Débat Animé Par Yves Alion Après La Projection Du Film Pas Très

Débat Animé Par Yves Alion Après La Projection Du Film Pas Très

tonie marshall Débat animé par Yves Alion après la projection du film Pas très catholique, à l’Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle de Paris le 18 février 2010. Tonie Marshall est la fille de l’une des plus grandes comédiennes que le cinéma français ait produit, Micheline Presle. Une comédienne cinéphile qui a su transmettre sa passion à sa progéniture. D’abord comédienne Tonie Marshall passe à la réalisation dans les années 90. Sa carrière connaît des moments de flottement, mais ses films ne laissent jamais indifférents. Des films doux-amers mettant en scène des personnages désabusés ayant le plus souvent une revanche à prendre sur la vie. Les grands sentiments ne lui font pas peur, au contraire. D’où un ambitieux hommage au célèbre Elle et Lui, de McCarey, Au plus près du paradis, mettant en scène Catherine Deneuve et William Hurt. Mais son chef d’œuvre reste Vénus beauté (Institut), César du meilleur film en l’an 2000. Elle est également sacrée meilleure réalisatrice. Elle reste d’ailleurs à ce jour la seule femme cinéaste récompensée de la sorte. Les films de Tonie Marshall donnent de toute évidence la part belle aux acteurs. Ce qui n’empêche pas la cinéaste de rester sensible à son environnement. On sent qu’elle respire l’air du temps à pleins poumons. Et qu’elle tient à être en accord avec elle-même. C’est Pas très catholique ainsi qu’elle fait l’actrice dans des films qui n’ont pas pour ambition première de drainer le public le plus large, c’est ainsi qu’elle participe à plusieurs projets collectifs pour le petit écran. Dont un étonnant court métrage érotique… 179 Entretien Vous avez baigné très tôt dans le cinéma, Micheline Presle votre mère étant l’une des plus grandes actrices françaises, dont la carrière a traversé plusieurs décennies… impressionnant. Pour le reste, ils avaient l’air de tellement rigoler Au plus près du Tonie Marshall : Si j’ai baigné dans le cinéma, ce n’est pas tant tout le temps que ça ne ressemblait pas à du travail. Ce n’était paradis. (2002) parce que ma mère est actrice que parce qu’elle Si j’ai baigné dans le cinéma, pas cette chose sacrée que l’on peut ressentir quand on entre a toujours été extrêmement cinéphile. Ma ce n’est pas tant parce que dans une salle de cinéma. Une espèce de rapport avec le film qui, mère m’emmenait voir dès mon plus jeune âge ma mère est actrice que en ce qui me concerne, a non seulement rempli ma vie mais l’a tous les films qui sortaient. Certains d’ailleurs parce qu’elle a toujours été modifiée en profondeur. Car il existe des films qui ont changé n’étaient pas du tout adaptés à mon jeune extrêmement cinéphile. mon existence. âge. C’est une cinéphage, et elle m’a vraiment communiqué le goût de voir des films, même Elle et lui, par exemple, auquel Au plus près du seule à deux heure de l’après-midi. Par ailleurs, elle a tout de paradis rend hommage ? même trouvé le moyen d’acheter un endroit où habiter, collé au T. M. : En effet, j’ai beau adorer l’homme avec studio des Ursulines. Donc à partir de l’âge de sept ou huit ans, qui je vis depuis très longtemps, je crois que la je rentrais de l’école et j’allais directement au cinéma. Je voyais très grande histoire d’amour de ma vie, je l’ai parfois des films que je ne comprenais pas, des Bergman, des vécue par procuration avec Elle et lui. Il y a des Eisenstein... Ma chambre donnant sur la cabine du projectionniste, films extrêmement persistants. Il y en a d’une j’apprenais les films par cœur phonétiquement. Je crois que je suis profondeur telle qu’ils façonnent votre propre encore capable de réciter Le Septième Sceau en version originale. personnalité, si tant est que le cinéma soit Ce sont ces souvenirs-là qui me restent, beaucoup plus que le fait quelque chose d’important dans vos vies. Elle et Lui. (1957) d’être allée très jeune sur des plateaux de cinéma. Quel regard portez-vous sur votre premier film, Pentimento ? Vous n’avez pas de grands souvenirs de plateau remontant à T. M. : C’était une tentative de faire du burlesque en partant l’enfance ? d’un scénario tellement compliqué qu’en le regardant des années T. M. : Si, évidement. Ma mère m’a emmenée aux Etats-Unis plus tard, je suis incapable d’en dire le sujet. Ce n’est pas un film tourner avec Paul Newman et Edward G. Robinson. J’avais dix mauvais, c’est un film raté. Je me suis demandé pendant