Tunisie 2040 Le Renouvellement Du Projet Moderniste Tunisien

Tunisie 2040 Le Renouvellement Du Projet Moderniste Tunisien

TUNISIE 2040 LE RENOUVELLEMENT DU PROJET MODERNISTE TUNISIEN Association Club Mohamed Ali de la Culture Ouvrière et C.E.M.A.R.E.F. TUNISIE 2040 LE RENOUVELLEMENT DU PROJET MODERNISTE TUNISIEN Ouvrage Collectif Réalisation © Association Club Mohamed Ali de la Culture Ouvrière (A.C.M.A.C.O.) et C.E.M.A.R.E.F. - Tunis 2018 © Association Club Mohamed Ali de la Culture Ouvrière (A.C.M.A.C.O.) et C.E.M.A.R.E.F. - Tunis 2012 Réalisation : Sud Editions - Tunis [email protected] www.sudeditions.com ISBN : 978-9938-01-055-8 Photos de la couverture : Images de Tunisie Remerciements En tant que président de l’Association Mohamed Ali de la Culture Ouvrière (ACMACO) je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont rendu possible la réalisation de cette étude et sa publication et tout particulièrement MEPI de l’Ambassade des USA en Tunisie, l’Ambassade de Finlande en Tunisie, la Fondation Friedrich EBERT et l’Institut Français de Tunisie. Mes remerciements s’adressent également aux universitaires, chercheurs, syndicalistes, militants associatifs, journalistes et étudiants, Tunisiens et étrangers , qui ont pris part aux travaux de cette étude. Habib GUIZA 7 9 PRÉFACE Une seconde édition de Tunisie 2040 : la rénovation du projet réformiste s’est imposée à nous par la nécessité de donner l’audience qu’il mérite au travail du think tank de l’Association Mohamed Ali (ACMACO) grâce au soutien de la fondation Friedrich EBERT que je remercie vivement. Ce travail réalisé entre 2009 et 2010 a permis de comprendre que la Tunisie avait besoin d’un nouveau souffle, d’une nouvelle vision et d’une nouvelle qualité de rapports sociaux, syndicaux, politiques et économiques. Partant du constat que le projet réformiste tunisien est arrivé à un stade d’essoufflement, nous avons réfléchi aux conditions objectives de son renouvellement dans un esprit de dialogue et d’intelligence collective que l’Association Mohamed Ali de la Culture Ouvrière (ACMACO) a fourni et que les membres de notre groupe ont développé dans un esprit d’ouverture et d’échange qui élève la Tunisie à la civilisation de notre temps. La révolution de janvier 2011 nous a rattrapés. Chacun des membres du groupe a ajouté à son texte un appendice et à sa vision un espoir. Le lecteur de cette seconde édition verra qu’un grand nombre de nos prévisions se sont avérées justes et que notre vision prospective était pertinente, tandis que d’autres manquaient de cadres institutionnels propres à leur donner la chance de se réaliser. On comprendra que la Tunisie d’après janvier 2011 est entrée dans un cycle nouveau : les promesses de la démocratie sont infinies. Non seulement une seconde République voit le jour, mais une nouvelle manière d’être et de penser émerge : la pratique de la politique, de l’action civile et syndicale donnent à la Tunisie une autre identité. La Tunisie a eu la chance de vivre une révolution exceptionnelle par son aspect civil et pacifiste, malgré les martyrs tombés à la veille du 14 janvier 2011. D’aucuns pensent aujourd’hui que l’avenir est sombre et que l’espoir de voir une Tunisie nouvelle s’émousse de jour en jour. C’est probablement en raison de ce sentiment mitigé que nous avons décidé de reprendre les travaux de notre groupe afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de la réalité que nous vivons. À cet effet, nous émettons un ensemble d’idées propres à lever les équivoques et des hypothèses permettant de déblayer le terrain. D’abord la démocratie. Il nous faudra approfondir ce concept afin de montrer que ce qu’on appelle « démocratie » est avant tout une dynamique, un processus, non un « état ». L’ordre démocratique change la société, surmonte la différence et la marginalité, crée de nouveaux équilibres, redonne un crédit à la majorité et élève la responsabilité des institutions de la société civile. Désormais, la liberté d’expression, garantie par la Constitution du 26 janvier 2014, invalide la toute puissance du parti unique, du syndicat unique et du leader unique. La pluralité politique et syndicale soutenue par une société civile pleinement consciente de ses droits, basée sur le respect de la loi et le principe de contrôle démocratique, défend un projet de société où la citoyenneté est effective. La seconde idée concerne la citoyenneté. En effet, dans ce nouvel ordre de relation ouvert et interactif, chaque citoyen est récepteur et émetteur dans un rapport constant d’échange avec son environnement. Point de système fermé ou de progressions programmées. La relation est désormais interactive et dynamique. Elle s’intègre dans un nouveau paradigme où l’avenir est une invention collective et où la force des institutions se mesure à leur capacité d’intégrer la