DÉPARTEMENT D’HISTOIRE Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke Les fonctions de la Radiodiffusion en situation coloniale et dans la construction de l’État-nation au Sénégal : quête de lé- gitimation, propagandes, outil éducatif et/ou de développe- ment (1939-1976) Par Bocar Niang Thèse présentée pour l’obtention du grade Philosophiæ Doctor (Ph.D.) en histoire Université de Sherbrooke Mai 2020 I COMPOSITION DU JURY Patrick Dramé, directeur de thèse Département d’histoire Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke Alpha Ousmane Barry, codirecteur de thèse UFR Langues et civilisations Université Bordeaux Montaigne Maurice Demers Département d’histoire Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke Jean-Pierre Le Glaunec Département d’histoire Faculté des lettres et sciences humaines Université de Sherbrooke Ousseynou Faye Département d’histoire Faculté des lettres et sciences humaines Université Cheikh Anta Diop de Dakar Thèse soutenue devant jury le 19 mai 2020 II RÉSUMÉ Ce travail de recherche étudie l’utilisation de la radio comme outil de commande- ment politique durant l’époque coloniale et instrument d’émergence et de construction de la nation sénégalaise durant les deux premières décennies postindépendance. La radiodif- fusion de masse occupe une place particulière dans l’histoire du Sénégal où elle existe depuis 1939. Son implantation s’est effectuée dans un contexte marqué par la volonté de la France d’affermir son autorité sur les populations au moment où elle subit la guerre et la défaite militaire. Mais au-delà des soucis de maintien de l’ordre colonial, la radio est également un moyen utilisé pour tenter d’imposer la culture et la civilisation françaises aux colonisés dans un dessein ouvertement assimilationniste. À l’indépendance du pays, elle acquiert une position de média dominant du fait d’un ensemble de facteurs convergents qui lui ont servi de terreau fertile. Ces facteurs tiennent à la prédominance de la civilisation de l’oralité, à l’utilisation des langues natio- nales, à la mise en place de programmes en rupture avec l’ère coloniale et répondant aux préoccupations locales, etc. La radio, créée au Sénégal à la fin des années 1930 par les autorités françaises pour servir la propagande coloniale, change ainsi de vocation après l’accession du territoire à la pleine autonomie en 1958 puis à l’indépendance en 1960. Elle devient un instrument aux mains des élites postcoloniales pour tenter de construire un nouvel État-Nation aux couleurs du « socialisme africain », l’idéologie officielle de l’Union progressiste sénégalaise (UPS), le parti au pouvoir. Notre étude permet de com- prendre comment un tel choix a pu faire de la radio une ressource stratégique et incon- tournable capable d’influer sur la trajectoire du nouvel État-Nation sénégalais aux plans politique, social, économique et culturel, lui conférant un rôle inédit et sans équivalent ailleurs. Mots-clés : Radiodiffusion, propagande, prise de parole, décolonisation, indépendance, construction nationale, État-Nation, socialisme africain. III À mon regretté papa, l’inspirateur de mes saines ambitions… IV REMERCIEMENTS Nous adressons nos remerciements les plus sincères au Professeur Patrick Dramé qui a dirigé cette thèse. Son encadrement a été une inestimable source de renforcement de nos capacités. Il a été également une source de motivations renouvelées pour terminer ce travail dans le respect des requis académiques. Ses encouragements constants, sa rigueur exigeante et contagieuse ainsi que son soutien moral de tous les jours nous ont incité à ne jamais lâcher prise sur le long chemin de cette recherche doctorale. Qu’il trouve ici l’ex- pression de notre sincère reconnaissance. Nos remerciements les plus appuyés vont également au Professeur Alpha Ous- mane Barry, codirecteur de cette thèse, qui a généreusement accepté de nous faire bénéfi- cier de sa grande expérience. Ses conseils, remarques et suggestions sur ce travail de re- cherche ont été si précieux. Merci à tous nos enseignants qui ont participé à notre forma- tion académique et d’historien avec une mention spéciale aux Professeurs Maurice De- mers, Jean Pierre Le Glaunec et Louise Bienvenue de l’Université de Sherbrooke. Ayant passé l’essentiel de notre cursus scolaire et une partie de notre formation d’historien au Sénégal, nos pensées et remerciements se tournent tout naturellement vers tous les enseignants qui nous ont encadré dans notre pays d’origine. Nous pensons parti- culièrement au Professeur Ousseynou Faye qui a encadré il y a quelques années nos tra- vaux de maîtrise et de DEA en histoire. M. Faye nous a encouragé ensuite à entreprendre une recherche doctorale. Ses enseignements ont été décisifs pour nous arrimer à cette vo- cation de chercheur en