La Donation d’art naïf de JACQUES YANKEL au Musée des Arts Naïfs et Populaires de Noyers sur Serein en Bourgogne En 1987, Jacques Yankel, peintre, sculpteur et collectionneur d’œuvres naïves, fait don au musée de Noyers sur Serein, d’une centaine de toiles d’art naïf faisant partie de sa collection personnelle. « J’ai plus de joie à voir les tableaux que j’aime accrochés ici que de les voir s’entasser dans un grenier sans que personne n’en profite. Ce qui importe avant tout, c’est la prédominance émotionnelle de tel ou tel élément et non sa position conventionnelle dans l’espace. Il s’agit d’apprécier ces œuvres en fonction de leurs qualités émotionnelles autant qu’esthétiques ». Yankel 25, rue de l'Église 89310 NOYERS SUR SEREIN Tél. : 03.86.82.89.09 "La Fanny" Donation d’art naïf de JACQUES YANKEL mail: [email protected] http://www.noyers-et-tourisme.com/museenoyers.html > http://www.noyers-et-tourisme.com Donation d’art naïf de JACQUES YANKEL Textes et photos extaits des catalagues de Jacques Yankel "Le désespoir du Peintre" – "Pis que peindre" Editions Chmères" et "Yankel" Editions de l'amateur. Photos du Musée et de ses oeuvres: Musée de Noyers Henry Certigny: texte extrait du livre "Peintures de pionniers" En 1949, sa profession de géologue amena le jeune Yankel au Soudan. Dés ce moment, il se mit à collectionner l’art marginal. Aujourd’hui, il a décidé de donner ses tableaux au Musée de Noyers sur Serein. Le cadeau est précieux car il n’y a rien de plus rare, par exemple, que les tableaux du XVIIIème siècle. Yankel en a sauvé deux. Si tous les collectionneurs suivaient son exemple, la France pourrait peut-être rivaliser avec les États-Unis : là, William et Garbish ont réuni plusieurs centaines de vieux limiers*, tous plus pittoresque les uns que les autres : la voilà la vraie peinture américaine ! Aujourd’hui, en France, en dehors de MM Altman et Douais, qui recherche nos limiers ? Parmi les « curiosités » offertes au Musée, se trouvent deux aquarelles de Vivin : la première est inspirée de l’enlèvement de Psyché (Prud'hon) et l’autre Aurore et Céphalée (Guérin). Une partie du don est constituée par des Bauchant, des Quilici, des Bombois, des Nikifor, des Boix-Vives qui n’ont jamais été exposés. Chétot, peintre très intéressant, n’est représenté ni au Musée de Laval, ni à celui de Nice : il le sera à Noyers. Dérangez- vous, et vous serez récompensés de votre peine : Chétot vaut le voyage... "Mariette" Donation JACQUES YANKEL "La Boucherie" SIVARD Donation JACQUES YANKEL "Au fil de l'épée" Donation JACQUES YANKEL "La fête au village" Jean FOUS Donation JACQUES YANKEL ...Le nîmois Lattier, peintre et raconteur d’histoires va se faire des admirateurs en Bourgogne. Paris ne saurait être absent de ce nouveau festival de la peinture : la capitale est représentée dans la donation par Coutelas, un peintre poète qui trouve tout autant son inspiration dans les tarots que dans les portraits d’ancêtres. Aux naïfs, tout est permis. De Coutelas on peut dire qu’on ne sait pas dans quelle époque il a vécu : Sûrement pas dans la notre. Il est impossible de commenter 105 tableaux dans une courte préface ; revenons donc aux généralités. L’ensemble des œuvres montre qu’elles ont été rassemblées sans le moindre souci mercantile. Ainsi, des naïfs cotés à la Bourse aux valeurs picturales, voisinent avec des artistes dont les toiles ne vaudraient pas une pièce de pain au temple Drouot. Ces derniers ne sont pas nécessairement les moins attrayants. La discrimination financière vient du fait que certains artistes ont été montés en épingle par la critique, parce qu’ils exposaient et que d’autres, n’exposant jamais, sont restés dans l’ombre. C’est au Salon des Indépendants, que je sache, que Wilhem Uhde a découvert le Douanier Rousseau en 1906 ou 1907. Dans la donation Yankel, il y a des œuvres qui valent certains tableaux du Maître de Plaisance, par leur coloris et leur Spontanéité. La donation Yankel constitue des matériaux de premier ordre pour l’étude de l’art marginal. De l’art nègre au style Dubuffet, en passant par la peinture naïve ou populaire, il y a de quoi occuper la vie d’un esthète. Il faudra bien qu’un jour cet art fasse l’objet d’une thèse en Sorbonne. Elle sera sûrement plus utile qu’un livre de plus sur Poussin ou Corot... "Prière pour une bonne récolte" Anonyme Donation JACQUES YANKEL "Combat de coqs" Louis Vivin Donation JACQUES YANKEL ...A quelques exceptions près, la série réunie par Yankel