La Trame Sonore Au Cinéma 1 - La Musique Patrick Schupp

La Trame Sonore Au Cinéma 1 - La Musique Patrick Schupp

Document generated on 09/28/2021 6:47 p.m. Séquences La revue de cinéma La trame sonore au cinéma 1 - La musique Patrick Schupp Number 67, December 1971 URI: https://id.erudit.org/iderudit/51498ac See table of contents Publisher(s) La revue Séquences Inc. ISSN 0037-2412 (print) 1923-5100 (digital) Explore this journal Cite this article Schupp, P. (1971). La trame sonore au cinéma : 1 - La musique. Séquences, (67), 24–31. Tous droits réservés © La revue Séquences Inc., 1971 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Le film, oeuvre complète, a trouvé le com­ plément de son expression avec le premier essai sonore de 1927, The Jazz Singer. Com­ me dit Colpi : "Une soirée d'octobre. Une présentation de film. Visage noir, épaisses lèvres blanches. Al Jolson chante. Miracle : l'image et le son correspondent. Le cinéma parlant est né". Auparavant, les oeuvres marquantes de grands réalisateurs palliaient l'absence de son par un accompagnement musical connexe (du simple piano de bastringue, chez les peu fortunés, au grand orchestre symphonique) et inventaient sans cesse de nouvelles formes d'expression (en particulier dans le montage) pour permettre au public d'assimiler le mieux possible les idées et le "message" du met­ teur en scène. Eisenstein écrivait d'ailleurs en 1929 : "Le film sonore est une arme à deux tranchants... Le son, traité en tant qu'é­ lément nouveau de montage, et comme élé­ ment indépendant de l'image visuelle (sic !) introduira inévitablement un moyen nouveau et extrêmement efficace d'exprimer et de ré­ soudre les problèmes complexes auxquels - . :' '' "«';. }*» /* nous nous sommes heurtés jusqu'à présent, et que nous n'avions pu résoudre en raison •i. --" , - -"•* de l'impossibilité où l'on était de trouver une .Mrs:"!***?)* J"~J^i->»>J:*JJji*--ï*:- 7r.WV solution à l'idée des seuls moyens visuels". '* "a£>'-•, J.S°<- >•'• }'i Il est bien évident que la mise au point de la bande sonoro a ouvert le champ à des pos­ J H'. * sibilités à peu près illimitées; mais — et Jean Queval, dans le Mercure de France d'oc­ tobre 1950 ne s'y trompe pas — il est arrivé au son (comme à la couleur) "la plus bête et la plus désolante aventure : on en a mis par­ tout. Naturellement, on ne l'entend plus, tel­ lement on y est habitué..." Ce fait est indé­ niable, surtout en regard de certains films £a trame sot, récents, et il devient essentiel de reconsidé­ rer l'ordre des valeurs et surtout de réhabili­ ter le silence qui parfois sera infiniment plus expressif. 1- ù Il existe certaines règles déterminant la relation son-image qui, plus encore qu'ail­ leurs, doivent faire appel au bon goût et à Patr l'Intelligence. Une certaine recherche est né- 24 cessaire, bien sûr, et même approfondie. Mais, ainsi que nous le verrons, la discrétion et surtout le goût doivent dominer toutes les préoccupations, à l'intérieur d'une expression donnée. Il en est du cinéma, miroir de l'hu­ manité dans le temps et l'espace, comme de la vie : le son, la musique, la parole, les bruits font partie intégrante du quotidien, à tous les niveaux, dans tous les cas. Et ce n'est qu'en recréant au mieux ces conditions, et en leur ajoutant la dimension (je dirais la liberté) artistique, ou encore en inventant u- ne expression sonore traduisant, soulignant ou commentant l'état d'âme ou l'action d'une manière à la fois habile, discrète et person­ nelle que le film deviendra oeuvre d'art au même titre qu'un opéra ou une pièce de théâ­ tre. Et, à ce propos, un mot sur le doublage : il me semble regrettable de remplacer la voix ou l'expression orialnale par un dialogue local qui ne fait que flatter davantage encore la paresse d'un public de plus en plus lono- rant et bête. Dans le cas de certains films italiens, japonais ou tchécoslovaques de aran- de valeur, cela devient proprement insupDor- table. Le dialnoue oriainal. souvent le résul­ tat d'une recherche de la naît Hu metteur en prpne me semMe indispensable à la bonne compréhension d'une oeuvre qui, privée d'u­ ne partie de son contexte devient boiteuse. Barthélémy Amenqual dit à ce suiet : "L'ac­ cent anqlals est aussi nécessaire à une Ima- ae de Londres que les rues de Londres è la Tamise. Ce visage se continue dans cette voix, et cet univers n'a de sens plein ou'avec Elvira Madigan, de Bo Widerberg son accent. Pour aue le cinéma ouïsse évo­ quer un monde. Il faut aue tous ses éléments (lieu, héros, climat, parole, texte) se tien­ nent, soient liés, Interdépendants comme Us ç au cinema le sont dans le monde réel" Il s'agit évidem­ ment de films en tant au'oeuvres d'art et avant quelque valeur, et non de "Vengeance f du corsaire rouge" ou "M'as-tu vue nue".. $lque Il était nécessaire, pour rendre le propos le plus clair et le plus