histoire. Nos pensées vont au Professeur Saidou Dia, aujourd’hui disparu, un de nos professeurs de journalisme au CESTI qui nous a tant encouragé sur la voie de la persévérance. Notre reconnaissance va enfin à Sidy Gaye qui nous a encadré au début de notre carrière de journaliste dans le premier quotidien privé d’informations du Sénégal, Sud Qutotidien, un des pionniers et piliers du combat pour la liberté de presse en Afrique subsaharienne francophone. Notre expérience comme journaliste a finalement fortement inspiré notre vocation d’historien et les thèmes de nos recherches. V Je remercie ma chère épouse Souadou Djigo qui m’a accompagné durant tout le parcours doctoral. Elle a été présente à mes côtés pour m’encourager et me soutenir à toutes les étapes. À elle et à notre trésor commun, notre adoré BB Cheikh, merci ! Merci à toute ma famille pour son soutien multiforme, particulièrement ma maman Hadja Haby, si douce et si inspirante dans ses encouragements, mes chers frères Cheikh, El Hadj Mamoudou et leurs conjointes ainsi que mon adorable sœur Bineta. Mes pensées vont à mon papa, El Hadj Abdoulaye Niang, disparu en juin 2019. Jusqu’à ses derniers instants, il m’aura encouragé à finir ce doctorat. À lui, je dédie ce travail après avoir respecté le serment que je lui ai fait d’aller jusqu’au bout de cette recherche. Je ne saurais oublier mes amis de toujours. Je ne pourrais les citer tous. Tous m’ont encouragé et soutenu dans ma démarche, à l’instar de Mamadou Diallo, Idrissa Bâ, Ous- seynou Aïdara, Ababacar Fall, Bira Guèye et Moussa Tine. Mon « jumeau » Malick Ma- guèye Diaw, épaulé par sa douce épouse Coumba, s’est investi sans compter pour me mettre dans les meilleures conditions de recherche. Décidemment, le souffle du Prytanée ne s’essoufflera jamais. Merci à Erika Nimis pour son discret mais si important soutien moral. Mon ami Mamadou Ly, si attentionné et prévenant, m’a ouvert plusieurs portes qui seraient restées fermées sans son précieux carnet d’adresse et sa générosité. Enfin, je remercie très sincèrement les équipes de Radio-Sénégal, des Archives nationales du Sénégal, de l’IFAN, du CESTI ainsi que toutes les structures et personnes qui m’ont facilité cette recherche. I Table des matières INTRODUCTION GÉNÉRALE .................................................................................... 1 I- Mise en contexte ........................................................................................................... 2 II- Précisions de l’objet d’études .................................................................................. 13 III- Bilan historiographique .......................................................................................... 19 A- Naissance et évolution de la presse au Sénégal et en Afrique de l’Ouest ................... 20 1- Les enjeux de l’introduction de la presse imprimée et radiophonique en contexte colonial ............................................................................................................................. 20 2- La radiodiffusion de masse, un nouvel instrument de pouvoir convoité ..................... 25 3- L’information radiodiffusée comme outil de développement du Sénégal indépendant .......................................................................................................................................... 28 4- Les fonctions socioculturelles assignées à la radio ...................................................... 30 5- L’étude globale de l’expérience originale sénégalaise ................................................ 32 B- La construction de l’État en Afrique et au Sénégal ..................................................... 34 1- Le Parti-État, idéologie et nature ................................................................................. 34 2- Les promesses sociales, culturelles et économiques de l’Indépendance ..................... 37 IV- Problématique et hypothèses .................................................................................. 44 V- Cadre conceptuel ....................................................................................................... 49 VI- Sources et méthodologie .......................................................................................... 56 Première partie ............................................................................................................... 70 La radio au service de l’idéologie coloniale en Afrique occidentale française ......... 70 Chapitre I : Naissance et développement de la radio coloniale : 1930-1957 ............. 71 1- Un investissement au cœur du projet colonial ............................................................. 72 1-1 L’importance et le rôle de l’information
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