
Scroll, Quiet Beat & Faces Mathieu Aimon 3ème Année 2014 /2015 Ce document à pour but de rendre compte de ma pratique plastique, des procédés et questions que je me suis posé lors de la réalisation de ces projets. Dans la quasi totalité des images que je vais montrer ici, ce qui m’intéresse c’est la notion de mémoire des images, mais aussi la mémoire du geste plus que sa matérialité. Je joue avec les gestes de notre époque, comme le «selfie», le «scroll» (acte de faire défiler les images). Mais aussi la langue, ce qu’elle peut produire comme association d’idée, de gestes, comment les mots peuvent amener à produire des images, qu’est-ce qui ce situe dans cette interstice, opposition ? La répétition de gestes simple, rapide, l’accumulation... Dans le but de produire une image, ou objet singulier. Selfie, tirage jet d’encre 2012 Photo tiré d’une série de 60 images 1/60 A l’aide de tablettes numérique, support qui permet à la fois de prendre des images et aussi de les visualiser, j’ai effectué un travail sur l’autoportrait que j’ai appelé «Selfie». «L’égoportrait» qu’est le selfie est un geste qui m’intéressait, car il s’inscrit dans notre époque comme un outil pour documenter sa présence quelque part, et qui permet de rendre compte d’un état d’esprit, ou de renseigner sur le profil de l’utilisa- teur. Le selfie est réalisé à l’aide de l’appareil porté à bout des bras, ou à l’aide d’un mi- roir lorsque l’appareil n’a pas de caméra frontale. Ici j’utilise le reflet de la tablette, qui comme un miroir, capture le temps de la pho- to, de la prise de vue en plus de la visualisation de l’image de base. Comment produire une image et la transformer, avec le seul acte de la prise de vue, sans recourir à aucun paramètre propre à la photo tel qu’on la connaît, comme c’est le cas de «Camera Recording it’s own condition» 1971 de John Hilliard. Au final l’image qui en découle prend à contre-pied le principe même du selfie et devient une sorte d’ «Anti-Selfie». (Anti-)Selfie Arrivé à un certains points l’image s’étire, s’étend, et produit comme une «dernière tirage jet d’encre 2012 image de lumière», laissant place à une image singulière et libéré de toute re- Photo tiré d’une série de 60 images 60/60 présentation. Outre ma pratique plastique, je pratique divers instruments depuis un certains temps, guitare, batterie... J’ai participé à de nombreuses formations, co-écrit en tant qu’auteur et compositeur inscrit à la Sacem, arrangement de titres... Donné environ 300 concerts, produit sur de nombreux festivals, entre autre (Marsa- tac, Les Voix Du Gaou, Le Printemps de Bourge, Metropolis Fest etc...) à chaque fois en tant que batteur. Raymon Pettibon Richard Prince «Nurse» Le lien que j’entretiens avec la musique était difficile pourtant à traduire dans ma Sonic Youth Cover for «Goo» Sonic Youth cover for «Nurse» pratique plastique.. C’est cette même musique dans un sens qui m’a influencé et a nourrit un goût pour l’image et l’art sans le savoir... Je pense notamment à tout mes posters placardé aux murs de ma chambre du groupe Sonic Youth lorsque j’étais adolescent... Groupe dont les pochettes d’albums ne sont autre que des pièces comme «Candle» de Gerhard Richter, les dessins de Raymond Pettibon, «Nurse» de Richard Prince et bien d’autres... «Sa place, nulle dans l’histoire de l’Art, est immense dans l’histoire sentimentale des sociétés.» Marcel Proust Eloge de la mauvaise musique / Extrait de «Les plaisirs et les jours», Chapitre XIII Gerhard Richter «Candle» Christopher Wool Sonic Youth Cover for «Daydream Nation» Sonic Youth Cover for «Rather Ripped» C’est en jouant de mon instrument de prédilection, la batterie, que je me suis rendu compte que les peaux sur lesquels je jouais gardaient en mémoire la trace des coups de baguettes de batterie. «Quiet Beat» consiste à prendre 4 peaux de batterie, et d’y inscrire en frappant, une lettre sur chacune des peaux, «B ; E ; A ; T». Petit à petit le sablage de la peaux, vient s’écraser, s’enlève laissant place à la transparence de la peaux par endroits, révélant ainsi les lettres. Ce qui m’intéresse dans ce projet, c’est de prendre un support sonore, et de le détourner de sa fonction première, et de produire de la graphie, les lettres redi- sent la même chose que le geste. Le titre quand à lui rend compte de l’écart, de l’opposition, qui se produit entre l’objet et sa méthode de fabrication. Je pense cet objet comme une pièce sonore, c’est le