FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL « LA YOLE RONDE DE LA MARTINIQUE » Construction maritime et Art de la navigation Présentation sommaire Les régates de yole dépassent la seule dimension événementielle, « c’est une affaire de tout un peuple » estimait AimeCESAIRE. De façon générale, l’histoire de la yole de Martinique est liée à la communauté Martiniquaise et l’histoire navale de la Martinique. L’histoire de cette embarcation traditionnelle commence à partir du XVII siècle. De l’époque des premiers navigateurs amérindiens jusqu’à nos jours, ce sont les apports et mélanges de techniques navales des différentes composantes de la population Martiniquaise qui ont contribué, d’une part, à une forme d’embarcation unique au monde, d’autre part à une navigation propre à cette embarcation. La yole Martiniquaise est originale, pluriethnique et c’est là des point fondamentaux de la culture identitaire des Martiniquais. A l’origine, la yole était utilisée pour la pêche, le transport de personnes, de matériels et de produits en tout genre. Avec le temps cet élément de la culture Martiniquaise a suscité un engouement réel pour les régates de yoles rondes. Personne(s) rencontrées : Maguy MORAVIE, Docteure en STAPS auteur de la thèse « la yole ronde, entre ethnicité et autochtonie », Mas ATHON, pêcheur, constructeur de yole, barreur de yole. LOCALISATION : Département d’Outre-mer, 1 FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 2 FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL I. IDENTIFICATION DE L'ÉLÉMENT 10 Nom de l'élément LA YOLE RONDE DE LA MARTINIQUE 20 Type d'élément selon la classification Unesco Indiquez le ou les domaines de l’élément : • événements festifs • connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers • savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel 30 Communauté(s), groupe(s) associé(s) à l'élément En Martinique, la yole ronde est d’une importance capitale pour les marins pêcheurs, c’est un outil de travail et de transport. Les charpentiers de marine de l’île perpétuent la tradition par la construction de yoles sans l’aide d’aucun plan et seulement d’après des méthodes traditionnelles par la transmission orale. De façon générale, l’histoire de la yole est intimement liée à la vie des marins pêcheurs. A l’origine, la yole était une embarcation bien utile qui leur permettait d’entreposer leur matériel et de se déplacer. La pêche était autrefois une activité très répandue dans les villes côtière dite« sous le vent », qui représentait souvent l’unique moyen de subsistance des familles. Chacun, connaissait dans son entourage un marin pêcheur et une grande majorité de la population vivait de cette activité. Pour se déplacer, les pêcheurs utilisaient la yole. Ils organisaient aussi de façon spontanée des compétitions amicales : celui qui arrivait à la côte le premier remportait l’épreuve. Ce jeu suscitait à l’époque un tel engouement chez les pêcheurs que bientôt les maires de chaque commune organisèrent à leur tour des compétitions plus officielles lors des fêtes communales. La yole, qui jusque là était un objet purement utilitaire est devenue une yole de compétition avec de nouvelles règles de construction mais toujours élaborées dans la tradition. Création unique au monde typiquement martiniquaise, la yole ronde est considérée par ailleurs comme une véritable œuvre d’art. Le charpentier de marine martiniquais est un spécialiste de la construction traditionnelle, la réparation et la restauration de yoles en bois et matériaux associés. Il réalise et assemble les membrures1 de la yole, travaille à la fixation des bordées sur l’ossature de bois et aux aménagements des yoles de régates. Dans la majorité des cas, le charpentier de marine est un marin pêcheur. Aujourd’hui, la pratique de la yole ronde c’est démocratisée et la plupart des yoleurs sont issu de la population martiniquaise. 40 Localisation physique de l’élément 1 Membrure est l'assemblage de divers partis de bois qui forment la structure transversale de la coque de la yole. 3 FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL La yole ronde est exclusivement pratiquée en Martinique. Principalement dans les villes de la côte atlantique de l’île : le François, le Robert, la Trinité, le Vauclin, le Marin, Saint Anne, le Diamant, mais aussi dans d’autre villes de la mer des Caraïbes ; le chef lieu Fort de France, Schœlcher, ou encore Saint Pierre, etc. La Martinique s'étire sur environ 70 km de longueur, pour 30 km de largeur avec une superficie totale de 1 128 km2, elle se place au troisième rang après Trinidad et la Guadeloupe, dans l’archipel des petites Antilles. La Martinique est département et région d'outre-mer (DROM), le français est la langue officielle de l'île. La population utilise aussi couramment le créole, langue composée de mots de diverses origines (français, anglais, africain, caraïbe, espagnol). Le créole ne se limite pas à son seul aspect linguistique, c’est aussi une réalité anthropologique et historique, témoin de la composition et la formation de la société Martiniquaise. La yole ronde s’apparente à cette construction culturelle « créole » qui illustre et met en relief une réalité anthropologique du métissage de la population Martiniquaise. La Martinique évolue avec son temps et son environnement comme la yole ronde, toute en gardant son identité. La Martinique a fait son entré à l'AEC (association des États de la Caraïbe) et L’Organisation des États de la Caraïbe orientale (OECO) en 2014. 