Nos 165-166 - JUILLET-AOUT 1978 - 12 F ecIC7- •La négociation collective en France •Comprendre la France actuelle •L'odinateur, maître ou serviteur? •Les Etats-Unis et l'Europe • De Nietzsche à Platon •Restaurer sans défigurer • Baudelaire; la femme et l'amour Gérard ADAM - Jean CHELINI - Denys BANSSILLON - Yves LALJLAN - Philippe SENART - Etienne BORNE - Yvan CHRIST - Françoise BARGUILLET - Jean- Marie DOMENACH - DOSSIERS ET ETUDES LA NEGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE PAR GERARD ADAM ................................... p. 2 FRANCE COMPRENDRE LA FRANCE ACTUELLE PAR JEAN CHELINI ..................... ................ p. 7 LORDINATEUR, MAITRE OU SERVITEUR? PAR DENYS BANSSILLON .............................. p. 11 FORUM LES ETATS-UNIS ET LEUROPE PAR YVES LAULAN .................................... p. 18 COMITE DE DIRECTION FIDELITE A LA LANGUE FRANCAISE Etienne Borne, Henri Bourbon PAR JEAN-MARIE DOMENACH .........................p. 23 6, rue Paul-Louis-Courier - 75007 Paris ARTS ET IDEES 14.788-84 - TéJ. C.C.P. Paris 5447550 DE NIETZSCHE A PLATON Abonnement annuel ............50 F PAR ETIENNE BORNE ......... ................ ......... p. 25 Abonnement de soutien ..........80 F LA FEMME ET L'AMOUR CHEZ BAUDELAIRE PAR FRANCOISE BARGUILLET .........................p. 35 LA VIE LI1TERAIRE PAR PHILIPPE SENART .................................p. 45 RESTAURER SANS DEFIGURER PAR YVAN CHRIST ....................................p. 48 NOTES DE LECTURE DEMAIN LE CAPITALISME DHENRI LEPAGE Sommaire PAR JEAN GANIAGE ................................... p. 53 PROGRES OU DECLIN DE L'HOMME 165-166 DE PHILIPPE SAINT-MARC PAR ANNE-MARIE LAVAUDEN ......................... p. 54 UN ACTE DE FOI D'HENRI FREVILLE PAR HENRI BOURBON ................................. p. 55 LA IV ET LA V REPUBLIQUE DE PIERRE LIMAGNE PAR JEAN TEITOEN ..................................... p. 56 ETIENNE BORNE OU LA PASSION DE LA VERITE PAR ANDRE-A. DEVAUX ............................... p. 57 SIGNIFICATION DE L'ART MEDIEVAL PAR JEAN CHELINI .................................... p. 59 TERROIRS ET REVES PAR JEAN CHELINI .................................... p. 60 HISTOIRE DE LA REVOLUTION ET DE L'EMPIRE PAR JEAN CHELINI .............................. p. 61 - .. L'HERITAGE DE LENINE DE FRANCOIS FEJTO PAR DOMINIQUE KERGALL ............................p. 62 Juillet-Août 1978 PROPOS DU TEMPS ZOLA MAIS AUSSI PEGUV 12F PARETIENNE BORNE .....................................66 LA NEGOCIATION COLLECTIVE EN FRANCE REFLEXION SUR UNE DEMARCHE INUSITEE par Gérard ADAM L 'intérêt de hi négociation collective comme processus de changement des rapports sociaux a été très largement sous-est,- 'né clans le passé, parce que les conflits avaient peu de conséquences économiques et parce que l'éventualité d'un changement de majorité politique paraissait improbable. Aujourd'hui la conjoncture a évolué. Gérant Actant, auteur avec fean-I)aniel Reynaucl cl 'un ouvrage récent sur o Les conflits du travail et le changement social », montre ici l'importance de la relance le la négociation collective, importance qui apparaît d'autant plus grande si l'on considère les rapports sociaux comme le signe le plus visible et le plus significatif des changentents qtii assaillent la société française. LES FAUSSES CONDITIONS imaginer des situations de rupture et de crise graves, DE LA NEGOCIATION exige la prospérité économique pour rendre acceptables les redistributions de revenus ou de statuts indispensa- Deux idées simplistes continuent à dominer l'analyse bles au progrès social. La voie étroite de la justice sociale des négociations collectives en France: est celle d'une négociation «à la marge" sur les surplus dégagés chaque année par le système économique. Et - La négociation collective suppose un consensus social depuis 1974, la crise économique (qu'on l'envisage en portant à la fois sur les objectifs de la société, son « pro- termes d'inflation, de chômage ou de balance des paie- jet », et les méthodes de changement, les règles du jeu. ments) provoque de telles contraintes que la négocia- L'idéologie de rupture des principales organisations tion ne peut pas être sérieusement envisagée puisque la syndicales, héritage d'une tradition séculaire de contre- « marge» est pratiquement nulle. société, constituerait alors un obstacle dirimant au déve- loppement d'un système stablet de négociation collec- Est-il excessif d'affirmer que la négociation collective tive. Et, même lorsque la pratique syndicale quotidienne est précisément la méthode qui permet d'assurer la s'inscrit dans le réformisme, la double évocation de l'im- coexistence entre des groupes que tout oppose et de portance de la CGT dans le mouvement ouvrier et de mieux faire face aux crispations provoquées par la crise ses liens avec le P.C.F. suffit à rendre