Albéric de Palmaert LES GUERRES DE RELIGION Éditions OUEST-FRANCE GuerresDeReligion_001A128.indd 3 14/04/2017 15:34 GuerresDeReligion_001A128.indd 38 14/04/2017 15:35 Première guerre de religion (1562-1563) Les premiers feux LE MASSACRE DE WASSY le cardinal de Lorraine, se rend à Paris. Page de gauche Sa route passe par Wassy. Alors qu’il est Le 1er mars 1562, le massacre de Wassy est le Le colloque de Poissy a été un encore à quelque distance de la ville, premier d’une longue et échec, notamment pour Catherine on l’informe de cette réunion des terrible série. © akg-images / De Agostini Picture de Médicis, qui y avait mis beaucoup huguenots. Lib. / G. Dagli Orti d’espoir. L’édit de Saint-Germain-en- François de Lorraine, qui est encore Laye n’est en fait accepté par personne. sur ses terres et donc représente le Rien ne semble plus pouvoir arrêter le pouvoir royal, envoie quelques émis- déchaînement des passions. saires pour vérifi er l’information qui Nous sommes cette fois le 1er mars lui a été rapportée. 1562. Ce jour-là, la communauté pro- Quand ces derniers arrivent sur testante de Wassy est réunie dans une place, ils constatent la véracité du fait grange située à l’intérieur de l’enceinte et exigent la dispersion des fi dèles. Ils du château pour y célébrer le culte. sont particulièrement mal reçus. Le Le choix de ce lieu n’est pas ano- ton monte rapidement. Certains en din. Il peut en effet être considéré viennent aux mains. Ce que les hugue- comme un réel acte de défi ance envers nots ignorent, c’est que derrière ces le pouvoir, voire une provocation en émissaires se trouvent les gardes et la contradiction formelle avec l’édit de troupe de François de Lorraine. Saint-Germain signé le 17 janvier par Lorsque ceux-ci arrivent sur place, le jeune Charles IX sur l’injonction l’altercation est générale. Des pierres de Catherine de Médicis, qui autorise et toutes sortes d’autres projectiles les protestants à célébrer leur culte sont lancés. L’un d’eux atteint le duc de en dehors des villes, en contrepartie Guise. Il n’en faut pas plus pour que la du fait que ceux-ci doivent rendre la violence monte encore d’un cran. On totalité des biens ecclésiastiques qu’ils passe en quelques secondes et quelques avaient acquis. gouttes de sang, d’une bagarre, certes Ce n’était certainement pas la pre- violente mais quasiment ordinaire, à mière fois, et les choses auraient pu en un massacre épouvantable. Chacun se rester là. Mais, ce même jour, le duc de déchaîne, mais les huguenots ne sont Guise, François de Lorraine, chef des pas armés ou très mal, contrairement catholiques, accompagné de sa femme, aux hommes du duc de Guise. D’un de son fi ls Henri ainsi que de son frère côté des croyants, de l’autre des soldats. 39 GuerresDeReligion_001A128.indd 39 14/04/2017 15:35 78 LES GUERRES DE RELIGION GuerresDeReligion_001A128.indd 78 14/04/2017 15:36 Un matin devant la porte du Louvre : sans aucune réalité historique, Édouard Debat-Ponsan représente Catherine de Médicis, fi ère devant les victimes des massacres. Musée d’art Roger-Quilliot. © Mairie de Clermont-Ferrand Page de gauche En face de ces horreurs, on assistera prisons. Mais rien n’y fait. La fureur Briou, gouverneur du à quelques beaux gestes. Des catho- des assaillants va les chercher au fond prince de Conti, est l’une des premières victimes liques vont cacher des protestants. des cachots pour les tuer ! du massacre de la Saint- À Rouen, Bordeaux ou Toulouse, les En tout, ces massacres feront plus de Barthélemy. gouverneurs tentent de sauver les dix mille morts. C’en est fi ni des espoirs Huile sur toile de Joseph-Nicolas Robert-Fleury (1833), Paris, Musée du huguenots en les enfermant dans les de réconciliation de Catherine de Médicis. Louvre. © akg-images / Erich Lessing QUATRIÈME GUERRE DE RELIGION (1572-1573) 79 GuerresDeReligion_001A128.indd 79 14/04/2017 15:36 LA SUCCESSION OUVERTE aîné, le roi Henri III, n’a pas d’enfant, et il semble qu’il ne puisse pas en avoir car Tout commence le 10 juin 1584. on dit sa femme stérile. François de France, duc d’Anjou, der- Le duc d’Anjou se trouvait être le nier fi ls d’Henri II et de Catherine de successeur direct de son frère, ou tout Paris, 12 mai 1588, Médicis, meurt de la tuberculose à au moins le père potentiel du succes- pendant la journée des Barricades. Malgré Château-Thierry. Il a vingt-neuf ans. Sa seur. Sa mort met donc un terme à l’interdiction d’Henri III, mort s’avère une catastrophe pour le cette fi liation et à la dynastie des Valois, le