CHAPITRE 2 – LES RAPPORTS DE LA PREFECTURE ET DU CONSEIL GENERAL, L’AFFRONTEMENT AVEC LES « AUTONOMISTES » (1930-1934) Dans les années 20 et 30, dans le Bas-Rhin, notamment, l’administration préfectorale doit gérer les rapports difficiles avec le mouvement autonomiste. Pour A. Golliard, c’est une tâche à laquelle il est constamment confronté personnellement. Cette circonstance est, au demeu- rant, mentionnée par la notice qui figure sur lui dans le "Mémorial des fonctionnaires du corps préfectoral et de l'administration centrale morts pour la France au cours de la guerre 1939-45". Le secrétaire général est seul, dans la première session de 1930, au moment où le préfet Bor- romée est parti et son successeur Roland-Marcel n’est pas encore installé. Il doit poser la « question préalable » face à plusieurs vœux proposés par les partisans de l’autonomisme qui siègent au Conseil général. Dans les années qui suivent, l’autonomisme, allié aux communis- tes dissidents et aux partisans de M. Walter (UPR), est majoritaire pour un temps au Conseil général. Les matériaux qui suivent seront utilisés ultérieurement en relation avec les liasses d’archives. Chronologiquement sont présentés quelques uns des principaux thèmes des affrontements politiques. Ce chapitre est donc surtout un rassemblement chronologique de matériaux brut, préparatoire à des analyses ultérieures210. 210 Abréviations : CG = Conseil général, DNS = Dernières nouvelles de Strasbourg, RG = Renseignements généraux, VP = Vice président SSE = Sous secrétaire d’Etat 91 - 1925 - – Session de mai ouverte le 18 (selon les DNS du 19 mai). Le président est A. Ober- kirch. A. Golliard n’est pas arrivé encore à la préfecture. Le président de la Republi- que est attendu le lendemain à Strasbourg ; cette session adopte un relèvement des traitements des agents des préfectures et sous préfectures - 1925 – 2è session fixée au 28-9 (DNS du 21-5) - 1925 : activité politique suivie par les RG. Décembre : congrès des fédérations com- munistes de Haut Rhin, Bas Rhin et Moselle (Sûreté générale, F/7/13382) ; Haas de Strasbourg salue alliance Zukunft, parti clérical et communistes pour l’autonomie ; Hueber, député communiste demande un plébiscite. - 1925 – deuxième session (DNS du 1er , 2 et 3 octobre) ; le PV est lu par Charles Wal- ter (fait fonction de secrétaire) ; le préfet fait des réserves préliminaires car certains vœux ont un caractère politique. - Il est question du transfert de la préfecture dans les locaux du Commissariat général. - Débat de la troisième commission sur les primes à la natalité (comparaison avec l’Allemagne, rapport de Walter lu par Birkenstock). - Adoption de crédits pour l’achat de machines à écrire ; vif débat sur le salaire des can- tonniers, dont le montant de 400f mensuel est adopté. - De nombreux vœux (langue, école interconfessionnelle, fonctionnaires alsaciens..) sont présentés par l’UPR et les socialistes, renvoyés en commission et certains sont écartés comme ayant un caractère trop politique. 92 - 1926 -1ère session mai 1926 (DNS des 6, 7 et 8 mai). A. Oberkirch président. - Fixe au 27 septembre la 2è session. Conclusions concernant le libre exercice du droit syndical et l’arbitrage obligatoire. - Herrenschmidt (président de la Chambre de Commerce) intervient dans le débat controversé sur la création d’un statut spécial pour le réseau de chemins de fer d’Alsace et Lorraine. Georges Weill aussi (socialiste). Michel Walter. - Débat à nouveau sur un vœu déposé par l’UPR, concernant les écoles confessionnel- les ; - Adoption d’un vœu « pour une large décentralisation au profit des assemblées dépar- tementales » (DNS du 8-5) ; « convaincu que le règlement sur place de maintes ques- tions d’intérêt local constituerait un remède efficace à une situation dont la population alsacienne souffre plus que toute autre ». demande aussi pouvoirs pour le préfet, « pouvoirs propres à régler sur place ». - Débat sur le financement de l’entretien de l’école confessionnelle d’Illkirch- Graffenstaden et des salaires des sœurs qui y enseignent ; le préfet note que la de- mande n’est pas recevable. Ce vœu est adopté à la majorité (intervention contre de Weill, il s’agit d’une école libre). - NB : c’est en juin qu’est distribué un manifeste autonomiste (DNS du 8 juin) ; sans doute Heimatbund ; ensuite il y a des sanctions contre les fonctionnaires signataires du manifeste. Laval chargé DGSAL s’entretient avec les préfets sur les sanctions (juin) - Août : Rossé, signataire, est destitué de ses fonctions de professeur. - En cette année 26 le parti radical est divisé entre « régionalistes » [cf. article de Geor- ges Wolf, VP de la section du parti radical du BR en 1925, dans la République du 11.10.25] et « centralisateurs » (Oesinger) ; cela amènera une scission en mai 1926 ; Georges Becker et P. Caillot en janvier 29 démentent dans un télégramme à Poincaré le fait que le parti radical