spectateur face à l’objet «Quiet Beat» et dans cette écart / opposition qu’il y a entre titre et objet, que la don- née sonore peut-être activé, selon la familiarité de chacun avec cet objet. Le mot Beat rend compte de plusieurs choses, il porte bien entendu cette notion de rythme, de temps, mais aussi traduit le geste de «battre», frapper, cela peut traduire aussi d’un sentiment de lassitude, fatigue, défaite, résignation... «Davantage que la simple lassitude, il sous-entend le sentiment d’avoir été usé, d’être à vif. Il implique une sorte de nudité de l’esprit, et, ultimement, de l’âme ; le sentiment d’être réduit au plus simple état de conscience. En résumé, il signifie être poussé jusqu’à ses propres limites, sans se faire remarquer.» « This Is The Beat Generation », par John Clellon Holmes The New-York Times Magazine, 16 novembre 1952 Capture vidéo archive «Quiet Beat» 2014 «En un claquement de doigts» «En un claquement de doigts» Avant tournage Après tournage J’ai réalisé une vidéo que j’ai intitulé «En un claquement de doigts». Expression qui sert à souligner la facilité, et la rapidité d’exécution. Le geste ici est épuisé, par la répétition, plaçant le spectateur dans l’attente du spectaculaire, rien d’autre ne se produit, que le geste et le son qui se retrouve dif- fusé par la vidéo. On voit, entend alors un tempo «organique», dans le sens ou il est définit, uni- quement par la résistance de mon corps à répéter ce geste, flottant, imprécis par moment. La place de la langue et l’expression «En un claquement de doigts» est mis en échec, pour produire autre chose. J’arrête la vidéo lorsque je me rend compte qu’une ampoule est apparu sur mon doigt, je décide d’arrêter à ce moment là. «En un claquement de doigts» video / son 19:30 min 2015 «Géographie du sinistre» est une édition photo. J’ai choisi de prendre des photos qui ont servies comme constat auprès d’assu- rance, pour des dégâts des eaux, une fois re cadrées, mis en noir et blanc, et mis à la suite, je change la fonction de ces images, le titre apporte quand à lui une lecture différente et un sens nouveau. La photographie laisse place au dessin d’une géographie possible, le plafond éclairé par un flash la plupart du temps, des trous béants, un plafond qui risque de s’écrou- ler, des murs écaillés... Les images s’ouvrent et on découvre des diptyques d’une «géographie du sinistre» par sa nature et par sa forme. «Géographie du sinistre» Edition Imprimé en offset litho 15 exemplaires Lors d’un workshop à la Villa Arson avec Jean-Baptiste Sauvage et Arnaud Maguet intitulé «Le sceau du roi est mort» nous avons fabriqué des tampons, pour en faire des motifs et avons produit une édition sur cette base. J’avais cette idée de faire une batte de baseball et de la détourner en tampon... Lorsque j’étais à la Villa Arson, j’ai fabriqué une série de tampons dont un qui est un dessin d’une batte de baseball, en rentrant à l’école j’ai décidé de me fabriquer une batte de baseball à l’échelle de celle d’un enfant, et au ciseaux à bois je suis venu y inscrire le mot «Brat» à l’intérieur. Ce qui m’intéresse dans cet objet, c’est le fait qu’on le connaît pour le sport Baseball mais aussi cet objet porte en lui une certaine violence, dans l’inconscient collectif, la batte peut-être utilisé comme arme. Encore une fois la langue peut permettre cette association d’idée, «je me suis fait tamponner»... Ici l’objet est détourné, le dessin de la batte vient faire office de motif «carrelage», comme sur une tapisserie d’adolescent, de «mauvais garçon»... La marque «BRAT» est apposé par un geste violent sur le format, le bois ne permet- tant pas de rendre l’encre dans le cas contraire. «Baseball Brat» 150 cm / 200 cm Encre tampon / batte en bois Empty Space 2014 tirage jet d’encre Issue d’une nouvelle série de photo, d’un travail toujours en cours, «Empty Space»consiste à choisir un lieu, et à prendre ici et là des fragments de cet espace a priori sans qualités particulière... La prise de vue, va permettre d’isoler et de mettre en valeur ces fragments, jouant sur l’échelle... Lors du développement de l’image, je vais parfois faire remonter la couleur, dû aux diverses sources de lumière, afin de faire ressortir la beauté formelle, presque pictu- rale de ces espaces. Scroll tirage jet d’encre Ces images font parti d’un travail que j’ai commencé en première année et que je continue d’explorer.
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