Lectures De Science-Fiction Et Fantasy : Enquête Sociologique Sur Les Réceptions Et Appropriations Des Littératures De L’Imaginaire Elodie Hommel

Lectures De Science-Fiction Et Fantasy : Enquête Sociologique Sur Les Réceptions Et Appropriations Des Littératures De L’Imaginaire Elodie Hommel

Lectures de science-fiction et fantasy : enquête sociologique sur les réceptions et appropriations des littératures de l’imaginaire Elodie Hommel To cite this version: Elodie Hommel. Lectures de science-fiction et fantasy : enquête sociologique sur les réceptions et appropriations des littératures de l’imaginaire. Sociologie. Université de Lyon, 2017. Français. NNT : 2017LYSEN068. tel-01679661 HAL Id: tel-01679661 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01679661 Submitted on 10 Jan 2018 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. Numéro National de Thèse : 2017LYSEN068 THÈSE de DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE LYON opérée par l’École Normale Supérieure de Lyon École Doctorale N° 483 Sciences Sociales (Histoire, Géographie, Aménagement, Urbanisme, Architecture, Archéologie, Science politique, Sociologie, Anthropologie) Discipline : Sociologie Soutenue publiquement le 01/12/2017, par : Élodie HOMMEL Lectures de science-fiction et fantasy : enquête sociologique sur les réceptions et appropriations des littératures de l'imaginaire Devant le jury composé de : Isabelle CHARPENTIER, professeure à l'Université de Picardie – Jules Verne, rapporteure Annie COLLOVALD, professeure à l'Université de Nantes, examinatrice Christine DÉTREZ, professeure à l'École Normale Supérieure de Lyon, directrice de thèse Irène LANGLET, professeure à l'Université de Limoges, examinatrice Bruno PÉQUIGNOT, professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle, rapporteur Résumé À la suite des enquêtes menées par Annie Collovald et Erik Neveu dans Lire le noir, et par Christine Détrez et Olivier Vanhée dans Les mangados, sur les lectures de romans policiers pour l’une et de mangas pour l’autre, ce travail de thèse porte sur les lectures de littératures de l’imaginaire (catégorie éditoriale qui regroupe science-fiction, fantasy et une partie du fantastique). Après une étude de l’offre éditoriale française contemporaine, l’enquête de terrain, qui a été menée par entretiens auprès de lecteurs et lectrices âgés de 20 à 35 ans, a cherché à mettre en évidence leurs motivations, leurs appropriations de cette lecture et les réceptions qu’ils en font. Tout comme les mangas ou les romans policiers, la science-fiction, et plus généralement les littératures de l’imaginaire, constituent un genre dont la légitimité n’est pas acquise, souvent perçu comme une échappée hors du réel pour des amateurs parfois assimilés de façon péjorative à des exclus sociaux. Ces questions ont été abordées dans la recherche à travers différents angles d’approche : la réception des catégories éditoriales par les jeunes interrogé·e·s, les raisons de lire science-fiction et fantasy, les différents types de réceptions et appropriations du genre, les parcours de lecture en littératures de l’imaginaire, les pratiques culturelles et sociabilités qui prennent place autour de la lecture, le rapport des lecteurs et lectrices à la légitimité ambiguë du genre. 1 2 Remerciements Merci à Christine Détrez, qui m’accompagne depuis sept ans tout en respectant mon autonomie et mes choix, pour sa bienveillance, ses conseils et ses relectures attentives. Merci aux rapporteur·e·s et à l’ensemble des membres du jury de leur intérêt pour cette recherche et de leurs retours. Merci aux lecteurs et lectrices, qui sont au cœur de ce travail, de m’avoir raconté leurs lectures, de m’avoir fait partager leur enthousiasme, leur passion, leurs joies et parfois leurs peines. Merci à celles et ceux qui m’ont aidée à les rencontrer : libraires, bibliothécaires, organi- sateurs et organisatrices d’évènements dédiés à l’imaginaire. Merci aux multiples soutiens administratifs et financiers dont j’ai bénéficié, et qui ont allégé les contingences matérielles liées à la réalisation d’une thèse : la commission d’attribu- tion des contrats doctoraux de l’ENS de Lyon, l’administration de l’ENS de Lyon en général, la région Rhône-Alpes et le programme CMIRA - Explora Doc, le Département des études, de la prospective et des statistiques du Ministère de la Culture, le Centre Max Weber, et en particulier Férouze et Alexia pour leur aide précieuse. Merci à Thomas Kemple pour son accueil chaleureux à UBC, son enthousiasme pour mon enquête et ses suggestions. Merci à Octavie pour son coup de pouce dans la matérialisation de cette thèse. Merci à Marlène pour ses multiples relectures et apports sociologiques. Merci à Annie, Héloïse, Marlène et Alice pour leurs relectures de dernière minute. Merci à mes ami·e·s et collègues sociologues, pour les discussions et réflexions autour de nos recherches respectives, et en particulier à Clémence. 3 Merci à mes ami·e·s non sociologues de m’avoir supportée, dans les deux sens du terme, avec une mention spéciale pour Nicolas et Héloïse. Merci aux associations étudiantes de l’ENS de Lyon, à St John’s College de UBC, et surtout aux personnes extraordinaires qui font vivre ces communautés, de m’avoir offert un cadre de travail épanouissant. Merci à ma famille, et notamment à mes parents pour leur soutien inconditionnel. Merci à Boris, d’avoir été là, même sans être là, tout au long de ce parcours, d’avoir su me motiver quand je perdais courage, de m’avoir encouragée et soutenue, mais aussi de m’avoir fait rêver. 