Justices Seigneuriales Du Beaujolais

Justices Seigneuriales Du Beaujolais

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU RHÔNE sous-série 4 B JUSTICES SEIGNEURIALES DU BEAUJOLAIS (1406 -1790) Répertoire numérique établi par Annie CHARNAY, conservateur. Publié avec le concours de Michel OLLION, conservateur, sous la direction de Philippe ROSSET conservateur général, directeur des Archives départementales du Rhône LYON 1997 Illustration de couverture : Château de Corcelles (Rhône) 0 Conseil général du Rhône/P. Ageneau (photographie publiée avec l’aimable autorisation du propriétaire du bâtiment) ISBN 2.86069.004.2 AVANT-PROPOS La consultation des archives des tribunaux subalternes de l’Ancien Régime apporte toujours, au-delà de l’histoire anecdotique, une information irremplaçable sur le monde des villes et des villages. Elle permet de cerner, dans la banalité des petits événements où la justice intervient, la trame de la vie quotidienne, les réalités économiques et sociales, les représentations.. La sous-série 4 B rassemble des documents émannant de cours seigneuriales, châtelle- nies et prévôtés du Beaujolais sous l’Ancien Régime, à l’exception de Villefranche, et con- servés aux archives départementales du Rhône. Le présent répertoire prend la suite de celui des justices seigneuriales du Lyonnais (sous- série 2 B), publié en 1990. Rédigé également par Mme Annie Charnay, conservateur aux archives du Rhône jusqu’en 1985, il a été complété par M. Michel Ollion, conservateur, en particulier en ce qui concerne la bibliographie, les sources complémentaires et les diffé- rentes annexes. La rédaction de la bibliographie a bénéficié des conseils de M. Jean-Pierre Gutton, professeur à l’université Lumière Lyon 2, qu’il m’est agréable de remercier ici une nou- velle fois pour son concours. Les cartes ont pu être dessinées grâce à M. Laurent Charti- nier qui a mis en œuvre sa compétence et l’équipement bureautique de la cellule Communication du Conseil général du Rhône. Cette publication, tout comme celle, très récente, du répertoire des registres du Contrôle des actes, est l’occasion pour nous de redire notre attachement déterminé à une politique de publication d’instruments de recherche, au service des chercheurs et de la communauté scientifique. Philippe ROSSET Conservateur Général du Patrimoine Directeur des Archives départementales du Rhône INTRODUCTION I - LA JUSTICE EN BEAUJOLAIS DU MOYEN-AGE AU XVIIIe SIECLE Les institutions seigneuriales de la baronnie de Beaujeu, l’une des plus anciennes sireries de France, sont à l’origine de l’organisation judiciaire du Beaujolais. Le seigneur de Beaujeu, haut-justicier dans l’étendue de ses terres, disposait, dès le XIIIe siècle, d’une “Curia” composée de gens de loi et munie d’un sceau. Elle compre- nait : un bailli, un juge ordinaire, un juge des appels, un procureur général et des clercs jurés. Elle jugeait les causes civiles supérieures à 20 sols et toutes les causes criminelles. Les causes inférieures à 20 sols étaient de la compétence des prévôts et des châtelains, agents seigneuriaux dont les attributions étaient à la fois domaniales et judiciaires. L’appel de la cour seigneuriale pouvait se faire au bailli de Mâcon, puis au Parlement de Paris. En Beaujolais même, il y a toujours eu deux degrés de juridiction. L’autorité judiciaire du seigneur de Beaujeu était limitée par l’autorité rivale de ses vassaux et par celle des villes ayant obtenu des chartes de franchises : Beaujeu, Villefran- che, Thizy, Belleville(1). Le droit de justice, élément essentiel du pouvoir seigneurial, a suscité des conflits de compétence et de ressort, mais les seigneurs de Beaujeu ont eu raison des oppositions de leurs rivaux, notamment de leurs vassaux ecclésiastiques. Le Beaujolais médiéval sur le plan judiciaire diffère donc profondément du Lyonnais où 1’Eglise s’était appropriée le pouvoir seigneurial aux dépens des seigneurs laïques. Les ducs de Bourbon sont entrés en possession du Beaujolais à la mort du dernier seigneur de Beaujeu, Edouard II, en août 1400. Ils ont pris plusieurs ordonnances concernant la justice de leur province : - Le 26 janvier 1463, le duc Jean II établit dans le pays les prévôtés et châtellenies, par-dessus lesquelles il y avait un juge d’appeaux pour toutes les terres de Beaujolais(2). (1) MERAS (Mathieu), Le Beaujolais au Moyen Age, Villefranche, 1956. (2) LOUVET (Pierre), “Mémoires” dans Histoire du Beaujolais, manuscrits inédits des XVIIe et XVIIIe siècles publiés par Léon Galle et Georges Guigue, Lyon, 1903, p. 68. INTRODUCTION - Le 16 mai 1503, Pierre de Bourbon répond à la longue requête des habitants du Beau- jolais concernant les officiers et les greffes : désormais les offices de judicature seront bail- lés à des hommes de loi, “idoines et sufisans”,rétribués par le seigneur, et non à des gens de métier,“sergens, laboureurs ou d’autres conditions” percevant des amendes à leur pro- fit. Les greffes seront baillés à des gens de pratique “bien entendus en l’art de notairie” et