La défense d’une idée politique sous la Deuxième République La rue de Poitiers et la réduction du corps électoral Mémoire de recherche rédigé par François Xavier Arnoux Sous la direction de Madame Anne-Sophie Chambost, Professeur d’histoire du droit Membres du Jury Monsieur le Doyen Louis-Augustin Barrière, Professeur d’histoire du droit Monsieur Guillaume Richard, Maître de conférences en histoire du droit Année universitaire 2014 – 2015 Master 2 Droit-Privé Judiciaire – Spécialité Histoire du Droit 1 Remerciements Je tiens à remercier Madame Anne-Sophie Chambost, Professeur d’histoire du droit, pour ses conseils et son soutien tout au long de cette année. 2 Abréviations utilisées dans les notes de bas de page : AL : Assemblée Législative ANC : Assemblée nationale Constituante LNB : Louis-Napoléon Bonaparte RDP : rue de Poitiers. Pour désigner le comité électoral de la rue de Poitiers. 3 Sommaire Introduction ............................................................................................................................ 5 Première partie – La formation des partis politiques sous la Deuxième République ........................................................................................................................... 10 Chapitre 1 – Le développement des tendances politiques et le façonnement d’une nouvelle société ............................................................................................................... 10 Section 1 – Février 1848 et le suffrage universel : l’entrée dans la vie politique de l’ensemble des citoyens .......................................................................................................................... 10 Section 2 – Le projet de Constitution et les journées de Juin 1848 : entre promesses et désarrois ........................................................................................................................... 31 Chapitre 2 – La formation des comités électoraux sur des associations préexistantes ................................................................................................................................ 42 Section 1 – Le comité électoral de la rue de Poitiers ou parti de l’Ordre .................. 42 Section 2 – Les comités électoraux, cadre d’une association politique ...................... 53 Deuxième partie – L’emprise de la rue de Poitiers dans la vie politique et législative de la Deuxième République ....................................................................... 64 Chapitre 1 – Les moyens de diffusion de la propagande antisocialiste ............. 64 Section 1 – La presse conservatrice et les associations antisocialistes au service de la rue de Poitiers .................................................................................................................................. 64 Section 2- Le contrôle par un maillage administratif ........................................................ 84 Chapitre 2– La grande victoire du parti de l’Ordre : la loi du 31 mai 1850 ...... 94 Section 1 – La commission des burgraves et le jeu du gouvernement ....................... 95 Section 2 – La loi du 31 mai 1850 ............................................................................................ 111 Conclusion .......................................................................................................................... 122 Annexes ............................................................................................................................... 125 Sources et bibliographie ................................................................................................ 181 §1. Les sources .................................................................................................................... 181 §2. Sources et références ................................................................................................. 182 Table des matières ........................................................................................................... 186 Résumé du mémoire ....................................................................................................... 