Les Adaptations De JV En BD

Les Adaptations De JV En BD

Année académique Master 2 2016-2017 Politiques Éditoriales Université Paris 13 – Villetaneuse Nolwenn Guillemot Les adaptations de jeux vidéo en bandes dessinées Sous la direction de M. Bertrand Legendre, directeur du master de Politiques Éditoriales à Paris 13 – Villetaneuse 2 Les adaptations de jeux vidéo en bandes dessinées 2 Remerciements Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont apporté leur aide dans la réalisation de ce mémoire, grâce à leur collaboration, leurs informations et leurs conseils, faisait évoluer mon approche sur ce sujet et m’encourageant à mener à terme cette entreprise de recherche. En tout premier lieu, je remercie vivement Bertrand Legendre, directeur de ce mémoire et du master, pour son autorisation à travailler sur un sujet aussi atypique et pour sa patience à mon égard. Je souhaite également témoigner toute ma gratitude à Jean-Baptiste Hostache, Xavier Guilbert, Domitille Vimal du Monteil et Sébastien Moricard, qui ont aimablement accepté de me consacrer un peu de leur temps pour répondre à mes questions, apportant ainsi une contribution essentielle à ce travail. Je remercie Serge Ewenczyk, Hélène Duhamel et Stéphane Marsan, pour leurs recommandations judicieuses qui m’ont menée à des rencontres enrichissantes, ainsi que Noëlle Poggioli, pour sa vérification de la pertinence du sondage mis en ligne dans le cadre de ce mémoire. Je souhaite enfin exprimer ma profonde reconnaissance envers Lara et Coline, qui m’ont notamment apporté leur concours pour accéder aux données dont j’avais besoin ; les relecteurs bienveillants dont l’aide m’a été précieuse, Paloma, Baptiste et Margot ; et toutes les personnes ayant accepté de répondre au questionnaire mis en ligne, dans le cadre de l’étude sur les relations entre les lecteurs et les œuvres du marché étudié. 3 4 Introduction C Bande dessinée et jeu vidéo ont en commun d’être tous deux des arts contemporains1, qui ont connu leur essor au cours du XXe siècle et se sont appuyés sur des bases préexistantes pour se développer, c’est-à-dire les livres et les jeux, respectivement. Tous deux sont encore largement considérés comme destinés a priori à un public jeune2. Ils sont également en quête d’une légitimité que leur succès économique et leurs institutions progressivement reconnues sont en train de leur apporter. Outre ces points communs, c’est peut-être également du fait de leur dimension visuelle prépondérante commune que les bandes dessinées et les jeux vidéo entretiennent une relation privilégiée d’échanges, depuis plus trente ans3. Les échanges entre deux médiums en général sont de trois natures : dans un rapport sujet/objet, dans une relation d’émulation, et dans un système d’adaptation. Cela nous donne ici un ensemble de six configurations, avec d’une part les livres comme objets dans des jeux vidéo (nous élargissons ici volontairement la notion de bande dessinée à celle de livre pour cette catégorie seulement, pour avoir plus de cas à présenter), des bandes dessinées comme références de forme dans des jeux vidéo, et des 1 On considère ici que la bande dessinée, comprenant toutes les variantes du genre, les mangas, les comics, les formats franco-belges ou les romans graphiques, est classifiée comme étant le neuvième art tel qu’entériné par Francis Lacassin dans Pour un neuvième art : la bande dessinée, Christian Bougois, 1971. Le jeu vidéo est quant à lui considéré ici au titre de dixième art, bien que cette reconnaissance soit toujours incertaine à l’heure actuelle ; nous suivons ici l’impulsion donnée par le ministre de la Culture et de la Communication Renaud Donnedieu de Vabres, qui décora en 2006 des créateurs de jeux vidéo afin de « faire reconnaître ce domaine comme une nouvelle forme de création culturelle à part entière » (voir http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/communiq/donnedieu/decovideo.html). 2 On peut pourtant estimer que la bande dessinée, apparue à travers la « littérature en estampes » de Richard Töppfer avec la création de l’Histoire de M. Jabot en 1831 et tenant plus de la caricature, visait principalement à la satire politique et sociale et ce faisant s’adressait à un public adulte. De même, les précurseurs des jeux vidéo, développés dans des universités dans les années 1950, avaient des fonctions « matures », qui ne visaient pas à divertir mais à servir de programme d'entrainement, de recherche dans certains domaines tel que l’intelligence artificielle, et enfin de démonstration technique. 3 Notamment avec la sortie du jeu vidéo Astérix en 1983 édité par Atari, ou Tintin sur la lune en 1989, édité par Infogrames ; et encore avec la publication de la bande dessinée Pac-Man, éditée par Eurédif en 2984. 