attrayant possible, de suivre un plan logique, mais assez souple pour envisager les aspects essentiels du son iupp dans un film, su|et vaste et méconnu s'il en fut ! Nous étudierons donc les deux défini- tions de base, à savoir le son-musique et le rent les exemples les plus frappants. De mê­ son-bruit, dans leurs composantes détaillées. me, le rapport son-image peut être réalisé en contrepoint et c'est exactement ce que fait Le son-musique Widerberg dans Elvira Madigan ou Visconti dans Mort à Venise, ou encore Pasolini dans Très importante, mais non essentielle dans Teorema. La phrase musicale souligne l'ac­ un film, la musique est tout d'abord le ré­ tion, l'accompagne et agit véritablement com­ sultat d'un choix : celui du metteur en scène, me structure lyrique. Que serait La Règle du qui le fera en fonction du climat et du genre jeu, de Renoir, sans ces danses allemandes de son film. Il pourra utiliser une bande so­ de Mozart qui commentent l'action avec ce nore originale (avec quelque chance, celle-ci que Renoir lui-même appelle une "pudeur donnera naissance à des scies musicales pro­ dans l'expression" qui lui semble indispen­ gressivement abâtardies avec les divers "ar­ sable ? Dans Leviathan, d'après l'oeuvre de rangements" qu'on lui aura fait subir) et c'est, Julien Green, Keigel a utilisé avec un rare par exemple, le cas de David Lean (Lawrence bonheur la Verklarte Nacht de Schoenberg of Arabia). Selznick (Gone with the Wind), qui oppose à la "nuit" des protagonistes cel­ Demy (Les Parapluies de Cherbourg), Dassin le du monde schoenbergien, éouivalence in­ (Jamais le dimanche) etc.. La liste est infinie. comparable. Dans Au hasard Balthazar, la Il pourra aussi prendre des musiques déjà sonate en ré pour piano et violon de Schubert existantes, mais dont l'esprit traduira exacte­ établit un contrepoint antithétique entre la ment celui du film, et y collera : c'est ce que pureté et la violence. Et comment ne pas être font Varda dans Le Bonheur, avec un concerto bouleversé par l'utilisation miraculeuse de la de Mozart, Malle dans Le Feu follet, avec des Gnossiennes de Satie, Widerberg dans Elvira Cantate 51. Jauchzet Gott dans La Proie pour Madigan avec un autre concerto de Mozart, l'ombre d'Astruc, qui permet la libération de Chaplin dans Monsieur Verdoux avec le Tann- la tension infiniment dramatique qui règne hâuser de Wagner etc.. La liste est égale­ entre les trois personnages, la femme, l'amant ment inépuisable. et le mari, réunis dans un studio d'enregis­ trement ? Nous avons donc les trois questions : Qui ? le metteur en scène, avec l'option in­ Utilisation en leitmotiv " ! diquée plus haut; Pourquoi ? pour les raisons précitées égale­ Le "thème", chanson, air, rengaine, motif ment, le choix du sujet, l'évocation à réussir; ou phrase musicale, a fait le succès d'innom­ brables films, que ce soit Laura, Jamais le Comment? et c'est là qu'interviennent le dimanche, chanté par Melina Mercouri, le goût, le talent et la culture du metteur en thème du Grisbi à l'harmonica, le Que sera, scène .. sera de Doris Day'2» le Limelight de Chaplin, Le choix une fois établi, il convient de sa­ La Strada (thème de Gelsomina) ou encore voir comment on va utiliser cet élément mu­ sical (il n'est ici question que de musique : (1) Motif ou thème, caractérisant ou figurant certain les bruits ou autres seront traités plus tard) personnage ou situation, et employé systémati­ Et la question se résume à deux possibilités quement à cet effet : Beethoven en est le pré­ (musicales !) : le contrepoint et le leitmotiv. curseur avec la clarinette de Fldello qui person­ nifie l'héroïne, mais Wagner en a fait une utilisation systématique tout au long de son Utilisation en contrepoint oeuvre. (2) Utilisé d'abord dans The Man Who Knew too Le contrepoint date du XVème siècle. Il much d'Alfred Hitchcock, puis repris comme thè­ n'est autre que le jeu de mélodies et contre- me de l'émission de télévision mettant en vedet­ mélodies, dont le canon ou la fugue demeu- te la comédienne-chanteuse.

View Full Text

Details

  • File Type
    pdf
  • Upload Time
    -
  • Content Languages
    English
  • Upload User
    Anonymous/Not logged-in
  • File Pages
    9 Page
  • File Size
    -

Download

Channel Download Status
Express Download Enable

Copyright

We respect the copyrights and intellectual property rights of all users. All uploaded documents are either original works of the uploader or authorized works of the rightful owners.

  • Not to be reproduced or distributed without explicit permission.
  • Not used for commercial purposes outside of approved use cases.
  • Not used to infringe on the rights of the original creators.
  • If you believe any content infringes your copyright, please contact us immediately.

Support

For help with questions, suggestions, or problems, please contact us