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NON-MEURTRE Vers une science politique mondiale Glenn D. Paige Préface de Jean-Marie Muller Traduction de Magali Laraque et Emmanuel Bourgoin Center for Global Nonkilling CREATIVE COMMONS LICENCE Attribution-Pas d’Utilisation Commerciale-Pas de Modification 3.0 non transposé Vous êtes libre de partager, reproduire, distribuer et communiquer l’œuvre* Selon les conditions suivantes : Attribution. Vous devez attribuer l’œuvre de la manière indiquée par l’auteur de l’œuvre ou le titu- laire des droits (mais pas d’une manière qui suggérerait qu’ils vous approuvent, vous ou votre utili- sation de l’œuvre). Pas d’Utilisation Commerciale. Vous n’avez pas le droit d’utiliser cette œuvre à des fins commerciales. Pas d’œuvres dérivées. Vous n’avez pas le droit de modifier, de transformer ou d’adapter cette œuvre. * A chaque réutilisation ou distribution de cette œuvre, vous devez faire apparaître clairement au pu- blic la licence selon laquelle elle est mise à disposition. * N’importe laquelle des conditions ci-dessus peut être levée si vous avez l’autorisation du titulaire de droits. * Là où l’œuvre ou un quelconque de ses éléments est dans le domaine public selon le droit applica- ble, ce statut n’est en aucune façon affecté par la licence. * Les droits suivants ne sont en aucune manière affectés par la licence : Vos prérogatives issues des ex- ceptions et limitations aux droits exclusifs ou fair use; les droits moraux de l’auteur; droits qu’autrui peut avoir soit sur l’œuvre elle-même soit sur la façon dont elle est utilisée, comme le droit à l’image ou les droits à la vie privée. © Glenn D. Paige, 2002, 2013 Traduction : Magali Laraque et Emmanuel Bourgoin Titre original: Nonkilling Global Political Science (2002) Image de couverture : Dans le cercle de l’univers, initiatives créatives transformationnelles (bleu), S’inspirant des capacités humaines du non-meurtre (blanc), Agissent pour mettre fin au meurtre humain (rouge). Symbole du Center for Global Nonkilling ISBN 978-0-9839862-5-6 Center for Global Nonkilling 3653 Tantalus Drive Honolulu, Hawai‘i 96822-5033 United States of America Email: [email protected] http://www.nonkilling.org Richard C. Snyder 1916-1997 H. Hubert Wilson 1909 -1977 Politologues, enseignants et amis Une science qui hésite à oublier ses fondateurs est perdue. Alfred North Whitehead Table des matières Préface 9 Préface de la première edition en français 13 Remerciements 15 Prologue 19 Introduction 23 Chapitre 1 Une société non-meurtrière est-elle possible ? 33 Chapitre 2 Capacites pour une société non-meurtrière 55 Chapitre 3 Implication pour la science politique 99 Chapitre 4 Implications en matière de résolution de problèmes 127 Chapitre 5 Implications d'ordre institutionnel 153 Chapitre 6 Science politique globale du non-meurtre 173 Notes 191 Annexes 197 Bibliographie 219 7 Préface L’urgence de déconstruire les idéologies meurtrières Jean-Marie Muller Philosophe et écrivain. Auteur de Le principe de non-violence. L’histoire des hommes est meurtrière. Jusqu’à la désespérance. Nos so- ciétés sont dominées par l’idéologie de la violence nécessaire, légitime et hono- rable. Cette idéologie anesthésie les intelligences des hommes qui se rési- gnent à l’inéluctabilité du meurtre. Avec toute la force de sa conviction, Glenn Paige refuse les tenants et les aboutissants de cette idéologie pour af- firmer que le meurtre n’est pas une fatalité et que l’humanité a la possibilité de construire une histoire non meurtrière. On ne saurait mieux illustrer les propos de Glenn Paige en faisant référence à l’œuvre d’Albert Camus qui fut l’un des rares intellectuels français à refuser toute justification du meurtre. Dans une note d’avril 1946, Camus (1962 : 1814) écrit : « Révolte, commencement : le seul problème moral vraiment sérieux, c’est le meurtre (c’est moi qui souligne). Le reste vient après. (…) Savoir que je ne sais rien avant de savoir si je puis donner la mort, voilà ce qu’il faut apprendre . » Dans un texte publié dans la revue Franchise en novembre-décembre 1946 et intitulé « Nous autres meurtriers » , Camus (1962 : 686-687) redit que le seul combat qui vaille est de lutter contre le meurtre. Le mot revient sans cesse dans ses propos : « Il n’y a qu’un seul problème aujourd’hui qui est celui du meurtre. Toutes nos disputes sont vaines. Une seule chose im- 9 porte qui est la paix. Les maîtres du monde sont aujourd’hui incapables de l’assurer parce que leurs principes sont faux et meurtriers. Que du moins, et dans tous les pays, ceux qui refusent le meurtre se réveillent, dénoncent ces faux principes. » Il insiste : « Ceux qui ne veulent pas tuer doivent parler et ne dire qu’une seule chose, mais le dire sans répit, comme un témoin, comme mille témoins qui n’auront de cesse que lorsque le meurtre, à la face du mon- de, sera répudié définitivement. » En 1948, il affirme : « Le malheur est que