4 INTRODUCTION Enquêter sur la lecture de science-fiction et fantasy Évoquer la science-fiction ou la fantasy, c’est faire surgir tout un univers de robots, d’extra- terrestres, de créatures magiques, de voyages extraordinaires et de paysages cosmiques, monde hautement imaginaire et fantaisiste, auquel adhérer pourrait être considéré comme une at- titude immature et irrationnelle, comme une échappée hors du réel à laquelle se livreraient des lecteurs ou des spectateurs mal à l’aise dans le monde social. C’est en tout cas l’image stéréotypée que véhiculent certains médias, ainsi que de nombreux films ou productions télé- visées, comme la série télévisée The Big Bang Theory ou encore les teen movies américains et leurs personnages de « geeks ». Ces stéréotypes assimilent les amateurs du genre à des exclus sociaux, majoritairement masculins et souvent scientifiques, qui vivent par procuration dans leur bulle virtuelle et aux pratiques culturelles des plus étranges : déguisements, jeux de rôle ou jeux vidéos. Même certains discours académiques se font alarmistes : ainsi, Alexandre Hougron, doc- teur en études cinématographiques, dans l’introduction de son essai Science-fiction et société, s’inquiète du succès de la science-fiction auprès des « concitoyens et concitoyennes de de- main ». Le genre y est décrit comme une « véritable lame de fond », le « nouvel opium d’un peuple qu’il s’agit de maintenir dans un émerveillement audiovisuel peut-être proche de la torpeur », voire une « insidieuse remise en question des fondements rationnels et démocra- tiques de notre société » 1. L’ouvrage, qui analyse l’imaginaire de la science-fiction en termes 1. Alexandre Hougron, Science-fiction et société, Paris : Presses universitaires de France, 2000, p. 2-9. 5 symboliques et psychanalytiques, explique son émergence et son développement dans notre société par un postulat anthropologique particulièrement pessimiste : la science-fiction serait l’expression d’un mal-être, d’une incapacité à s’ouvrir à l’autre, d’un déséquilibre social. Sa lecture est alors assimilée à « un refuge, une évasion pour échapper au monde des adultes et à leurs responsabilités » 2 pour des individus aliénés et imatures : « À la croisée des monstres de notre psychée, les genres fantastique-SF ont des potentialités maladives, malsaines, que chacun est libre de cultiver, d’approfondir [. ] : ces genres ont tout ce qu’il faut pour nourir une monomanie fétichiste et perverse » 3. Il propose ainsi une vision tout à fait caricaturale des amateurs et amatrices de science-fiction, qui ne s’appuie cependant sur aucune enquête de terrain auprès du public du genre. Et pourtant, depuis quelques décennies, la science-fiction, et plus récemment la fantasy, acquièrent leurs lettres de noblesse : certaines œuvres entrent dans les programmes scolaires 4, des revues spécialisées et des prix littéraires dédiés (Nébula ou Hugo aux États-Unis, Grand prix de l’imaginaire et prix Rosny Aîné en France) sont apparus, des recherches universitaires récentes leur ont été consacrées 5. Comme dans le cas de la photographie ou de la bande dessinée 6, on peut donc parler d’« arts moyens », selon le terme de Pierre Bourdieu, c’est- à-dire de genres en cours de légitimation, plus tout à fait illégitimes, mais pas non plus totalement légitimes. Précisons toutefois que la science-fiction et la fantasy rassemblent une large variété de productions, qui présentent des niveaux de légitimité variés : ce processus de légitimation ne concerne que la part la plus reconnue des œuvres, les titres considérés comme les plus commerciaux restant frappés d’illégitimité. Pratique aliénante ou démarche savante et esthétique, en quoi consiste alors réellement la lecture de science-fiction et fantasy ? Quels intérêts ses lecteurs et lectrices 7 y trouvent- 2. Ibid., p. 263-264. 3. Ibid., p. 268. 4. Comme j’ai pu le constater dans le cadre de mon travail de recherche en première année de master, qui portait sur les réceptions de deux romans associés à la science-fiction, Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et 1984 de George Orwell, auprès de jeunes qui les avaient lus en contexte scolaire. 5. Voir par exemple Irène Langlet, La science-fiction, Lecture et poétique d’un genre littéraire, Paris : Armand Colin, 2006 ; Simon Bréan et Gérard Klein, La Science-Fiction en France : Théorie et histoire d’une littérature, Paris : PU Paris-Sorbonne, 2012.

View Full Text

Details

  • File Type
    pdf
  • Upload Time
    -
  • Content Languages
    English
  • Upload User
    Anonymous/Not logged-in
  • File Pages
    453 Page
  • File Size
    -

Download

Channel Download Status
Express Download Enable

Copyright

We respect the copyrights and intellectual property rights of all users. All uploaded documents are either original works of the uploader or authorized works of the rightful owners.

  • Not to be reproduced or distributed without explicit permission.
  • Not used for commercial purposes outside of approved use cases.
  • Not used to infringe on the rights of the original creators.
  • If you believe any content infringes your copyright, please contact us immediately.

Support

For help with questions, suggestions, or problems, please contact us