soit entièrement passé à l’autonomisme (avec Dahlet). - 2è session septembre 1926 (DNS des 1 et 2 octobre). - DNS publie le vœu de la « fraction socialiste » à propos de l’interdiction d’une ré- union publique à l’Aubette211 : « le CG émet le vœu que l’administration ne contrarie, à l’égard d’aucun parti l’exercice de cette liberté et qu’elle s’abstienne, par consé- quent, d’interdire les réunions publiques dans ce département, dont elle sait l’inaltérable attachement à la France et à la République ». [il s’agissait d’une réunion socialiste]. Ce vœu passera ce soir en séance plénière (DNS du 1-10). Ce vœu est dé- battu le lendemain (DNS du 2-10) ; le préfet intervient en disant qu’il s’agit d’une question purement administrative qui ne relève pas du CG. - Vœu Walter, Wahrer et consorts proposant la création d’une commission « chargée d’étudier les moyens pratiques d’une adaptation du programme scolaire national aux besoins économiques, moraux et linguistiques de l’Alsace et de la lorraine » (DNS 2- 10). Peirotes répond que c’est une affaire de pédagogues; le préfet souligne la nécessi- té de la primauté de la langue française ; le vœu est adopté à l’unanimité. - Vœu Oberkirch sur les écoles interconfessionnelles, pour qu’il y ait des classes spécia- les confessionnelles, vœu aussi voté. 211 Cette interdiction se répétera avec Roland Marcel (voir notes) plus tard, notamment en 1931. 93 - 1927 - Avril 1927 : procès de Colmar, procès autonomiste de presse Haegy-Helsey - 1è session (DNS des 3 au 6 mai). - Les DNS (3 mai) parlent de la visite de Poincaré (président du Conseil) en Moselle (Bar Le Duc), il préside le CG 1è session. - Il évoque « l’agitation communiste » « la France n’est pas un champ d’expérience ou- vert à l’impérialisme bolchéviste (..) ce n’est pas dans le retour à un régime primitif qu’elle espère trouver le progrès de la civilisation et le bonheur de l’humanité » « ré- pression énergique de toutes les tentatives criminelles pouvant menacer la discipline de l’armée, la sûreté de l’Etat ou l’indivisibilité de la nation ». - « Amusant débat » à propos de la demande de gratuité des voyages pour les conseillers généraux sur le réseau A&L, ce qui est refusé par le réseau. Ch. Walter : « il y en a parmi vous qui ont des autos et pour eux cela n’a pas d’intérêt. Ils n’ont pas besoin de ramasser les puces dans les wagons (hilarité générale). Pour nous c’est une question de dignité. Nous voulons représenter quelque chose en notre qualité de conseillers géné- raux. Ce n’est pas une question de sous car nous pouvons nous payer des tickets de 4è classe. - Troisième commission. L’assemblée revient sur la question du chômage : longue dis- cussion. Rapport financier sur les différentes solutions ; le préfet fait un exposé. « le point culminant du chômage fut atteint à la fin de mars où il fallait assurer les subsides à environ 2.000 chômeurs. Leur nombre est actuellement d’un millier et tout fait pen- ser que l’amélioration continuera car les autorités ont pris des mesures pour diminuer les travailleurs étrangers non nécessaires ». En conclusion augmentation de la partici- pation des communes212 de 17% à 20% [sans doute des dépenses]. - Banquet à l’Hôtel de l’Union : A. Oberkirch offre un buste à son effigie à Borromée, qui est très ému et se félicite de l’excellente coopération avec le CG. (DNS 5-5). - Même numéro, publication d’un commentaire du docteur Ricklin (inspirateur du Hei- matbund, autonomiste), l’un des inspirateurs des autonomistes qui dit que la formule « l’Alsace Lorraine dans le cadre de la France » est un trompe-l’œil, une « façade im- posée par les circonstances et que nous devons bientôt démolir ». - NB dans la deuxième partie de l’année 1928, lutte systématique policière et juridique contre les autonomistes (cf DNS) - 2è session (DNS des 27, 29 septembre et 1er Octobre) - A. Oberkirch, président ; deux VP : Herrenschmidt et Peirotes. - Discours d’Oberkirch qui parle du traité de commerce conclu entre la France et l’Allemagne, après de longues et difficiles tractations depuis 1924. En remercie Poin- caré, président du Conseil. - Discours de Borromée. - Vœu des socialistes (Peirotes, G. Weill) à propos du chômage, s’indignant que la sta- bilisation se soit faite aux dépens de l’augmentation des impôts, de l’augmentation des prix et demande que « l’Etat prenne à sa charge » « les dépenses destinées à combattre le chômage et à soutenir les chômeurs, innocentes victimes de sa politique de la der- nière année, et augmente notamment les subventions accordées à cet effet, aux dépar- tements et aux communes ». - DNS 29-9. « un incident » déclaration de M. Weydmann : « on chasse les sœurs de nos écoles ». deux camps : Peirotes versus Walter [ce dernier : « nous n’admettrons 212 On apprend par ailleurs qu’il y a 561 communes dans le Bas Rhin, dont 553 électrifiées.
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