
ACTES DE S. S. PIE XI Encycliques, Motu Proprio, Brefs, Allocutions Actes des Dicastères, etc. Texte latin et traduction française. TOME XVIII (Années 1938-1939) MAISON DE LA BONNE PRESSE e 5V rue Bayard, PARIS 8 ACTES DE S. S TOME XVHI (Années 1938-1939) Une des dernières photographies de Sa Sainteté Pie XI. Nihil obstat ; Lutetiae Parisiorum, die 29a novexnhris 1939. F. PROTIN. IMPRIMATUR Lutetiae Pavisiorum, die 12-n martii 1945. À. LECLERC, O. g PREMIÈRE PARTIE ACTES DE S. S. PIE XI ENCYCLIQUES, MOTU PROPRIO, CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES, MESSAGES, LETTRES, ALLOCUTIONS DISCOURS aux membres du Chapitre général des Frères Mineurs Capucins dans l'audience du 10 juin 1938 (1). L'auguste Pontife se plaît à souligner que cette audience, pour plus d'une raison, était vraiment une audience solennelle. Les titres imposants des religieux qui s'y trouvaient présents» repré­ sentants d'une des plus grandes et des plus méritantes familles religieuses, suffisaient à lui donner ce caractère. Ces titres, en effet, ne sont pas peu de chose dans la sainte Eglise de Oieu. Il s'agit ici, à proprement parler, d'une totale et religieuse participatiou et adhésion à la parole de Dieu. En enlevant à l'expression tout ce qu'elle pouvait avoir d'austère, le Pape veut dire qu'il est comme le général qui est content de se trouver au milieu non seulement de soldats de choix, mais de soldats choisis parmi l'élite, au milieu des représentants de toute une milice d'élite, au milieu d'une foule qui n'est pas une foule, mais un ensemble très distingué : il n'y a pas de foule, en effet, là où tout est ordonné et en même temps choisi. Cela revenait à dire à ces fils très chers et aussi à ces frères — car le Saint-Père se rappelle avec complaisance être l'un des plus vieux Tertiaires du monde — avec quel plaisir et combien grand il les accueillait et leur adressait la parole. Assurément, le moment est particulièrement solennel et important, pas seulement en raison de l'affection du cœur, mais aussi quand on considère que ces fils se trouvent en présence du Vicaire du Christ après les fructueux travaux de leur Chapitre général, avec l'ancien et avec le nouveau Ministre général : ces deux valeurs seraient suffisantes pour faire connaître le rang et l'importance de cette audience. En outre, d'autres charges élevées ont été pourvues de nouveaux titulaires : donc il y a eu pour la famille religieuse des Frères Mineurs Capucins vraiment un grand Chapitre général. D'une façon encore plus spéciale et plus solennelle, le Pape veut répéter ce qu'il a souvent coutume de dire : un Chapitre général est un important point d'arrivée et un important point de départ. Car une grande famille religieuse ne peut se réunir sans éprouver le besoin — ce que Sa Sainteté avait aussi éprouvé tant de fois quand elle gravissait les hautes montagnes — de regarder en arrière et (1) Traduit du texte italien publié par VOsservatorc Romano du 12 juin 1938, sous le titre « Paroles paternelles et directives concernant l'apostolat des religieux et son efficacité ». Un passage de l'allocution pontificale est particulièrement important ; il y est question de la rigueur à garder dans le choix des vocations religieuses et sacerdotales. Ce Chapitre général des Capucins avait élu pour Ministre général le T. R. P. Donat de Velle, d'origine belge, ancien recteur du Collège pontifical éthiopien de Rome, confié aux Capucins. 8 DISCOURS AUX PP. CAPITULANTS CAPUCINS de mesurer le chemin parcouru. Il y avait aussi pour eux un point d'arrivée après un cheminement si considérable, puisque l'activité des religieux Capucins a pour théâtre le monde entier. Et c'est bien ce que rappelait très opportunément l'adresse par laquelle « Notre et votre cher Ministre général », dit le Pape, annonçait avec tant de bonheur l'agréable visite. La famille des Frères Mineurs Capucins travaille si bien et si efficacement ! Donc un point d'arrivée. Comment le chemin a-t-il été parcouru et comment devait-on le parcourir ? Examen de cons­ cience important quand il s'agit de pareils ouvriers évaiigéliques, si nombreux, si zélés. Certes» s'il y avait à faire un examen de conscience, on pouvait éprouver une légitime satisfaction et on devait à Dieu de ferventes actions de grâces à propos des grandes bénédictions divines reçues, vécues, utilisées. Grande était la conso­ lation de ces religieux. Elle renouvellerait dans leurs cœurs la recon­ naissance pour cette magnifique et sainte vocation. Les Capucins travaillent, et bien, dans toutes les parties du monde, à étendre le royaume, le règne du Christ. Ceci est un point de départ et un point d'arrivée et inspire pareillement un bilan des travaux et des dépenses. Bilan vaste comme l'examen de conscience, parce que le terrain ou l'objet est le même ; plus vaste encore cependant, car le bien, comme la vérité, invite à des ascensions toujours plus élevées et plus importantes. C'est là une