ne contient que des œuvres qui sont en prise directe sur le thème de l’inspiration. Cette collection sévère nous fait grâce de ces bariolages qui ne sont pas tributaires du motif, mais des recettes de la peinture naïve. Car, au moment ou j’écris, nous en sommes là : le grand art marginal s’est trouvé quantité de petits bricoleurs pseudo- naïfs. Grâce à cette donation, on constate, une fois de plus, que cette peinture obéit à une constante : elle suit, en boitant, la peinture d’école. Aussi, les deux Vivin se voudraient, qui, du Prud'don, qui, du Guérin, mais la personnalité du naïf ne lui a pas permis de copier fidèlement les deux Maîtres. Quant au tableau signé J.R. « Vaches au pâturages », son auteur a voulu faire du Rosa Bonheur : c’est son échec qui nous charme. Que les visiteurs sachent que le spécialiste du Douanier Rousseau, que je suis, ne boude pas son plaisir. Plaisir à la fois esthétique et dicta tique. Chaque fois que je vois des tableaux naïfs prendre le chemin du Musée, je pousse un soupir de soulagement, car cette mise à l’abri, diminue le nombre d’œuvres que je risque de voir revêtue de la prestigieuse signature du maître de plaisance. Moins je vois de tableaux trafiqués, mieux je me porte. Non seulement, Yankel fait un beau cadeau à la France, mais il fait un cadeau utile. Géologue, il voyait profond, donateur, il voit loin. "Portraits de notables" Donation JACQUES YANKEL DISCOURS NEGRO Ma vie a été une improvisation perpétuelle comme la concession du même nom. Je m’étais bien habitué à cette existence où ma bonne étoile m’avait protégé jusque là. Tout, où presque tout, me réussissait et, à toutes les époques j’ai eu de fidèles amis qui ne se serait pas fait tuer pour moi, heureusement. J’ai échappé à maints dangers par miracle et c’est pourquoi j’y crois, j’y ai toujours cru. En tout cas, il est bien sûr qu’ils se manifestent pour certains artistes. D’abord à Toulouse durant l’occupation où toute la famille Kikoïne fut dénoncée à la milice de Pétain, et plus tard au moment de la libération, toujours dans la ville rose, où ces mêmes sbires souhaitaient ajouter un juif à leur tableau de chasse… avant de se dissoudre dans la nature. J’ai eu bien d’autres occasions d’abréger mes jours : sur la route d’abord, en Algérie dans ma 4 CV, lorsqu’un camion fou et ivre me barra la route à 100 km à l’heure, au bas d’un virage en épingle à cheveux ; au Sahara, ensuite où je me perdis corps et biens, à deux reprises. Chaque fois j’ai bien senti que mon tour n’était pas encore arrivé Côté sentiment, tendresse, je n’ai rien à envier à quiconque, car j’ai eu mon content d’amour. Plus que je ne méritais, c’est bien sûr. J’ai usé et abusé de mon cœur. A un âge fort avancé, j’ai encore bénéficié de la faveur des dieux (d’Israël) qui m’ont envoyé une compagne … En brousse près de Bourem au Mali en 1950 "La retraite" (guerre 1914-18) S MARTIN Donation JACQUES YANKEL Côté peinture, je me réjouis là également, car cet art d’enfant que j’avais pratiqué dès mes culottes courtes en allant sur le motif avec mon père, a comblé la part de curiosité poétique et créatrice si indispensable à l’Homo Sapiens. J’ai peint sans doute et sans m’en douter quelques beaux tableaux et beaucoup d’exécrables. Que les amateurs qui en possèdent me pardonnent, je n’avais que de bonnes intentions en les peinturlurant. C’est vrai aussi qu’ils ne sont pas ruinés pour les acquérir. Je suis bien aise d’avoir préalablement dilapidé un peu de ce que j’avais amassé, car comme disait le grand Utrillo un jour de cuite : « … ce qu’on garde pourri, ce qu’on donne fleurit… ». Il reste un peu partout des œuvres de toutes sortes et je suis persuadé (que dis-je convaincu) que mes héritiers se les partageront équitablement. En fin de parcours, je n’ai pas bien saisi si la vie avait une réelle signification, mais j’ai vécu comme si elle en avait. On passe son temps à se réjouir ou à s’attrister, à faire du bruit avec la bouche ou avec des pinceaux, et puis on arrive toujours au même endroit. Je ne regrette pas d’avoir privilégié les petits à côtés de la vie, d’être demeuré un touche à tout, un amateur doué. Tout le monde ne peut être Soutine ou Bach, j’ai quand même le sentiment d’avoir inventé une chansonnette. Jacques Yankel Donation JACQUES YANKEL et dépôt du Fonds National de Paris YANKEL par GERARD XURIGUERA La vie et l’œuvre de Yankel, à l’analyse de son parcours, se rejoignent.
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