Comprendre les arts autochtones au Canada aujourd’hui ___________________________________________________________________________________________________ Un examen de la connaissance et de la documentaon Préparé pour le Service de la recherche et de l’évaluaon Conseil des Arts du Canada _____________________________________________________________________________________________________________ FRANCE TRÉPANIER & CHRIS CREIGHTON-KELLY Décembre 2011 _____________________________________________________________________________________________________________ Pour obtenir plus de précisions, veuillez vous adresser au : Service de la recherche et de l'évaluation 350 rue Albert Case postale 1047 Ottawa (Ontario) Canada K1P 5V8 613‐566‐4414 / 1‐800‐263‐5588 poste 4261 [email protected] Téléc. 613‐566‐4428 www.conseildesarts.ca Également disponible sur Internet à l’adresse www.conseildesarts.ca/publications_f This publication is also available in English Image de la page couverture: Hannah Claus, Skystrip(détail), 2006. Photographe: David Barbour Comprendre les arts autochtones au Canada aujourd'hui : Un examen de la connaissance et de la documentation ISBN 978‐0‐88837‐202‐4 TABLE DES MATIÈRES REMERCIEMENTS! 3 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE! 4 Pourquoi effectuer un examen de la documentation?! 4 Mesures prises! 8 Deux observations concernant la terminologie! 9 Parlez-vous français?! 10 Limites du présent document! 11 INTRODUCTION! 14 Décrire les arts autochtones! 16 Les pratiques artistiques autochtones sont uniques au Canada! 17 Le processus artistique autochtone! 18 La création artistique autochtone comme stratégie de survie! 19 Vivre l"expérience des arts autochtones! 20 VISION DU MONDE AUTOCHTONE! 21 Qu"est-ce que la vision du monde autochtone?! 21 Le territoire! 23 Interconnexion! 26 Histoires de la création! 28 Images orales et visuelles! 28 HISTOIRE COLONIALE DU CANADA! 31 Contact avec les Européens! 32 Néocolonialisme! 36 SAVOIRS AUTOCHTONES! 39 Que renferme un nom?! 40 Le savoir autochtone aujourd"hui! 42 Identité autochtone! 44 Autogouvernance et souveraineté culturelle! 45 1 PRISME DE L"ART OCCIDENTAL! 47 Anthropologie! 49 L"héritage du primitivisme! 51 Authenticité et appropriation! 54 HISTOIRE RÉCENTE DES ARTS AUTOCHTONES! 57 Les soixante dernières années! 59 Énigmes actuelles! 62 ARTS AUTOCHTONES DANS LES COMMUNAUTÉS! 66 Communauté et responsabilité! 68 Remise en question de la communauté! 69 La communauté pour renaître! 72 ARTISTES AUTOCHTONES ET LEUR ART! 74 L"intention d"un artiste! 76 La narration de contes! 77 Le filou (trickster)! 79 À cheval entre deux mondes! 80 AVENIR DES ARTS AUTOCHTONES! 82 Tendances! 83 Futures réalités! 86 Réflexions finales! 88 BIBLIOGRAPHIE - français! 90 BIBLIOGRAPHIE - anglais! 97 Les opinions exprimées dans ce document sont celles des consultants et des auteurs et des orateurs qui sont cités. Ces opinions ne représentent pas la politique officielle du Conseil des Arts du Canada. 2 REMERCIEMENTS Merci au Conseil des Arts du Canada pour sa contribution financière. Le présent examen a été rendu possible grâce au soutien constant de Claire McCaughey, chef du service de la recherche et de lʼévaluation. Nous la remercions de sa patience, de son engagement et de son ouverture dʼesprit tout au long de ce projet. Nous remercions sincèrement Louise Profeit-Leblanc, coordonnatrice du Bureau des arts autochtones de sa confiance et de ses pertinentes remarques. Nous remercions également les agents de programmes autochtones, particulièrement Ian Reid en arts médiatiques, pour leurs commentaires judicieux. Leurs réflexions ont contribué à améliorer ce texte. Nous tenons à remercier Alanis Obomsawin, Margo Kane, Sally Webster, Jean Sioui et Alan Syliboy de leur générosité, de leurs connaissances et des nombreuses heures quʼils ont consacrées à ce projet. Nos conversations ont éclairé notre point de vue rédactionnel ainsi que la structure du présent examen. Nous remercions Candace Brunette, André Dudemaine et Candice Hopkins de toutes les informations quʼils ont ouvertement partagées. Nous tenons également à remercier Sylvie Gilbert, directrice du Centre dʼinformation Artexte, dʼavoir proposé une résidence de recherche et un soutien financier. Son offre était à la fois opportune et généreuse. Nous remercions aussi John Latour, spécialiste de lʼinformation à Artexte, de sa gentillesse et des connaissances quʼil a partagées avec nous. Enfin, nous nous sentons privilégiés dʼavoir été inspirés par les milliers dʼartistes autochtones – ceux qui ont créé de lʼart avant les premiers contacts avec les Européens, ceux qui lʼont maintenu en vie au cours des derniers siècles et ceux qui sont parmi nous aujourdʼhui. Les artistes autochtones contemporains ravivent et réinventent les pratiques artistiques pour les sept générations à