5 bandes dessinées comme références de contenu pour des adaptations en jeux vidéo ; et d’autre part, les jeux vidéo comme sujets traités dans des bandes dessinées, des jeux vidéo comme modèles de forme pour des bandes dessinées, et des jeux vidéo comme matière première d’adaptation en bandes dessinées. Pour mieux cerner leurs différences, détaillons plus précisément ce qu’induisent ces six catégories. Dans le premier cas évoqué, les livres sont des objets présents dans des jeux. Dans leurs univers, les livres de manière générale ne sont jamais des objets anodins – ils sont également bien plus communs que les bandes dessinées seules. Ils constituent des objets particuliers, dignes d’intérêt et de signification. En effet, ils ont un rôle précis à jouer, comme l’évoque Jérôme-Olivier Allard en parlant des manifestations et des fonctions des livres à l’intérieur des jeux vidéo : Dans les jeux vidéo, les livres intraludiques – c’est-à-dire les objets- livres (qu’ils soient représentés sous la forme d’ouvrages, de feuilles éparses, d’entrées encyclopédiques, de parchemins ou de fragments) présents dans le monde (gameworld) ou l’histoire du jeu – remplissent diverses fonctions déterminantes. Ils peuvent être perçus à la fois comme une mise en abîme de l’acte de lecture, une ouverture à l’intertextualité ou une figuration du labyrinthe. Le texte écrit intégré au jeu peut en outre contribuer à révéler (…) de nouvelles pistes d’interprétation et la complexité de l’univers narratif mis en place.4 Le critique développe ensuite le fait que dans nombre de jeux, des livres remplissent une fonction encyclopédique qui développe souvent l’histoire de l’univers fictionnel, ses grandes figures, ses créatures ; ces livres « participent […] à l’établissement d’un sentiment d’immersion : le joueur a l’impression d’évoluer dans un univers vivant ayant une profondeur et une histoire dépassant le simple cadre du récit.5 ». D’autres livres peuvent être des objets de quête, qu’il faut trouver et lire pour obtenir des indices, ou ramener à leur propriétaire ; certains, enfin, « permettent (…) au joueur d’améliorer la compétence de son personnage par l’octroi d’un point supplémentaire à l’une de ses aptitudes (force, dextérité, intelligence, etc.)6 ». Les livres prennent donc une dimension de décor (de par leur connotation de connaissance, ou de par leur contenu fragmentaire de savoirs sur l’univers fictionnel) plus ou 4 Jérôme-Olivier Allard, « Joue-moi une histoire. Objet-livre intraludique et ouverture du récit dans le jeu vidéo », Jeu vidéo et livre, iBooks. 2016, p. 61. 5 Idem, p. 67. 6 Idem, pp. 67-68. 6 moins secondaire, ou bien d’objets communs d’interaction dans le jeu pour des quêtes, ou encore des objets symboliques améliorant les pouvoirs de son propre personnage7. La question du statut du livre est par ailleurs reprise dans un article de Hélène Sellier, dans lequel elle met en avant l’association du livre, de la bibliothèque, au savoir et à l’éducation : « La dimension didactique de la littérature se double du caractère initiatique de la transmission d’une histoire 8». Elle expose en outre le statut affirmé que peuvent revêtir les métiers du livre (auteur, éditeur, imprimeur, etc.) dans certains jeux, et les valeurs qui accompagnent ce parti pris (diffusion de la culture, transmission du savoir, qualité du texte…). Jérôme-Olivier Allard développe également dans son article les cas de différents jeux, qui font de l’acte de lecture « un élément sinon intrinsèque, du moins intriqué à la jouabilité 9 », ainsi que des possibilités de réinterprétation de l’histoire qui sont permises selon l’usage fait des récits intégrés mis à la disposition du joueur, offrant une richesse narrative potentielle pour qui joindrait la lecture au jeu. Dans la seconde catégorie présentée, outre le rôle d’objet important que peut tenir un livre dans un jeu vidéo, celui-ci peut vouloir reprendre ses codes, en particulier dans le cadre de la bande dessinée. Les jeux vidéo empruntent globalement des codes aux bandes dessinées, un constat fait par Sebastien Naéco dans État des lieux de la BD numérique. Enjeux et perspectives, où il liste quelques uns des procédés empruntés au neuvième art : « personnages en champ contre-champ qui dialoguent au travers de bulles (Zelda), silhouettes pop-up qui se répondent dans un décor fixe (Dragon ball par exemple), effets de texte (onomatopées) pour marquer l’humour ou l’effroi 10». Certains d’entre eux cherchent à pousser plus loin la synergie, en « [récupérant] le langage et les propriétés narratives de la bande dessinée 11». C’est le cas, par exemple, des jeux Comix Zone et XIII (ce dernier appartenant également à la catégorie des jeux inspirés d’un univers de bande dessinée) étudiés par Philippe Paolucci. 7 Ces divers statuts du livre sont également développés dans les articles « Le livre dans le Role Playing Game : un objet multifonctionnel » de Julien Lalu, Jeu vidéo et livre, iBooks. 2016, pp. 138-179, et « Livré à soi-même : interfaces et interférences textuelles dans Amnesia: The Dark Crescent » de Benjamin Peuch, pp.

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