50 Description de l'élément La yole ronde, embarcation spécifique de la Martinique, propose, avec ses ‘’ bois dressés’’ et l’agilité qu’ils confèrent, une image aisément reconnaissable, concentrant vitesse et promesse de sensations ainsi qu’un savoir-faire inaccessible au commun des terriens. Le bois massif est le seul matériau officiellement autorisé pour la coque.« La monture, l’étrave, les ‘’foucas’’, les membres, le tableau arrière ainsi que les renforts de celui-ci doivent être impérativement en bois massif. » L’arc de la construction des coques fait appel à une tradition héritier des charpentiers de marine. On ne s’improvise pas charpentier de marine. La technique de construction se transmet par un apprentissage proche du compagnonnage et souvent familial : « Je m’en souviens : pour construire un canot traditionnel, je retrouve les gestes de mon père, que j’avais juste observé. » Se rappelle un ancien charpentier marin. Les coques sont construites sans plan, la coupe des bois correspond à certaines phases de lune : il s’agit donc de la transmission ancestrale d’un ensemble de compétences propres à chaque charpentier et jalousement conservées. L’habileté mise en œuvre est l’occasion de saluer un talent et de l’inscrire dans une évocation identitaire qui exalte, la compétence des artisans martiniquais à travers le charpentier de marine, détenteur et utilisateur 4 FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL des techniques et des gestes de nos ancêtres les plus lointains, et celle d’une véritable démonstration de maîtrise professionnelle et de courage de nos marins pêcheurs. La construction La Yole ronde est une embarcation dite « légère » sans lest, sans dérive ni gouvernail, à faible tirant d'eau, pouvant naviguer à 1 ou 2 voiles. Elle est conçue par assemblage de planches ou’’ bordés’’ fixées horizontalement sur une ossature faite de membres. L'Assemblage en latte est interdit. Mise en place en premier lieu, l'ossature se compose de la Monture, de l'Etrave, des’’ Foucas’’ des Membres et du Tableau arrière. La "Monture" (1) est la pièce maîtresse qui se pose la première. Elle reçoit sur la partie supérieure de l'avant vers l'arrière : - l'Etrave (2) : est une pièce de bois taillée en forme de "L", sa base est fixée sur le dessus de la monture. - les ‘’ Foucas’’ (3) : sont en forme de "V" et reposent également sur la monture. Obtenus à partir d'une seule pièce de bois, ils doivent avoir une épaisseur suffisante afin de recevoir et de maintenir les pieds de mât : pour cela, les Foucas comportent une cavité à leur base. Ils reçoivent également, dans leur partie supérieure, les Tôtes de mât. Pour les grandes Yoles, on retrouve, en principe, deux foucas. Mais ils peuvent être remplacés par des sabots dont la fonction est de recevoir et maintenir le pied de mât, dans ce cas la tôte de mât est maintenue par des guirlandes. Juste après les foucas, de l'avant vers l'arrière, sont montés les Membres ou courbes. Parmi ces Membres, on en trouve un appelé "Guirlande", membre d'une seule pièce en bois massif. 5 FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL - les Guirlandes (5) : servent à consolider et renforcer les bordés aux abords des foucas. - les Membres (4) Dans la chronologie de la construction, le Membre du milieu est posé juste après l'Etrave et le Tableau arrière et sert de Gabarit central. Les membres ou courbes peuvent se présenter en une seule pièce (guirlande) ou être montés en deux ou trois pièces. Fixés sur la partie supérieure de la Monture, les Membres reçoivent les bordés et les planches. - le Tableau arrière (6) ou Etambot, fixé également sur la partie supérieure de la Monture est complètement à l'extrémité arrière. Le Tableau arrière est obtenu à partir de bois massif et se présente en une seule pièce. Le Tableau arrière peut être renforcé à sa base par une pièce en forme de "L". Cette pièce se présente comme une équerre et renforce la jonction entre le tableau arrière et la monture. Le Tableau arrière peut être consolidé dans sa partie supérieure et dans sa liaison avec les bordés par une pièce de bois. La Monture, l'Etrave, les Foucas, les Membres, le Tableau arrière ainsi que les renforts de celui-ci doivent être impérativement en bois massif.
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