nous sommes au temps des idéologies et des idéologies totalitaires. » Dans la même allocution, il parlait des « idéologies de l’efficacité » (Camus, 1950 : 252, 257). Toutes préten- dent innocenter le meurtre. Ce sont des idéologies de la violence. Des idéo- logies du meurtre. Des idéologies meurtrières. Dès lors, la question essen- tielle qui se pose à l'homme qui ne veut pas déserter l'histoire, mais qui ne veut pas non plus abdiquer sa raison, est de se demander s'il est légitime de justifier le meurtre : « Nous ne saurons rien tant que nous ne saurons pas si nous avons le droit de tuer cet autre devant nous ou de consentir qu'il soit tué. (…) Le meurtre est la question. » (c’est moi qui souligne) (Camus, 1951 : 14-15). Parmi les penseurs qui ont théorisé la nécessité du meurtre, Glenn Paige privilégie avec raison le sociologue allemand Max Weber pour lequel « En po- litique, le moyen décisif est la violence ». Par conséquent, celui qui, pour le sa- lut de son âme, celui qui refuse la violence ne peut que renoncer à l’action po- litique. Glenn Paige entend déconstruire la rhétorique de Max Weber en soulignant très justement que par l’interpénatration du défi éthique et de la réponse empirique « la barrière impénétrable posée par Weber entre les princi- pes de non-violence et la politique violente peut être franchie ». Le génie de la non-violence est de réconcilier l’exigence spirituelle et le réalisme politique, de réunir, pour reprendre les expressions de Weber, la « morale de conviction » et la « morale de responsabilité ». Glenn Paige entreprend d’élaborer alors une « révolution théorique ». La première source à laquelle il entend puiser est la pensée et l’action de Gandhi pour lequel « L’esprit et la réalité de la non-violence constituent la loi fonda- 10 mentale de la vie humaine ». Cette « révolution théorique » doit être accom- pagnée par l’expérimentation des « alternatives politiques non-violentes ». L’auteur souligne également l’importance décisive d’une « révolution éducative » qui mette l’étude de la non-violence au centre de tous les pro- grammes pédagogiques des écoles, des universités et des institutions ci- toyens. Il s’agira de revisiter toutes les sciences humaines et politiques et de les repenser au regard du principe de non-violence. Tout en affirmant qu’une « approche raisonnable pour une société non meurtrière est à notre portée », Glenn Paige a la lucidité de reconnaître qu’ « en affirmer la possibilité ne signifie pas, bien entendu, en garantir la certi- tude ». Mais cette incertitude ne saurait entamer sa conviction de que les êtres humains sont capables d’inventer une nouvelle culture qui récuse le meurtre une fois pour toutes : « L’esprit et la pratique de la non-violence, affirme-t-il comme en guise de conclusion, doivent devenir universels. » Voilà, en effet l’enjeu majeur pour l’avenir de l’humanité. Bibliographie: CAMUS, Albert (1962). Théâtre, Récits, Nouvelles. Paris : Gallimard. CAMUS, Albert (1950). Actuelles, Chroniques 1944-1948. Paris : Gallimard. CAMUS, Albert (1951). L’homme révolté. Paris : Gallimard. 11 Préface de la première édition en français Dr. Max Paul Président du Conseil d’Administration. Centre Caribéen pour la Non-Violence Globale et le Développement Durable (CCNGD) Nous nous réjouissons de pouvoir présenter au public haïtien et au pu- blic francophone du monde la traduction en français du livre Nonkilling Global Political Science de Glenn D. Paige, Professeur Emérite de l’Université de Hawaï, sous le titre Non-Violence, Non-Meurtre : Vers une Science Politique Nouvelle. Ce livre a déjà été traduit en 21 langues, dont le russe, le chinois, le hin- di, l’espagnol, l’arabe, le japonais, et des traductions en d'autres langues sont en cours. Le Professeur Paige est un enseignant et un chercheur reconnu et respecté aussi bien dans le monde académique que politique. En septembre 2004, l’Association Américaine de la Science Politique lui a décerné la médaille de Distinguished Career Award en reconnaissance de l’excellence de son ensei- gnement et de ses recherches engagées dans la transformation politique. Le Professeur Paige met en question les fondements de la science politi- que. En effet, la science politique pose comme présupposés, tout comme Aris- tote, Platon, Hobbes, Weber, Machiavel, pour ne citer que ceux-là, les no- tions de violence, de menace de tuer et la présomption que la nature humaine est violente. Le Professeur Paige, au contraire, propose une science politique nouvelle dont les fondements sont la non-violence, le non-meurtre, le respect 13 de la vie. « Non-violence », « non-meurtre », « respect de la vie » sont les concepts élémentaires sur lesquels se construit son système théorique politi- que. La vertu de son système réside dans le fait qu’il est ouvert et qu’il fait ap- pel à la créativité constante des chercheurs et praticiens.
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