duc Henri de Guise entre dans la ville. royaume. Non dans le décès lui-même, en vertu de la loi de primogéniture qui © akg-images mais dans ses conséquences. Son frère écarte les femmes de la lignée, voit tom- ber sur elle un couperet éternel. Mais il y a plus grave dans cette affaire, et cela nous replace directement dans le contexte religieux : celui qui prend la première place dans l’ordre de succession au trône n’est autre qu’Henri de Navarre, le chef des protestants. La perspective d’un roi huguenot est, pour les catholiques, totalement inenvisageable. Pour Henri III, la situa- tion se complique alors considérable- ment. Le fait de ne plus avoir d’héritier direct fragilise non seulement l’avenir, mais encore le présent de son règne. Et cela pour deux raisons principales. Une qui tient à lui : si un souverain peut naturellement préparer son fi ls, voire son frère ou son neveu à lui succéder, ce n’est pas le cas en l’occurrence, d’au- tant que son successeur, désormais, est en même temps son ennemi. Et l’autre qui tient à ses propres amis. C’est, à leurs yeux, le moment de reprendre la main. Les hommes sont les hommes et les ambitions toujours les mêmes. Les Guise voient là l’occasion inespérée de prendre un pouvoir qu’ils ont certes servi mais dont ils estiment venu le temps de s’emparer. Et il faut pour cela d’abord écarter Henri de Navarre. Henri de Guise va chercher des alliés. Il s’adresse à Philippe II d’Espagne et signe avec lui le traité de Joinville, 106 LES GUERRES DE RELIGION GuerresDeReligion_001A128.indd 106 14/04/2017 15:37 le 31 décembre 1584. Par cet accord, les ligueurs dont il est le chef envisagent de faire de Charles de Bourbon, cardinal de Vendôme, l’héritier de la couronne. Ce choix peut paraître surprenant. En effet, Charles de Bourbon a vingt-huit ans de plus qu’Henri III, il a donc peu de chance de lui succéder… sans le renver- ser. De plus, il est lui-même sans héri- tier direct de par son état ecclésiastique. Dernier petit détail : c’est lui qui, le 18 août 1572, avait célébré l’union d’Henri de Navarre et de Marguerite de Valois. Il y a bien une solution pour régler ce problème, tout au moins en par- tie : qu’Henri de Navarre redevienne catholique, car il était relaps. C’est ce Quand l’histoire est racontée aux enfants par que va tenter Henri III. Il lui envoie leur un artisan chocolatier… ami commun Jean-Louis de Nogaret Vignette d’une série sur les mots historiques, vers 1890. de La Valette, duc d’Épernon, avec la © akg-images promesse de deux cent mille écus s’il accepte. Mais la mission est un échec. Henri de Navarre n’envisage pas de Navarre, l’héritier du trône et le prince rejoindre le clan catholique. de Condé sont déchus de leurs droits. Et face au danger d’une succession Il n’en faut pas plus. La guerre recom- protestante, la ligue se reconstitue sous mence. Les troupes se mettent en ordre l’autorité d’Henri de Guise. Henri III de bataille. Henri de Navarre se bat pense qu’il lui faut en prendre la tête afi n en Guyenne, tandis que Condé fonce de ne pas être débordé, ce qu’il fait le 7 sur La Rochelle. L’Europe s’en mêle. juillet 1585 en s’en déclarant le chef. Il De même que Philipe II d’Espagne a est en cela approuvé par le pape Sixte V. apporté son soutien aux catholiques, les Mais il ne voit pas le piège de cette situa- forces protestantes européennes s’en- tion : en être le chef, c’est aussi en être gagent au secours des réformés français. le prisonnier. Il ne peut plus exercer une Des mercenaires suisses et allemands, autorité royale, au-dessus de tous. payés par la reine d’Angleterre et le roi Le 9 avril 1585, des négociations du Danemark, pénètrent dans l’Est de s’engagent entre Henri III et le duc la France. Ils sont arrêtés à la bataille de Guise. Elles aboutiront à l’édit de de Vimory par le duc de Guise, le 26 Nemours, signé le 18 juillet 1585. C’est octobre 1587, puis un mois plus tard, un coup de tonnerre. Le culte protes- ils sont à nouveau battus à Auneau, au tant est tout simplement interdit, ce qui Sud-Ouest de Paris. Henri de Guise entraîne un choix impossible pour les sent alors le pouvoir proche de lui. fi dèles : l’abjuration ou l’exil. Henri de Il ne lui reste plus qu’à le décrocher. HUITÈME GUERRE DE RELIGION (1585-1598) 107 GuerresDeReligion_001A128.indd 107 14/04/2017 15:37 Le sacre d’Henri IV à Commence alors un revirement l’une des plus belles phrases de l’his- Chartres le 27 février 1594, par l’évêque du lieu, intérieur.
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