Archives de sciences sociales des religions 179 | Juillet-septembre 2017 Sociologies catholiques. Référentiel islamique Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/assr/29178 DOI : 10.4000/assr.29178 ISSN : 1777-5825 Éditeur Éditions de l’EHESS Édition imprimée Date de publication : 1 septembre 2017 ISBN : 978-2-7132-2694-6 ISSN : 0335-5985 Référence électronique Archives de sciences sociales des religions, 179 | Juillet-septembre 2017, « Sociologies catholiques. Référentiel islamique » [En ligne], mis en ligne le 01 septembre 2019, consulté le 09 mars 2021. URL : http://journals.openedition.org/assr/29178 ; DOI : https://doi.org/10.4000/assr.29178 Ce document a été généré automatiquement le 9 mars 2021. © Archives de sciences sociales des religions 1 Bien que généralement absente de l’histoire officielle ou universitaire des sciences sociales, la sociologie d’inspiration catholique méritait, par ses œuvres et ses figures diverses, qu’on s’intéresse à son histoire. C’est cette lacune que tente de combler le premier dossier de cette livraison qui se penche sur les cas français, belge, canadien et italien. Les contributions, issues d’un colloque international tenu à Lyon en 2015, interrogent notamment les liens, à la fois de combat, de compromis et de transfert, que cette sociologie engagée et pastorale entretient avec le monde académique. La perspective nationale retenue permet de comprendre comment s’articulent d’un pays à l’autre les relations variables entre sphères politique, scientifique et religieuse. Les disciplines du droit, de la théologie et de l’histoire ne sont pas étrangères à ces dynamiques et conflits du savoir au cours du siècle dernier. Le second dossier de cette livraison s’intéresse à ce que ses auteurs définissent comme un « référentiel islamique », conçu comme un ensemble flottant de valeurs, de normes et de sentiments qui, en circulant dans l'espace européen, engendre des processus d’hybridation, de traduction et d’adaptation. Il constitue un cadre éthico-normatif, permettant aux musulmans d’accéder à des espaces physiques et délibératifs qui leurs étaient jusqu’alors restés étrangers. Le dossier explore ce phénomène sur plusieurs terrains : la finance islamique en France et en Grande Bretagne ; l’industrie du mariage musulman en Angleterre ; la transmission de l’islam par le biais d’une pédagogie novatrice en Suisse et les modes de raisonnement des jurisconsultes du Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche en Irlande. NOTE DE LA RÉDACTION Archives de sciences sociales des religions, 179 | Juillet-septembre 2017 2 SOMMAIRE In Memoriam Peter Ludwig Berger (1929-2017), sociologue de la pluralité religieuse Danièle Hervieu-Léger Sociologies catholiques Dossier coordonné par Olivier Chatelan, Denis Pelletier et Jean-Philippe Warren Introduction Olivier Chatelan L’école de Le Play : une propédeutique de la sociologie catholique Le cas du clergé (1856-1914) Antoine Savoye Aux origines de la sociologie catholique en Italie : l’influence de Giuseppe Toniolo Matteo Sanfilippo Les intellectuels catholiques et la sociologie en Belgique, 1880-1914 Kaat Wils L’effacement de la sociologie le playsienne au profit de la sociologie « doctrinale » Sociologie et catholicisme au Canada français Jean-Philippe Warren La sociologie catholique, entre économie sociale et critique de la sociologie scientifique Sébastien Mosbah-Natanson Des chiffres et des hommes Les catholiques belges et la sociologie universitaire (1939-1970) Cécile Vanderpelen-Diagre Sociologie, droit, théologie dans l’entre-deux-guerres : Georges Renard et Thomas Delos, disciples de Maurice Hauriou Tangi Cavalin Entre expertise économique et pastorale catholique Louis-Joseph Lebret et la sociologie religieuse (1951-1958) Denis Pelletier Référentiel islamique Dossier coordonné par Julie Billaud Introduction La circulation du référentiel islamique en Europe ; éthique ordinaire, économies morales et espace public Julie Billaud Mariage « charia style » : pratiques quotidiennes de l’éthique islamique en Angleterre Julie Billaud La chaîne des sœurs Sororité vertueuse et apprentissage performatif au sein du Club des jeunes filles de la Grande mosquée de Genève Eva Marzi Des normes financières islamiques et de leurs circulations en France et en Grande Bretagne Bochra Kammarti Archives de sciences sociales des religions, 179 | Juillet-septembre 2017 3 De la « jurisprudence des minorités » et de ses déclinaisons : comment le Conseil européen de la fatwâ et des recherches forge une éthique relationnelle Sandra Houot Archives de sciences sociales des religions, 179 | Juillet-septembre 2017 4 In Memoriam Peter Ludwig Berger (1929-2017), sociologue de la pluralité religieuse Danièle Hervieu-Léger 1 L’annonce du décès de Peter Berger, le 27 juin dernier, a été reçue