Dossier Pédagogique Cachafaz

Dossier Pédagogique Cachafaz

DOSSIER PÉDAGOGIQUE CACHAFAZ création | opéra Tragédie barbare en deux actes et en vers, en espagnol, surtitré en français | livret de Copi (éditions Billaudot) | musique Oscar Strasnoy | conception et mise en scène Benjamin Lazar | direction musicale Geoffroy Jourdain | avec Lisandro Abadie, Marc Mauillon, Nicolas Vial, le Chœur de chambre Les Cris de Paris et les musiciens de l’ Ensemble 2e2m : Didier Aschour, Aurélien Richard, Pierre Baldassare, Damien Prado, Olivier Moret, Clément Delmas, Axelle Ciofolo – de Peretti, Loïc Sonrel | durée env 1h40 MArdi 19 › diMANChE 24 MArS 2013 MARDI ET VENDREDI À RPHSP, MERCREDI ET SAMEDI À QYHSP, LE DIMANCHE À QVH ThéâTrE 71 S, Place du QQ Novembre – YR RTP Malakoff - www.theatreWQ.com réservation PQ UU TX YQ PP métro ligne QS Malakoff-Plateau de Vanves TArifS › 24€ tarif normal 17€ seniors, billet découverte, groupe à partir de X personnes, famille nombreuse, comités d’entreprise, collectivités, abonnés des théâtres partenaires, adhérents cinéma, Fabrica’son, Médiathèque et Conservatoire de Malakoff 12€ –SP ans, demandeurs d’emploi, intermit - tents, allocataires du RSA, personnes handicapées 9€ –QR ans CONTACTS relations avec le public – [email protected] Solange Comiti PQ UU TX YQ QR | Béatrice Gicquel PQ UU TX YQ PV | émilie Mertuk PQ UU TX YQ PS CACHAFAZ en partenariat avec France musique L’équipe artistique opéra Tragédie barbare en deux actes et en vers, en espagnol, surtitré en français livret de Copi (éditions Billaudot) musique Oscar Strasnoy conception et mise en scène Benjamin Lazar direction musicale Geoffroy Jourdain avec Lisandro Abadie, Marc Mauillon, Nicolas Vial, le Chœur de chambre Les Cris de Paris et les musiciens de l’Ensemble 2e2m : didier Aschour, Aurélien richard, Pierre Baldassare, damien Prado, Olivier Moret, Clément delmas, Axelle Ciofolo – de Peretti, Loïc Sonrel dramaturgie Lisandro Abadie collaboration artistique Nicolas Vial chef de chant Aurélien richard décors Adeline Caron costumes Alain Blanchot lumières Christophe Naillet maquillage Mathilde Benmoussa à partir de 15 ans durée 1h40 Production Théâtre de Cornouaille - Centre de Création Musicale Scène Nationale de Quimper Coproduction coproduction Maison de la Culture de Bourges Scène Nationale, Opéra Comique, Théâtre National de Bretagne, Opéra de Rennes, Opéra-Théâtre de Saint-Étienne, Théâtre Musical de Besançon, Ensemble 2e2m-Direction artistique Pierre Roullier, Les Cris de Paris | avec l’aide à la production d’ARCADI, le soutien de la SPEDIDAM, du Fonds de Création Lyrique, de l'ADAMI, de la Fondation Orange et avec les remerciements à l’ARCAL Le projet bénéficie d'une convention de diffusion musique ONDA Commande passée à Oscar Strasnoy par l'Etat Français et le Théâtre de Cornouaille-Centre de Création Musicale Scène Nationale de Quimper Les pièces de COPI sont représentées par l’agence DRAMA–Suzanne Sarquier Cette référence musicale est loin d’être la seule de Cachafaz Cachafaz. Contrairement à presque toutes ses autres pièces, écrites en français, Copi a écrit ici en espagnol Note de Benjamin Lazar - nov 2010 argentin (avec beaucoup de mots d’argot et d’inventions personnelles), et en vers. La forme versifiée lui permet «Tragédie barbare», le sous-titre choisi par Copi pour d’enserrer avec humour les mots les plus crus dans Cachafaz, si l’on revient à l’origine grecque de ces deux un luxueux écrin ; parfois - et notamment à la fin - le mots, sonne comme un paradoxe. La tragédie est la lyrisme se détache de la crudité et s’approche du style forme artistique la plus emblématique de la démocra- et du niveau de Federico Garcia Lorca. Le vers choisi, tie grecque ; elle est présentée devant les citoyens réu- l’octosyllabe, est très référencé : c’est celui de la poésie e nis ; le choeur qui commente l’action en chantant et en argentine du XIX siècle, celui du tango et de la milonga, dansant en est le miroir. Hors de la Cité, les Barbares : celui, enfin, de la payada, joute poétique et musicale, où ceux qui ne parlent pas la langue grecque, les autres, la des poètes-chanteurs s’affrontent en improvisant des menace. En alliant tragédie et barbarie, Copi pose une vers sur des canevas musicaux fixes, tout en s’accom- étiquette « danger - risque d’explosion » sur sa pièce, pagnant à la guitare. et de fait, Cachafaz ne cesse d’interroger les violents L’invitation à mettre en musique Cachafaz était donc forte, rapports d’exclusion auxquels se livrent les humains : d’autant que la musique populaire argentine n’est pas la entre les hommes et les femmes, entre les « gens d’ici » seule musique cachée dans ce fantôme de conventillo : et les étrangers, entre les riches et les pauvres. Ces rap- les personnages de Copi ont une dimension lyrique qui ports sont soumis au feu ravageur de l’humour de