diversité, la minorité et la marginalité. On abolit désormais l’illusion d’une vision infantiliste où le citoyen aspire à être pris en charge par un Etat omnipuissant et détenteur des rouages de la vie politique, sociale et économique. Désormais, une nouvelle idée de la citoyenneté, de l’Etat et des rapports sociaux s’impose aujourd’hui comme un impératif de civilisation. On sauvegarde les acquis d’une Tunisie ancrée dans son milieu culturel et spirituel en mettant en place un nouveau modèle de développement partenarial qui rompe avec les modèles saturés et la vision programmatique. Notre hypothèse de travail consiste à montrer que la transition démocratique que vit la Tunisie nécessite l’ancrage à un nouveau modèle de développement en phase avec l’engagement citoyen, avec les valeurs de solidarité et de réciprocité, avec un système social et politique qui dépasse le cadre imposé des secteurs public et privé, et qui admette un tiers secteur fondé sur le travail collectif, soucieux des impératifs écologiques et pleinement conscient des ressources du numérique. Une démarche de création collective pour une économie so- ciale solidaire, en rupture à la fois avec le modèle fordiste et le modèle néolibéral, permettra l’émergence d’un Etat stratège capable de favoriser la collaboration entre les trois secteurs de l’économie (le public, le privé et le tiers secteur). L’Etat sera le garant d’une synergie créative et compétitive. Sa mission ne peut réussir qu’à la condition d’adopter un nouveau paradigme culturel où les hommes et les femmes travaillent ensemble dans un esprit citoyen d’égalité, de solidarité et de liberté en rupture avec toute forme d’autoritarisme, d’intégrisme et de salafisme. Habib GUIZA Président de l’ACMACO AVANT PROPOS Habib GUIZA À l’origine de ce travail, un constat, une idée et un vœu. 1. Le constat que la Tunisie est un pays porteur d’une civilisation ancrée dans l’Histoire, qui s’est doté d’une constitution depuis Carthage et qui est demeuré un carrefour d’échange et de création. Ce pays, qui a été la capitale de l’islam maghrébin, n’est jamais tombé dans l’extrémisme. De Kairouan, Fatima Al-Fihriya fonda l’université Qarawiyyĭn de Fès au Maroc, et de Mahdia, Al- Muizz li-Dîn Allah al-Fatimi fonda le Caire. Ahd Al amen de 1861 demeure la première constitution apparue dans le monde arabe. Un réel courant moderniste traverse l’histoire de notre pays. Ses expressions sont multiples et variées. De mon point de vue de syndicaliste, il me semble que l’une de ses manifestations les plus symboliques s’est concrétisée à travers la fructueuse rencontre entre Mohamed Ali Al Hammi et Tahar Al Haddad. Transformée en alliance matricielle, cette rencontre entre un syndicaliste engagé et un intellectuel organique a été le point nodal autour duquel a fermenté le courant moderniste tunisien, qui a été essentiellement axé sur la lutte syndicale pour la liberté des travailleurs tunisiens, l’indépendance du pays et la lutte pour la libération de la femme. L’histoire de la Tunisie contemporaine n’a fait que confirmer l’esprit de cette alliance pour la réalisation d’un nouveau projet de société que l’on a vu prendre forme d’abord avec la naissance du Néo-Destour en 1934, ensuite à travers le congrès du même Néo- Destour à Sfax qui a vu la concrétisation de l’alliance de Bourguiba et de Achour, c’est-à-dire du politique au syndical. Ce congrès a été un moment historique qui a permis au courant moderniste de poser les bases solides du nouvel État tunisien et d’une nouvelle société tunisienne, réellement moderne et tournée vers l’avenir. 12 13 Par la rénovation du système juridique, économique et familial (CSP), l’éducation de l’homme tunisien a été réalisée dans le sens d’une valorisation du mérite et des institutions. L’alliance entre l’État-Parti unique et le syndicat unique, l’UGTT, a été à l’origine d’une paix sociale dont les événements sanglants du 26 janvier 1978 ont montré les limites. Il faut dire que le compte à rebours de la décadence du projet moderniste tunisien avait déjà commencé depuis les années 70 : refus du pluralisme politique et syndical et déclaration de Bourguiba président à vie en 1975. Le régime de Ben Ali ne fera que confirmer ce choix autoritaire à travers une mainmise sur toutes les ressources fructueuses du pays. Dès lors, la censure, la corruption, la désinstitutionalisation sont devenues le mode d’être d’un régime en panne d’idée, où aucune vision de l’avenir n’est établie et où l’éducation ne remplit plus sa fonction d’ascenseur social ni de citoyenneté. C’est la raison pour laquelle il nous a semblé pertinent de parler d’un essoufflement du projet réformiste tunisien. C’est donc de ce constat qu’est née l’idée de la nécessité d’une rénovation du projet moderniste tunisien.

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