venir. Nia:wen Ko:wa, sincères remerciements à eux tous. France Trépanier et Chris Creighton-Kelly 3 MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE Tournage d’un court métrage de Bruce Haulli. Photographe : Guillaume Saladin. Les méthodologies autochtones ont tendance à aborder les protocoles culturels, les valeurs et les comportements comme faisant partie intégrante de la méthodologie. Ce sont des « facteurs » qui doivent être intégrés explicitement dans la recherche, pensés de façon instinctive, énoncés ouvertement dans la conception de la recherche, discutés dans le cadre des résultats finaux de l"étude et communiqués aux gens dans le respect de la culture et dans un langage compréhensible. (Linda Tuhiwai Smith, 2001) Pourquoi effectuer un examen de la documentation? À première vue, le concept dʼun examen de la documentation autochtone peut sembler une contradiction en soi! Traditionnellement, les peuples autochtones ont transmis lʼessentiel de leur vision du monde – coutumes, médecines, protocoles, pratiques 4 culturelles, cérémonies, récits de la création, etc. – à lʼaide de méthodes orales. Cette tradition orale est encore très vivante de nos jours. Un examen de la documentation, construit de façon conventionnelle, ne permet pas de découvrir en profondeur, et encore moins dʼexpliquer, la connaissance inhérente d'une culture orale. Marie Battiste (2002) décrit ce problème quʼelle considère comme un oxymoron : Le premier argument est que dans le système de connaissance européen (ou eurocentrique), un examen de la documentation vise à effectuer une analyse critique d"une partie de la documentation publiée sur un sujet. La connaissance autochtone englobe un ensemble complexe de technologies élaborées et soutenues par les civilisations autochtones. Souvent orale et symbolique, elle est transmise dans la structure même des langues autochtones et communiquée à la génération suivante par l"imitation, la pratique et l"animation, plutôt que par la forme écrite. Dans le contexte de la connaissance autochtone, un examen de la documentation est donc un oxymoron, car cette connaissance est généralement ancrée dans les expériences et les enseignements cumulatifs des peuples autochtones au lieu d"être conservée dans des bibliothèques. Le deuxième argument s"articule autour du fait qu"effectuer un examen de la documentation sur la connaissance autochtone suppose que la recherche eurocentrique permet de comprendre la connaissance autochtone. Le problème de cette approche est que la connaissance autochtone ne reflète pas les ordres de la vie selon la conception eurocentrique. La connaissance autochtone constitue un système de connaissance à part entière, qui possède sa propre cohérence interne et ses propres modes de connaissance, et sa compréhension d"un point de vue eurocentrique comporte des limites (p. 2). Ainsi, est-il utile de procéder à un examen de la documentation sur lʼart autochtone? En qualité dʼauteurs de ce document, et après mûre réflexion, nous affirmons que oui, mais avec certaines réserves. Premièrement, pourquoi répondons-nous par lʼaffirmative? Parce que : 1. la demande dʼun tel examen émane directement des artistes, des écrivains et des critiques autochtones, demande répétée à plusieurs reprises; 2. depuis quarante ans, la documentation sur la pratique artistique autochtone – en partie créée par des personnes non-autochtones, mais essentiellement par des commentateurs autochtones – continue de croître et dʼélaborer ses propres cadres discursifs; 3. il est essentiel que ces voix soient entendues autant dans les communautés artistiques autochtones et non autochtones que dans le monde universitaire; 5 4. le discours critique sur lʼart autochtone est cruellement absent des médias populaires; 5. le monde artistique conventionnel, qui ignore généralement les artistes autochtones, disposera dʼun document sommaire pour lʼaider à élargir ses connaissances sur lʼart autochtone. Deuxièmement, pourquoi « avec certaines réserves »? Parce que : 1. nous sommes généralement dʼaccord avec Marie Battiste que la compréhension de la connaissance orale à lʼaide de la communication écrite comporte des limites; 2. le style traditionnel des examens de la documentation a tendance à limiter les voix des personnes citées et à assimiler leur expertise sur un sujet à lʼautorité de lʼauteur du document; 3. les examens de la documentation ont tendance à privilégier les universitaires comme source dʼinformation digne de foi et à minimiser la contribution des aînés, des artistes et des commentateurs populaires. Dans ce document, nous nous sommes délibérément efforcés de tenir compte de ces préoccupations. Nous nʼavons aucune prétention de « résoudre » le problème eurocentrique relevé par Marie Battiste. Il constitue une contradiction
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