tendance naturelle qui est également une heureuse et glorieuse nécessité, que connaît aussi la famille religieuse des Capucins, parce que — et cela est particu­ lièrement vrai dans le domaine spirituel — ne pas avancer, c'est reculer ; ou bien l'on croît ou bien Ton décroît. C'est une affaire grave, sérieuse, parce que cela revient à se demander ce qui reste encore à faire, ce que réclament encore l'Eglise et Je cœur de Dieu, qui est notre grand Ami. Alors se pré­ sente à ce sujet cette parole : Rien n'est fait s'il reste quelque chose à faire. Malheur à nous si nous nous endormons sous nos lauriers ; ils se flétriront En conséquence, le Chapitre général des Capucins doit être, comme point d'arrivée, un Chapitre de reconnaissance ou d'action de grâces ; comme point de départ, il doit prendre à son compte la maxime : Nil actum, si quid agendum. Arrive là. l'auguste Pontife disait qu'il aurait pu immédiatement, sans rien ajouter, donner à l'auditoire la Bénédiction apostolique qu'il désirait si vivement, s'il n'avait pas d'abord à faire une recommandation qu'il répète souvent quand il a devant lui des supérieurs de communautés religieuses. Cette recommandation dont le Pape prend toute la responsabilité est une parole très paternelle, qui s'inspire entièrement du bien des familles religieuses. Et voici cette parole : Soyez rigoureux. Parole dure, sans doute, mais pleine d'amour, car seule la sévérité peut satisfaire l'amour vrai, digne des amis de Notre-Seigneur. Une certaine rigueur ou sévérité est spécialement de mise lorsqu'il s'agit de la discipline de l'Ordre, des familles religieuses, de chacune des maisons, parce que c'est la discipline qui maintient la vie en éveil ;.sans elle, la vie pourra encore continuer, mais diminuée, faible, paresseuse. 10 JUIN 1938 9 Et le Saint-Père recommande cette discipline non seulement aux familles religieuses, mais aussi aux évêques, aux prêtres, au clergé en général, car l'air est saturé de tant de principes pernicieux d'indiscipline cl d'indépendance ! et il faut éviter qu'ils ne se pro­ pagent jusque dans les rangs du clergé, puisque, sans une disci­ pline rigoureuse, il ne reste presque rien pour la gloire de Dieu, pour l'honneur de Jésus-Christ, pour le salut des âmes. Sa Sainteté voulait par ces paroles faire allusion non seulement à la sévérité de la discipline en général, mais par-dessus tout, et d'une manière très spéciale, à la sévérité dont il faut user pour accepter les postulants. Quelqu'un observerait-i] qu'on est déjà trop sévère, le Pape autorise à répondre que c'est lui qui le veut ainsi, parce que, de son poste et avec ses responsabilités, il a pu en voir le besoin, d'autant plus qu*. Dieu lui a accordé un assez long Pontificat, lui permettant ainsi d'acquérir une grande expé­ rience dans ce domaine. Si l'on veut, en effet, conserver la vie religieuse dans sa splen­ deur, il faut être sévère, surtout quant aux vocations, parce que la grâce divine aide, mais ne détruit pas la nature humaine, et qu'il reste ainsi nécessaire de lutter, nécessité qui est même plus grave dans la vie religieuse. C'est pour cela qu'il faut éloigner le péril apporté par des éléments non idoines s'infiltrant dans une famille religieuse, car ces éléments non seulement ne lui serviront de rien, mais ils seront au contraire autant d'obstacles, de pierres d'achoppement et ils en constitueraient les tares. Ce n'est pas l'exagération,- mais l'expérience qui nous dit que dans les collectivités humaines, même restreintes, se produisent presque inévitablement des déficiences. Une famille religieuse ne doit pas pour cela réduire le nombre de ses membres ; bien au contraire, il faudrait le multiplier ; mais elle doit faire en sorte que ses membres soient tous de choix, des soldats d'élite. Chose difficile, continuait le Saint-Père, tâche difficile, mais nécessaire. En effet, lorsque beaucoup d'hommes s'unissent, les bonnes qua­ lités, spécialement les plus hautes, ne s'additionnent pas, chacun gardant lés siennes ; tandis qu'au contraire les déficiences, les mauvaises qualités s'ajoutent les unes aux autres et fusionnent. Le Souverain Pontife disait avoir exprimé ces considérations non parce que ceux qui étaient présents en avaient besoin, mais parce qu'ils étaient dignes de recevoir ces pensées qui peuvent contribuer grandement à conserver leur belle, glorieuse et sainte famille religieuse dans cette beauté de vie, de gloire, de mérite et de sainteté qui est la sienne. Et après avoir, avec la familiarité d'un Père âgé, saisi volontiers l'occasion de mettre en relief quelques idées parmi celles qui con­ cernent trè,j spécialement l'esprit sacerdotal, le Pape voulut ajouter l'expression de sa reconnaissance pour toutes les prières que ces religieux avaient laites ou obtenues pour lui ces derniers temps ; il les exhorta à prier encore à ses intentions, c'est-à-dire pour le bien de l'Eglise.
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