le greffe criminel sera séparé du greffe civil. Ces mesures devaient redonner vie aux auditoires du Beaujolais, désertés, en raison de leur désordre, au profit de la cour du bailli ou de celle de l’officia1 de Lyon, beaucoup plus éloignées des justiciables. - Le 10 juin 1518, Anne de Beaujeu, fille de Louis XI et femme de Pierre de Beaujeu, règle la justice de la province par une “ordonnance sur le stille de plaidoyrie du Beaujo- lais”(1) qui tend à clarifier la formulation des décisions de justice et à supprimer l’arbi- traire de leur exécution. Désormais “les sergens et chacipolz feront leurs relations et exploietz en langaige vul- gaire et françoys et signeront lesdites rellations s’ils scavent signer sinon les rapporteront à ung notaire auquel ilz les feront signer” (art. 2). Les exploits d’exécution de saisie se feront en présence de deux témoins (art. 3) et les sergents ne pourront saisir ni bœufs ni vaches ni “autres semblables meubles dépérissables” (art. 5). les greffiers tiendront leurs registres en français (art. 34). La justice du Beaujolais est transformée au XVIe siècle par l’intervention royale. Après la confiscation des terres de la maison de Bourbon, en 1531, le roi François Ier fait exercer la justice en son nom(2) . En mai 1532, il change la juridiction du juge d’appeaulx en bailliage royal : ainsi est né le bailliage de Beaujolais, séant à Villefranche, devenue sous Anne de Beaujeu capitale du Beaujolais. Les officiers du bailliage jugeront “de tous cas royaux et autres appartenants en leurs juridictions et ressorts audit pays”(3). Sous les règnes de François Ier et Henri II, l’état judiciaire du Beaujolais est modifié par : - les empiétements des officiers royaux sur des attributions des juges locaux(4), qui ten- dent à amener au bailliage les deux degrés de juridiction et à priver les habitants d’une justice rendue sur les lieux ; - les aliénations du domaine royal, portant sur des seigneuries dont les justices sont vendues, parfois séparément des autres droits et des greffes, ou bien rattachées au bailliage de Villefranche, en vertu de considérations financières. On été aliénés les seigneuries de : Belleville, Thizy, Montmelas, Beaujeu, Varennes, Quincié, Marchampt, Tourvéon, Charnelet, Julinéas, Reneins, la haute justice de Charen- tay et en partie de Reneins, le greffe de la prévôté de Beaujeu”(5). (1) Archives départementales du Rhône, fonds du bailliage de Beaujolais, livre de roi, 1495-1525 (cote provisoire : 3 B 280). Dans ce registre sont transcrits les actes de l’administration de Pierre et Anne de Beaujeu, et du bailli de Beaujolais, Philibert de la Platière. (2) Lettres du 26 septembre 1531, citées dans LOUVET (Pierre), Histoire du Beaujolais,... op. cit., p. 72-73. (3) Lettres de mai 1532, citées dans LOUVET (Pierre), ibid, p. 74. (4) LONGIN (Emile), Recueil de documents sur le Beaujolais à la fin du XVIe siècle, Lyon, 1909, p. IX. (5) LONGIN (Emile), Baux à ferme et ventes des chastellenies et seigneuries du pays de 1528 à 1604, Lyon, 1807. [Vente de Chamelet le 1er septembre 1553 : Arch. dép. Rhône, fonds du bailliage de Beaujolais, livre de roi, 1560-1565, fol. 108 vo (cote provisoire : 3 B 281)]. INTRODUCTION Le pays de Beaujolais “en tous droits de justice, haute, moyenne et basse, fruits, pro- fits, émoluments des greffes et amendes et confiscations” est cédé au duc de Montpensier le 27 novembre 1560(l), par une transaction enregistrée au Parlement le 25 juin 1561(2), à la charge, pour le duc de nommer les officiers et de payer leurs gages. Les intérêts du duc et ceux des justiciables, qui renvendiquent une justice proche de leur lieu de résidence, s’opposent à ceux des officiers du bailliage, qui souhaitent exercer à leur profit, même à l’extérieur de Villefranche, les deux degrés de juridiction. Il y avait, à cette époque, 11 châtellenies ou prévôtés, dont dépendaient les justices subalternes, ressortissant par appel au bailliage(3). Le 1er mai 1584 François de Bourbon, duc de Montpensier règle la justice ordinaire(4) : pour éviter aux justiciables de se rendre à Villefranche pour toutes les affaires supérieures à 60 sols viennois, un juge ordinaire, ayant la connaissance en première instance de toutes matières civiles et criminelles est établi dans les villes importantes par leur population et leur commerce : Beaujeu, Belleville et Chamelet. Dans les juridictions de Perreux et Lay, très éloignées de Villefranche, un juge ayant les mêmes atttributions est également établi. Dans le ressort de ces cinq châtellenies, les justices subalternes gardent la connaissance des affaires inférieures à 60 sols. Les aliénations du duc de Montpensier ont eu raison de l’ordre judiciaire établi en 1584 ; les paroisses aliénées “appartiennent, en toute justice, à leurs seigneurs, et les châ- tellenies où devaient ressortir ces justices en sont devenues désertes(5). L’état des seigneuries vendues, avec le prix de vente et le nom des acheteurs, a été publié par E.

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