu'une telle recherche suppose, au contrai­ re de tant d'autres, une pluralité des définitions de l'architecture. C'est dire qu'elle suppose a priori que la discipline est en crise, que l'appareil architectural est un lieu de polémiques et d'affronte­ ments. Evidemment les temps choisis pour exercer cette problématique étaient propices à une telle hypothèse. L'entre-deux-guerres ne fait pas entendre un discours architectural dont tous les interprètes chan­ teraient à l'unisson ou, pour le moins, dans un bel agencement contra- puntique. L'hypothèse serait sans doute plus audacieuse devant un appa­ reil peu développé ou inexistant ou devant une définition de l'architec­ tural qui ne rencontrait pas de véritable concurrence. L'histoire que voulait construire Le jeu des modèles s'esquissait à la fois verticalement - les définitions de l'architecture - et horizon­ talement - l'entre-deux-guerres - et faut-il ajouter pour être précis, géographiquement, en France. Les travaux entrepris depuis ont permis de resserrer la définition verticale mais ont conduit à un léger élar­ gissement de la définition horizontale. Empiriquement, avec Le jeu des modèles se dessinait une première définition du corpus des matériaux documentaires et donc des éléments composant l'appareil architectural: la presse professionnelle, les rubriques architecturales de revues d'art et des revues d'information, les manifestes, les traités et essais théoriques, pédagogiques, critiques, les monographies d'architectes, les expositions, ... Une première notion prenait une certaine impor­ tance pour démultiplier l'effet théorique de la notion "définition de l'architecture", il s'agissait du corpus des références divisé en deux séries, l'une historique et l'autre contemporaine. Et puis, il fallait bien affronter la géographie des groupes, des tendances, mouve­ ments et le vocabulaire traditionnel de l'historiographie du mouvement moderne avec ses connotations partisanes et moralisantes. La notion de Mouvement moderne éclata une première fois, brisée net en deux par la découverte des polémiques qui, entre 1927 et 1933, opposaient la critique favorable à Perret et la rédaction de L'Architecture d'Aujour- d'hui à Le Corbusier et ses quelques partisans. D'autres fractures 3 aux bords moins nets se devinaient dans le paysage mouvementé des années trente. La dualité inscrite dans l'usage des notions de doctrine et de théorie, dualité nécessaire à la fondation d'une définition unitaire de l'archi­ tecture, commença alors à peser un peu trop lourdement sur la problé­ matique d'études auxquelles cette échelle de valeur n'était pas néces­ saire. La charge pesante de cette "épistémologie" s'accroissait encore du poids des mots échangés entre les multiples gardiens de la légitimité théorique, entre eux, et contre les "sociologues" qui ne voyaient dans le discours architectural que stratégie de pouvoir et rideau de fumée. C'est pour échapper à tout cela que fut adoptée la notion d'architec­ tonique, cadeau d'un dictionnaire de langue. Le Lexis dès éditions Larousse définit ainsi ce mot : "n. f. Ensemble des règles de l'archi­ tecture" . (2) Un article écrit pour Les cahiers de la recherche architecturale en novembre 1982 condensait dans une note 1iminaire plusieurs tentatives d'approfondir cette première définition, dont deux au moins avaient déjà été publiées puisqu'il s'agissait des réponses aux appels d'offres lancés par le S.R.A. en 1980 et 1981. Cet article élevait d'un degré encore la "pluralité" de la définition de l'architecture, car il mon­ trait que non seulement l'architecture d'une époque, mais aussi l'ar­ chitecture d'un édifice pouvait s'écrire au pluriel. Les mêmes pierres pouvaient porter des valeurs architectoniques différentes voire contra­ dictoires. En l'occurrence il s'agissait du Théâtre des Champs Elysées (3). Depuis deux autres textes ont tenté de préciser la notion d'architec­ tonique. Ceux-ci n'étant pas encore publiés, les lignes qui suivent vont essayer, rapidement, de les résumer (4). Une nouvelle formule apparaissait donc et s'imposait : histoire des architectoniques. Une rencontre, encore une, avait facilité ce déplace­ ment terminologique, celle de Charles Lucas, architecte, rédacteur des articles de La Grande Encyclopédie consacrés à l'architecture et qui avait décidé, vers 1885, de distinguer à l'aide de deux adjectifs, architectonique et architectural, "ce qui a trait à l'architecture et aux études qui s'y rapportent, s'appliquant particulièrement à tout ce qui résulte des efforts de l'architecte" de tout le reste, plus vague La notion d'architectonique se resserrait. Avec Charles Lucas, elle disait l'appartenance de ces règles, ces préoccupations, ces probléma­ tiques, à la pratique du projet. Si l'on veut bien convenir que ce qui fonde essentiellement la spécificité de l'intervention de l'archi­ tecte, en dehors de tout jugement qualitatif, c'est d'abord l'autonomie du travail de projet dans le procès de production de l'édifice. Les problèmes théoriques les plus importants n'étaient cependant pas résolus pour autant. Ne fallait-il pas éviter que la notion d'architec­ tonique - elle n'aurait plus été dans ce cas qu'un artifice de langage - ne se confonde avec les médias du discours architectural d'une part et avec les oeuvres de chacun des théoriciens et des critiques d'autre part. Mais il fallait aussi que la notion ne s'installe pas à un degré 4 d'abstraction tel qu'elle ne soit plus soumise qu'aux seules volontés de l'historien, qu'elle n'offre plus de résistance à l'analyse. L'histo­ riographie traditionnelle du Mouvement moderne montre que, dans ce cas, c'est toujours les positions architectoniques de l'historien qui 1'emportent. C'est ici qu'intervint une catégorie philosophique, "Procès sans Sujet ni Fin(s)" (5), une catégorie en provenance directe des travaux du philosophe marxiste Louis Althusser, son apport sans doute le plus décisif à la théorie matérialiste de l'histoire. Dire que les architec­ toniques sont les produits d'un procès sans Sujet - l'Architecte - ni Fins(s) - le bonheur des hommes, par exemple - c'est considérer qu'elles naissent de la lutte que se livrent, dans l'institution archi­ tecturale, les différents individus, courants, groupes, tendances pour imposer leurs définitions de l'architecture et en conséquence, avec l'hégémonie de leurs thèses, leur domination sur le marché de l'archi­ tecture. Les architectoniques sont dans l'histoire parce qu'elles sont le produit de ce procès. Définir une architectonique c'est toujours analyser ce procès c'est-à-dire, concrètement, les luttes qui se déve­ loppent dans l'appareil architectural. Définir une architectonique ne relève plus alors du tour de force, un tour qui force la réalité, c'est la conclusion de l'étude minutieuse des textes : d'abord les écrits critiques où les positions et les oppositions se dessinent plus nettement, puis les essais et les traités théoriques où elles sont le plus souvent masquées et enfin les essais et traités scientifiques (historique par exemple) et techniques. Ces études polémologiques n'ont pas, bien évidemment, pour seul objet de porter sur la place publique, avec complaisance, les querelles de boutique, mais de compren­ dre à quels débats sont liées les notions les plus techniques, de quelle conjoncture sont issues les notions les plus "éternelles". L'éclairage venant de points opposés finit par prendre dans ses fais­ ceaux et par mettre en évidence les questions les plus importantes, les plus urgentes, les noeuds de la polémique à partir desquels les positions, divergent. C'est à partir de ces noeuds problématiques et des "réponses" qui leur sont associées, que la reconstitution des archi­ tectoniques peut se faire, en laboratoire.

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