suspects des rap- économique? La stratégie des luttes sociales n'est pas ports sociaux fondés sur la négociation. sans analogie avec celle des rapports internationaux entre pays antagonistes; la réalité -et qui dure- n'est ni - La négociation collective est fille de la croissance éco- la paix ni la guerre mais une situation intermédiaire la nomique qui seule crée les marges de liberté indispensa- « participation conflictuelle » du sociologue analysant les bles à tout progrès social. Assimilée à un marchandage rapports sociaux n'est pas autre chose que la coexistence économique depuis les WEBB la négociation, sauf à qualifiée pudiquément de pacifique par les diplomates. La négociation est cette méthode, mélange difficile d'un un consensus entre les partenaires sociaux et les pou- art, d'institutions et de procédures, qui permet de stabi- voirs publics c'est bien pour pérenniser cette situation. liser cette situation d'équilibre précaire. C'est un contre- Assurément les raisons techniques ne manquent pas sens, dans les relations du trvail, d'opposer la négocia- pour expliquer cette situation. Aussi le rapport est direct tion au conflit, un état jugé satisfaisant à une situation entre l'intermittence de la négociation et le maintien des considérée comme pathologique. Pour parodier Clause- avantages acquis en cas de non renouvellement de l'ac- witz la négociation est la poursuite du conflit par d'au- cord d'une part, d'indétermination de la durée d'autre tres moyens et réciproquement. C'est dire que si les part. Les employeurs n'ont aucune obligation d'entrer conséquences économiques de toute négociation ou en pourparlers et les syndicats savent que les consé- conflit doivent être mesurées, le processus doit s'analy- quences du vide contractuel ne sont pas dramatiques, car ser fondamentalement en termes de stratégie politique et le maintien des droits acquis fait partie de traditions bien de processus décisionnel : négociation et conflit consti- établies. Les pouvoirs publics, au nom du protection- tuent deux façons de prendre des décisions pour modi- nisme social, ne sont-ils pas toujours prêts d'ailleurs à fier des rapports sociaux. Les conflits sur l'emploi illus- atténuer la conséquence des abus les plus criants, voire trent d'ailleurs bien combien il est absurde d'analyser la de l'absence de négociation. Mais, de façon plus fonda- grève comme une épreuve de force économique: en mentale, le caractère irrégulier et discontinu de la négo- quoi la grève même accompagnée d'une occupation ciation tient à la priorité donnée à la liberté d'existence constituerait elle une riposte économique efficace à la syndicale (c'est-à-dire au droit d'être reconnu pour décision de fermeture d'une entreprise? Allons plus s'exprimer y compris par la contestation ) sur la négo- loin, la négociation collective doit être légitimée comme ciation. Situation inverse de celle des Etats-Unis où l'or- un processus ayant pour objet de soustraire certaines ganisation professionnelle n'est presque que le sous- décisions au marché la négociation est une régulation et produit du droit et même de l'obligation de négocier et il n'y aurait pas de régulation si le marché donnait les où l'idée que la grève est un moyen d'expression indè- résultats souhaités. L'objet de la négociation est donc pendant de la négociation constitue une absurdité. bien de substituer des règles reconnues comme plus justes au jeu spontané des forces économiques. Sans doute aussi a-t-on tort en France de réduire la négociation à son résultat la « convention ». Les juristes Faut-il ajouter que les trente années de croissance qui ont tort d'assimiler la convention collective à un contrat dans l'ensemble des pays industriels séparent la fin de la générateur d'obligations réciproques. La convention est guerre de la crise de 1974 n'incitent guère à attendre la en effet un constat et non un contrar dans la mesure où paix et la justice sociale des mouvements spontanés de patronat et syndicats sont bien d'acord pour ne pas l'économie. On attendait de la prospérité qu'elle abou- s'obliger mutuellement. Si les syndicats refusent toute tisse à une distribution paisible des dividendes du pro- clause de paix sociale, les employeurs n'acceptent jamais grès, à un apaisement des conflits et à meilleure accepta- que le statut réel des salariés soit fixé par voie contrac- tion des contraintes économiques. Or il est paradoxal tuelle. Ainsi en est-il notamment des salaires : seuls sont que l'élévation du niveau de vie ait eu pour conséquence négociés des minima contractuels parfois fort éloignés non le développement de la paix sociale et le dépérisse- des salaires réels. Que dire des clauses qui affirment avec ment de la grève, mais au contraire une augmentation de solennité que les
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