par la plupart des sociologues français comme celle de la disparition d’une figure majeure de la sociologie de la connaissance. C’est en effet son œuvre théorique engagée dans la première partie de sa carrière qui lui a valu d’être largement connu et lu en France, en dépit des traductions tardives de ses ouvrages. Son Invitation à la sociologie publié en anglais en 1963 et disponible en français en 1973, a été heureusement retraduit et réédité récemment par les Éditions La Découverte dans la collection de manuels universitaires Grands repères. On remarquera que l’« invitation en dix introductions » qui ouvre cette traduction ne mentionne qu’incidemment, au motif d’ailleurs justifié de souligner la mobilité de la trajectoire de P. Berger, le fait qu’il se définissait lui-même avant tout comme sociologue des religions, y compris lorsqu’il déclarait « erronées » ses propres contributions à la problématique de la « sécularisation ». 2 C’est cependant l’ouvrage écrit à deux mains en 1966 avec Thomas Luckmann, The Social Construction of Reality, traduit en français vingt ans plus tard, qui valut à ses auteurs d’accéder ensemble au rang de « classiques » de la sociologie contemporaine1. Les deux hommes avaient en commun d’être de culture germanique. Thomas Luckmann, disparu un an avant Berger en 2016, était né en Slovénie en 1927. Peter Ludwig Berger naquit en 1929 à Vienne, dans une famille juive non pratiquante. Baptisé après l’Anschluss dans le protestantisme anglican en vue de l’émigration en Italie d’où sa mère était originaire, et effectivement converti au christianisme à l’adolescence, il vécut plusieurs années à Haïfa, avant de partir en 1946 pour les États-Unis où il obtint la citoyenneté américaine en 1952. Luckmann et Berger étudièrent tous deux aux États-Unis où ils nouèrent une proximité intellectuelle durable, en suivant notamment les enseignements d’Alfred Schütz à la New School for Social Research, à New York. La perspective phénoménologique schützienne imprègne d’ailleurs fortement leur ouvrage commun qui a annoncé, pour une bonne part, l’entrée des perspectives Archives de sciences sociales des religions, 179 | Juillet-septembre 2017 5 constructivistes en sociologie. On en retient, la plupart du temps, la mise en évidence des opérations de « typification », « routinisation » et « institutionnalisation » qui filtrent et organisent les modalités selon lesquelles les individus se saisissent subjectivement du monde quotidien dans lequel ils vivent, et leur permettent de communiquer, par le langage, avec d’autres individus expérimentant comme eux la réalité objective de ce monde. 3 Dans les processus de socialisation que requiert cette construction sociale de la réalité, la religion occupait déjà une place clé dans la galaxie des « univers symboliques » à l’intérieur desquels la connaissance du monde ordinaire est objectivée, incorporée et transmise de génération en génération. Elle fut l’objet central du propos dans les deux ouvrages, publiés peu après par chacun des deux auteurs, dans lesquels l’un et l’autre s’employaient à explorer les conséquences de l’affaissement des grands codes de sens portés par les religions historiques, et spécifiquement par le christianisme, dans les sociétés modernes caractérisées par l’affirmation de l’autonomie du sujet. Dans son ouvrage, The Invisible Religion, paru en 1967, Thomas Luckmann déclinait le processus de la dissémination des « grandes transcendances » religieuses dans des transcendances « petites et moyennes », mondaines et séculières, auxquelles les individus recourent pour donner un sens à leur vie2. La même année, Peter Berger publiait The Sacred Canopy, qui mettait en scène l’effondrement des structures de plausibilité assurant l’emprise culturelle et politique des religions historiques3. Si The Invisible Religion a inspiré une bonne part des approches fonctionnalistes des « religions séculières » qui ont fleuri dans les années quatre-vingt, c’est néanmoins du côté de la sociologie de la connaissance que Luckmann déploya son œuvre ultérieure. Peter Berger, de son côté, continua d’investir le champ de la sociologie des religions, et c’est dans ce registre principal que s’inscrit l’essentiel de sa surabondante production scientifique, même si celle-ci ne s’y résume pas. Dans son ample bibliographie, plusieurs de ses livres, écrits à deux mains avec son épouse Brigitte Berger, témoignent de l’étroite complicité intellectuelle qui les unissait. 4 Son premier ouvrage, The Noise of Solemn Assemblies. Christian Commitment and the Establishment in America, paru en 1961, l’avait fait connaître dans le milieu américain des « Religious studies »4. The Sacred Canopy lui conféra, aux États-Unis autant qu’en Europe, une place éminente de « théoricien
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