189 4 Introduction L’actualité politique contemporaine est indissociable des partis politiques. On n’imagine pas un président sans affiliation politique ou un député sans parti politique. Dernièrement les journaux suivaient avec intérêt les tribulations des députés dits « frondeurs » osant s’opposer à la ligne de conduite de leur parti1. On assiste aussi à une mise en scène de démocratie avec les primaires au sein des partis2. Une fois à l’Elysée, le candidat investi va s’occuper tout particulièrement de son parti, allant même jusqu’à recevoir les députés de sa majorité au palais présidentiel3. Pourtant, sous la Vème République, telle que la concevait ses bâtisseurs4, le président ne devrait pas être membre d’un parti mais au contraire se placer « au dessus » de ceux-ci5. La toute puissance des partis politiques par leur accaparement des institutions, l’impossibilité de faire de la politique sans eux et la difficulté pour un nouveau parti de se faire entendre, sont autant de points qui suscitent aujourd’hui le débat. Même si les partis politiques connaissent actuellement une certaine désaffection 6 , ils sont aujourd’hui maîtres de la conduite du pays. Ils sont même qualifiés comme un 1 Ex.: CHAPUIS N. et J-B. CHASTAND, Premières sanctions du PS contre six députés « frondeurs », Le Monde, 30 septembre 2014 : « La situation se tend au sein du groupe PS à l'Assemblée nationale, à l'approche de l'examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Six députés « frondeurs » qui n'avaient pas voté la confiance à Manuel Valls, le 16 septembre, ont été exclus de la commission des affaires sociales, mardi 30 septembre. ». 2 Nommées aujourd’hui « primaires » cette méthode n’est pas nouvelle et remonte aux comités électoraux ; nous aurons l’occasion de l’étudier dans notre première partie. 3 Reproche très souvent fait à Nicolas Sarkozy durant son mandat, mais son successeur fera de même. Ex. : Finalement Hollande reçoit des parlementaires PS à l’Elysée, FranceInfoTv 24 avril 2013 « Lui Président de la République (François Hollande) il ne devait pas recevoir les parlementaires de la majorité à l'Elysée. Finalement, entre l'affaire Cahuzac, le dossier moralisation de la vie politique et le contexte économique troublé, les doutes des députés socialistes sont tels que François Hollande a cédé. Selon Le Canard Enchaîné et Europe 1, mercredi 24 avril, le Président a reçu une dizaine d'élus socialistes la semaine dernière au palais et devrait faire de ces "apéros du mardi" un rendez-vous régulier. » 4 Charles de Gaulle et Michel Debré qui présida la commission de préparation de la Constitution de 1958. 5 DE GAULLE C., Discours de Bayeux, 16 juin 1946 http://www.charles-de-gaulle.org/ « Or, comment cette unité, cette cohésion, cette discipline, seraient-elles maintenues à la longue si le pouvoir exécutif émanait de l'autre pouvoir auquel il doit faire équilibre, et si chacun des membres du Gouvernement, lequel est collectivement responsable devant la représentation nationale tout entière, n'était, à son poste, que le mandataire d'un parti ? C'est donc du chef de l'État, placé au-dessus des partis » 6 Ex. : GAXIE D., Le cens caché inégalité culturelles et ségrégations politiques, Paris, 1978. 5 instrument indispensable de démocratie7. Cette prédominance n’est pas nouvelle : elle s’amorce dès la seconde moitié du XIXe siècle et en 1940 Simone Weil mettait en garde sur ce point à peine quarante ans après la loi de 1901 autorisant la libre association et donc la création légale d’un parti politique8. En tant que juriste et historien du droit, on peut trouver désarçonnant ce florilège de problèmes posé par les partis politiques, tant sur le plan légal que du point de vue des idées politiques et historiques. Si l’on veut comprendre la formation et la cristallisation institutionnelle d’une telle entité, il nous faut chercher les racines des partis politiques. Il convient avant tout de cerner plus précisément les termes de notre étude. Le parti, pris dans son sens premier, signifie l’utilisation d’une opinion ou d’une attitude individuelle ou collective. Les ouvrages et encyclopédies s’accordent à dire que le mot « parti », au sens de l’organisation politique, n’est vraiment fixé que dans la seconde moitié du XIXe siècle9. Il faut néanmoins réduire cette position à la France car dès la première moitié du XIXe siècle, pour les élections présidentielles américaines, les candidats organisent des partis pour fédérer l’électorat en leur faveur10. De même, en Grande-Bretagne, les partis se développent dès les années 1830 avec les registration societies qui se créent pour faire inscrire sur les registres électoraux les sympathisants d’un candidat11. Le vocabulaire français suit ce développement historique et le terme « parti » est employé très tôt pour désigner une organisation politique. Avant la Révolution française, la définition de parti est totalement absente de l’Encyclopédie12 de Diderot et d’Alembert. A peine trente ans plus tard, dans un ouvrage de 181713, écrit donc sous la Restauration, Hubert compare la France à l’Angleterre et prédit que désormais, son régime sera aussi stable et enviable que celui des anglais. Fort de ce constat, il 7 BRÉCHON P., « Les partis politiques dans l’expression du suffrage », Pouvoirs, n°120 (Voter), janvier 2007, pp. 109-121.: « Les partis politiques constituent des organisations
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