Copi, fait penser à l’opéra, et notamment à l’opéra vériste. et peut-être aurait-il rayé cette référence antique trop Raulito est une évidente Tosca : pieuse, amoureuse, érudite d’un revers de plume ironique. Très cultivé, pour- défendant bec et ongles son mari inquiété par la police, tant, Copi l’était, et il avait été grand lecteur dans sa jeu- elle aussi «vit d’art et d’amour», et toc ! Au cours de nesse. Fils d’intellectuels anti-péronistes, il avait suivi la préparation et des répétitions du spectacle, nous sa famille en Uruguay et, une première fois, en France. nous sommes aperçus, qu’elle était aussi, tour à tour, Ses premières pièces avaient été remarquées en Argen- Juliette, Brünhilde, Isolde, Lady Macbeth et Carmen ! tine, mais à son arrivée à Paris, ce sont ses dessins et sa Si l’on ajoute une histoire d’anneau maudit, un défi don- «Femme assise» qui lui apportèrent une première noto- juanesque à l’au-delà, et le Destin invoqué dans toute sa riété. Invité à « Apostrophes » pour un roman , il s’y pré- Force, on voit que Cachafaz et Raulito, du fond de leur senta avant tout comme un dessinateur ; il disait oublier taudis, ont de quoi donner de la voix. ce qu’il écrivait. Trait d’élégance nonchalante (élégant, Cachafaz, opéra barbare ? L’opposition des termes garde Copi l’était, selon les témoignages, dans ses habits et toute sa puissance. L’opéra n’est-il pas le lieu du plaisir dans ses moeurs), cet oubli de l’écrit, cette dérision qu’il bourgeois, haute expression de la culture de la société subit, prennent peut-être leur source dans l’expérience capitaliste, atteignant parfois des sommets de complai- de l’exil, premier mot qui se présente sous sa plume sance pour les spectateurs commanditant les œuvres dans un texte autobiographique de la fin de sa vie. La ou achetant leurs billets ? Faire rentrer la barbarie dans page blanche est une terre où les dessins ni les mots ne l’opéra laisse présager d’un choc des cultures. Pourtant, peuvent prendre racine : tout peut y être à tout moment de la violence, l’opéra a les moyens physiques. Car, si on balayé, mélangé, saccagé par un souffle qui est celui de veut bien les convoquer, l’opéra a les moyens physiques l’humour ou du désespoir. de la barbarie, moyens qu’il puise justement dans ses S’il oublie modestement ses écrits, Copi n’a en revanche origines grecques : le recitar cantando est un rêve italien rien oublié de son enfance : avec Cachafaz, il retourne par de la déclamation antique. Le chant lyrique est comme le la pensée à Montevideo, dans ses rues et dans ses théâ- masque porte-voix utilisé par les acteurs antiques : ses tres. Il y évoque les « conventillos » historiques, c’est-à- exigences de souffle et de registres poussent les chan- dire ces habitations collectives, construites autour d’un teurs à la frontière des possibilités humaines. L’opéra patio, que louaient très cher les immigrés pauvres venant est un souffle qui traverses ses interprètes, auxquels ils chercher en Argentine une vie « décente » (l’un des mots doivent résister pour le transformer en vibrations et en qui revient le plus souvent dans Cachafaz). Déjà objet rythme - et les spectateurs assistent, comme dans un d’histoire dans l’enfance de Copi (même s’ils n’étaient pas cirque, à cette tentative de domptage. encore détruits), les insalubres «conventillos» étaient Ce vent qui pousse les personnages par derrière, qui les sujets de théâtre, et certaines saynetes (théâtre musi- porte et les détruit, est une image récurrente de Cacha- cal populaire argentin) les prenaient pour décor. Tita de faz jusqu’à son dernier vers. L’envie était donc forte de Merello, chanteuse que Copi admirait, excellait de ce tenter l’expérience : faire passer le souffle lyrique à tra- genre de pièces, et Copi emprunte la première phrase vers la tragédie barbare de Copi et aussi faire souffler de Cachafaz à l’une de ses chansons : Levantate ‘e la dans l’opéra la violence, la poésie et l’humour dévasta- catrera ! Sors de ce lit ! teurs de Raul Damonte, dit Copi. » BENJAMIN LAZAR - Novembre 2010 THÉÂTRE DE CORNOUAILLE CENTRE DE CRÉATION MUSICALE // SCÈNE NATIONALE DE QUIMPER 2 Cachafaz sert à distinguer les tragédies « civilisées » (Euripide, Note d’Oscar Strasnoy - nov 2010 Racine, Shakespeare) des tragédies « non civilisées », c’est-à-dire, les tragédies invisibles, celles qui se pas- « Le téléphone sonne : Bonjour, je voudrais que vous sent dans l’immeuble d’à côté, tragédies non filtrées, non lisiez Cachafaz de Copi. Je l’ai déjà lu et en suis mort de codées, non écrites, théâtre cru au langage non tempéré, rire depuis. J’avais trouvé cette pièce par hasard dans au comportement plus gros que nature. les bacs cendreux de la rue des Écoles, dans le Paris du Mais passons à la musique. On peut m’accuser de beau- siècle dernier.

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