les quatre ans et je me souviens avoir regardé ça avec des yeux exorbités. années qui ont suivi si j’étais vraiment capable de refaire un film. Gabin jouant Le Baron de l’écluse est aussi un souvenir très 180 181 C’est en faisant Pas très catholique que j’ai vraiment eu l’impression Pas très catholique. de faire mon premier film. Sur Pentimento, on avait mis beaucoup (1994) de moyens à ma disposition, dont un chef opérateur venu de la publicité. Celui-ci a imposé des manivelles dès le deuxième jour de tournage, qui ne me permettaient pas de voir les plans que nous faisions. C’était une prise de pouvoir incroyable, mais je ne l’ai compris que bien plus tard. Sur Pas très catholique, j’ai travaillé avec Dominique Chapuis, un chef opérateur, qui m’a vraiment permis de m’approprier la caméra, les plans, la mise en scène. C’est fondamental. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour Pas très catholique? T. M. : J’ai un lien très ancien avec Anémone. Nous nous sommes connues lorsque j’avais J’ai un lien très ancien quinze ans. Elle a été d’une certaine manière ma avec Anémone. Nous nous première histoire d’amour. À l’époque j’étais sommes connues lorsque extrêmement complexée et introvertie, alors j’avais quinze ans. qu’elle, à l’inverse, était d’une audace et d’un culot incroyables. Avec Pas très catholique, j’ai eu envie de faire un portait de femme, et Anémone s’est imposée naturellement. D’autant plus que je lui connaissais des qualités d’actrice qui me semblaient sous-exploitées dans les rôles qu’elle incarnait à l’époque. Pentimento. (1989) Pas très catholique. Avez-vous déjà tourné en numérique? (1994) T. M. : J’ai tourné un documentaire en numérique, mais pas de long métrage, pour le moment. Il s’agissait d’un portait de Jean- Paul Gaultier autour du film Falbalas, un film sur le monde de la 182 183 Pas très catholique. (1994) Pas très catholique. (1994) 184 185 mode, dont ma mère était la vedette. Je trouve que pour l’instant, on ne retrouve pas en numérique cette petite vibration qui existe sur la pellicule. Pour éviter cette prise de pouvoir qui a eu lieu sur votre premier film, comment travaille-t-on avec une équipe? T. M. : Pour mon premier film, je connaissais peu de monde et c’est Charles Gassot qui s’est occupé de constituer l’équipe technique. Le plus incroyable dans le cas de cet opérateur est qu’il avait été si charmant en entretien que j’étais sortie de là très enthousiaste, persuadée que nous allions collaborer main dans la main. Sur le tournage, en plus de mettre ses fameuses manivelles qui m’empêchaient d’avoir un retour, il mettait « Ce n’est pas un un temps fou à éclairer les plans. Si bien que long métrage, c’est j’entendais les machinistes dire : « Ce n’est pas un lent métrage » un long métrage, c’est un lent métrage ». Les acteurs dormaient par terre sur la moquette vous avaient échappés jusqu’alors vont vous exploser à la figure. France Boutique. tant ils étaient fatigués d’attendre... Bref, c’était Des petites séquences que vous étiez prêt à mettre de côté si (2003) une catastrophe et je ne savais pas quoi faire. Je lui disais de se le temps manquait vont devenir indispensables, apportant une presser et il feignait de ne pas m’entendre. Je ne suis pas quelqu’un certaine grâce du film. A contrario, certaines scènes sur lesquelles qui aime les rapports de force, cela m’épuise et me vide de toute vous investissiez beaucoup vont sembler basiques ou explicatives. substance. J’ai bien tenté d’appeler Charles Gassot à l’aide, mais au C’est un matériau en mouvement. Lorsqu’au montage, on fait le même moment il produisait le bicentenaire avec Jean-Paul Goude film, on reconstruit encore le scénario. Pourtant, on s’aperçoit et il n’était pas disponible. souvent qu’au bout du compte, après l’avoir construit et déconstruit, on revient à l’état d’esprit du scénario original. Tout Dans tout ce que comporte le processus de création d’un film, de en étant passé par des rejets, des difficultés et de nombreuses l’écriture au mixage, en passant par la mise en scène, le tournage, catastrophes, on s’y retrouve. le montage, avez-vous toujours l’impression que l’objet final est surprenant, ou cela varie t-il d’un film à l’autre ? Votre expérience de comédienne est-elle d’une grande aide pour T. M. : Je crois en effet que l’objet rêvé pendant l’écriture et travailler avec les acteurs ? même encore pendant la préparation n’est jamais exactement T.

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